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Entretien avec une éducatrice d’un foyer d'hébergement, 7 mai 2008, Julien Cart

  • Quand rencontrez-vous les parents pour la première fois ?

Lors de l’entretien d’admission.

  • Comment cela se passe-t-il ?

L’entretien se fait avec le directeur et des éducateurs référents. L’éducateur référent de la famille et l’assistant social. L’assistant social nous mandate par rapport à ce que le juge a demandé. On remet le cadre, c’est le directeur qui parle le plus, il dit notre mission, nous on reconvoque les parents pour discuter avec eux. Les enfants sont là à l’entretien aussi, j’étais en train d’oublier…

  • L’enfant est-il déjà placé ?

Nous, nous sommes un foyer moyen /long terme, on les prend entre 5 et 12 ans. Ils viennent soit d’une famille d’accueil, soit d’un foyer d’urgence. S’il s’agit d’une aide éducative, à la demande des parents, ils viennent directement. Certains sont déjà placés d’autres non.

  • Comment se déroule le premier contact, comment se fait le processus, décrivez-nous une situation ?

Une situation nous est confiée : on a reçu une anamnèse, avec les noms des gens qui gravitent autour de la famille. On essaye de reprendre contact très vite avec les parents. Dans la dernière situation, on a une mère qui a toujours pas pu venir (problèmes de santé). On a un contact avec l’assistante sociale, de façon mensuelle (soit plus), par mail. J’ai les parents une fois au téléphone, plutôt le père, le père et la mère sont séparés. Y’a que la mère qui a l’autorité parentale. Mais le père s’est toujours occupé des enfants, a reconnu les enfants, ceux-ci portent le nom du père. L’assistante sociale ne veut pas qu’on s’occupe du fait que le père n’a plus l’autorité parentale. Je ne comprends pas pourquoi.

  • Est-ce toujours ainsi ?

C’est vrai qu’on... Enfin Moi je favorise les entretiens mensuels avec les parents, mensuels, en direct pas que au téléphone. Après y’a les réalités du terrain : l’assistante sociale n’est pas là chaque fois (que deux fois par année), et les enfants viennent en 2ème partie d’entretien, ils n’ont pas tout à entendre, le problème des parents, les enfants ont déjà beaucoup vécu, on doit régler des choses qu’avec les parents, pour qu’ils reprennent leur rôle de parents, et les enfants on les reprend après, pour qu’ils n’aient pas une double version de ce que l’assistante, nous, et les parents peuvent leur raconter.

  • Qu’attendez-vous des parents ?

Moi ce que j’attends, ben… c’est qu’ils comprennent que nous on a été mandaté et qu’on est en rien les personnes qu’ils doivent se mettre à détester. Qu’on est là pour le bien de leur enfant, et d’essayer qu’eux, le système familial bouge, vu que l’on a enlevé un élément, vu qu’on a enlevé les enfants. J’attends qu’ils puissent collaborer avec nous, l’éducateur référent (moi en l’occurrence), et après voir que lorsqu’on demande quelque chose, est-ce que les parents arrivent à mettre en place, et est-ce qu’ils osent appeler pour demander de l’aide. C’est toute la confiance qu’on essaye de créer avec les parents. Pour des parents à tendance alcoolique, on essaye qu’ils se fassent suivre, aider, gérer leur alcoolisme, pour que quand ils voient leurs enfants, ils ne tombent pas dedans, car ça provoque de la violence, de la négligence, souvent c’est les raisons des placements. On propose des aides mais on ne peut pas les obliger. On dit ce qui existe, mais on ne peut pas aller plus loin. Souvent on a le déni, des parents disent « non on n’est pas alcoolique », et pis y’a pourtant l’association X qui a pu intervenir, et les enfants appellent parce que leurs parents se battent, et pourtant ils arrivent encore à nier…

  • Donc si je résume, ce que vous attendez c’est…

Que les parents nous appellent, reconnaissent leurs difficultés, quand ils sont en difficulté.

  • Quels termes utilisez-vous dans votre institution pour nommer les parents ?

« les parents »

  • Quels termes utilisez-vous dans votre institution pour nommer les professionnels ?

« éducateurs référents ». Mais ils nous appellent par notre prénom. On se présente comme étant référents de la famille. Dans les fratries, j’ai pas toute la fratrie, une autre éducatrice est responsable que du quotidien d’une des enfants de la famille. Moi je gère au niveau des parents, et de l’assistante sociale : ce qui est commun au deux filles. Moi je verrai par exemple que l’instituteur d’une des enfants.

  • Origines étrangères :

Ouais… de culture étrangère je dirais la majorité… Pour l’origine étrangère, des parents pas nés en Suisse, depuis 4 ans que je suis là je dirais 60 à 70 % de parents étrangers.

  • Que faites vous de ces différences ?

C’est à nous de nous documenter sur leur culture. Moi j’ai eu la culture magrébine, et tout ce qui tourne autour de… moi j’appellerais ça la sorcellerie, je me suis demandé comment elle arrivait à dire ces choses avec ses enfants, parce que nous ça se faisait pas du tout dans notre culture ici. Mais après on peut avoir un superviseur qui s’y connaît dans les cultures étrangères, il apporte un autre regard. Celui qu’on a il est vachement interculturel, il arrive à nous expliquer que dans certains cas c’est normal que les parents réagissent ainsi vu leur culture. On a une supervision 1 fois par mois.

