MABILLON-BONFILS SAADOUN-2002-invention-déscolarisation

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MABILLON-BONFILS, Béatrice et SAADOUN, Laurent (2002). 2007 L'INVENTION DE LA DÉSCOLARISATION: L'ÉCOLE FACE AU PLURIEL. Contribution à une sociologie politique de l'école. Sociétés, 4 – « Politiques vécues », 39-54. consulté le 13 janvier 2006

Dans un premier temps j'expose ici de suite le résumé qui est fait par les auteurs mêmes de l'article pour ensuite relever certains aspects saillants en lien directe avec mon sujet d'étude (i.e. la déscolarisation):

« La déscolarisation est une idée neuve: croisée du mouvement de massification de l’École et d’un moment de nécessaire gestion du pluriel par l’École, elle doit être comprise comme rupture du paradigme fondateur de l’École de la république par l’éclatement des formes identitaires d’appartenance à l’École. L’article ne vise pas à cerner les déterminants objectifs de la déscolarisation mais à mettre en liens les représentations des acteurs du système scolaire, comme valeurs productrices de normes et de pratiques au cœur même de la définition de la déscolarisation [c'est moi qui souligne]. C’est la signification subjective des pratiques scolaires et sociales qui donne sens à l’échec scolaire et plus largement citoyen que constitue la déscolarisation. Il s’agit donc bien là de faire l’analyse d’un système symbolique complexe et non de se borner à travailler sur les trajectoires déscolarisées ou mieux de lier ces parcours intellectuels, personnels, sociaux, voire proprement politiques aux régulations et contrôles de l’institution scolaire. C’est donc au travers des représentations de la citoyenneté des acteurs du système scolaire que peut être saisie une des dimensions de la déscolarisation: anomie produite par la violence symbolique de l’Institution dans sa gestion du pluriel. La déscolarisation est alors un symptôme de la rupture du pacte républicain, sorte d’anomie politique, qui fonctionne par la sanction mais plus encore par l’intériorisation des mécanismes de la soumission auxquels participent tous les acteurs du système scolaire [c'est moi qui souligne]. Le glissement d’une École capitaliste vers une École de marché, qui ne peut qu’oblitérer sa capacité à fabriquer du lien politique, notamment par la fabrication de cette forme extrême d’échec scolaire qu’est la déscolarisation est conçu comme une nécessité du système néolibéral. Les politiques publiques et les dispositifs de réinsertion des populations déscolarisées seront analysées à l’aune de leurs pratiques mais aussi des représentations qu’en ont les acteurs : les institutions n’ont d’efficacité que si elles obtiennent un minimum de légitimité. »

Mabillon-Bonfils et Saadoun affirment d'emblée que l'émergence de la déscolarisation est à analyser à l'aune du mouvement de massification de l'École et de la nécessaire gestion du pluriel qu'il a engendré par l'École. L'idée de départ est donc que si l'École de la République a travaillé historiquement à la construction unitaire de la citoyenneté française (« neutralisation des milieux en un lieu », p.44), force est de constater que la « confrontation dans l'Institution scolaire de socialisations juvéniles plurielles, dont certaines sont radicalement allogènes aux normes et valeurs diffusées par l'École, est un des éléments d'échec de l'intériorisation du pacte républicain et de ses apories. » (p.40). Considérant l'époque historique que nous traversons, celle de la mondialisation du capitalisme, qui renforce précarités et incertitudes, accompagnée par la multiplication de rôles sociaux et de lieux de (dé)socialisation concurrents, le pluriel des identités (les auteurs parlent aussi de polydéterminations individuelles) s'amplifie ainsi que les modes d'insertion et de désinsertion scolaire et sociale. Dès lors, la fabrication de « l'excellence scolaire » à l'heure de la massification est à son paroxysme puisque l'institution scolaire – ce lieu homogénéisant – est elle-même parcourue par l'éclatement des sociabilités juvéniles.

C'est à partir des ces considérations que les auteurs affirment que:

  • la déscolarisation est un symptôme de la rupture du pacte républicain;
  • la déscolarisation est donc aussi une rupture sociale;
  • la déscolarisation est une fabrication/construction (i.e. un produit historique);
  • la déscolarisation est une forme extrême d'échec scolaire.

Mabillon-Bonfils et Saadoun arrivent à la conclusion que la déscolarisation est un procès de disqualification, à la fois scolaire et sociale car l'exclusion scolaire non seulement anticipe l'exclusion sociale, mais la justifie. Cette affirmation s'appuie sur le constat que les comportements souhaitables et l'organisation de « L'École capitaliste » s'apparentent à une logique toute « taylorienne » de séparation des tâches d'exécution et de conception caractérisant le monde professionnel en système capitaliste. Au travers du même parallélisme, ils affirment alors qu'à « la flexibilité du marché requise par l'économie néolibérale, productrice de segmentation et du dualisme du monde du travail, répondrait une division hiérarchique du travail scolaire, productrice d'un lumpen prolétariat ascolaire, constitué des publics déscolarisés » (p.54). C'est en ce sens qu'ils affirment que le glissement d'une École capitaliste vers une École de marché est conçu comme une nécessité du système néolibérale.

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