L'anorexie: une forme d'auto-maltraitance socialement déterminée

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par Stéphanie Bauer, Rime Kuzbari, Ninosca et Maëlig Pedrant

Introduction

Cet article s’inscrit dans un ensemble d’articles rédigés dans le cadre d’un cours universitaire, sur les thèmes de la déviance ou de la maltraitance, deux problèmes sociaux actuels. Au sein de notre groupe de recherche, nous avons tout d’abord souhaité mettre en évidence un lien conceptuel entre la maltraitance et un autre problème social actuel : celui des personnes, adolescentes pour le plupart, qui, retournant toute leur agressivité contre elles-mêmes, nuisent à leur intégrité physique. Cette catégorie de comportements, qualifiés d’autodestructeurs englobe entre autres les tentatives de suicide, l’automutilation ou les troubles du comportement alimentaire. Nous nous demandions dans quelle mesure il était pertinent de parler, dans ces cas, de maltraitance auto-infligée, donc d’auto-maltraitance et si certains facteurs sociaux étaient susceptibles de favoriser leur apparition. Afin de mieux cibler notre recherche, nous avons décidé de nous concentrer sur un seul de ces comportements : l’anorexie mentale. Celle-ci concerne essentiellement les jeunes filles, seul 1 à 5% des personnes souffrant d’anorexie étant des hommes(dans cet article nous utiliserons donc le féminin pour parler des anorexiques) et elle fait, à l’heure actuelle, l’objet de bien des débats. L'anorexie nous semblait directement influencée par certaines caractéristiques de notre société, notamment la surabondance et le modèle féminin qu’elle valorise. Dès nos premières lectures, cette première impression a été démentie. En effet, nos ouvrages situaient invariablement les premières descriptions de jeunes femmes présentant des symptômes assimilables à ceux de l’anorexie au Moyen-âge et faisaient état de traces de l’existence de comportements anorexiques tout long de l’Histoire depuis là. Difficile, dès lors, de faire de l’anorexie une maladie socialement déterminée, indissociable de notre culture occidentale et de notre époque … Pourtant, l’anorexie était décrite, perçue, expliquée différemment au Moyen-âge, au 16ème siècle ou à l’heure actuelle. Il nous fallait donc prendre l’anorexie comme un comportement relativement stable dans le temps, mais situé au cœur d’un processus socio-historique impliquant des acteurs et des institutions porteurs de discours, et donc sans cesse soumis à redéfinition. Avant d’évaluer la pertinence du concept d’auto-maltraitance appliqué à l’anorexie en ce début de 21ème siècle, il convenait donc d’examiner, dans un premier temps, l’évolution de l’anorexie ou plutôt, des discours sur l’anorexie tout au long de l’Histoire. C’est donc en suivant le fil rouge de l’Histoire que nous déboucherons sur la réflexion que nous souhaitions initialement mener.

--Ninosca 9 jun 2006 à 13:06 (MEST)

Revue de littérature

Lors de notre recherche bibliographique, nous nous sommes rendus compte qu’une multitude d’ouvrages existait à ce sujet (littérature médicales, psychologique, témoignages, magazines, etc.). Dans l’optique du travail demandé, nous nous sommes centré sur les approches plus scientifiques du problème anorexie, que nous avons essayé d’aborder plus précisément sous l’angle sociologique. En effet, nous nous sommes rendus compte que deux étiologies prévalaient dans l’explication de l’anorexie : des facteurs d’ordre psychanalytique d’une part, et sociétal, d’autre part. Nous avons donc, compte tenu des exigences du cours dans lequel notre recherche s’inscrit, pris le parti d’aborder l’anorexie à la lumière des écrits sociologiques.

En premier lieu, nos ouvrages mettent en avant le fait que les symptômes de l’anorexie ne datent pas d’hier, et encore moins d’aujourd’hui. En effet, il semblerait que les comportements d’inanition ait été décrits dès le Moyen-âge, chez ce que Darmon (2003), appelle les « saintes anorexiques » ou « holy anorexia » chez Gordon (1990) et Hepworth (1999). Il s’agissait d’un jeûne, socialement valorisé, car symbole de pureté et de dévotion.