  • Est-ce suffisant, important ?

Oui important, la chance qu’on a c’est qu’on a le droit de le contacter en dehors.

  • L’avez-vous déjà fait ?

Non mais j’y pense maintenant en vous parlant. On fait en sorte que les enfants ayant une autre culture ne soient pas suivis par le SMP mais par Appartenance, car ils travaillent sur les origines sociales.

  • Est-ce toujours possible de respecter les valeurs des parents ?

Bon l’institution en gros elle va être laïque. On essaye de respecter les valeurs religieuses, par rapport aux fêtes : les parents demande de voir l’enfant tel jour parce qu’ils ne fêtent pas Noël le même jour, ça on va le respecter. Mais respecter les valeurs de la famille, je dirais non, car nous on les éduque tous de la même façon. On les éduque pour qu’ils arrivent à s’insérer socialement après, mais ok, y’aura des moments de discussion, on va dire oui, on sait que chez toi c’est comme ça, mais on leur demande d’être dans le même moule. C’est juste que… on en a dix, on fait pas de l’éducation individuelle. Enfin… après y’a toujours une part d’individuel dans l’éducation, mais pour moi ça va pas se rapporter à la famille, à la personnalité de l’enfant, on va être plus pointu sur certaines choses, on sera plus pointu sur ces choses là parce qu’on sait que chez lui il va pas du tout faire ça.

  • Quelles situations de conflits de valeurs avez-vous rencontré ?

Non parce que les parents, en gros, ils osent rien dire. Les enfants y s’adaptent, ils savent qu’au foyer faut se tenir comme ça, et à la maison ils savent que faut se tenir comme ça. C’est bête, pour les repas on sait très bien que certains ils mangent sur leur lit, ici ils mangent à table. Certains il y’a 8ans qu’ils sont là et onAna De Oliveira leur répète toujours la même chose, peut-être parce qu’il y a trop de décalages avec la maison…

  • Comment gérez-vous les situations émotionnelles fortes ?

Le directeur peut aider, il est toujours joignable, le superviseur peut nous soutenir.

  • Quel rôle éducatif les parents peuvent occuper ?

Justement nous on essaye de leur faire réapproprier ça. Au fur et à mesure, à partir du moment où on va estimer prendre le risque que l’enfant ne court plus un danger éminent dans la famille, on va les réinvestir pour qu’ils s’occupent déjà d’un repas à la maison, car au début en général les enfants rentrent pas du tout. Et on va rouvrir un droit de visite, en mettant d’abord un après-midi, comme ça on voit si l’enfant n’a pas manger à n’importe quel heure. Le lien à la nourriture c’est hyper important là dedans. Après on va remettre un droit de visite en élargissant à un repas, comme ça les parents au moins ils font quelque chose pour leur enfant, c’est comme ça qu’on va les réinvestir. On va aussi faire ça sur leur… sur emmener l’enfant chez le médecin même s’il est au foyer, mais que les parents prennent ça en charge, reprennent contact avec les instituteurs. Ça le lien avec l’école on aimerait bien qu’il y soit tout le temps, même si les parents ne voient pas leur enfant régulièrement, mais on estime que c’est hyper important. Mais en réalité les parents ils se sentent pas du tout responsable de l’école. Ils nous disent : « non de toute façon la situation nous a été enlevée, on a plus nos enfants, à vous de vous débrouiller du quotidien ». C’est sûr nous a le temps de le faire, mais ils ne comprennent pas qu’en fait on veut les réinvestir là dedans.

  • Les parents sont-ils au courant des droits qu’il leur reste ?

Je sais pas si on leur dit clairement.. euhm… moi dans la situation maintenant, j’ai l’éducateur référent de la mère au téléphone mais moi je suis pas sûr qu’elle comprenne. Ça fait un mois et demi.

  • Et vous leur expliquez ?

On est toujours un peu obliger de leur expliquer, parce qu’il y a des papiers qu’on n’a pas le droit de signer, c’est le représentant légal, alors bien sûr. On explique aux parents. Logiquement, c’est réexpliqué quand on revoit les parents, mais lors de la première fois sans toute le monde, parce qu’on a des règles. Ça s’appelle pas des règles, des consignes, et dans ces consignes on reprend ça comme quoi nous on nous a confié une mission mais qu’eux ils ont encore une certaine mission et qu’ils sont les représentants légaux. C’est pas écrit clairement, mais y’a une partie sur l’école, en effet nous on doit signer les interro de toutes les semaines, par contre les carnets, papiers officiels c’est les parents qui doivent signer.

  • C’est dans ce contrat…

C’est pas un contrat, ils ne signent pas. C’est par rapport à l’école, c’est tout. On leur redit pas clairement, l’assistante sociale peut-être, mais moi je ne l’ai jamais fait, c’est intéressant mais j’ai jamais dû le faire.

  • Le droit des parents existe-il dans les décisions ? Quelle place peuvent-ils prendre dans les petites ou grandes décisions ?

