Toucher Anatomie 13/14

De biorousso
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Qu'est-ce que le toucher ?

Le toucher, aussi appelé somesthésie, constitue un des systèmes sensoriels de notre organisme. Le système somesthésique, du grec "sôma", corps et "aïsthêsis", la sensibilité, est chargé de transmettre des informations, grâce à des mécanismes nerveux, sur l'état de notre corps. Ce sens est nécessaire pour la survie et le développement des êtres vivants et permet l'exploration, la découverte de l'environnement, l'appréhension des objets et le contact avec le monde extérieur.

Ce système sensoriel diffère des autres systèmes par le fait d'avoir des récepteurs distribués sur tout le corps et non à des endroits localisés comme l'audition, la vision ou encore l'olfaction. Précisons que les récepteurs ne sont pas répartis de manière homogène. Par exemple, nous avons plus de récepteurs sensitifs sur la main et le bout des doigts que dans le dos.

La somesthésie possède 4 caractéristiques majeures :

  • Le contact : la taille, la texture et la forme des objets ainsi que leur mouvement sur la peau.
  • La proprioception : la position et la perception des membres et du corps.
  • La nociception : les dommages corporels ressentis comme les douleurs, par exemple une coupure.
  • Le réception thermique : la sensation de froid et de chaud.

Quelle structure corporelle est nécessaire au système somesthésique ?

Le système somesthésique n'est pas un système dépendant, il fait appel à d'autres systèmes complexes du corps humain, tel que le système nerveux. Il existe différentes sources de stimuli pouvant faire réagir le système somesthésique. Ces sources sont classées en trois types de sensibilités, qui font tous appel à une partie bien définie de ce système.
Le premier type est la sensibilité extéroceptive. En d'autres termes il s'agit de la sensibilité cutanée, qui permet d'établir les relations entre le corps et les informations extérieures. Pour qu'un signal soit intégré et perçu, l'organisme fait appel à un des organes les plus évidents; la peau, qui est composée d'une multitude de structures permettant la capture de l'information.
Le second type est la sensibilité proprioceptive, permettant à l'organisme de connaître l'état de contraction des muscles ou l'état d'étirement d'un tendon, ce qui amène des renseignements sur la position du corps ainsi que les mouvements de celui-ci dans l'espace.
Finalement, le troisième type est la sensibilité intéroceptive, qui établi les relations internes de l'organisme.

Dans ces trois cas, le système somesthésique utilise des récepteurs spécifiques afin de transmettre un signal perçu.

Les extérocepteurs

Les extérocepteurs sont les récepteurs cutanés. Ils servent donc à la sensibilité extéroceptive, et font transiter ainsi les informations externes à l'organisme à l'intérieur de celui-ci. Ces récepteurs sont divisés en différentes catégories spécialisées en fonction de l'information à intégrer.

  • Les premiers sont les mécanorécepteurs, qui agissent pour un tact (sensibilité à la vitesse), une pression ou une vibration sur la peau.
  • Viennent ensuite les thermorécepteurs, qui transmettent les sensations de chaleur (chaud, froid).
  • Les derniers sont les nocicepteurs, qui servent à intégrer la douleur.

Ces récepteurs ont le rôle de convertir l'information perçue de l'extérieur en une nouvelle énergie électrochimique qui permettra au système nerveux périphérique (SNP) de la transmettre jusqu'au système nerveux central (SNC), pour ainsi permettre la perception du stimulus dans le cerveau, plus précisément dans le cortex. De la même façon que les nerfs, les informations doivent dépasser un seuil de sensibilité afin que les récepteurs les transmettent. Ainsi, pour chacun des trois différentes sortes, un seuil de sensibilité spécifique au récepteur est fixé.

Les mécanorécepteurs

Comme vu précédemment, la sensibilité mécanique (gérée par les mécanorécepteurs), se caractérise par trois qualité principales: la sensibilité à la vibration, celle à la pression et enfin celle au tact (sensibilité à la vitesse). Chacune de ces sensibilités agit sur un récepteur spécifique, et le seuil d'excitation à atteindre afin d'activer la transmission d'information jusqu'au cortex est également propre à chaque récepteur. Il existe au moins 5 mécanorécepteurs, dont la position varie à travers les différentes couches de la peau. La répartition de ceux-ci diffère également selon une peau velue ou glabre.
Les récepteurs répondant à différents stimulis, tant au niveau de l'intensité qu'au niveau de la nature de ceux-ci, possèdent des vitesses d'adaptation variant selon leur type. Cette vitesse d'adaptation se définit par la perte de sensibilité, qui est progressive, face à un stimulus constant et régulier durant un certain temps. Il existe plusieurs types d'adaptation; celles dites nulles ou lentes (renseignent sur la valeur absolue de l'intensité d'un signal ainsi que sur sa durée) et celles appelées rapides (transmettent la variation d'un stimulus selon la durée de ce dernier).