Dans un deuxième temps, les auteurs relèvent le fait que l’anorexie est devenu une question médicale, avant d’être une question sociale. En effet, dès le XIXème, on recherche une cause organique, puis psychique à l’anorexie. Au début du XXème siècle, influencés par la psychanalyse toute naissante, certains médecins voient dans l’anorexie, une manifestation du « refus de grandir » (Hepworth, 1999). Comme dit précédemment, nous avions décidé de privilégier l’aspect sociologique du problème. Par conséquent, nos lectures se sont essentiellement portées sur les facteurs sociaux de la maladie, pour quelles raisons peut-on la qualifier d’épidémie sociale. Nos quatre auteurs en distinguent deux principalement :

  • des critères d’identification féminines contradictoires (femme-mère vs. Femme qui se veut l’égal de l’homme)
  • une incitation à la consommation paradoxale (consommez, mais ne grossissez pas : consommation vs. restriction)

Sur ce point, Guillemot et Laxenaire (1997) mettent en avant la confusion des repères dans notre alimentation. Plus de marquages sociaux délimités, la consommation devient une affaire individuelle. Gordon, quant à lui, insiste sur la « peur de l’obésité », qui renforcerait les conduites alimentaires pathologiques. De plus, ces auteurs, psychiatres de formation, qualifient l’anorexie de culture bound syndrome (syndrome lié à la culture).

A cet état de la lecture, nous avions donc bien pris conscience de l’importance de la société dans l’apparition, et le maintien, des conduites anorexiques. Nous étions particulièrement surprises par le fait que les symptômes de l’anorexie aient fait leur apparition dès le Moyen-âge. C’est pourquoi nous avons décidé d’axés nos lectures secondaires sur cette thématique. Nous avons de plus constaté que les auteurs les plus récents (Darmon, 2003) associait l’anorexie à de la maltraitance, ou de l’autodestruction (brochure de l’ABA, 1998). Ces affirmations étant corroborées par les dires des médecins avec qui nous nous sommes entretenus, nous avons décidé, dans notre réflexion, de mettre en relief ce lien, tout récent, entre anorexie et maltraitance.

--Stéphaniebauer 12 jun 2006 à 12:09 (MEST)

Questions de recherche et méthodologie

Ces lectures nous ont conduites à l’élaboration de plusieurs questions de recherche autour de la problématique de l’évolution du concept d’anorexie à travers l’Histoire, du Moyen-âge à nos jours.

  • Quelles sont les théories explicatives de l’étiologie de l’anorexie qui se sont succédées au fil des époques ?
  • Quelle influence culture et société ont-elles eu et ont-elles encore sur l’incidence de l’anorexie ?
  • Quelle est la pertinence du concept émergent d’auto-maltraitance appliqué au cas d’anorexie ?

Afin de mener à bien notre recherche, nous avons choisi plusieurs méthodes de récolte de données: des entretiens de recherche semi-directifs et une analyse d’articles de presse. Nous avons décidé de nous entretenir avec deux acteurs sociaux engagés dans ce domaine. Le premier entretien s'est fait avec le Dr. B, pédiatre, médecin-chef d'un service de pédiatrie qui accueille également des adolescents souffrant de troubles psychosociaux dans le canton de Vaud, le second avec le Dr. P, psychiatre spécialisé en gériatrie et co-directeur d'un centre pour anorexiques et boulimiques en France. En prenant compte le fait que ce travail sera diffusé sur le web, les deux interviewés ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient garder l’anonymat. Par conséquent, ils seront identifiés dans l’article par leurs initiales (Dr. B et Dr. P).

Les entretiens visaient à récolter plusieurs types d’informations. Dans un premier temps, nous avons cherché à savoir comment ils concevaient les troubles du comportement alimentaire. Le but était de savoir quels facteurs étaient, selon eux, impliqués dans la prévalence, l’étiologie et le traitement de l’anorexie en rapport à leur pratique quotidienne. Dans un second temps, les entretiens se sont focalisés respectivement sur les deux axes traités dans ce travail à savoir le concept d’auto-maltraitance avec le Dr. B. et l’historicité du trouble comportemental avec le Dr. P.

Ces entretiens nous ont éclairé par la richesse d’un discours scientifique officieux basé sur la pratique et non sur les théories littéraires. Ainsi nous avons pu comprendre la pertinence d’un concept tel l’auto-maltraitance, qui commence à prendre forme aujourd’hui dans le milieu médical.