Dans les décisions du quotidien (école à pieds) on inclut les parents, mais on aura le dernier mot. L’enfant est sous notre responsabilité pour aller à l’école. Sauf si des parents s’opposent fortement, dans ces cas là on verra, mais euh.

  • Est-ce que vous leur demandez toujours ?

Ouais sur des trucs comme ça on leur demande. Aussi les activités extrascolaires, du sport souvent. On leur demande, mais souvent l’enfant qui revoit ses parents une fois par semaine il va leur en parler. On va souvent laisser l’enfant amener son projet aux parents et nous si y’a un problème, à la limite on ira le soutenir, dire aux parents à quel point c’est important pour lui.

  • Je reprends ce que vous avez dit pour les réunions scolaires : ils ne participent pas forcément, serait-ce parce qu’ils ne sont pas au courant ?

Au niveau de l’école ils sont toujours au courant. C’est l’instit qui appellent les parents, certains refusent de rencontrer les parents, ils en ont peur, pour eux c’est un enfant placé, ils nous appellent nous. Au quotidien ils nous appellent nous si y’a un problème, et après nous on informe les parents. Par contre pour rencontrer les… pour les entretiens, au niveau primaire, y’a pas de truc planifié, certains refusent, c’est l’éducateur référent qui y va. Même si l’instit a eu rendez-vous avec les parents, nous on a un rendez-vous juste avant ou juste après, on a un retour tout de suite après, y’a pas une totale confiance accordée aux parents : en gros, j’appelle ça confiance mais c’est ça parce qu’automatiquement on nous fait un retour.

  • Il n’y a pas de confiance de l’instituteur selon vous ? Il a besoin de vous dire les choses…

Il veut être sûr que ça soit bien entendu et bien appliqué. Mais c’est aussi la réalité, les enfants nous on les a tous les jours, tout le suivi scolaire c’est nous qui le faisons, les parents les week-ends, ils font pas un devoir avec leurs enfants. On a essayé des fois, mais ça va être, on enlève les devoirs le week-end parce que c’est une source de conflit, la mère appelle, « je peux plus voir ma fille », on enlève les devoirs, plus de source de conflit, ça va un peu mieux, mais ça va se reporter sur autre chose… Ils voient leurs parents qu’une fois par semaine, ou tous les 15 jours, on va pas mettre des devoirs au milieu, enfin je trouve que c’est pas important, c’est mon point de vue…

  • N’est-ce pas alors normal que les instituteurs vous mettent vous au courant plutôt que les parents ? Est-ce forcément une marque de défiance vis-à-vis des parents ?

Les instits pourraient… mais nous aussi on pourrait très bien se dire que les parents vont tout nous raconter, mais on se rend bien compte dans la réalité, par rapport à l’école et aux situations familiales, on sait bien qu’ils nous disent pas tout, la confiance elle est pas absolue, en 4 ans ça m’est jamais arrivé.

  • Que faites-vous pour développer la relation entre les enfants et les parents ?

Euh…

  • Vous proposiez des repas petit à petit chez les parents, pour les réinvestir…

Dans les situations où y’a des doubles messages, de nous et des parents, là dans ces cas là, ce que je fais, c’est plus de réunions avec l’enfant présent et les parents, pour qu’on discute tous de la même chose. Bon y’a toujours un moment ou l’enfant n’est pas là, ça c’est la réalité, y’a toujours un moment où on pose le cadre avec les parents, et on va dire que nous on aimerait bien que les parents atteignent ça comme objectif, et après avec les enfants on va leur dire qu’on a discuté de ça avec les parents. Les parents, franchement, je suis en train de réaliser que c’est pas eux qui vont redire ce qu’on a mis en place, c’est pas eux qui vont dire qu’on a décidé que maintenant quand tu rentres de la maison et que t’es là de telle à telle heure, le frigo tu dois pas le toucher (pour des enfants qui font que ça ensuite ça génère des conflits, pour des enfants qui font que manger toute la journée), et ça non ça va être nous. Et les parents ils vont être là « oui, oui »…

  • Et alors, est-ce que les parents seront capables de réussir à faire chez eux ce que vous avez décidé ?

A l’heure actuelle, dans cette situation, non ils n’y arrivent pas.

  • Que faites-vous lors de ces réunions ?

Ben on essaye de les sensibiliser. Ben on a quand même des parents… Ouais on essaye…

  • Quel serait votre idéal de relation avec les parents ?

Mon idéal à l’heure actuelle… Ouais ça serait peut-être que… ça va rejoindre l’idée de l’AEMO, mais dans l’autre sens, puisque les enfants ont déjà été enlevé de la famille. Moi mon idéal, ça serait pas là où je suis, c’est ce que j’ai déjà pu faire, travailler dans des maisons mère-enfant, on a la mère sous la main, et on va lui apprendre à s’occuper de ses enfants. Et…

  • Et là où tu travailles actuellement ?

