Guide touristique des prisons de Genève
Le Code Pénal Suisse (CPS) estime qu’un enfant à partir de sept ans doit agir en tant qu’adulte responsable et doit être capable de distinguer le « bien » du « mal » comme le rapporte Christian Jöhr, auteur de l’extrait relatif au traitement des mineurs dans cet ouvrage.
De ce fait, Jöhr explique que l’enfant est soumis à « une discipline et une conduite codifiées » afin de répondre aux attentes de la société dans laquelle il vit. L’apprentissage relève de la famille d’une part, et de l’école d’autre part. La société aspire alors à la formation de ces enfants en tant que « futurs citoyens-soldats respectueux de la patrie et des institutions ».
Jöhr vise ici deux objectifs. En premier lieu, il s’agit de mettre en lumière « les mécanismes qui déclenchent » dès lors qu’un jeune ou un enfant enfreint les règles et les lois. En second lieu, l’auteur cherche à « démasquer le jeu du pouvoir ».
L’auteur est allé recueillir des paroles d’éducateurs de maisons de rééducation. Ces derniers faisaient le constat que lorsque la police était « occupée », les institutions se retrouvaient « vidées ». Dans son exposé, Jöhr explique les faits de la manière suivante : la notion de « délinquance » naît dès lors qu’un individu commet une infraction qui l’entraîne devant la justice. De fait, les statistiques annuelles de délits ou de crimes sont moindres par rapports à ce qu’il se passe dans la réalité. En effet, une partie des infractions reste inconnue et échappe à la police. À l’époque de la rédaction de ce rapport, la société considérait que le nombre de délits était en lien étroit avec le nombre de policiers. À ceci, si les statistiques annonçaient des chiffres croissants d’une année sur l’autre, alors cela signifiait qu’il fallait augmenter le personnel des forces de police.
Replacée dans son contexte, l’école servait de « mini-prison » en apportant la punition et la morale. La famille était toutefois responsable de l’éducation et des faits des enfants. Le CPS visait à faire du droit pénal des mineurs, un droit éducatif : le moyen d’apporter un jugement plus individualisé aux jeunes. Comme le stipulait l’article 84, il était envisageable de traiter un jeune « non plus pour ce qu’il a fait mais plutôt pour ce qu’il est ». Des mesures éducatives mises en place pour certains par le biais de maisons de rééducation, de foyers de placement, de prisons pour mineurs permettait ainsi au pouvoir législatif de conserver un droit de regard sur l’éducation afin d’orienter celle-ci dans le sens qu’il désire.
L’établissement de la Clairière à Genève était novateur dans les années 1970 en Romandie. Il se divisait en trois « maisons » dont une prison pour mineurs, un groupe d’observation et un foyer de semi-liberté. Chaque maison était gérée par 1 équipe d’éducateurs spécifique et le lien s’entretenait via un éducateur-adjoint, la direction et un ancien juge du tribunal de l’enfance. Les installations étaient avant-gardistes. Pour mieux comprendre la création de la Clairière, Jöhr nous renvoie aux années 1960 où de nouvelles cités telles qu’Onex ou Meyrin se construisaient. Les jeunes dans les rues ont insufflé le renforcement d’un quadrillage policier, la création d’un « centre de loisirs » visant à « occuper les jeunes » et la création de la Clairière, réservée aux jeunes délinquants.
La discussion rapportée avec un ex-détenu de la Clairière montre la sensation de solitude dans laquelle se retrouvaient les jeunes à l’arrivée. Des activités leurs étaient proposées. Il semblerait que les moyens de s’échapper ne manquaient pas. Ensuite, le parcours amène progressivement vers un foyer pour retrouver la liberté… L’ancien prisonnier fait remarquer l’importance du marchandage au sein du bâtiment et une union uniquement apparente des éducateurs. Du point de vue de l’éducateur interviewé, la prison de la Clairière faisait l’objet d’installations innovantes. Par ailleurs, il transmet de informations sur les prises de décisions et l’organisation de la maison. Il stipule notamment le pouvoir décisionnel de l’équipe sur le fonctionnement mais la supervision par le Département de Justice et Police.
Vous trouverez dans cet ouvrage des discours d’ex-détenus dévoilant leur quotidien alimentaire ou encore, une lettre de détenus à des personnalités en ce qui concerne une demande de dialogue sur les conditions de détention. Il s’agit principalement des points d’hygiène à améliorer.
Quelques informations sont présentées sur les conditions de promenade des prisonniers à la prison d’Yverdon, au Bois-Mermet(Lausanne). Par ailleurs, un chapitre complet est réservé au fonctionnement de La Chaux de Fonds illustré de manière très intéressante sur l’architecture, l’organisation et les conditions sanitaires des détenus.
La prison de Bochuz (p.97) : nous pouvons lire un paragraphe court mais dense sur la réalité de l’aspect médical dans cette prison. Il est possible de compléter ledit paragraphe avec le chapitre « Femmes en taule, Hindelbank, Berne » (p.115). Dans le chapitre intitulé « Prison-fiction méchant-Dollon » (p.118-124) un descriptif très complet apparaît en ce qui concerne le développement du secteur médical dans ce bâtiment.
Relativement à la santé en prison, l’article « La médicalisation » (p.164) pourrait apporter des pistes pour mieux comprendre les raisons et les explications de l’époque.
Un passage est également réservé au Comité Action Prison (France), à la lutte des prisonniers en Suisse Romande (le Passe-Muraille). Il s’intitule « Les mouvements de prisonniers » (p.180).