La violence faite aux hommes - une réalité taboue et complexe

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Yvon Dallaire La violence faite aux hommes. Une réalité taboue et complexe. Québec, Option Santé 2002

Résumé

Yvon Dallaire est psychologue et sexologue. Fort de son expérience de 25 ans en thérapie conjugale avec des milliers de couples, il a écrit de nombreux ouvrages s’adressant tant aux hommes qu’aux femmes pour les responsabiliser et les aider à vivre en harmonie. Il exerce en pratique privée au Centre psycho-Corporel de Québec dont il est le fondateur, et offre des conférences et ateliers au Québec et en Europe.

Contexte

En partant du constat de l’existence ineffable de la violence dans l’humanité, Yvon Dallaire tire tout d’abord comme constat que celle-ci a diminué dans nos sociétés, si l’on considère les violences exercées dans les siècles passés. La violence est toutefois fortement médiatisée aujourd’hui, mais de manière incomplète pour l’auteur. En effet dit-il, notre attention n’est attirée que sur une forme de violence, soit celle faite par les hommes contre les autres hommes (guerres, meurtres, voies de fait, suicides), contre les femmes (violence conjugale, viol, meurtre, tueurs en série) et contre les enfants (violence infanticide, meurtres suivis de suicide). Pour Dallaire, une forme de violence a été occultée : la violence des femmes faite envers les femmes, les hommes et les enfants.

Hypothèses

Le propos de son texte est de démontrer d’une part que des femmes peuvent être tout autant violentes que des hommes, et que d’autre part l’analyse de la violence conjugale s’inscrit dans un paradigme teinté de sexisme et de discrimination. La violence conjugale tient pour lui d’une " schismogenèse complémentaire ", terme emprunté à G. Bateson. Ceci signifie que la violence conjugale ne se décline pas simplement sur le mode agresseur-victime, mais plutôt sur celui de victime-victime, de deux individus qui sont les co-créateurs d’une escalade débouchant sur l’explosion physique. Il s’agit d’une réaction en chaîne par laquelle la réponse de l’un des partenaires à la provocation de l’autre entraîne des comportements réciproques toujours plus divergents. Il s’agit donc d’un cercle vicieux.

Les préjugés envers les hommes

À partir de citations, notamment exprimées par des femmes d’ " influence ", Dallaire identifie les préjugés types qui circulent : l’homme est un être violent, un abuseur d’enfants, un irresponsable, un être insensible ; il ne s’engage pas, n’exprime pas ses émotions, il veut tout dominer ; les hommes sont tous des obsédés sexuels, ils sont tous infidèles, menteurs et manipulateurs, etc. Dans ce sens, l’homme n’est considéré que comme un " loup " et la femme comme une victime sans défense. Dès lors, toute violence féminine est considérée comme relevant de la légitime défense. L’homme est ainsi rendu coupable de toute la violence conjugale. Dallaire met en exergue quelques statistiques concernant les hommes battus. Celles-ci sont moins conséquentes que pour les femmes battues. Cependant, l’auteur fait remarquer que peu d’hommes battus portent plaintes, ils n’osent pas en parler, englués qu’ils sont dans la peur du ridicule, dans la honte. L’homme battu éprouve de la honte, son image est détruite, son identité réduite en pièces.

De manière générale

Dallaire s’élève contre la " rectitude politique actuelle dominée par le lobby féministe radical " qui rend l’homme responsable de toute violence domestique, malgré les faits scientifiques qui contredisent cette accusation. Il faut bien entendutenir compte du fait que ces propos prennent source dans le contexte social et politique du Québéc. L’auteur présente des faits surprenants, démontrant que la prévalence de la violence féminine est égale à celle de l’homme. Son objectif n’est pas de partir un débat à savoir lequel de l’homme ou la femme est le plus violent, mais plutôt de susciter une réelle prise de conscience de toute la réalité de la violence conjugale et domestique. Pour ce faire, il importe de connaître les réelles dimensions de cette violence, plutôt que de rechercher un coupable, toujours le même, à punir. La violence ne peut être que le résultat d’une malheureuse escalade réciproque.