Entretien avec Jean Lagarde
mots clé: colonnie - maison d'enfants - éducation - esprit communautaire - 1968
Jean Lagarde n'est pas parti d'une expérience liée à la psychiatrisation ou à l'hospitalisation comme bien d'autres, mais de son vécu d'enseignant après guerre. A la suite, de ses expériences dans des colonies, il a fondé de nombreuses associations "pour la sauvegarde des enfants invalides" ou pour " l'enfance et l'adolescence inadaptée". Il a alors créé des maisons d'enfants dans le but de ne pas ségréguer ou d'enfermer les enfants en difficultés. Effectivement, il se refusait l'idée d'un lieu où l'on considèrerait l'enfant uniquement comme un malade, un aliéné, un patient à suivre, à soigner ou à redresser. Dans ses maisons d'enfants, où l'esprit communautaire était de vigueur, Jean Lagarde avait pour objectif principal d'éduquer, tout en laissant place à la médecine, parfois indispensable pour certains enfants. Dès lors, un partenariat est né entre éducateur/enseignant et soignants assurant le suivi médical. Lagarde rapporte que lui et le groupe auquel il appartenait souhaitait que "les enfants s'éloignent de leur lieu de soins pour devenir élèves ailleurs". De la sorte, les élèves feraient la distinction entre les soignants et les soins médicaux qu'ils recevaient et d'autre part leur éducation/formation.
Pour créer ces lieux de vie et surtout les faire reconnaître du public, Lagarde a dû se battre en faisant notamment "reconnaître la fonction éducative autrement que par la surveillance ou le pionicat". Un changement radical de mentalité de la société devait alors avoir lieu. Il a également créer en partenariat avec les CEMEA plusieurs formations d'"éducateur/animateur", puisqu'à cette époque seule la formation d'enseignant à l'école normale existait.
Jean Lagarde souligne la difficulté à faire reconnaître ses créations en quelque sorte il constate certains freins de la société aux changements. Les mentalités devaient changer et étaient en train de changer dans la période des années 1968. Toutefois, il n'a pas été évident d'obtenir des aides, des financements de la part de l'état, qui à cette époque ne reconnaissait pas ces lieux de vie comme étant des lieux éducatifs.