Je peux pas avoir d’idéaux… Non mais ça serait une super collaboration avec les parents, et que les enfants ils comprennent qu’on est pas là pour les punir et juger leurs parents, et que notre but c’est vraiment que les parents se réinvestissent et qu’ils s’approprient leurs enfants, et dans ces cas là les enfants on les laisse partir. Parce que c’est vrai qu’on a pas mal, quand les enfants ils pètent les plombs, c’est « mes parents vont bien, pourquoi vous me garder, vous mettez que des bâtons dans les roues pour rentrer, vous voyez que les défauts de nos parents ». Ben non, on essaye de valoriser, mais de temps en temps tu te laisses avoir, et tu vois bien que les parents, ça fait un an que l’enfant il est là, ça fait un an que toutes les semaines les parents se font ramasser en état d’ébriété sur la voie publique. T’es là qu’est-ce qu’on fait, alors les enfants on les pompe, on les pompe. C’est sûr c’est d’avoir une super collaboration avec les parents et qu’ils comprennent qu’ils sont malades, et qu’ils se fassent aider, et après on leur rend leurs enfants. C’est juste ça, en plus nous en tant qu’éducateurs on n’a pas de pouvoir de décision, on a le droit de donner notre point de vue, c’est ce qu’on fait une fois par an en grosse réunion de synthèse, où l’assistance sociale vient, et où notre directeur est présent aussi, et en gros la décision est prise si on continue le placement ou si l’enfant rentre. Mon idéal ce serait des réunions de réseau tout le temps.

  • Dans les changements et moyens pour changer les choses, justement, vous voudriez plus de réunions ?

Plus de réunions, mais pour avoir plus de réunions, il faut plus de disponibilité. De disponibilité des assistants sociaux tu l’as pas, c’est la réalité. Quand tu vois le nombre qui sont en train de démissionner, tu te dis que y’a quand même un réel problème au niveau du Spmi. Parce que les parents, en tout cas certains, même s’ils arrivent hyper négatifs aux réunions, déjà y’en a qui viennent, tous ne viennent pas, mais déjà dans les situations où ils viennent, même s’ils ne vont rien dire, ils vont au moins entendre et moi je pense que petit à petit, ça veut changer. Mais c’est vrai que un peu, c’est du bourrage de crâne, on leur fait changer leurs habitudes. Mais des parents alcooliques, est-ce que c’est mauvais de les faire changer, je crois pas.

  • Et par rapport à votre travail en réseau ? Quand vous parlez des assistants sociaux, il s’agit du Spmi ?

Oui, ça été regroupé, tuteur général et… Maintenant c’est Spmi, et là dedans t’as tout les assistants sociaux. Donc idem, un assistant social il gère je sais pas combien de situations. Nous on est référant pour un ou deux enfants, une ou deux famille, et puis eux ils ont 80 situations, et ils doivent jongler avec tout ça. Nous on a pas ça. Mais, n’empêche, depuis qu’on a les mails, on a des réponses beaucoup plus vite. C’est peut être plus confis, on travaille peut-être plus de notre côté, mais au moins quand on a besoin d’une information, c’est beaucoup plus simple parce que si t’essaye d’atteindre par téléphone, on est pris par la routine, nos réunions, on a tout un rythme scolaire… Un mail tu le mets à minuit, tu le lis le lendemain, c’est super.

  • Quels liens avez-vous avec le Smp ?

Eux on a pas, tous les enfants ne sont pas suivis par le Smp. Pour ceux qui sont suivis, t’as les thérapeutes qui veulent bien partager certaines informations, et d’autres non. Et le Smp a rencontré les parents. Après tu peux avoir dix mille mails qui nous disent qu’ils ont convoqués les parents et qu’ils répondent pas. Parce que nous on a aussi des parents qui nient que leur enfant va mal d’avoir été placé, et de vivre dans une situation comme ça. Et tous ne sont pas suivis, y’en a qui ont une faculté d’adaptation immense. Ils ont trouvé d’autres ressources, soit ils ont réussi à avoir une énorme confiance en leur éducateur, ou leur instit, ou une amie, et d’autres qui sont suivis, ben ça dépend, soit le psy il est d’accord de travailler avec nous soit il l’est pas.

Entretien avec Mme B., directrice de deux foyers à Genève, 13 mai 2008, Camille Thévoz

- Comment se passe le premier contact avec les parents?

Quand on accepte le placement d’un enfant, la directrice et les éducateurs rencontrent les parents pour leur présenter l’institution, leur expliquer le concept pédagogique de la Ferme, voir s’ils sont en accord avec. L’institution demande que les 2 parents soient là, dans le but que le parent puisse faire visiter le lieu à l’enfant. Pour l’impliquer dans la démarche. Donc la première fois l’enfant n’est pas là.

Une situation concrète :

« Une maman dont l’enfant était à « P » (foyer d’urgence). L’AS a décidé que l’enfant devait être placé mais avec l’accord de la maman, donc ce n’est pas une décision du tribunal tutélaire. Donc la mère est venue visiter l’institution, avec moi et l’éducatrice référente. Pour lui montrer la maison, lui dire quelles vont être les priorités avec sont enfant, et comment on va collaborer avec elle, quel sera son rôle etc. (…) On va essayer de lui demander de s’impliquer, lui laisser le temps de poser des questions, si elle a des demandes et tout et ensuite on a mis des dates pour qu’elle puisse venir avec sa fille visiter l’institution et rencontrer les éducatrices qui allait travailler avec elle ».

