« Pionniers de l'intégration scolaire des enfants handicapés à Genève » : différence entre les versions

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En 1977, à la suite d'une demande de la conférence de l'instruction publique, le DIP mandate une commission d'étude de l'intégration. Début 1979, à Genève, Marie-Laure Beck dépose une motion au Grand Conseil, concernant l'intégration des jeunes handicapés. Cette proposition vise à "promouvoir et à faciliter l'accès des jeunes handicapés physiques et mentaux, à tous les moyens d'expression et de communication diffusés au autres enfants, à tous les degrés de l'enseignement" (extrait de la motion de 1979). Quelques mois plus tard, cette commission rend son rapport.  
En 1977, à la suite d'une demande de la conférence de l'instruction publique, le DIP mandate une commission d'étude de l'intégration. Début 1979, à Genève, Marie-Laure Beck dépose une motion au Grand Conseil, concernant l'intégration des jeunes handicapés. Cette proposition vise à "promouvoir et à faciliter l'accès des jeunes handicapés physiques et mentaux, à tous les moyens d'expression et de communication diffusés au autres enfants, à tous les degrés de l'enseignement" (extrait de la motion de 1979). Quelques mois plus tard, cette commission rend son rapport.  


En novembre 1980, le Conseil d'Etat répond au Grand Conseil quant à la motion ci-mentionnée de Marie-Laure Beck. Le Conseil d'Etat encourage l'intégration et la poursuite des actions d'intégration déjà mises en oeuvre, en ayant en tête une idée d'ouverture d'esprit des établissements et des classes spécialisées vers l'extérieur. Il aprouve également la création, par le DIP, d'une commission permanente de l'intégration, réunissant les représentants des divers acteurs concernés.  
En novembre 1980, le Conseil D'etat répond au Grand Conseil quant à la motion ci-mentionnée de Marie-Laure Beck. Le Conseil d'Etat encourage l'intégration et la poursuite des actions d'intégration déjà mises en oeuvre, en ayant en tête une idée d'ouverture d'esprit des établissements et des classes spécialisées vers l'extérieur. Il aprouve également la création, par le DIP, d'une commission permanente de l'intégration, réunissant les représentants des divers acteurs concernés.


En 1986, la loi sur l'instruction publique est modifiée: l'intégration des enfants handicapés dans les écoles ordinaires est mise en avant, à travers l'article 4A ( www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_C1_10.html ) et stipule que tout élève ou étudiant handicapé a droit à une intégration scolaire totale ou partielle, en fonction de la nature de ses besoins et en étant bénéfique pour ce dernier.  
En 1986, la loi sur l'instruction publique est modifiée: l'intégration des enfants handicapés dans les écoles ordinaires est mise en avant, à travers l'article 4A ( [http://www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_C1_10.html www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_C1_10.html] ) et stipule que tout élève ou étudiant handicapé a droit à une intégration scolaire totale ou partielle, en fonction de la nature de ses besoins et en étant bénéfique pour ce dernier.


Toutefois, il faudra encore quelques années pour que commence réellement la lutte des parents de l'association pour l'intégration de leurs enfants. De nombreux parents et professionnels ont alors lancé l'idée d'ouvrir une classe intégrée au sein du cycle d'orientation, afin de faciliter l'intégration de leurs enfants, dans le cursus obligatoire et de leur permettre de poursuivre leur projets pédagogiques. En 1994, l'association a du faire face à un refus de la part des autorités du Département de l'instruction publique (DIP)  
Toutefois, il faudra encore quelques années pour que commence réellement la lutte des parents de l'association pour l'intégration de leurs enfants. De nombreux parents et professionnels ont alors lancé l'idée d'ouvrir une classe intégrée au sein du cycle d'orientation, afin de faciliter l'intégration de leurs enfants, dans le cursus obligatoire et de leur permettre de poursuivre leur projets pédagogiques. En 1994, l'association a du faire face à un refus de la part des autorités du Département de l'instruction publique (DIP)


En décembre 1994, insieme Genève dépose une pétition auprès du Grand Conseil. Une motion est alors adoptée en juin 1995 par le parlement.  
En décembre 1994, insieme Genève dépose une pétition auprès du Grand Conseil. Une motion est alors adoptée en juin 1995 par le parlement.