Dans la perspective du 20ème siècle où l’anorexie mentale est considérée comme une épidémie sociale, nous avons récolté des données à travers l’analyse d’articles de presse, plus précisément de magazines. Nous avons sélectionné plusieurs magazines adressés aux femmes et aux adolescentes. Et nous avons cherché dans leurs contenus les discours qui incitent à perdre du poids, à brûler des calories, etc. Nous nous sommes surtout concentrées sur les valeurs diffusées à travers ce type d’articles et se demandant quelle influence ce discours peut avoir sur les comportements de personnes anorexiques.

Nos données ne se veulent en aucun cas exhaustives. il s'agit d'un matériel qui apporte des éléments d'appui à notre perspective, celle d'une maladie socialement déterminée et d'un comportemnet auto- nuisant. Néanmoins, l'entretien avec d'autres acteurs sociaux ou l'analyse d'autres types d'articles pourraient offrir de nouvelles pistes de recherche et validant des conceptions divergentes.

Rkuzbari

Historique de l’anorexie

Moyen-âge : « holy anorexia »

Par quel miracle, la "nourriture spirituelle" peut-elle transcender les besoins vitaux du corps? Jusqu'à quel point la souffrance physique(mortifications) peut-elle mener à la "jouissance" de l'esprit? Toutes ces questions auraient pu être posées aux mystiques pour comprendre les démarches qu'elles poursuivaient en refusant de s'alimenter. Nous avons des réponses partielles dans la partie concernant le jeûne au Moyen-âge. Pour éviter de faire des amalgames entre les mystiques et les anorexiques mentales aujourd'hui, il faut comprendre que les sociétés dans l'Occident médiéval (durant le haut Moyen-âge et le bas Moyen-âge) sont patriarcales (maintien de la loi salique) et totalement régies par le clergé et ses membres. Toutes conduites doit être justifiées par un discours théologique. Les saintes anorexiques jeûnaient pour améliorer leur capacité à rentrer en contact avec dieu. Nous nous sommes basées sur deux ouvrages pour construire cette partie de l'historique, celui de Bell (1995) 'Holly anorexia' (Les saintes anorexiques) et celui de Nathalie Fraise (2000) 'L'anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen-âge'. La littérature théologique offre un éventail d'exemples de jeunes filles jeûnant jusqu'au refus alimentaire complet. D'après Fraise (2000), à l'époque, ces conduites sont considérées soit comme un signe d'élection divine, soit comme un signe de possession démoniaque... ce qui peut mener à la canonisation ou au bûcher. L'augmentation des jeûneuses au cours du Moyen-âge fait pencher la balance en la défaveur de ces jeunes femmes. Les religieux suspectent les mystiques d'hérésie. Ils soupçonnent ces femmes qui se nourrisent d'un "feu intérieur" et non de "nourriture terrestre" d'être manipulées par le diable.(Fraise) Leur méfiance grandissante va faire évoluer leur discours et les religieux qui autrefois admiraient les mystiques pour leur force morale et leur engagement envers dieu vont construire un discours public dépréciatif à leur égard. Les saintes anorexiques étaient appréciées des ecclésiastiques pour leur capacité à supporter la souffrance (mortifications). Puis, lorsque leur nombre a augmenté au cours des siècles, elles sont devenues dérangeantes et les religieux ont fait en sorte qu'elles soient accusées de sorcellerie.

En étant conscient que la société moyennageuse était fortement marquée par la religion, on comprend à quel point les détenteurs du pouvoir pouvaient avoir de l'influence sur les considérations populaires de l'époque. De nos jours, la religion n'a plus la même force publique qu'elle avait au Moyen-âge, et les explications de la privation alimentaire s'expriment donc différemment. Le diagnostic médical est devenu plus facile à appliquer à des femmes qui dérangent. On les déclare aujourd'hui "folles" comme naguère on les déclarait "sorcières".

XVIème-XVIIIème siècles : « Une maladie organique »

