Comprendre l'Evolution 2012 Ch8

De biorousso
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Ce chapitre se situe dans la deuxième partie du livre "Comprendre l'évolution 150 ans après Darwin". Cette deuxième partie s'intitule Mécanismes et se compose de cinq chapitres. Le huitième se trouvant pile au milieu. Dans le premier chapitre l'auteur nous fait par de ses réflexions sur la co-évolution, ce qui permet d'enchainer avec les mécanismes en jeu dans les processus évolutif. La partie II est centré sur la notion de génétique ainsi que sur l'implication irréfutable de la notion de gènes et de génomes dans l'évolution.


"Y a-t-il un retour du lamarckisme?"

En quoi consiste le principe du lamarckisme?

La thèse de Lamarck affirme que les variations produites chez les individus permettent la transformation de l'espèce.

  • "La fonction (chez l'individu) crée l'organe nouveau (chez l'espèce)." (p.112,comprendre l'évolution)

Lamarck utilise le principe d'usage et non-usage pour expliquer sa thèse. Selon lui les caractères d'un individu sont classés en deux catégories en fonction de leur usage ou non. Ce qui permettrait une adaptation de l'individu en fonction de son environnement et de ses besoins. Par la suite, cette adéquation serait transmise aux générations suivantes, d’où la notion d'acquis. Par conséquent, si les besoins d'un individu favorisent certains caractères ceux-ci seront transmis à la génération suivante. Tandis qu'il y aura une dégénérescence des caractères non-usagés. Les deux notions, tant celle de l'usage comme celle du non-usage, seront transmises.

Certains exemples, tels que la syphilis congénitale, permettent d'illustrer la transmissions héréditaire de caractères acquis puisque celle-ci se transmet de la mère à son enfant.

Quelles sont les différences entre le lamarckisme et le darwinisme?

La thèse de Lamarck prônant que l'évolution spécifique provient de l'adaptation individuelle, c'est-à-dire des modifications en fonction du besoin et du milieu, est réfutée par Darwin pour qui l'évolution spécifique provient des variations dues au hasard. Pour ce dernier les caractères apparaissent de manière spontanée (sélection naturelle)et sont transmis aux descendants.

Le Darwinisme insiste donc sur la notion de hasard, tandis que le Lamarckisme parle de modifications des caractères individuelles dues tout sauf au hasard.

Quels arguments ont permis la réfutation du lamarckisme?

En premier lieu, c'est grâce à une expérience de Weismann que le lamarckisme a été réfuté. Cette expérience consistait à l'ablation de la queue de souris et de faire reproduire les individus avec une absence de queue ou un raccourcissement afin de voir si la descendance pouvait acquérir ce caractère. Mais l'expérimentateur a constaté qu'au cours de nombreuses générations successives aucunes descendances n'avaient acquis le caractère. De cette expérience est apparu le terme barrière de Weismann, entre le soma et le germen. Néanmoins, cette expérience apporte une réfutation faible et fallacieuse. Puisque l'ablation de la queue est dans ce cas artificielle et non pas acquise. La démarche provient des scientifiques et non pas d'un non-usage de la queue qui aurait eu pour conséquence la dégénérescence de celle-ci. Par conséquent, elle ne réfute pas les arguments de Lamarck.


Deux autres évènements ont contribué à discréditer la thèse de Lamarck.


  • En URSS, les pratiques agricoles inspirées du principe que les caractères acquis étaient transmissibles à la descendance ont causés les énormes famines que nous connaissons. Ces derniers pensaient suite à l'exposition à un certain milieu que les végétaux parvenaient à s'adapter et donc créer de nouvelles espèces. Les scientifiques de l'URSS pensaient qu'en exposant progressivement les plantes au climat sibérien, elles pourraient s'adapter ce qui permettrait plus de terrains agricoles, plus de récoltes et une meilleures alimentations pour la population. Ce qui n'est malheureusement pas arrivé et c'est la cause des famines.


  • Les travaux de Kammerer sur la transmission de caractères acquis chez la salamandre ont été reconnus comme frauduleux. Cette expérience portait sur deux espèces de salamandres, la salamandre noire et la salamandre tachetée. Dans un premier temps, Kammerer faisait incuber des œufs de l'une des espèces dans l’environnement de l'autre et il parvint à faire apparaître certaines caractéristiques de l'une des espèce sur l'autre. Ensuite, il fit se reproduire des salamandres tachetées de noir et de jaune alternativement sur un terrain jaune et un terrain noir : à chaque fois la coloration de ses taches augmentait ou diminuait conformément à la couleur du fond, et cette coloration se transmettait aux descendants. Par cette expérience, il voulait montrer que la théorie de Darwin sur le principe de la sélection naturelle par le hasard n'était donc pas une vérité absolue.

Si on prend les conclusions de cette expérience et qu'on les analyse selon une vision darwinienne. On pourrait dire que les salamandres les mieux adaptées sont celles qui naissent plus foncé dans un environnement noir et plus claire dans un environnement jaune. Elles ont donc plus de chances de survivre et donc de se reproduire.Ce qui expliquerait le changement de couleur au fur et à mesure des générations.

Quelle est la vision classique des mécanismes héréditaires?

La vision classique des mécanismes héréditaires affirme qu'il y a une distinction entre un génotype et un phénotype.Et donc qu'ils sont à la fois liés et séparés. L'environnement agit comme sélecteur des génotypes, sur le phénotype et sur l'expression des gènes. L'important est qu'un même génome peut donner lieu, selon les circonstances, à différents phénotypes. Les biologiste parle "d'adaptation". En résumé, le milieu peut modifier les individus mais il ne peut pas créer d'espèces car les modifications individuelles ne sont pas transmissibles et ne peuvent donc pas devenir spécifiques. Toute variation prend sa source dans la mutation aléatoire tandis que le milieu est le sélecteur du phénotype.Et donc des mutations surviennent par hasard et c'est la sélection qui fera émerger les variantes les plus aptes parmi les mutants.

C'est ce qui a permis une réfutation définitive du Lamarckisme et une adhésion totale au Darwinisme.

Récemment, certains faits et certaines expériences sont venus chambouler cette vision classique des mécanismes héréditaires.En effet, il existe une hérédité "non-génétique".

Qu'est-ce qu'une hérédité "non-génétique"?

Une hérédité "non-génétique" c'est une hérédité qui n'est pas inscrite dans l'ADN mais qui est issue du milieu. On appelle cela "épigénétique".

Toutes les cellules d'un organisme contiennent le même code génétique contenu dans l'ADN. Pourtant, ce code génétique s’exprime différemment selon la lignée cellulaire. Ces modifications sont dû soit à la méthylation de l'ADN c'est-à-dire l'ajout d'un groupe méthyle, soit des ARN interférant. Ces altérations constituent un code génétique transmis lors de la division cellulaire.

[Annexe 1 : méthylation de l'ADN]

[Annexe 2 : rôle de l'ARNi]


C'est le milieu qui influe sur l'activation ou la désactivation des méthylations de l'ADN et de l'ADN interférant. Pour Lamarck c'est le milieu qui influe sur l'usage et le non-usage. Alors que pour Darwin le milieu n'est pas d'une très grande importance pour l'évolution. Comme maintenant on sait qu'au contraire le milieu a une influence sur l'évolution grâce à "l'épigénétique", certains scientifique ou tout simplement certaine personne réanalyse la thèse de Lamarck. Ce qui explique "un retour du lamarckisme".

Références


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