Le 8 septembre 1999, la Présidente du DIP et du Conseil d'Etat refuse cette motion et rejette toute idée de classe intégrée au cycle d'orientation. Les années suivantes, la Commission consultative sur l'intégration scolaire retravaille sur la question en formant un groupe de travail.  
Le 8 septembre 1999, la Présidente du DIP et du Conseil d'Etat refuse cette motion et rejette toute idée de classe intégrée au cycle d'orientation. Les années suivantes, la Commission consultative sur l'intégration scolaire retravaille sur la question en formant un groupe de travail.  


En décembre 2003, un projet de loi sur l'intégration scolaire des élèves handicapés est proposé au Grand Conseil ( www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL09124.pdf ) .  
En décembre 2003, un projet de loi sur l'intégration scolaire des élèves handicapés est proposé au Grand Conseil ( [http://www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL09124.pdf www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL09124.pdf] ) .
 
Le 12 avril 2006, la Commission de l'enseignement du Grand Conseil revisite ce projet de loi ( [http://www.geneve.ch/dip/GestionContenu/detail.asp?mod=actualite.html&id=375 www.geneve.ch/dip/GestionContenu/detail.asp?mod=actualite.html&id=375] ). Le Conseil d'Etat en adopte alors un nouveau, concernant l'intégration des mineurs handicapés ou à besoins spéciaux. L'intégration ne s'arrête donc plus aux enfants en situation de handicap mais ouvre à présent ses portes à un plus large champ, celui des élèves à besoins éducatifs particuliers.


Le 12 avril 2006, la Commission de l'enseignement du Grand Conseil revisite ce projet de loi ( www.geneve.ch/dip/GestionContenu/detail.asp?mod=actualite.html&id=375 ). Le Conseil d'Etat en adopte alors un nouveau, concernant l'intégration des mineurs handicapés ou à besoins spéciaux. L'intégration ne s'arrête donc plus aux enfants en situation de handicap mais ouvre à présent ses portes à un plus large champ, celui des élèves à besoins éducatifs particuliers.


Mais, il paraît évident que cette génération s'est aussi appuyée sur des précurseurs qui ont fait depuis le début du 20e sicèle le champ de l'éducation spécialisée.
Mais, il paraît évident que cette génération s'est aussi appuyée sur des précurseurs qui ont fait depuis le début du 20e sicèle le champ de l'éducation spécialisée.

Version du 18 avril 2010 à 20:27

 Introduction

A Genève, les pionniers de l'intégration se situent dans une période temporelle particulière, de 15 ans environ, entre 1970 et 1985.

Cette génération, née après la seconde guerre mondiale (génération dite des baby-boomers), dans laquelle appartient ces "pionniers" correspond aussi à la cohorte ayant vécu Mai 68 et la politique de démocratisation des études, laquelle a renforcé dans le champ des sciences humaines et sociales des préoccupations de justice sociale, d'égalité entre les personnes, de partage de pouvoir, de prise de parole des femmes, des prisonniers, des membres du quart monde et autres marginalisés (appelés "marginaux"). Elle a été à la fois héritière de certains courants de pensées en éducation (éducation nouvelle, psychanalyse, épistémologie piagétienne notamment) et a participé au courant contestataire de l'institution (désinstitutionalisation), avec ses précurseurs (Ivan Illitch, Fernand Deligny, Célestin Freinet, etc.), de l'autorité (développement des groupes, de l'autogestion).

On peut ainsi supposer une filiation entre les générations par la transmission d'idées et de pratiques, et par l'adoption par la génération plus jeune des "leçons" des aînées et aînés. Cette génération a donc opéré sur le plan de l'histoire une réception d'un patrimoine d'expériences et d'idées, elle a produit elle-même des expériences et des idées, qu'il s'agira de récolter à travers des entretiens (histoire orale), entretiens qui formeront un geste de transmission à de jeunes étudiantes en master en éducation spéciale (troisième génération). Cette deuxième génération, dite "sandwich" joue un rôle essentiel dans la transmission aux jeunes générations (par sa longévité due à une espérance de vie allongée). Elle rendra compte autant des expériences, que des valeurs humanistes qu'elle désire transmettre et des représentations de l'individu et en particulier de l'enfant handicapé. Il s'agit donc de comprendre ce qui a mobilisé cette génération des pionniers de l'intégration, quel a été en quelque sorte leur "moteur" idéologique (concepts), politique (intégrer les gens dans la communauté = vie civique) et d'analyser d'éventuel clivages politiques entre la gauche et la droite.


