Entretien avec la Cheffe du projet du jardin thérapeutique, Hélène Gaillard
Contexte
Après avoir lu dans "Info Prison" (bulletin n°7) cet article, il était intéressant de demander dans quelle approche et à quels objectifs tente de répondre ce projet. Mme Hélène Gaillard, citée dans l'article comme étant la "cheffe" du projet, et membre de l'association Equiterre, a cordialement accepté de répondre aux questions qui vont suivre (en italique).
Entretien (L'entretien était de nature téléphonique, les principales questions/réponses sont ici retranscrites).
Quelles étaient au départ les motivations et les raisons qui ont poussé à ce projet?
"A Equiterre on travaille beaucoup (...) sur des projets de nature en ville en général. (...) On essaie de travailler vraiment sur la qualité de vie des gens, notamment dans les villes et puis, en travaillant là-dessus on a vu que tout ce qui est jardinage, ça peut avoir un effet bénéfique sur différentes populations qui sont plus fragiles. Le jardin ça peut être un outil thérapeutique pour certaines populations (...) ça se développe beaucoup ailleurs mais assez peut en Suisse Romande. On a eu un financement de la loterie Romande genevoise qui nous a permis d'accompagner l'établissement de détention de Villars pour mettre en place le projet et puis il y avait un directeur (...) qui était tout à fait ouvert à ce genre d'essai disons. "
Est-ce que votre projet était aussi d'agir sur l'environnement de ces personnes pour améliorer leur qualité de vie?
"Effectivement, c'était de gens qui avaient déjà un jardin avant. Oui, ça améliore complètement, c'était un des objectifs de base. (...) On voit bien déjà que la nature ça améliore la santé et le bien être des gens quand on a accès et qu'on la voit. Il y a des études qui montrent que quand des personnes malades ont vue sur des espaces verts qu'il vont guérir plus vite par exemple. Les détenus pouvaient le voir depuis leur fenêtre, donc ça améliore aussi leur cadre de vie.
Ca ajoute une ligne à leur CV, c'est vraiment dans l'optique du coup de les réinsérer, non?
"Alors, oui disons c'est de leur donner des nouvelles compétences, des compétences sur le jardinage écologique, même si ce n'est pas l'objectif principal. L'objectif principal c'est plutôt de leur redonner confiance mais ça peut leur apporter de nouvelles compétences, oui."
Le journal date de deux ans, est-ce que le projet est encore d'actualité maintenant ?
"Oui, je crois que ça continue (...) Dans l'établissement il y avait beaucoup de toxicomanes, on a aussi adapté le jardinage thérapeutique. Le jardinage thérapeutique on peut l'adapter au type de population, les personnes âgées si l'objectif du jardin c'est qu'elle bougent plus leur main ou qu'elles apprennent à se souvenir on va adapter le jardin avec ça. Là, comme c'était des toxicomanes, l'objectif c'était aussi de leur redonner confiance. C'est à dire de voir qu'elles peuvent s'occuper de quelque chose d'autre, que ça peut fonctionner, que si on s'en occupe d'un coup les choses vont bien. C'était aussi un peu de leur apprendre certains éléments comme ça. (...) On a formé la personne qui gère les détenus au jardinage et puis on l'a accompagné pour avoir des objectifs thérapeutiques avec des personnes. Donc cette personne là elle a été formée là dedans et elle continue avec le jardin avec des détenus."
Même si vous n'êtes plus sur place, savez-vous s'il y a t-il eu des ajustements?"
"Alors ça je ne peux pas vous répondre précisément. L'objectif fonctionne bien, c'est pour des détenus qui sont là en courte durée il y a beaucoup de tournus. Parmi les détenus ils ont choisi parfois quelques uns qui sont motivés et qui ont les compétences ou la possibilité de se former. Il y en a toujours régulièrement."
Est-ce que vous avez des projets futurs, comme étendre le projet à des personnes âgées?
"Oui. Oui probablement, on va faire d'autres projets de jardinage thérapeutique. On est entrain de regarder maintenant, de prospecter dans des lieux où ce serait adapté. Il faut faire ça avec différents types de publics, que ce soit des personnes âgées, des personnes handicapées ou dans des hôpitaux. Je sais qu'il y a des projets qui sont fait vraiment avec pleins de populations différentes : des personnes avec problème d'alimentation, des personnes dépressives, ... Il peut être utilisé pour toutes les populations plus sensibles. (...) Il faut qu'il y est une volonté des acteurs pour pouvoir le faire."
Merci beaucoup, Hélène Gaillard pour toutes vos réponses et votre disponibilité !