Selon Darmon, les causes surnaturelles restent l'explication la plus probable du refus alimentaire, mais le jeûne commence à intéresser le corps médical qui se demande comment l'on peut survivre sans alimentation et pendant combien de temps. Les cas d'abstinence prolongés sont de plus en plus rattachés à des causes organiques et considérés comme des symptômes d'une maladie plus que comme un signe d'intervention surnaturelle. Le refus de manger présenté auparavant comme un acte religieux devient un symptôme d'une maladie complexe. Complexe, car elle ne se limite pas à des facteurs organiques purs. Elle serait en lien avec l'état psychique des individus qui s'y soumettent. D'après Darmon, elle devient donc une entité diagnostique. On parle d'anorexie depuis 1689, le livre de Richard Morton intitulé 'Phtisiologie: sur la maladie de consomption' énumère les syndromes d'inanition (survenant à la suite d'un jeûne prolongé). Il insiste sur les effets physiologiques (perte d'appétit, aménorrhée et amaigrissement).On constate déjà une légère évolution dans l'intérêt des acteurs sociaux pour ce problème. Alors qu'avant les religieux jugeaient acceptables (bas Moyen-âge) ou non (haut Moyen-âge) les comportements d'abstinence alimentaire. Les changements politiques et la perte de pouvoir progressive des discours religieux sur le public ne va pas forcément faire disparaître les cas d'anorexies. Les syndromes vont être sensiblement identiques sur le plan physique. En revanche les facteurs du problème vont prendre d'autres formes. Le changement des acteurs sociaux qui investissent le problème explique cette évolution du problème. C'est ainsi que les médecins vont à leur tour faire de la maigreur un problème. Les causes spirituelles ne vont plus suffire à légitimer le refus de s'alimenter. D'autant plus qu'avec le développement de la technique, les conditions de vie s'améliorent et les populations peuvent se nourrir à leur faim (si l'on ne tient pas compte de la pauvreté qui reste plus ou moins forte à chaque époque). Choisir de ne pas s'alimenter alors que l'on n'est pas en période de restriction et que ce n'est plus socialement valorisé (y compris par les religieux) va paraître suspect et sera considéré comme anormal. C'est le point de départ d'une réflexion qui s'intéresse à d'autres facteurs pour expliquer l'anorexie (naturaliste, physiologique, social, psychique et psychiatrique).

Milieu du 19ième siècle: « Une maladie psychique : l’anorexie mentale »

Le concept "d'anorexie mentale" fait son apparition en Europe dans les années 1870. C'est à cette époque que l'on distingue le syndrome psychologique des causes organiques du jeûne. La privation extrême commence à être perçue comme une maladie psychiatrique. Dans les années 1870, deux médecins Gull (Angleterre) et Lasègue (France) vont développer des hypothèses psychogénétiques. Tous deux décrivent des cas de jeunes filles de bonnes familles qui restreignent leur alimentation et maigrissent, tout en augmentant leur temps d'activité physique sans qu'il y ait des causes physiques. Pour ces deux médecins ce type d'attitude est explicable par un dysfonctionement nerveux.Gull va donner naissance au concept "d'anorexie nerveuse". Alors que Lasègue (en France) penche plus fortement pour une explication qui se rapprocherait du caractère pathogène des individus (anorexie hystérique).

C'est aussi à cette époque que l'on peut repérer une apologie du jeûne et de la maigreur, voire d'un certain nombre de maladies (Phtisie,étisie,chlorose etc.). Le romantisme rêve d'une femme immatérielle et les ballerines reflètent à merveille cet idéal romantique. Les opéras tels que Gisèle (1841) et la Sylphide (1832)sont en vogue. Selon Darmon (2000), les souffrances du moi romantique, se traduisent en une pâleur languide. Celle-ci se porte si possible avec des cheveux noirs, des yeux cernés etc. Le visage et le corps des femmes très maigres (anémiées et carencées) est comme le miroir de l'âme. Ils expriment des orages intérieurs. Cette période est vraiment un moment clé dans l'histoire de l'anorexie, car c'est à ce moment que l'apologie de la restriction alimentaire et du corps s'établit.

XXème siècle : « Une maladie socialement déterminée »

Nous l’avons donc vu, les comportements anorexiques semblent avoir été présents dès le Moyen-âge. Cependant le nom d’anorexie mentale n’a été posé qu’au XIXème siècle. S’en est suivi une pathologisation de ces comportements. Organique, puis psychique, les médecins se sont vivement interrogés sur son étiologie. Différents discours se sont succédés : hystérie, idéal romantique. A chaque période, les anorexiques étaient nommées d’une certaine manière. Ce processus d’étiquettage est bien sûr à inscrire dans un contexte plus large. Au XIXème, la société se divise en classe bien délimitée. Darmon (2003) relève que la restriction alimentaire était une manière de se différencier de la classe populaire « gloutonne », incapable de se contrôler. L’idéal romantique, la femme maigre, sont les modèles féminins valorisés. Qu’en est-il au XXème siècle ? Quel discours étiologique est porté sur ces comportements ? La symbolique de la maigreur, comme témoin d’appartenance à une classe sociale, disparaît-elle en même temps que le courant romantique ?