Cet article, fondé à la fois sur une recherche documentaire et sur la récolte de témoignages de pionniers, présentera d'une part quelques précurseurs de l'intégration des enfants handicapés à l'école et d'autre part à travers les témoignages de quatre pionniers, les fondements du courant d'intégration des enfants handicapés à l'école publique genevoise. Cette démarche permettra de relever quelques caractéristiques des membres de cette génération: en quoi elle est différente de celle qui la précède? Quelles sont les inspirations? Quelles ont été les réalisations? Quels ont été les objectifs?

Dans un troisième temps, il s'agira de mener une réflexion sur la transmission d'une génération à l'autre des idées, des valeurs et des pratiques dans le champ de l'éducation spécialisée et de leur éventuelle transformation.

Influences et précurseurs

Cette génération des pionniers de l'intégration (dans les années 1970-1985) a subi des influences de penseurs de l'éducation, de sociologues, de philosophes, mais semble avoir essentiellement agit de manière empirique soit dans le domaine politique (motion Marie-Laure Beck, projet de loi 20 août 1985, etc.), soit dans le domaine des institutions et des associations (sectorisation en psychiatrie, intégration des enfants handicapés physiques et mentaux à l'école, etc.).

En effet, l'investissement des parents d'enfants mentalement handicapés se fait ressentir fortement déjà dans les années 1950. En 1959, les parents se regroupent et créent, le 12 mai 1958 en Suisse romande, l'association des parents d'enfants mentalement handicapés (APMH). Elle a probablement été initiatrice d'un premier courant d'intégration visant essentiellement le travail en ateliers protégés dans la perspective d'une autonomie financière couplée à la rente invalidité. Grâce à loi sur l'assurance invalidité, mis en vigueur le 1er janvier 1960, le jeune handicapé pourra compléter l'apport financier de son travail. Cette nouvelle perspective lui permettra selon les parents de l'APMH, de réaliser "une vie comme tout le monde".

Le service itinérant créé dans les années soixante visant le soutien des parents et une éducation précoce pour l'enfant déficient a aussi contribué à mettre les bases du mouvement d'intégration scolaire.

En 1977, à la suite d'une demande de la conférence de l'instruction publique, le DIP mandate une commission d'étude de l'intégration. Début 1979, à Genève, Marie-Laure Beck dépose une motion au Grand Conseil, concernant l'intégration des jeunes handicapés. Cette proposition vise à "promouvoir et à faciliter l'accès des jeunes handicapés physiques et mentaux, à tous les moyens d'expression et de communication diffusés au autres enfants, à tous les degrés de l'enseignement" (extrait de la motion de 1979). Quelques mois plus tard, cette commission rend son rapport.

En novembre 1980, le Conseil D'etat répond au Grand Conseil quant à la motion ci-mentionnée de Marie-Laure Beck. Le Conseil d'Etat encourage l'intégration et la poursuite des actions d'intégration déjà mises en oeuvre, en ayant en tête une idée d'ouverture d'esprit des établissements et des classes spécialisées vers l'extérieur. Il aprouve également la création, par le DIP, d'une commission permanente de l'intégration, réunissant les représentants des divers acteurs concernés.

En 1986, la loi sur l'instruction publique est modifiée: l'intégration des enfants handicapés dans les écoles ordinaires est mise en avant, à travers l'article 4A ( www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_C1_10.html ) et stipule que tout élève ou étudiant handicapé a droit à une intégration scolaire totale ou partielle, en fonction de la nature de ses besoins et en étant bénéfique pour ce dernier.