  • Les terminaisons libres sont localisées autour de la racine des poils, et se situent donc uniquement dans la peau velue. Ce sont des récepteurs sensibles aux mouvements des poils.
  • Les cellules de Merkel sont les récepteurs se trouvant le plus à la surface de la peau, à la limite de l'épiderme. Cette localisation est nécessaire à leur fonction, car ils répondent à des pressions localisées (enfoncement de la peau). Ces cellules possèdent un contact synaptique réels avec des corpuscules nerveux terminaux. Il s'agit de récepteur à adaptation lente.
  • Les corpuscules de Ruffini sont des récepteurs profonds, situés dans le derme. Ils sont sensibles à l'étirement de la peau. Mis à part leur sensibilité à la pression, les corpuscules de Ruffini ont également la propriété d'être des récepteurs lents tout comme les cellules de Merkel.
  • Les corpuscules de Meissner sont sensibles à la vitesse d'établissement du stimulus, pour ainsi dire la perception de la sensibilité vibratoire. De ce fait, leur localisation se trouve précisément sous l'épiderme, ce qui fait d'eux des récepteurs superficiels, à adaptation rapide.
  • Les corpuscules de Pacini, présents dans le derme profond (récepteurs profonds), répondent également aux vibrations (variations rapides d'intensité, ce qui les rendent sensibles à l'accélération de la déformation de la peau). Ils sont composés d'une terminaison nerveuse myélinisée et isolée et sont complétement "clos". Il s'agit de récepteurs à adaptation rapide.

Il est important de noter que plus les récepteurs sont localisés profondément, plus ceux-ci possèdent un large champs récepteur.

Les thermorécepteurs

Les thermorécepteurs sont excités par des variations de la température cutanée (appartient à la peau). Ce ne sont pas des neurones qui mesurent la température ambiante!!
Pour prendre un exemple : par une journée froide d'hiver, un objet métallique sera senti au toucher comme plus froid qu'un objet en bois. Pourtant il sont à la même température.
Il existe deux types de thermorécepteurs :

  • récepteurs au chaud (qui répond entre 30 et 46-47 °C)
  • récepteurs au froid (qui répond entre 10 et 35 °C)

Les axones des thermorécepteurs sont myélinisés ou non-myélinisés, ont un diamètre assez petit (compris entre 0.2 - 0.5 mm) et la vitesse de l'influx dans l'axone est d'environ 0.5 - 30 m/s.

Les nocicepteurs

Les nocicepteurs, récepteurs peu myélinisés, sont présents sur toute la surface du corps, y compris à l'intérieur (au niveau viscéral, vasculaires, etc.) à l'exception de l'intérieur du cerveau. Le seuil d'activation de ces récepteurs étant plus élevé que celui des mécanorécepteurs, ils ne réagissent que lorsque le stimulus est de forte intensité, c'est-à-dire lorsque les tissus peuvent être ou sont endommagés. Leur fonction est de ressentir la douleur. Les nocicepteurs réagissent donc non seulement à des stimulis mécaniques comme les morsures ou les piqûres, mais aussi à des températures extrêmes, des chocs électriques, des conditions d'hypoxie (manque d'oxygène) ou à l'exposition à des substances toxiques pour l'organisme. Les nocicepteurs sont donc polymodaux (répondant à plus d'un type de stimulus) bien qu'ils puissent avoir une plus grande sensibilité à un type particulier de stimulus.

Les propriocepteurs

Ces récepteurs ne se trouvent plus à la surface de la peau, mais à l'intérieur même de l'organisme, et servent à la sensibilité proprioceptive. En effet, leur rôle principal est d'informer l'encéphale des mouvements effectués par le corps, du stade d'étirement des muscles et des tendons et de la sensibilité à la force. L'interaction se trouvant dans l'organisme, ces récepteurs ne réagissent qu'à des stimuli internes. Ils sont situés principalement dans les tendons, les muscles, les ligaments, les articulations mais également dans le tissu conjonctif recouvrant le squelette. Le réseau neuro-musculaire est ainsi considéré comme un propriocepteur.

Les intérocepteurs

Également appelés viscérocepteurs, les intérocepteurs se trouvent dans les viscères et dans les vaisseaux sanguins. Ils réagissent donc à un stimulus produit à l'intérieur de l'organisme et rendent la sensibilité intéroceptive possible. Ces stimulis peuvent être:

  • un étirement des tissus ainsi qu'un changement de la température (provoque de la douleur, de la faim, de la soif ou encore un malaise)
  • un changement chimique dans un organe

Quelle est la structure anatomique de la peau ?

