Résumé :Le mythe de la maladie mentale (1975)
'Quelques informations sur l'auteur :' Thomas Szasz (voir vidéo)
Le mythe de la maladie mentale : Composition du livre et questions clés
Son livre, le mythe de la maladie mentale, publié en 1975 fait de lui un personnage célèbre et controversée. Il est l’un des premiers à avoir dénoncé la répression de la folie par les camisoles, enfermements, électrochocs, lobotomies et abrutissements chimiques. Cet ouvrage, composé de 4 parties et de sous-chapitres remet en question la manière dont à cet époque la maladie mentale est considérée. Szasz va remettre en cause l’idée que la maladie mentale n’est qu’une maladie parmi les autres, qu’elle doit être traitée de la même façon. Il pose des questions fondamentales et éthiques telles que : Qu’est ce qu’un malade mental ? De quoi faut-il le guérir ? Il défendra que la maladie mentale ne soit pas un problème médical, mais un problème de pouvoir. Au fond, ce n’est pas seulement le dit malade qu’il faut analyser mais aussi et plutôt les conceptions des personnes qui sont autour.
Première partie : Développement et structure du mythe
Selon Szasz, la maladie mentale n’existe pas et ceci comme les diagnostics psychiatriques ou même encore les traitements psychiatriques. Il définit la maladie mentale comme étant « une légitimation sociale dont jouissent les soi-disant malades mentaux et ce qu’ils font à ces « malades ». Ce sont en fait des actes pseudo-médicaux. A l’époque, il n’existait aucune méthode thérapeutique pour soigner les personnes. C’est pourquoi, ceux-ci étaient hospitalisés, en particuliers ceux qui avaient des maladies neurologiques .Szasz explique qu’on séparait ces personnes des « membres plus normaux de la société ». Les patients étaient considérés comme des matériaux cliniques et faisaient l’objet de ségrégation. Ces malades mentaux étaient reconnus comme les personnes pour qui la difficulté de vivre les as rendus incapable de fonctionner. Il ajoute qu’une classification s’impose puisque le psychiatre doit être capable de déterminer si la maladie est un phénomène médical ou bien une maladie qui peut se révéler autre chose et enfin une maladie simulée. Finalement, le psychiatre doit par son propre jugement déterminée si un patient est réellement malade ou non. Ceci ne relève donc pas d’une règle scientifiquement prouvé mais plutôt « se justifie par des considérations de convenance sociale » (p 58)
Il trace ensuite l’évolution du concept de maladie :
- Au départ, elle concernait tout désordre structural ou fonctionnel du corps humain comme la tuberculose, les cancers
- Puis, l’intérêt ce centre sur la souffrance et les incapacités : l’hystérie, la dépression
- Mais encore, la maladie devient tout ce qui peut qualifier un dysfonctionnement par rapport à n’importe quelle norme : agoraphobie, homosexualité. C’est la maladie mentale.
Il y a là donc un problème dans la conception de la maladie puisque tout comportement pourrait être considéré comme maladie mentale. Szasz admet une erreur fondamentale des soixante, soixante-dix dernières années, celle d’avoir considéré une classification stratégique pour un événement, c’est-à-dire que nous en sommes venus à faire des « phobies, de la délinquance, du divorce…,des maladies psychiatriques. C’est une erreur colossale et coûteuse. » p 58 Szasz explique aussi que les psychiatres « ont considéré la maladie mentale comme un problème séparé du contexte social dans lequel elle apparaît et indépendant de ce contexte ». Le fait que l’on considère que la maladie mentale ressemblait à la maladie corporelle, les psychiatres de l’époque n’accordait aucune attention « aux conditions sociales où apparaissaient la maladie invoquée. » L’un des termes qui apparaît à plusieurs reprises est celui de « situation thérapeutique » qui se réfère à la pratique médicale et thérapeutique et psychothérapeutique.
Szasz évoque plusieurs situations thérapeutiques
- Le libéralisme, le capitalisme et l’individualisme du 19ème siècle
Depuis l’antiquité, les soins médicaux sont un privilège pour les riches. Le médecin face à une clientèle privée, donc riche est économiquement à l’aise, il doit établir un diagnostic et envisager la guérison. Il est motivé économiquement pour aider son patient. Pour les pauvres, la situation est tout autre, le médecin doit agir sans motivation derrière. Il n’y a pas de relation de confiance entre le patient et le médecin.