Toutefois, il faudra encore quelques années pour que commence réellement la lutte des parents de l'association pour l'intégration de leurs enfants. De nombreux parents et professionnels ont alors lancé l'idée d'ouvrir une classe intégrée au sein du cycle d'orientation, afin de faciliter l'intégration de leurs enfants, dans le cursus obligatoire et de leur permettre de poursuivre leur projets pédagogiques. En 1994, l'association a du faire face à un refus de la part des autorités du Département de l'instruction publique (DIP)

En décembre 1994, insieme Genève dépose une pétition auprès du Grand Conseil. Une motion est alors adoptée en juin 1995 par le parlement.

Le 8 septembre 1999, la Présidente du DIP et du Conseil d'Etat refuse cette motion et rejette toute idée de classe intégrée au cycle d'orientation. Les années suivantes, la Commission consultative sur l'intégration scolaire retravaille sur la question en formant un groupe de travail.

En décembre 2003, un projet de loi sur l'intégration scolaire des élèves handicapés est proposé au Grand Conseil ( www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL09124.pdf ) .

Le 12 avril 2006, la Commission de l'enseignement du Grand Conseil revisite ce projet de loi ( www.geneve.ch/dip/GestionContenu/detail.asp?mod=actualite.html&id=375 ). Le Conseil d'Etat en adopte alors un nouveau, concernant l'intégration des mineurs handicapés ou à besoins spéciaux. L'intégration ne s'arrête donc plus aux enfants en situation de handicap mais ouvre à présent ses portes à un plus large champ, celui des élèves à besoins éducatifs particuliers.


Mais, il paraît évident que cette génération s'est aussi appuyée sur des précurseurs qui ont fait depuis le début du 20e sicèle le champ de l'éducation spécialisée.

Valeurs et concepts des pionniers

Même s'ils se rattachent à un courant humaniste (respect des besoins de la personne et en particulier de l'enfant) de l'éducation spéciale et plus généralement de l'éducation et de la prise en charge, alimenté au cours du 20ème siècle par un certain nombre de conventions (droits de l'enfant en 1924, droits....) , les pionniers de l'intégration nourris d'une approche libertaire vont étayer leurs approches par des concepts qui vont être incarnés dans des pratiques sociales et éducative.

Le courant de l'intégration des années 1970 revendiquera autant l'humanisation des soins que la désinstitutionnalisation, la valorisation des rôles sociaux et la normalisation.


Ivan Illich (Lisa)

«Illich est tout d'abord un penseur qui se situe dans un contexte historique particulier, celui des années 60 — période caractérisée par une critique radicale de l'ordre capitaliste et de ses institutions sociales, et notamment de l'école. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Ivan_Illich


«Convivialité : Illich espère que l’Humanité prendra un jour conscience des chaînes qu’elle s’impose dans la société industrielle, qu’elle s’en libérera et créera une société opposée à celle d’aujourd’hui. Cette société, il l’appelle « conviviale ». Il la définit comme une société « où l’outil moderne est au service de la personne et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. » La société conviviale s’appuie sur des valeurs de base : la survie, l’équité et l’autonomie qui sont le contraire des valeurs de base de la société industrielle : l’élimination, la contrainte et l’exclusion. La société propose donc un mode d’organisation sociale basé sur l’épanouissement. L’Homme, de sujet, devient acteur des institutions. Pour autant, comme le rappelle Illich, une société conviviale n’exclut pas obligatoirement les institutions reines de la société industrielle. Ainsi, elle « n’interdit pas l’école. Elle proscrit le système scolaire perverti en outil obligatoire, fondé sur la ségrégation et le rejet des recalés. » La convivialité représente donc la possibilité d’une vie autre, fondée sur la disparition de fléaux comme la précarité, le stress sociétal, l’isolement ou l’imposition de solutions clés en main. Elle permet de gagner en rendement social ce qu’elle fait perdre en rentabilité industrielle. Elle est basée sur l’être et non plus sur l’avoir. En un mot, elle génère moins de biens mais plus de liens.» http://chezsamuca.blogspot.com/2010/01/les-concepts-divan-illich.html

Samuel Duhamel ? (est-ce une référence?)