La peau comporte trois couches:

  • L'épiderme, la partie superficielle et mince de la peau. Il est composé de plusieurs couches et son cycle de renouvellement est de 21 jours
  • Le derme, la partie interne est environ 4 fois plus épais que l'épiderme
  • L'hypoderme est une couche plus profonde fortement vascularisé

Quelles sont les fonctions de la peau ?

La peau est un organe vital pour le bon fonctionnement de notre organisme. Elle nous protège:

  • des agressions mécaniques par exemple les chocs et les pressions.
  • des agressions chimiques
  • de certains rayonnements comme les UV (ultra violet) grâce à la mélanine. La mélanine est un pigment naturelle contenue dans notre corps et se trouve dans la peau, les poils, les cheveux... Elle permet de nous protéger des effets néfastes des UV.
  • des agents pathogènes à l'aide de cellules immunitaires se trouvant dans le derme et l'épiderme.
  • d'autres fonctions comme la régulation de la température (à 37°C) interne de notre organisme par le biais de la transpiration.

A quels endroits du corps le toucher est-il le plus précis ?

En général on considère que c'est sur la face et sur les mains que la sensibilité est le mieux ressentie, car une surface plus importante du cerveau est consacrée à l'analyse des informations reçues du visage et des mains que le reste de notre corps. A tire d'exemple, nous recevons en permanence des informations plus de nos mains que de nos pieds. Le bout de nos doigts est en mesure de distinguer deux points différents à seulement deux millimètres alors que nos orteils ne perçoivent ces mêmes deux points que s'ils sont distancés de sept millimètres. Il y a aussi les zones érogènes où l'on a développé une sensibilité particulièrement intense.

Pourquoi ?

Pour les mains, on peut dire que c'est important car elles permettent par exemple aux non-voyants de développer la sensibilité de l'index et de la pouce. En ce qui concerne le visage, une des explications serait que notre organisme veut protéger le cerveau qui est un avant poste pour les corps étrangers. Donc une sensibilité plus développée permet une meilleure protection contre les agents étrangers. Pour les zones érogènes, il serait possible que se soit pour des raisons de reproduction. Ces zones, telles que les lèvres et les parties génitales, ont été favorisées pendant l'évolution de l'espèce humaine parce qu'elles apportent des avantages certains au niveau de la reproduction.

Qu'est-ce qu'une sensibilité tactile ?

La sensibilité tactile informe notre organisme sur ce qui se passe entre deux points. Par exemple, dans certaines régions de la peau, comme celle du bras ou de la jambe, une piqûre par deux aiguilles espacées de seulement 20mm sera traitée par le cerveau comme une seule piqûre. L'explication étant que dans la région concernée, plusieurs neurones primaires convergent vers un seul neurone secondaire. Donc le champ de réception est très large et le cerveau perçoit ces deux stimuli comme une information issue d'un seul point. Par contre d'autre régions de notre organisme, comme les bouts de de nos doigts, où la sensibilité est plus développée, en cause le rapport: un neurone primaire pour un neurone secondaire. C'est pourquoi même si deux stimuli sont séparés de 2mm, le cerveau gère l'information comme venant de deux points différents.

Le toucher est-il essentiel ?

D'un point de vue social, le toucher est un sens primordial. Il est celui qui créé les relations affectives entre individus. En effet, toucher nous permet de tisser des liens importants psychologiquement et physiquement. Il nous aide aussi tout au long de notre vie à apprivoiser ce qui constitue notre environnement.

L'apprentissage

Le toucher est un sens qui permet à l'être humain de mieux visualiser et mieux comprendre le monde qui l'entoure. Ainsi, chez le fœtus déjà, le toucher est le premier sens acquis, bien qu'il ne soit pas indépendant des autres sens. Une fois l'enfant né, il découvre son environnement entre autre grâce au toucher: le chaud, le froid, la texture, la consistance, etc. L'individu commence donc à stocker toutes ces informations, qu'il utilisera tout au long de sa vie. L'enfant commencera aussi à apprécier ou non ce qu'il touche, faisant évoluer sa personnalité et son identité. Cet aptitude à classer et considérer ces données s'affinera avec l'âge, l'adulte associant même des émotions et des souvenirs à certains objets.

Le relationnel

Pour déterminer le niveau relationnel entre deux individus, il faut observer la distance qui sépare leur corps. En premier lieu, deux personnes discutant à environ 1m20 l'une de l'autre (distance d'un bras tendu) sont des personnes peu proches, par exemple un employé et son client. Ensuite, deux individus se tenant entre 1m20 et 45 cm l'un de l'autre montre une plus grande complicité, une confiance car l'autre se trouve dans une zone où il est possible d'être touché. Pour terminer, si deux personnes sont à moins de 45 cm l'une de l'autre, on rentre dans "l'espace vital", une zone où le toucher rentre en jeu, soit pour blesser, soit pour soigner, soutenir, soit pour un contact physique érotique.