Au début du XXème siècle, on ne peut pas dire qu’une seule école de pensée avait la réponse. Guillemot et Laxenaire (1997) relèvent le fait que l’anorexie s’expliquait par un dysfonctionnement endocrinien, dans la continuité d’une recherche organique de causalité. Le facteur psychique était également étudié, notamment par la psychiatrie, ou encore la psychanalyse. C’est ce dernier courant qui a essentiellement dominé au début du siècle, notamment dans les pays francophones. Hepworth (1999) cite une école psychanalytique de type Kleinienne, qui voit en l’anorexie une manifestation d’un refus de grandir, un refus de devenir femme, et d’affronter la société dans ce rôle là. La jeune fille a peur de se confronter à un certain modèle féminin. L’accent est mis ici sur le processus d’identification.

Gordon, ainsi que Guillemot et Laxenaire, tous psychiatres de formation, relèvent, de même, cette tension ressentie chez leurs patientes, entre deux modèles contradictoires. Une femme-mère versus une femme qui se veut l’égal de l’homme. Ces derniers qualifient l’anorexie de culture bound syndrome (syndrome lié à la culture). Pour être plus précis, il s’agit d’une maladie, d’un « syndrome » qui n’existe, et ne peut être compris comme entité que dans une culture particulière, et par des personnes appartenant à cette même culture. Plusieurs recherches iraient dans ce sens. Guillemot A. & et Laxenaire M. (1997) relève par exemple qu’aucun cas d’anorexie n’a été diagnostiquée dans la population noire jusque dans les années 80. L’anorexie semble être un trouble propre à la culture « caucasienne » occidentale. Ce constat étant, il convient maintenant de se demander pourquoi l’anorexie ici, et pas ailleurs.

Pour répondre à cette question, nos auteurs essayent de caractériser la société qui est la notre à l’heure actuelle. Ils partent du fait empirique suivant : l’incidence de l’anorexie a terriblement augmenté dans la seconde moitié du XXième siècle. Dans les années septante, elle était considérée comme une « curiosité et une rareté » (Gordon ,1990). Quelques années plus tard, on parle de « syndrôme des années 80 ». Aujourd’hui, en 2006, on parle de 1,2% de femmes atteintes d’anorexie, si l’on en croit l’étude du Dr. C. M. Bulik, paru dans Arch Gen Psychiatry. L’anorexie est qualifiée d’ « épidémie sociale » (Gordon, 1990).Comment expliquer alors cette incidence élevée et son discours conséquent ? Quelles sont les composantes majeures de notre société qui rentreraient en ligne de compte dans l’étiologie de l’anorexie ?

Nos auteurs s’accordent à dire que trois facteurs majeurs sont à l’origine de cette incidence grandissante.Il s’agirait tout d’abord d’un idéal de minceur, véhiculé par les médias, ou l’on vante le corps maigre comme symbole de « mastering » (maîtrise), pour reprendre Gordon. Cet idéal physique n’est pas sans lien avec un idéal professionnel. La femme se doit aujourd’hui d’être l’égal de l’homme. La femme maternelle, la mère au foyer, n’est plus valorisée socialement à l’heure actuelle, par conséquent, l’identification se ferait à la renverse. La masculinité est la référence. Le troisième facteur est, lui aussi, d’ordre social. Nos auteurs mettent en avant le paradoxe de notre société de consommation : consommez, à outrance, mais attention ne prenez pas de poids. A présent, nous allons voir en détail chacun de ces facteurs, à travers l’analyse des magazines. Dans quelle mesure sont-ils une illustration de ce problème d’épidémie sociale ?