Mais l'originalité d'Illich n'est pas dans la dénonciation de l'exportation de l'occidentalisme mais dans la critique de ce mode de vie même, marqué par les grandes institutions que sont la médecine et l'école. Ivan Illich les critique en terme d'efficacité et en souligne la contre-productivité, comme celle d'un hôpital qui produit ses propres contaminations. Mais l'essentiel n'est pas là. C'est en tant qu'institutions qu'il les attaque, c'est-à-dire en tant qu'organisations ayant à la fois une idéologie et un monopole. Au nom de l'incontestable nécessité de transmettre les connaissances, l'école s'arroge le droit de diffuser à tous, selon ses propres critères, en vertu de son monopole, le savoir jugé utile par elle-même. Elle garantit son pouvoir par des titres. Ceux qui ne les obtiennent pas sont exclus des places réservées aux diplômés, même s'ils révélaient, acquises par d'autres voies, des compétences égales. L'institution qui a pour mission de donner à chacun sa chance fabrique en fait par l'exercice de son pouvoir ses propres exclus. http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/4549.shtml

Bref historique (Julie)

L'investissement des parents d'enfants mentalement handicapés se fait ressentir fortement déjà dans les années 1950. En 1959, les parents se regroupent et créent, en Suisse romande, l'association des parents d'enfants mentalement handicapés (APMH). En 1977, à la suite d'une demande de la conférence de l'instruction publique, le DIP mandate une commission d'étude de l'intégration. Début 1979, à Genève, Marie-Laure Beck dépose une motion au Grand Conseil, concernant l'intégration des jeunes handicapés. Cette proposition vise à "promouvoir et à faciliter l'accès des jeunes handicapés physiques et mentaux, à tous les moyens d'expression et de communication diffusés au autres enfants, à tous les degrés de l'enseignement" (extrait de la motion de 1979). Quelques mois plus tard, cette commission rend son rapport.

En novembre 1980, le Conseil D'etat répond au Grand Conseil quant à la motion ci-mentionnée de Marie-Laure Beck. Le Conseil d'Etat encourage l'intégration et la poursuite des actions d'intégration déjà mises en oeuvre, en ayant en tête une idée d'ouverture d'esprit des établissements et des classes spécialisées vers l'extérieur. Il aprouve également la création, par le DIP, d'une commission permanente de l'intégration, réunissant les représentants des divers acteurs concernés.

En 1986, la loi sur l'instruction publique est modifiée: l'intégration des enfants handicapés dans les écoles ordinaires est mise en avant, à travers l'article 4A ( www.ge.ch/legislation/rsg/f/rsg_C1_10.html ) et stipule que tout élève ou étudiant handicapé a droit à une intégration scolaire totale ou partielle, en fonction de la nature de ses besoins et en étant bénéfique pour ce dernier.

Toutefois, il faudra encore quelques années pour que commence réellement la lutte des parents de l'association pour l'intégration de leurs enfants. De nombreux parents et professionnels ont alors lancé l'idée d'ouvrir une classe intégrée au sein du cycle d'orientation, afin de faciliter l'intégration de leurs enfants, dans le cursus obligatoire et de leur permettre de poursuivre leur projets pédagogiques. En 1994, l'association a du faire face à un refus de la part des autorités du Département de l'instruction publique (DIP)

En décembre 1994, insieme Genève dépose une pétition auprès du Grand Conseil. Une motion est alors adoptée en juin 1995 par le parlement.

Le 8 septembre 1999, la Présidente du DIP et du Conseil d'Etat refuse cette motion et rejette toute idée de classe intégrée au cycle d'orientation. Les années suivantes, la Commission consultative sur l'intégration scolaire retravaille sur la question en formant un groupe de travail.

En décembre 2003, un projet de loi sur l'intégration scolaire des élèves handicapés est proposé au Grand Conseil ( www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/PL09124.pdf ) .

Le 12 avril 2006, la Commission de l'enseignement du Grand Conseil revisite ce projet de loi ( www.geneve.ch/dip/GestionContenu/detail.asp?mod=actualite.html&id=375 ). Le Conseil d'Etat en adopte alors un nouveau, concernant l'intégration des mineurs handicapés ou à besoins spéciaux. L'intégration ne s'arrête donc plus aux enfants en situation de handicap mais ouvre à présent ses portes à un plus large champ, celui des élèves à besoins éducatifs particuliers.