On distingue donc que la proximité, qui est relative au toucher, entre deux individus est essentiel pour comprendre le comportement social, autant chez l'humain que chez les animaux car eux aussi utilisent leur sens du toucher pour déterminer leur place dans le groupe social

La communication

Pour approfondir l'aspect relationnel du toucher, nous pouvons rajouter que le toucher est aussi un moyen de communication. Par exemple, toute culture a une manière de se saluer qui lui est propre. Le geste a une signification en lui-même, mais la façon dont on exécute ledit geste lui donne une nuance, comme un adjectif qui qualifie un nom. Ainsi, on peut serrer fortement la main de son interlocuteur pour affirmer son enthousiasme ou au contraire, laisser sa main molle pour exprimer un désintérêt.

Le toucher est ainsi un moyen de communiquer, au même titre que la parole et est même parfois plus fort ou choquant, éventuellement dans la cadre de protestations ou de propagandes.

L'histoire personnelle et le caractère

Le toucher nous est inculqué dès le plus jeune âge par nos parents, ou les personnes qui nous éduquent. Ainsi, la manière, la fréquence et la sensibilité du toucher avec lesquelles nous avons été élevé influent grandement sur notre propre façon de toucher. Un toucher peut-être doux ou hésitant, brusque ou nerveux, etc. Aussi, il est possible de déterminer beaucoup du caractère et de l'histoire personnelle d'un individu en observant comment il touche ce qui l'entoure.

Le sommeil

Contrairement aux croyances populaires, les sens restent en éveil même lors du sommeil. C'est d'ailleurs le toucher qui est vraisemblablement responsable des mouvements du corps. En effet, les récepteurs sensoriels de la peau déterminent la façon dont un corps va bouger pendant la nuit. Des études ont montré que le nombre de battements du cœur augmentait un peu avant un mouvement et diminuait ensuite. Aussi, ces études ont pu démontré que l'excitation sexuelle durant un rêve était étroitement liée à la stimulation sensorielle de l'individu. Il en a donc été conclu que le toucher est un sens particulièrement actif pendant le sommeil et qu'il nous permet de percevoir: nous connaissons notre propre position avant même de voir ou d'entendre.

Comment perçoit-on son propre corps ?

La perception du corps est créée non pas par la vue car on ne voit pas tout son corps mais bien par le sens du toucher. Le "schéma corporel" est essentiellement généré par ce sens qui supplée la vue car lui seul permet la constitution du soi, du corps propre, par rapport à l'espace, les autres, etc.

La perception du corps fait ainsi appel à deux "entités" distinctes mais qui se communiquent des informations en permanence: le corps physique et le corps mental. Le corps physique est le schéma du corps, qui a été "implanté" dans le cerveau par le toucher alors que le corps mental est l'image que le cerveau a du corps. C'est donc le cerveau qui gère les changements entre ce schéma et l'image vue, perçue. C'est en sachant ceci que des chercheurs ont pu prouvé que lorsqu'on perturbe le cerveau en lui envoyant des signaux en contradiction avec le schéma corporel, nous pouvons modifier l'image du corps que le cerveau créé. Les maladies telles que l'anorexie ou les douleurs dites "fantômes" sont donc directement liées à l'illusion créée par notre cerveau: ce sont des contradictions entre la réalité du corps et ce que le cerveau imagine.

Le toucher d'autres espèces est-il semblable au notre ?

Les animaux

Le toucher d'un animal est relativement similaire à celui de l'humain, étant lui-même un animal. La différence vient principalement de comment sont répartis les récepteurs sensoriels. Par exemple, chez l'homme l'extrémité des doigts est très sensible alors que chez un insecte ce sont les antennes, les lèvres chez un cheval et même la trompe chez un éléphant. Cette distinction est due à l'anatomie de l'espèce mais aussi à son degré d'évolution, c'est-à-dire à la sophistication de ses membres: un escargot "touche" avec son pied alors que la vache "touche" avec son museau.

Les végétaux

On trouve un sens du toucher chez les végétaux telles que la sensitive (Mimosa pudica), plante d'Amérique tropicale, dont la particularité est de se protéger des intempéries et autres perturbations comme des herbivores en repliant ses feuilles dès le premier contact. Cette singularité s'appelle thigmonastie et elle permet à la plante de se défendre contre une potentielle dégradation. Ce phénomène de rétraction est provoqué par l'expulsion de l'eau contenue dans les cellules motrices de la plante.

Sources