Heller, G. (2012). Ceci n'est pas une prison: la maison d'éducation de Vennes: histoire d'une institution pour garçons délinquants en Suisse romandes (1805-1846-1987). Lausanne: Antipodes, 2012.

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Cet ouvrage retrace l’histoire de la Maison d’éducation de Vennes (MEV). Cette institution se situe dans le canton de Vaud et accueille des mineurs délinquants de sexe masculin. Elle a ouvert ses portes en 1805 sous le nom de Discipline. Puis, après avoir changé plusieurs fois de nom, elle devient le Centre d’orientation et de formation professionnelles Les Près-de-Valmont en 1987. En 2008, le COFOP, est reconnu en tant qu’école des métiers cantonale pour les jeunes en difficulté psycho-sociale.

La Maison d’éducation de Vennes va subir plusieurs crises et remises en questions. Plusieurs aspects vont faire obstacle à son évolution comme par exemple, l’architecture du bâtiment, la réputation de l’institution, le personnel attaché aux méthodes disciplinaires. De plus, la politique intérieur a souvent pointé du doigt la Maison d’éducation. Par exemple, la campagne de dénonciation du Groupe information Vennes à propos du caractère répressif de l’institution en 1977-1978, ou les critiques des députés de droite taxant de « laxistes » les méthodes éducatives plus douces employées dans les années suivantes.

La première partie de l’ouvrage est consacrée à l’historique. Entre 1949 et 1969, une figure importante a été à la tête de l’institution. Paul-Eugène Rochat est décrit par l’auteure comme « un éducateur-né, possédant une autorité naturelle très authentique, rarement contesté ». (p. 117). Cet homme va faire avancer les choses. Il va réussir à faire passer certaines réformes telles que l’ouverture de l’établissement sur l’extérieur, le développement du sport et des loisirs ou encore l’introduction d’un régime semi-liberté en 1951. En 1967, un homme se trouvant à l’opposée de M. Rochat entre en fonction afin de reprendre la direction de la MEV. Jacques Tuscher est un homme au « caractère autoritaire, glacé, hautain, manquant de contact et de psychologie autant avec les éducateurs qu’avec les élèves. » (p. 145). Cette nouvelle personnalité va engendrer une lente régression engendrant de nombreux départs du personnel éducatif mais aussi une relation qui va se détériorer entre l’établissement et ses partenaires. On remarque que l’historique de l’établissement évolue en écho avec les mutations de la société. En effet, les année 50 -60 marquent une progression et une avancée dans le domaine de la prise en charge éducative des jeunes. Alors que les années 70 sont centrées sur une crise et une remise en question des institutions appuyées par une direction que nous pouvons qualifier de « régressante » de la MEV.

La seconde partie est divisée en plusieurs approches thématiques. On y trouve six enjeux de réformes pour la MEV : l’encombrante architecture de l’établissement, l’évolution des catégories d’élèves accueillis, la lente professionnalisation du personnel éducatif, l’incontournable question des punitions dont celle du cachot, la difficile mise en place d’une formation professionnelle pour les jeunes placés, et le recours aux loisirs comme instrument de rééducation.

La troisième et dernière partie du livre est consacrée à des dossiers d’élèves, des relevés des notes de conduite et de travail, des fiches d’observation médicale et de comportement. Autant de documents authentiques qui rendent le travail de l’auteure encore plus réaliste et transparent.