Guéniat, O. (2007). ''La délinquance des jeunes. L'insécurité en question.'' Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes.

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Dans cet ouvrage, Guéniat compare, statistiques à l'appui, la délinquance juvéniles des années 80 et celle des années 2000. Sa première constatation est que "l'évolution du nombre de mineurs dénoncés par les polices suisses est restée stable depuis 1988". Cependant, on observe une mouvance des délits. La violence, la menace et la contrainte ont sérieusement augmenté en 23 ans en Suisse, alors que le vols sont en baisse. Un deuxième constat est une multiplication de plaintes réciproques entre protagonistes. Ces plaintes sont souvent suivies d'un retrait de plainte ( ce qui gonfle les statistiques). Ces plaintes trouvent leur explication dans un registre plus psychologique. Les individus ont une capacité moindre à absorber les contrariétés et les relations entre les individus se sont rigidifiées. Elles reflètent la société actuelle où les tensions sociales, l'incertitude face à l'avenir et les difficultés financières font que le seuil de tolérance s'est abaissé. Quand à la question sur la violence, Guéniat montre que la violence a toujours été présente mais que c'est la tolérance à cette même violence qui a augmenté de manière significative parmi les moins de 25 ans. Il parle de la banalisation de la violence et et tire la sonnette d'alarme afin que "nous ne laissions pas s'installer la normalisation de la violence. Les délits ne doivent pas s'inscrire dans la vie quotidienne.".

Le sentiment d'insécurité est alimenté principalement, selon Guégniat, par la médiatisation des faits divers. Il cite comme exemple les médias nord-américains qui dès les années 1990 développent deux thématiques qui renforcent ce sentiment: "celle de la peur et celle la mise en évidence des victimes". De là, chaque personne se sent comme une victime potentielle. En Suisse, la certitude que la jeunesse actuelle est plus violente est aussi véhiculée par les médias qui se délectent de faits divers comme les chauffeurs de bus agressés, les rixes nocturnes, les viols entre mineurs, le racket, etc. Guéniat relève également l'intervention accélérée des journalistes. Les interlocuteurs sont priés de penser vite et l'essentiel sensationnel sera diffusé. Cette méthode expéditive ne laisse pas de place à une réflexion approfondie.

La délinquance des jeunes en bande inquiète particulièrement car dix fois plus de délits sont recensés quand les jeunes sont affiliés à une bande. Cette violence s'exprime de manière explosive et inattendue. Debardieux, sociologue et professeur universitaire de Bordeaux, publie un rapport qui explique les rapports de force entre les jeunes. Selon lui, l'oppression quotidienne fonde la domination. Le harcèlement donne du pouvoir sur les plus faibles et sur les pairs et une réputation dans le collège ou dans la rue, dans le quartier, dans la ville. La loi du plus fort régit la bande, suivant une hiérarchie qui prend modèle sur les sociétés machistes. Il décrit la dynamique de la bande par un plus fort entouré d'un public. Le jugement est permanent. Du coup, pour rester au sommet, il faut inscrire la délinquance dans la continuité et la répétition. Une escalade de la violence commence.

Ce phénomène de bande existait aussi dans les années 70 avec les rockers. Les jeunes,d'hier et aujourd'hui, susceptibles de se retrouver dans une bande suivent dans les grandes lignes tous un même parcours: situation de précarité familiale, carences affectives, immigration et incapacité de suivre le programme scolaire. Ils se retrouvent donc en quête de valorisation. Et petit à petit ces jeunes en décrochage vont trouver dans la crainte des autres une reconnaissance. La bande, avec ses codes et ses lois, a pour effet de dilué la responsabilité individuelle, elle donne une identité et une famille d'adoption.

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