l’image de la beauté : un idéal de minceur

Dans notre décortication des magazines pour femmes et jeunes filles, l’idéal de minceur ne pouvait pas passer inaperçu. Toutes les images de femmes, que ce soit pour vendre un produit quelconque ou pour décorer, représentent une femme mince, souriante et ‘belle’. Il ne faut pas oublier que le terme ‘belle’ est culturellement biaisé. Par conséquent les dessins ou les photographies de femmes perpètrent les valeurs de beauté reconnues par la société occidentale d’aujourd’hui. Les magazines ne servent pas seulement à transmettre les images du corps idéal de la femme mais ils sont aussi là pour nous donner les outils nécessaires pour atteindre cet idéal (régimes, crèmes amincissantes, programmes de sport, adresses de fitness) remarque Darmon. Par exemple, dans le magazine Questions de femmes, paru en avril 2006, un article sous la rubrique ‘Beauté’ décrit « 15 stratégies sur mesure pour perdre ses kilos en trop » (p. 32). Au tout début le magazine conseille d’éviter les régimes « drastiques » et de suivre les « bons principes » (p. 32). Toutefois, certaines des stratégies proposées sont : « je pèse mes aliments et je compte les calories pour parvenir à une précision supérieur » (p. 34) afin de « [maîtriser] parfaitement mon alimentation d’une manière instinctive et je reste mince » (p. 34). Ces stratégies sont souvent pointer du doigt quand les médecins craignent un comportement troublé de l’alimentation, comme le mentionne Gordon. L’article conseille aussi de « faire de l’exercice » (p.35) et de fréquenter les salles de sports tout en faisant « confiance à ces machines » (p.35).

Les rôles de la femme dans la société

La société de nos jours, donne deux grands rôles à la femme occidentale. Le premier rôle fait référence à son image biologique, perpétrée pendant des siècles : celle de la mère féconde. Le second rôle est une représentation plus récente qui a débuté avec les mouvements féministes bourgeois de la fin du 19ème siècle qui permet à la femme de s’acharner pour accéder à une place professionnelle au côté de l’homme. Ainsi, une femme mince est celle qui a une ambition professionnelle et celle qui trouvera sa place dans le monde des hommes, comme si les rondeurs renvoyaient trop directement à l'image stéréotypée de la femme au foyer, maternelle. Comment régler ce conflit de rôle ? Malheureusement les médias, notamment les magazines sont là pour donner réponse à cette opposition. Un exemple démonstratif est l’article : « Comment devenir une exécutive woman » apparu dans le magazine Edelweiss en mai 2006. Nous pouvons d’abord nous interroger sur les sous-entendus du terme ‘executive woman’ : une femme qui a une carrière et qui l’assume bien, une femme qui est parfaite dans tous les domaines de la vie. Autant dire, une super-woman ou une femme aux qualités idylliques d’un homme.

Cet article donne dix « leçons » pour « accéder à un poste de célébrité » (Edelweiss, p. 52). Parmi ces leçons figure en troisième place : « garder une excellente forme physique » (Edelweiss, p. 53) en suivant « une monodiète de fruits une fois par mois » ou encore en faisant du « spinning [c’est-à-dire faire du vélo statique en groupe dans une salle de sports] entre midi et 14 heures pour pouvoir prétendre ensuite qu’elle peut manger tout ce qu’elle veut sans prendre u gramme » (Edelweiss, p. 53). Ces énoncés encouragent donc un comportement de contrôle de son poids, qui peut s’avérer dangereux. Plus encore, il préconise clairement le fait de montrer une image de contrôle de soi à la société. L’article alimente le contraste entre le principe de manger ‘ce qu’on veut’ revendiquée par une société de consommation, mais ‘sans grossir’ car la minceur est l’idéal de cette société.

La société de (sur)consommation

Il est désormais visible que la société post-industrielle est une société de consommation, car l’abondance est de règle. Les médias en font un certain idéal de vie, la mode de la consommation. La consommation est encouragée surtout à travers la publicité de tout genre : à la télévision, des affiches dans la rue, dans le courrier à domicile et aussi dans les magazines. En d’autres termes nous consommons pour satisfaire nos besoins et nos désirs et nous consommons pour ressembler à un modèle préconçu. Aujourd’hui, ce sont les stars et les personnalités connues qui représentent le modèle, surtout pour les jeunes. Un des premiers exemples des plus frappants, et la grande popularité du mannequin « Twiggy ». Dans les années 60, cette adolescente de 16 ans s’est fait connaître grâce à sa silhouette filiforme. A l’heure actuelle. D’autres modèles, tout aussi représentatif de cet idéal de minceur, sont véhiculés à travers les médias. Nous allons à présent voir comment un magazine pour jeunes filles, "Girls", encourage les adolescentes à justement, "consommer" la minceur.