« En général ces rencontres se passent bien. Sauf quand c’est le tribunal qui décide du placement ; les parents ne viennent pas forcément, ou viennent mais se chamaillent, règlent leur compte etc. il peut y avoir des tas de problèmes...Dans ce cas là théoriquement on devrait redonner un autre rendez-vous, pratiquement on a pas toujours les moyens parce que la date d’entrée du placement est déjà fixé et on n’a pas toujours le temps, mais ca peut arriver. »


- Il peut arriver que le parent ne soit pas tout à fait d’accord?

« On essaye toujours de faire avec le parent, mais parfois ils ne viennent pas, ou c’est difficile, mais finalement, c’est un moment important parce que même si les parents ne sont pas d’accord, quand on les prend en considération depuis le début, mais vraiment, c’est finalement ceux-ci qui collabore le mieux. »


Terme utilisés : parents et enfants / éducateurs


- Quelles attentes avez-vous de la part des parents ?

Dans la relation avec l’institution : « une fois qu’ils ont pris connaissance de ce qu’est l’institution et les valeurs qu’on a, et qu’ils sont d’accord, on attend d’eux qu’ils respectent ensuite les règles de l’institution, les règles de politesse et qu’il y ait une relation de collaboration avec nous, dans le sens défini du projet avec l’enfant. »


Exemple : « Si l’enfant a une heure de couché fixée au foyer, il faudrait qu’elle soit la même à la maison. Sinon ça met l’enfant dans une situation de conflit de loyauté face à ses parents, qui fait que… ben il ne pourra jamais accepter totalement les consignes données par les éducateurs. » « il y a des règles qu’on peut discuter, et il y a des règles qu’on ne peut pas discuter… par exemple on pourra discuter si l’enfant mange quelque chose ou ne mange pas quelque chose, mais par exemple l’heure du couché, on va pas tellement la discuter… après y’a d’autres choses, on n’aime pas trop les Nintendo et tout ça, mais on va peut-être discuter pour que l’enfant puisse l’utiliser à certains moments précis, mais y’a des choses qui se discutent et d’autres qui se discutent pas. »

Par rapport aux activités : club de foot, théâtre etc. Les parents n’ont pas tellement de droit de regard, l’équipe éducative essaye le plus possible de faire en accord avec les parents, mais parfois ce n’est pas possible.

« On a une règle qui dit que : quand un enfant commence une activité, il la tient jusqu’à la fin de l’année. Et on est souvent confronté à des enfants qui veulent tout le temps changé d’activités pour suivre leur copain qui fait du foot, puis du tennis des choses comme ça,, et les parents vont suivre… alors nous on va pas être d’accord. On va pas entrer dans le : « je change d’activités comme je change de chemise » ni dans : « tu ne changeras pas du tout d’activité », c’est un entre deux. »


Enfant d’origine étrangère : « la moitié, voir un peu plus. »


- Que faites-vous des différences culturelles des parents ?

« Lors de la première rencontre, ils vont parler de ca, mettre à part des choses culturelles tels que la nourriture, ou des coutumes etc. on va faire ce qu’il faut pour les respecter, mais on demande en contre partie que certaines choses soient aussi respectées par les parents »


Exemple concret : «  on a des enfants, qui sont des enfants Rom, et les filles, elles aiment s’habiller avec les habits de leur maman…alors elles aiment s’habiller avec des longues robes de gitanes et des trucs comme ca…elles se peignent les ongles, se coiffent pas du tout les cheveux, ce genre de chose… mais nous notre foyer est a Conches, donc si ces filles viennent habiller comme ça à l’école, elles vont se faire moquer, stigmatiser etc. donc là on a dut beaucoup lutter avec la mère pour qu’elle comprennent qu’elle ne rendait pas service à ses filles en les laissant s’habiller comme ca… là on va tenir bon, on va essayer de mettre en place un compromis. Par exemple qu’elles s’habillent comme ça le week-end, quand elles sont au foyer, mais pas pour aller à l’école.»


- Est-ce que les valeurs sont respectées ?

« Dans la plupart des cas oui, mais parfois c’est impossible. »


Exemple :« On avait une petite fille de 6 ans au foyer, donc quand même grande déjà, qui était constamment dans les bras se sont père, comme un bébé, et toute la famille embrassait la petite sur la bouche. Donc là, on a demandé au père de ne pas la porter tout le temps etc. mais lui nous disait : « chez nous c’est comme ca… »… et pour le fait de s’embrasser sur la bouche ils n’ont rien pu faire. Selon eux la valeur qu’ils défendaient c’était : « on est avec elle, alors c’est elle qui décide ». Mais en général les coutumes et les valeurs sont respectées. »


- Quel rôle éducatif ont les parents ?