L’association genevoise de parents et d’amis des personnes mentalement handicapées APMH (Lorraine)

En 1958, des parents d’enfants avec une déficience décident de se rencontrer, de partager afin d’éviter à leurs enfants de se retrouver dans un asile psychiatrique. Ces parents sont dotés d’un esprit militant et novateur et grâce à eux, beaucoup de choses ont bougé. A sa création, l’APMH s’appelait l’association de parents d’enfants inadaptés.

Jusqu’à aujourd’hui, cette association a mis en place de nombreuses institutions dans le domaine de la déficience mentale. Tout a commencé par la mise en place de camp de vacances (1959) pour ensuite arriver à la création de nombreuses institutions. Il était plus aisé à cette période que l’Etat accorde des subventions et le point de vue des familles avait une place primordiale. On peut noter par exemple : 1960, création de la Fondation et du Village d’Aigues-Vertes 1961, création de la Fédération Suisse et on change son nom en Association genevoise des parents d’enfants mentalement déficients 1962, création de la SGIPA 1969, création du SEI 1971, elle prend son nom définitif 1972, création de l’école de la Petite Arche (Fondation Ensemble) 1975, création de l’ASPEA aujourd’hui Autisme Suisse Romande 1980, création de la fondation Cap Loisir 1986, création de la Fondation Ensemble 2003, l’APMH devient insieme-Genève Cette dernière regroupe aujourd’hui plus de 50 associations de parents au sein de la Suisse.

L’APMH apporte des conseils aux parents par rapport à la recherche d’institution, les demandes pour l’AI, etc. Cette dernière a aussi mis l’accent sur la défense des droits des parents au sein des différentes commissions officielles comme par exemple le DIP ou la DASS.

L’APMH est composée de 500 à 600 membres, des bénévoles qui sont pour la plupart des parents et des secrétaires professionnels (qui ne sont pas des parents). Lorsqu’un parent vient à l’association, c’est déjà pour lui un grand pas. Il reconnait que son enfant a un problème. Au sein de l’association, il y a différents groupes de travail qui s’occupe d’un sujet en particulier. Un des groupe : « Avenir » fait le point sur les institutions dans le canton.

La secrétaire de l’APMH met en avant la notion d’écoute qui est primordiale au sein de cette association. Elle précise que les mentalités ont beaucoup changé depuis la création de l’association. En effet, les parents ne viennent plus pour militer pour les droits des enfants handicapés, mais plus lorsqu’ils ont un problème à résoudre. Ils sont devenus plus individualistes et n’ont plus ce besoin de se réunir pour partager ou échanger comme il cela était le cas au début.

Tiré du Travail d’immersion en communauté sur les enfants autistes, Biljana Krsteva et Marie Schaer, juillet 2001 Et de l’historique d’Insieme-Genève ([1])

Propos méthodologiques

Travailler sur les générations nécessite dans un premier temps de délimiter exactement les périodes temporelles qui correspondent à différentes cohortes (fait démographique) et d'assurer une chronologie nécessaire à une éventuelle filiation. Mais, se sont bien les témoins qui se situent aussi dans leur propre génération qu'ils définiront selon un certain nombre d'événements sociaux qu'ils auront vécus - voire comme le relève Attias -Donfus certains mythe (Attias-Donfus, 1991). Ainsi les acteurs participent aussi à la définition de cette notion complexe. Comme le montre cette auteur, la notion de génération appartient à l'histoire de la connaissance et en particulier d'une représentation de l'histoire (cyclique, linéaire, en zig zag). A mesure que l'on avance dans son histoire (de l'Antiquité à aujourd'hui) cette notion s'enrichit de dimension plus psychologiques comme le sentiment d'appartenance (notamment chez Dilthey), lequel peut s'appliquer, chez Mentré, à différentes sphères (sociale, familiale spirituelle, historique) .

