Suicide et tentatives de suicide en prison: vulnérabilité, ostracisme et soutien social. Joel Harvey et Alison Liebling. (2001)

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Résumé

Harvey, J., & Liebling, A. (2001). Suicide et tentatives de suicide en prison: vulnérabilité, ostracisme et soutien social. Criminologie, 34 (2), 57-83.


Les auteurs de cet article exposent divers études réalisées pour la plupart en Angleterre. Ceux-ci expliquent que l’acte de suicide est fortement lié à l’ostracisme de la prison. En effet, le fait d’être enfermé, coupé de la société, influence la vulnérabilité des condamnés et joue un rôle prépondérant sur leur capacité d’adaptation au milieu pénitencier. Ainsi de part l’enfermement, les condamnés se retrouvent seuls, leurs repères sont coupés et leurs liens avec l’extérieur demeurent très faibles voire inexistant pour la plupart. C’est de cette manière qu’un sentiment profond de solitude et d’ ennui amène l’individu à l’auto destruction et au suicide.


Profil et caractéristiques des personnes à tendance suicidaire en prison:

Les études montrent que les personnes à tendance suicidaire en milieu carcéral, possèdent presque toutes le même profil. Il s’agit principalement de personnes ayant des problèmes familiaux, des problèmes d’addiction à diverses drogues ou encore des problèmes psychiques. La plupart de ces personnes sont qualifiés d’instables et de vulnérables. Leur résistance aux stress et à l’enfermement ainsi que l’accumulation des éléments pré-cités, les poussent vers des pensées ou des actes suicidaires: « c’est le cumul de la sensation d’impuissance, de leurs antécédents et de leur situation actuelle, (…) qui poussent les prisonniers au suicide » ( Harvey, J., & Liebling, A 2001, p.63.). De plus, selon une étude réalisée au Canada, le manque d’adaptation et de soutien social, serait un facteur influant également sur le mental des prisonniers. Ainsi ils seraient plus sensibles aux perturbations de même que leur manque de supports et soutiens externes , causeraient leur perte. Il est également dit que le manque d’occupation et de projet d’avenir contraindraient les prisonniers à s’enfermer dans un isolement qui, pour la plupart de ces profils suicidaires, influeraient sur leur décision d’en finir. Nous voyons donc que le suicide apparaît ici comme une solution pouvant mettre fin aux souffrances liées à l’ennui et à l’isolement social de l’individu. Ainsi se dégage un modèle théorique du cheminement du suicidaire en prison. Selon ses antécédents, ses expérience ou encore ses conditions de vie avant la prison, l’individu développe un état de vulnérabilité plus ou moins important et plus ou moins influant sur son moral, lorsqu’il se retrouve enfermé, derrière les barreaux. L’isolement familial, le peu de projets, l’anxiété, etc, mènent l’individu vers un stress de l’emprisonnement. S’en suit une détresse, un désespoir menant à l’acte suicidaire.


Théorie du suicide de Durkheim

Selon Durkheim cité par Harvey et Liebling, le suicide peut prendre plusieurs formes, en fonction de la situation vécue par les prisonniers. La première forme, celle du suicide dit égoïste, découle d’un manque d’intégration sociale et de contact avec le monde extérieur. En effet, sans soutient social l’individu se retrouve livré à lui même, sans échange ni contact. Or selon Westefeld et al., cité par Harvey et Liebling: «  un soutien social accru réduit le risque chez la personne suicidaire et accroît la probabilité d’obtenir du soutien social après une tentative de suicide. » (p. 70). La seconde forme quant à elle, est opposée à la première et prend place lorsque la relation sociale est trop forte ou trop présente. Il s’agit alors d’une intégration excessive poussant au suicide qualifié par Durkheim de suicide altruiste.