L'antichambre de la taule. Groupe information Vennes. (1978)

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Cet ouvrage relate du fonctionnement de la maison d'éducation de Vennes, dans les hauts de Lausanne. La maison de Vennes était une institution officielle vaudoise pour les garçons adolescents placés par les autorités judiciaires ou civiles. Le groupe information prison qui a écrit ce livre rapporte des témoignages d'éducateurs ou d'anciens détenus démontrant le disfonctionnement de cette institution. Nous apprenons que le poste de directeur de Prison était à l'époque celui qui décidait de tout, sans coopération avec les différents professionnels travaillant dans l'institution. Les éducateurs étaient "emprisonnés" comme l'étaient les jeunes détenus puisqu'ils dormaient sur place, et leurs avis n'étaient pas entendus par la direction. Portant le nom de "maison d'éducation", la maison de Vennes en 1978 est plutôt un lieu d'enfermement et de maltraitance psychique. L'ouvrage informe les lecteurs de l'époque des dégats qu'un séjour à la maison de Vennes peut engendrer sur les jeunes et les professionnels séjournant là-bas. Cette parution donnera lieu à une crise majeure à l'époque et une reconstruction sera mise en place. Le livre est constitué de plusieurs sous-parties : la présentation de la maison d'éducation, une remise en question de la manière d'"enfermer pour redresser", les différents professionnels travaillant à Vennes, et enfin, une partie conséquente du livre est accordée à la parole aux prisonniers. Ces derniers répondent aux différentes questions de leurs vies en prison, de leurs relations avec les pairs, avec l'extérieur. Quelques réponses seront comparées avec le discours d'un éducateur de la Clairière (Genève) afin d'identifier les changements et de ce qu'il en est aujourd'hui en 2014.

Extrait d'un témoignage d'un jeune "Lavage de cerveau" p.13

Problèmes énormes que de rentrer à Vennes normal et d'en resortir maillé et je ne suis pas le seul à ressentir ces situations paniquantes de vide, une sensation d'avoir perdu quelque chose.

On discutait l'autre jour et un me disait : "Depuis que je suis ici, j'ai l'impression qu'une lance me traverse le corps pour atteindre son but, le cerveau" oui, un lavage de cerveau, c'est ce que l'on subit même avec leur nouvelle méthode variante de Day-Top. Encore pire et plus salope que leur éducation répressive. Comment peut-on juger nos semblables, car il faut dire que la décision appartient au groupe entier? De quel droit peut-on attaquer un camarade lorsque il a fait un casse ou une fugue, de le juger et de décider de la sanction? Et bien c'est cela que nos chers éducateurs cherchent à nous faire faire. L'on a aussi par ce groupe le pouvoir de décision sur les weekends demandés par l'un ou par l'autre. D'habitude c'est toujours oui, mais c'est qu'il faut expliquer pourquoi l'on dit oui, alors on dit n'importe quoi.

Venons-en maintenant aux discussions sur le comportement: le mec attaqué sort d'habitude de ces séances le moral en bas, il faut dire que c'est anormal de mettre un type dans une situation de parano volontiare par la méthode. Il ne sait plus qui sont ses amis et reste dans sa chambre seul à méditer le moral en bas.

                                                                   M.R