« Un immense rôle. Pour moi les parents ils restent toujours les parents, ils ont pour moi, très clairement… bon ça c’est pas quelque chose qui est demandé à Genève et je le regrette, pour moi quand un enfant est placé, les enfants doivent faire un travail. Parce qu’un enfant n’est jamais placé pour lui, ou à cause de lui… un enfant est placé parce que la situation familiale à fait qu’il ne peut plus rester à la maison. (…) L’enfant va apprendre des nouvelles choses dans une institution, et j’estime que les parents aussi doivent apprendre de nouvelles choses, et je regrette que ca ne leur soit pas demandé formellement. »

Evoque le cas de l’Italie, où, dans certaines institutions il est demandé aux parents, d’être suivis par un psychiatre pour pouvoir ré-accueillir leur enfant à la maison. C’est une obligation. Le psychiatre va travailler avec eux la parentalité, en triangle avec l’institution, sur des choses qui se sont produite au foyer. Ceci dans le but de les faire réfléchir sur leurs actes etc.

« on aurait besoin qu’on soit obligé de faire ce travail là où les parents essayent de comprendre quelles sont leur responsabilités dans le placement de l’enfant, et quelles sont leurs responsabilités pour pouvoir le récupérer. Parce que le but d’un placement, c’est quand même que l’enfant puisse retourner un jour chez lui. »


- Les parents sont-ils au courant de leur droit ?

« Pas assez… comme de leurs responsabilités, à mon avis ce n’est pas assez clairement exprimé. Tu vois, là on hésite avec un collègue à faire une association de parents, pour qu’ils puissent exprimer leur revendications, leur critiques, insatisfactions, dans un cadre qui ne soit pas forcément dans une visite où l’enfant est présent. Je pense que ce n’est pas assez expliciter… »


- Qui devrait les informer ?

« Ca devrait être le rôle du service placeur et de l’équipe du foyer… c’est sur qu’on a une responsabilité… on va dire aux parents ce qu’ils ont le droit ou pas, on leur dit qu’ils peuvent porter plainte si vraiment, qu’ils peuvent demander l’avis à la directrice etc.. Mais dans la pratique on le répète pas… et souvent les parents se sentent tellement dépossédés qu’ils n’osent pas tellement revendiquer certains droits. »


Par exemple: « j’ai rencontré un papa lors d’une fête qu’on organisait, un papa qui avait son fils placé chez nous depuis un an… alors je lui ai demandé comment il allait et il m’a dit qu’il était fâché parce que ca faisait un an qu’il avait demandé que son fils puisse allé voir sa grand-mère qui était dans un autre canton, parce que lui pouvait pas le faire… alors dans un cas comme ça je lui ai dit qu’il pouvait m’appeler, qu’il avait le droit de se plaindre s’il voyait qu’il était pas entendu… il pouvait contacter par exemple la protection des mineurs pour parler à la responsable de son AS parce qu’il était pas entendu… ce genre de chose… Alors finalement on a organisé la sortie, mais il a quand même dût attendre une année pour que ça se passe… et lui n’osait plus relancer… »


- Existe-t-il un contrat ??

« Non, il n’y a pas de contrat, les droits ne sont pas stipulés. Ca dépend en fait, en principe lors d’un placement il y a une convention de placement qui est signée. Ca veut dire que tout est défini là-dessus, c'est-à-dire qui paie le placement, combien, donc l’engagement financier tout ce genre de choses… et le parent doit signer pour dire qu’il est en accord avec le placement. Donc ça sous-entend qu’on a dit les choses… Mais on devrait tout à fait le faire par écrit. Par exemple à Picolo c’est un tout petit peu plus élaboré, par exemple on va faire signer une feuille qui explique les règles, par exemple pour le droit de visite et les choses comme ça. Mais de façon générale, je trouve que dans ce contrat là les droits et les responsabilités des uns et des autres ne sont pas clairement explicités et écrits. »


- Qu’allez-vous faire pour développer les relations institution-parents ?

A « P » et à la « F » :

« On va définir le droit de visite, et surtout on offre le droit de visite DANS l’institution. Ce qui ne se fait pas dans toutes les institutions. Donc en fonction du projet éducatifs et pédagogique et aussi de l’engagement du parent, de sa manière aussi d’accepter le placement et le projet et en fonction de ses besoins, et bien on va par exemple proposer qu’une maman vienne passer une soirée et qu’elle couche son enfant, ou qu’elle participe à une activité, ou le papa aussi, ou qu’ils viennent manger avec nous… des choses comme ça... Après ça peut arriver, c’est encore pas très très souvent, mais ça arrive, qu’on propose aussi d’aller chez eux, et de les voir régulièrement pour les tenir au courant et d’avoir cet échange qui favorise en fait le fait qu’on soit toujours d’accord dans ce qu’on fait. Donc ca va être des rencontres très régulières… »


C’est-à-dire (quelle régularité) ?