- La société contemporaine et ses méthodes de soins :
Szasz aborde la question de l’assurance maladie qui prend toute son importance et qui va amener du changement sur les relations médicales et psychothérapeutiques. La pratique de la clientèle des assurés volontaires n’est ni privée ni publique. Le médecin n’est ni l’agent unique du patient ni celui d’une institution charitable. Cependant, il faut noter que la richesse favorise l’assurance maladie. En 1958, Hollingshead et Redlich « ont trouvé que les patients psychiatriques aisés ont tendance à recevoir une psychothérapie, tandis que l’on traite les patients pauvres par des méthodes physiques. Il en convient donc un lien significatif entre le statut économique, l’éducation et la prise en charge d’un patient. Ainsi, la maladie mentale prétend apporter une explication aux conflits interpersonnels. C’est le courant de la « psychiatrie dynamique » américaine qui fait « de tout problème humain un symptôme virtuel de la maladie mentale » (p86) A cette époque, le terme d’hystérie apparaît. Elle aurait tendance à toucher les gens relativement frustes, les classes inférieures aujourd’hui. Jusqu’en 1930, l’hystérie est considérée comme toutes sortes de signes d’appels corporels, de signes physiques. On donne aussi le nom d’hystérie de conversion aux douleurs fausses, grossesses, diarrhée.
Deuxième partie : Fondements d’une théorie du comportement personnel
Cette seconde partie n’évoque pas tellement le droit des personnes. Dans cette partie il met en avant l’importance du langage. Lorsqu’une personne est dite hystérique elle transmet un message à une personne spécifique. Szasz met en avant trois fonctions du langage :
- Informatif : Le patient cherche à communiquer qu’il est malade et le psychanalyste favorise une attitude de réflexion sur soi-même. L’objectif est que le patient transforme ces signes corporels en symboles verbaux.
- Affectif : Dans ce cas, on suscite délibérément certaines émotions chez l’auditeur et l’induire à entreprendre certaines actions. La communication se fait à l’aide de signes corporels symboliques. C’est ce phénomène que l’on qualifie de maladie mentale.
- Promotionnel : faire effectuer à l’auditeur certains actes.
Troisième partie : Analyse du comportement en termes d’obéissance à des règles
Cette dernière partie n’est pas en lien avec le droit. L’aspect théologique est évoqué en lien avec l’hystérie. Une distinction intéressante est faite par Szasz qui dit que la maladie à cette époque, est considérée comme souffrance, douleur et que celui qui souffre se considère comme malade et qu’il devient par la suite considéré comme tel par les autres. A contrario, le malade mentale, dit souffrant ne se considère ni comme un malade ni comme un handicapée. Ce sont les autres qui insistent sur le fait qu’il est malade. C’est donc contre sa volonté qu’on lui impose le rôle de malade mentale.
Quatrième partie : L’analyse du comportement et le modèle du jeu
Une personne hystérique se trouve dans une perspective d’imitation. Dans ce cas elle imite une personne malade en s’identifiant à elle en présentant ses symptômes. Or, cette personne ignore ce qu’elle fait, même si elle imite. Elle n’est pas en mesure de savoir qu’elle ment et que par conséquent elle ment aussi à autrui.
Postulat généraux admis par Szasz
Szasz pose plusieurs postulats et se fait acteur de l’antipsychiatrie. Il dit que :
- « La maladie ne peut affecter que le corps, il ne peut donc y avoir de maladie mentale »
- « Que les diagnostics psychiatriques sont des étiquettes qui stigmatisent, elle sont énoncées sous la forme de diagnostic et appliquées à des individus dont le comportement ennuie ou offense autrui »
- « La maladie mentale n’est pas quelque chose que l’on a, mais c’est quelque chose que l’on fait ou que l’on est »
- « Il n’existe aucune justification médicale, morale ou légale aux interventions psychiatriques involontaires tels que « le diagnostic » l’hospitalisation ou « le traitement ». Ce sont là des crimes contre l’humanité. » (p271)