La santé mentale aujourd'hui

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Notes tirées de l'ouvrage La santé mentale, l'affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de la vie. Rapport du groupe de travail présidé par Viviane Kovess-Masféty (2010).

La santé mentale aujourd’hui

En 1946, la constitution de l’OMS a défini la santé comme « un état de bien-être physique, mental et social qui ne consistait pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité ».

En 2008, le Pacte européen pour la santé mentale et le bien-être établit que « la santé mentale est un droit de l’Homme. Elle est indispensable à la santé, au bien-être et la qualité de vie. Elle favorise l’apprentissage, le travail et la participation à la société ».

Durant les 60 ans, l’évolution politique et scientifique, la recherche et le changement au niveau des pratiques ont mené à une réorientation des préoccupations : la maladie mentale ne concerne plus uniquement les personnes atteintes de troubles manteaux, mais la société toute entière. Elle comprend de nouvelles dimensions telles que la prévention des formes de détresses psychologiques et la promotion de la santé mentale positive dès le plus jeune âge.

Trois dimensions de la santé mentale

Nous pouvons ainsi lire dans le rapport 2010 sur «La santé mentale l’affaire de tous », présidé par Viviane Kovess-Masféty, qu’il existe aujourd’hui trois dimensions de la santé mentale, dont la santé mentale positive qui comprend la notion d’épanouissement ou de contrôle sur sa destinée.

  • Les troubles mentaux:

Ils se réfèrent à des classifications diagnostiques renvoyant à des critères et à des actions thérapeutiques ciblées qui correspondent à des troubles de durée variables plus ou moins sévères et handicapants. Par exemple, la schizophrénie, les troubles dépressifs caractérisés, les psychoses maniaco-dépressives ou encore les troubles dû à l’usage de toxiques (alcool, drogue)

  • La détresse psychologique ou souffrance psychique :

Elle est un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie ou d’un trouble mental, ne correspondant pas à des critères diagnostiques. Ce sont la mesure du degré d’intensité et de la souffrance psychique, sa permanence et sa durée, ainsi que ses conséquences qui peuvent conduire à la nécessité d’une prise en charge sanitaire. Si la souffrance est temporaire et fait suite à un événement stressant, on la considère comme une réaction adaptative normale. En revanche lorsqu’elle devient intense et perdure, elle peut constituer l’indicateur d’un trouble psychique.

  • La santé mentale positive:

Elle fait référence , soit à un état de bien être, un sentiment de bonheur et/ou de réalisation de soi, soit à des caractéristiques de la personnalité (résilience, optimisme, capacité de faire face aux difficultés, impression de maîtriser sa propre vie, estime de soi). C’est un état positif, d’équilibre et d’harmonie entre les structures de l’individu et celles du milieu auquel il doit s’adapter C’est la part de « santé » dans la santé mentale, qui ne se définit pas seulement par l’absence de troubles mais comme une capacité dynamique.

Etiologie, les déterminants

Aujourd’hui le modèle le plus utilisé est le modèle "bio-psychosocial" d’après lequel la santé mentale correspondrait à un processus dynamique résultant des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Ces trois facteurs sont en interaction permanente. Selon ce modèle il entre en jeu des éléments : personnels (génétiques, événements de l’enfance, éducation, milieu social ); des éléments de vie courante (stress divers : professionnels, familiaux, nuisances habitats et environnement, catastrophes, pauvreté, précarité) ; le mode de vie (alcool, tabac, sport, réseau social) ; l’accès aux soins. Cette conception renvoie donc à l’interaction des caractéristiques intra-individuelles/ biologiques (plusieurs études démontrent qu’il existe une part de génétique, une certaine prédisposition à la capacité d’adaptation face aux événements de la vie.) ; et à des conditions interindividuelles et sociétales (traits de personnalités et condition socio-économique).

Impulsion de l'OMS, nouveaux outils

« Les définitions actuelles sont essentiellement axées sur la personne, mais offrent néanmoins des perspectives plus vastes à l’échelle communautaire. (…) notamment par le développement des compétences personnelles, des environnements de soutien, de la participation et de la prise de décision. »

Pour ce faire l'OMS se base sur le modèle bio-psychosocial pour la mise en place de stratégie visant à la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux. Ainsi pour améliorer l'action dans ce domaine, elle propose deux outils: l'advocacy et l'empowerment.

  • l'advocacy (plaidoyer ou médiation sociale) concerne à l'expression des personnes qui s'estiment victimes d'un préjudice, se sentent insuffisamment écoutées ou respectées par leurs interlocuteurs institutionnels, ou rencontrent des obstacles dans l'accès au droit. Dans le champ de la santé mentale, l'advocacy a pour but de susciter un changement d'attitudes, de pratiques ou de programme dans la société (informations, amélioration des soins etc. Le plaidoyé est jugé efficace pour attirer l'importance de la santé mentale et assurer qu'elle figure dans les programme de santé nationaux. Il apporte des améliorations significatives en matière de politique, de législation et de services. Il réduit la durée de traitement des malades hospitalisés et la fréquentation des services de santé, augmente l'estime de soi et le sentiment de bien-être, améliore la capacité à faire face aux crises, renforce les réseaux sociaux, stimule les relations familiales etc.
  • l'empowerment consiste à faire participer les patients et les aidants, notemmment familiaux, à l'élaboration et à la planification des services publics. Ils fournissent des recommandations informées (afin de mettre en place des politiques adaptées à leurs besoins et à leurs aspirations) si on leur en donne la possibilité. Cette mesure vise à favoriser le dialogue et à minimiser la stigmatisation en donnant une place aux patients et à leurs familles.