« Ca va dépendre un peu, il y a différentes rencontres. L’éducateur aura au moins un contact par semaine avec les parents, ça c’est le minimum. Ca peut être par téléphone, ca peut être une visite, un entretien, différente choses. Après, l’éducateur et le responsable pédagogique vont rencontrer le parent pour faire le point, alors selon le projet ca peut être une fois par mois, une fois tous les deux mois, pour faire le point de la situation et redéfinir les objectifs. Et autre chose, l’assistance sociale va aussi rencontrer les parents soit avec l’éducatrice, soit avec nous tous, soit toute seule dans son bureau… Après ca dépend un peu des situations, au début ils vont peut être se voir plus souvent, une fois toutes les deux trois semaines, après ca peut être une fois par mois, une fois tous les deux mois etc… et l’autre chose on parle aussi rapidement de ce que nous on peut offrir par exemple à un parent qui fait des démarches pour récupéré son enfant à la maison, donc pour récupérer la garde, c'est-à-dire qu’on fait ce qu’on appelle une PCE, c’est une prise en charge extérieur. Quand on voit qu’on avance tous ensemble, c'est-à-dire que les parents avancent, que l’enfant avance aussi et tout, à un moment donné on prend ce risque aussi de demander qu’un enfant soit placé chez ses parents. Et à ce moment là, c’est l’éducateur qui va aller chez eux, à la maison, pour soutenir les parents dans leur travail. Dans ce cas là l’éducateur passe environ une fois par semaine, mais ça dépend des situations, des fois l’éducateur peut venir plusieurs fois par semaine, pour aller avec les parents à des réunions d’écoles et ce genre de choses, pour mettre en marche les démarches et tout ça, mais toujours avec les parents. On redéfinit toujours après un certains temps les objectifs de l’éducatrice, pourquoi elle viendrait. Et on reste toujours en contact et on reste disponible pour que l’enfant vienne passer un week-end au foyer par exemple, ou une journée avec ses parents, des choses comme ça… donc on reste aussi ouverts à ça. »


- Quelle est la durée d’un placement en général ?

« A la ferme c’est du moyen-long terme, on définit toujours le placement en disant que c’est une année renouvelable, et on se repose la question après une année on évalue les besoins, les objectifs… Mais il y a actuellement à la Ferme des enfants qui sont là depuis 6 ans… et c’est pas fini, c'est-à-dire c’est ces enfants iront dans un autre foyer, pour préados ou adolescents… »


- Comment expliquez-vous ce genre de cas ?

« Parfois parce que ce n’est pas possible autrement, parce que la situation ne s’est pas améliorée, rien n’a changé à la maison… il peut y avoir d’autres raisons, comme le fait que le réseau professionnel qui est autours de cette famille n’y croit pas, ou n’a pas mis ça en route ou ne collabore pas dans ce sens, ou que l’AS dise que c’est hors de question… ou ça peut clairement être parce que le parents sont tout à fait en accord que leur enfant soit placé toute la semaine et qu’ils le voient que le week-end…ca leur pose pas d’autre problème que ça…tous les parents ne veulent pas forcément que leur enfant revienne à la maison, on peut-être pas tout de suite, ca peut être des multitudes de choses… Mais pour que l’enfant puisse retourner à la maison il faut vraiment que les parents soient partant un maximum… »


- Quel serait votre « idéal » de relation avec les parents ?

Mon idéal à moi ca serait que quand on enfant est placé, dans beaucoup de situation, notamment chez les petits, il y a bien des situations où il faudrait aussi accueillir la mère et le père, dans le foyer… Nous on a actuellement à la Ferme trois tout petits, et on a pris la mère avec…on l’accueil avec, elle vit là-bas avec eux… l’idée est que l’attachement puisse se faire, et qu’on mette tout en place pour que ça puisse se faire, parce que c’est des tous petits, et que la maman puisse apprendre des choses, et que nous en contre partie on puisse lui permettre d’apprendre des choses et évaluer à un moment donné, si elle a suffisamment d’acquis, en compétences et en capacités parentale pour retourner vivre à la maison avec ses enfants, avec ou sans aide… Voilà, alors ça, en tout cas dans la petite enfance, c’est une des choses, alors c’est pas l’idéal parce l’idéal n’existe pas, il faudrait que tous les enfants puissent vivre chez leur parents et être heureux, mais voilà ça s’en est un… et puis après l’autre, c’est vrai que c’est de pouvoir avoir un maximum de contact avec le parent et les impliquer beaucoup plus encore… tu vois par exemple, j’aimerais que tous les parents signent les carnets de leurs enfants et que ce ne soit pas l’éducatrice qui le fasse, que quand on inscrit l’enfant à l’école ou dans un club d’activités ou n’importe, que le parents soit là, que ça se fasse toujours avec le parent… mais dans la pratique c’est pas possible, parce qu’on a des parents sur qui on ne peut pas du tout compter, des fois ils ne viennent pas au rendez-vous, et puis au bout d’un moment, t’es obligé de prendre des décisions parce que l’enfant ne peut pas non plus… si tu attends toujours trop sur le parent, finalement l’enfant continue d’être maltraité…Par exemple, tu vois, on avait un enfant qui attendait des heures et des heures à la fenêtre et qui nous disait : « y vont venir, j'te jure, y vont venir » et en fait ils ne venaient pas… alors au bout d’un moment on est obligé de lui dire « écoute non, je crois qu’ils ne vont pas venir », et puis même après dire : « on va t’inscrire au foot, on va inviter ton père et ta mère et on verra s’ils viennent… ». Parce que si on attend toujours… les maîtresses rouspètent parce que les carnets ne sont pas signés, la mère dit qu’elle va le signer, qu’elle va le prendre et qu’elle va pas le ramener, ou elle va dire qu’elle vient demain mais en fait elle vient pas, elle vient pas, elle vient pas… enfin, c’est tout des choses comme ça, où, la collaboration, voilà… on peut faire mieux, souvent, mais c’est vrai que des fois on peut pas… mais ça serait l’idéal…il faudrait qu’ en aucun cas on leur laisse croire que leurs responsabilités diminuent parce que leur enfant est placé… mais dans les faits c’est difficile…


- Et si vous pouviez changer quelque choses…Qu’est-ce que ça serait ?