Parler de pionniers d'une innovation demande à articuler finement un temps et une idée, ou une action, "nouvelle". Ici, la "modernité" de l'intégration scolaire des enfants handicapés doit prendre place dans l'histoire de l'éducation spéciale tout en définissant clairement ce qui la différentie d'un temps antérieur, "ancien". Il y a à la fois l'histoire événementielle (lois, institutions, auteurs et acteurs, méthodes, etc.) et il y a une définition "de l'intérieur" faite par des promoteurs d'une idée définie comme nouvelle: l'intégration.

Les idées et pratiques nouvelles vont aussi contribuer à cette "fabrique de l'histoire" en participant à donner forme à cette génération. La période 1970-1985 peut être ainsi caractérisée par l'irruption d'acteurs nouveaux promoteurs d'une nouvelle manière de prendre en considération les marginaux, ceux qui "traditionnellement" sont exclus. L'ouvrage "Les marginaux et les exclus dans l'histoire" publié par l'Université Paris 7 en 1979 apparaît comme un ouvrage symptomatique des préoccupations de cette génération.


Analyse du discours de certains pionniers de l'inclusion/intégration --Julie Buess 16 avril 2010 à 13:38 (UTC)

Marie-Laure Beck 

Le 9 février 1979 Marie-Laure Beck, députée au grand Conseil dépose une proposition visant à l'intégration des jeunes enfants handicapés physiques et mentaux. Elle argumente sa proposition en expliquant que le domaine de l'éducation spécialisée est en plein changement, que des essais d'intégration se sont déjà faits à Genève, mais que comparativement à d'autres pays comme l'Italie, la Hollande ou l'Angleterre, il y a encore de nombreux efforts à faire afin que les jeunes enfants en situation de handicaps puissent se développer au sein de structures ordinaires.

Ses arguments promouvant l'intégration portent sur quatre aspect: 1/ on tend à une normalisation de l'enfant handicapé, car on connaît mieux le sujet du handicap et on reconnaît la richesse de ces enfants; 2/il existe une volonté de sortir le jeune handicapé de son isolement et de diminuer son sentiment d'infériorité; les jeunes enfants en situation de handicap présentent parfois des difficultés communicationnelle, c'est pourquoi l'école au travers de diverses disciplines comme la musique, le dessin, le sport, etc. peut être un tremplin pour le développement et l'expression de ces enfants; 3/pour les enfants tout-venants, c'est une opportunité d'apprendre la tolérance et le respect des différences. On voit qu'au travers de sa motion Marie-Laure Beck traite, en 1979, les concepts de l'intégration bien évidemment, mais également de la normalisation et de la valorisation de l'enfant handicapé, de l'intérêt de l'enfant. Sans parler à proprement dit de désinstitutionnalisation, elle soulève toutefois que la mise en institution spécialisée d'un enfant handicapé n'est pas toujours justifiée.

Le Conseil d'Etat partage la préoccupation de Marie-Laure Beck quant à l'intégration des jeunes handicapés et emet un rapport, le 19 novembre 1980 où il se positionne en faveur de cette dernière. A travers ce rapport, on remarque que l'intégration est une préoccupation qui date déjà de plusieurs décennies: le texte parle de 1968 déjà où le service médico pédagogique montrait ses inquiétudes face au nombre grandissant d'enfants signalés passant en enseignement spécialisé. Ce rapport liste certains exemples d'intégrations datant de ces derniers années qui se sont très bien déroulées, dans des classes ordinaires aussi bien à temps partiel qu'à temps plein. Le conseil d'Etat relève toutefois, tout comme Marie-Laure Beck, que pour une intégration réussie, et afin que le travail ne soit pas trop "lourd" pour l'équipe éducative, l'enfant handicapé doit être accompagné dans la classe ordinaire, avec une personne ressource ou une aide. Il est également question dans ce rapport de la place importante qui doit être accordée à la réintégration de l'enfant, à une éventuelle mise en instutution comportant le moins de restrictions possibles, et donc à une prise en compte de l'intérêt et du bien-être de l'enfant. La question de la désinstitutionnalisation est également fortement présente: il n'est pas question de sortir tous les enfants des institutions spécialisées et de fermer ces établissements, mais plutôt de garder ces établissements, nécessaires pour certains enfants dont l'état et la situation familiale justifient le placement et de permettre aux autres enfants d'avoir accès à une scolarité dans un établissement ordinaire.