Le suicide en prison. Bernheim, J-C. (1987).

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Cet ouvrage retrace la réalité carcérale en Europe et en Amérique du Nord durant plusieurs années du 20ème siècle. Au travers de diverses théoriques basées sur de statistiques, l’auteur nous invite à enter dans la complexité de l’acte suicidaire.


Les théories relatives au suicide

Selon l’auteur, les théories psychologiques, psychanalytiques, sociologiques ou encore modernes, exposent diverses raisons qui pousseraient un individu détenu ou libre à mettre fin à ces jours. Par exemple, Achille-Delamas, propose une théorie qui dit que le suicide est un accident, une démence liée à des contraintes que l’individu rejette. À l’inverse la théorie de Durkheim est quant à elle privilégiée par l’auteur en ce sens qu’elle reflète majoritairement la réalité de l’acte suicidaire. En effet, Durkheim prône que le suicide prenant place en milieu pénitentiaire se qualifie de suicide fataliste. En raison de sa situation, l’individu détenu est face à un excès de règlementation qu’il ne peut supporter. Ainsi il décide de se suicider pour échapper à cette situation. Cette théorie répond en grande partie à la situation des prisonniers. Ceux-ci sont privés de libertés et contraints de suivre des règles sans aucun lien avec leur vie d’avant. L’environnement, la promiscuité du lieu et les contraintes s’y rapportant transforment considérablement leurs habitudes de vie et les déséquilibrent. Alors l’acte suicidaire apparaît comme une échappatoire, comme une réponse à l’oppression de la situation carcérale.


Les statistiques

Au-delà des théories psychologiques, Jean-Claude Bernheim expose diverses statistiques comparant le nombre de suicides en milieu carcéral avec les hommes en milieu libre ou encore la différence entre le nombre de suicides chez les femmes et chez les hommes, et ce dans différents pays. En plus de ceci, l’auteur détermine que le suicide est également lié au sexe, à l’âge, à la catégorie pénale ou encore au délai d’incarcération, etc. Il y a donc plusieurs facteurs qui interviennent dans le choix de se suicider.


La situation générale en France et en Suisse

Le système carcéral est selon l’auteur, comparable à un milieu totalitaire. En effet, la prison est à la fois un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus sont placés dans une même situation. Ils sont coupés du monde extérieur pour une période relativement longue. Ils mènent ainsi une vie recluse dont les modalités sont réglées et programmées de manière répétitive. De plus des facteurs pathogènes liés au suicide relèvent de la promiscuité du lieu, de la monotonie journalière ou encore de l’éloignement avec les familles. Quel que soit le pays, ces facteurs sont constamment avancés. L’auteur conclu donc en disant que dans les lieux de contraintes et où le totalitarisme est le plus intense, le taux de suicide est très élevé et en augmentation.

«L’incarcération ou la perte de liberté, pour quelque raison que ce soit, est une expérience traumatique qui en laisse indifférent aucun homme. » (Bernheim, 1987).