Moi le changement que j’aimerais voir se réalisé c’est qu’on puisse…c’est que… qu’il puisse y avoir une diversité beaucoup plus grande offerte par les institutions…je veux dire, aujourd'hui, dans le domaine de la petite enfance y’a que Picolo qui en fait est un foyer d’accueil d’urgence et y’a pas de suite, donc il y a des enfants qui devrait pas être à Picolo mais ils y sont depuis longtemps, et ils devraient plus y être… et puis après, dans les institutions pour les enfants, pour les adolescents il y a peut être plus de choses, mais pour les enfants, pratiquement toutes les institutions font la même chose… et je pense qu’on pourrait avoir des instituions qui sont ouvertes du lundi au vendredi, avec des parents qui peuvent tout à fait prendre leurs enfants, le week-end, ou des institutions qui… tu vois par exemple, on fait des fois des placements où le retour progressif dans la famille se fait, par le fait par exemple qu’un enfant va aller par exemple le mardi soir après l’école à la maison, il va y rester le mercredi et les parents vont peu à peu l’amené les jeudis matins à l’école et il va aussi pouvoir rentrer le weekend… et puis y’a des institutions qui devraient, effectivement fonctionner un peu ça, comme on fonctionne, c'est-à-dire que les parents sont…(…) pas aussi impliqués parce qu’il y a des situations où on doit protéger les enfants de leurs parents parce que leur parents sont toxiques et néfastes, c’est très clair… et là on est toujours un peu entre deux choses : on a des enfants qui doivent être impérativement protégés et les parents n’ont pas accès à l’institution, et ils en ont rien à foutre, donc ils viennent, ils se trouvent dans la maison, ils sont agressifs, violents ils font scandale, et à ce moment là, nous on devient aussi pas assez protecteur pour les enfants… donc il faudrait avoir des institutions plus diversifiées… et puis l’autre chose, mais ça va venir, c’est ce qu’on appelle L’AEMO, c’est l’accès éducatif en milieu ouvert, c’est qu’on puisse beaucoup plus développé l’intervention à la maison, et puis moi je dis aussi que c’est la prévention qu’on doit développer… parce que nous on intervient, et le service placeur intervient généralement quand c’est déjà la crise… et il faudrait que quand on sent qu’il y a fragilité, et on le sent, on le sent déjà à la maternité souvent, qu’il puisse y avoir déjà un suivis… un peu comme le SEI fait, le service éducatif itinérant, mais ils le font pour des enfants qui ont un handicap, mais il faudrait qu’il le fasse aussi pour les autres enfants, il faudrait pouvoir développer ça pour des familles fragiles…L’AEMO c’est une des solutions, mais c’est pas LA solution… Par exemple, dernièrement, y’a le SPMI qui voulait placer toute une fratrie, donc y’a 9 enfants, ça représente l’ouverture d’une institution… et là, la FOJ à proposé une AEMO. Donc y’a deux-trois éducateurs qui sont décrochés de leur poste à 30-40% et ils font le travail dans la famille… et il se passe des choses, il se passe des choses intéressantes… donc ça c’est quelque chose qui est utile, mais de nouveau, pas toujours, donc il faudrait pouvoir adapter beaucoup plus par rapport à la famille, aux besoins de la famille, pour pouvoir modifier et changer… ca c’est pour moi vraiment très important… et puis aussi qu’un bout… je sais jamais comment le dire… Nous on a des savoirs, ne serais-ce que sur la théorie de l’attachement, le développement des enfants, des choses comme ça… combien de parents n’ont aucune idée de tout ça… ? Donc on devrait pouvoir peut être un bout, mieux transmettre un bout d’enseignement, je sais pas comment, pour que les parents soient aussi intéressés à collaborer. Mais c’est sur que la collaboration avec les parents elle est largement à développer, largement… »


Autres aspects abordés en « off » :

  • Une meilleure collaboration à l’intérieur du réseau ; que chaque structure communique plus sur le cas d’une même famille. Les choses pourraient être apprises plus rapidement et les interventions pourraient être plus efficaces.
  • Il faudrait pouvoir définir le « socialement acceptable » pour savoir à quel moment on peut proposer qu’un enfant soit remis dans sa famille, même si cette dernière à des carences. Y a-t-il un « minimum » acceptable que l’on doit exiger des parents ?
  • Les situations de crise sont propices aux changements ; c’est quand on est dans une impasse que des solutions sont proposées et que les décisions sont prises, même faute de budget : « moi j’aime bien ces situations de crises, j’ai l’impression que ça fait bouger les choses, on a plus le choix… faut trouver des solutions. »
  • Le plus important aujourd’hui serait de donner des compétences aux parents qui ne possèdent pas suffisamment de connaissances sur les besoins de leurs enfants.