Dans son article, « 100 conseils de pro selon ta morpho », le magazine invitent les adolescentes à se reconnaître dans une des quatre célébrités (actrices, chanteuses), selon leur morphologie. Ensuite ils proposent une série de suggestions sur le mode impératif pour ‘tonifier son corps’, faire disparaître les bourrelets ou encore ‘chasser les kilos en trop’. Le magazine propose de nombreux exercices sportifs et activités en salles ou dans la vie quotidienne, pour brûler les calories. Enfin la consommation la plus évidente est la présentation de plusieurs produits cosmétiques sous la rubrique « Ton shopping minceur » (Girls, p.31), du type anti-cellulite, massage minceur, raffermissant, etc. Il est de toute évidence comme le déclare Gordon que la minceur est un marché : allez au fitness, consommez allégé,...


Toutes ces tensions, ces tiraillements entre des idéaux antinomiques, sont, dans la deuxième partie du XXème siècle, partie intégrante du discours étiologique dominant. Pour résumer, la société est pointée du doigt comme responsable de cette incidence croissante. Si la maigreur ne représente plus un idéal de classe à proprement parler, elle est toujours le symbole d’un idéal de vie. Derrière ses comportements anorexiques, l’adolescente exprime un mal-être, une révolte face à cette société qui lui impose un modèle dont elle ne veut pas, ou qu’elle ne peut pas atteindre. Le contrôle du modèle féminin, un enjeu pour la conquête du pouvoir. A la lutte des classes du XIXème se supplée le conflit de genre du XXème.

--Rkuzbari 8 jun 2006 à 11:14 (MEST) --Stéphaniebauer 8 jun 2006 à 11:27 (MEST)

XXIème siècle : « Du comportement auto-destructeur à l’auto-maltraitance »

Comment l'anorexie est-elle perçue, expliquée, catégorisée, à l'heure actuelle? Peut-on dire que les personnes qui en souffrent «s'auto-maltraitent»? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé deux acteurs impliqués dans le prise en charge des anorexique, un psychiatre et un pédiatre. Il ressort principalement de ces entretiens qu'aujourd'hui, l'anorexie est souvent classée dans la catégorie des «comportements autodestructeurs». Cela s'explique du fait que l’anorexique semble mener un combat acharné contre son propre corps et s’inflige une grande souffrance, comme l’explique le Dr. P., psychiatre :«l'anorexie entraîne une souffrance dans tous les sens du terme. […] Les anorexiques augmentent leur seuil de tolérance à la souffrance jusqu'à ce qu'elle ne la ressente plus ou qu'elle arrive à la percevoir comme agréable. La sensation de faim est un exemple typique.» Pour le Dr. P.: « Il faut comprendre que l’anorexie, c’est de l’autodestruction […]. Le but de tous les médecins, c’est de stopper l’autodestruction. »

L'anorexie est une sorte de comportement autodestructeur, mais il en existe d'autres. Pour le Dr. B., pédiatrie, les tentatives de suicide et l’automutilation appartiennent aussi à ce groupe. Comme l'anorexie, ces comportements pathologiques surviennent principalement à l’adolescence. Les comportements autodestructeurs semblent être en augmentation chez les jeunes. Celle-ci s’explique en partie par le meilleur dépistage des problèmes des adolescents, la fait que les parents sont informés des éventualités et la multiplication des structures de prise en charge pour adolescents en rupture. Cependant, ces facteurs n’expliquent pas tout, l’augmentation du nombre de cas ne relevant pas de la simple illusion mais bien d’une réalité. Le Dr. B estime que le mal-être des adolescents s’est accrû ces dernières années parce qu’ils ne trouvent pas de place dans « une société qui magnifie la jeunesse mais ne veut pas lui donner de place adéquate ». Pour lui, « tout ça fait que la vie des ados est devenue plus difficile et qu’ils ont des comportements pour certains destructeurs ou autodestructeurs. » Selon lui, la logique qui sous-tend l’ensemble des comportements autodestructeurs est la suivante : « La douleur physique soulage les jeunes qui se scarifient, parce qu’elle est moins dure que la douleur morale qu’ils éprouvent. La souffrance de les anorexiques qui se privent de manger les distrait aussi d’une souffrance morale. En plus, ils ont l’impression d’être forts, parce qu’ils arrivent à supporter ça. […] Le contrôle de leur corps et de la douleur les rassure, leur donne l’impression de maîtriser de leur vie. […] .» Barraud (1998), qui attribue elle aussi l'anorexie à une volonté de maîtriser son existence souligne la contradiction que cela implique : « Paradoxalement, il [l’adolescent, ndla] ira jusqu’à la mort dans sa quête de contrôler sa vie » (p.23). Le Breton (2003) constate également, dans un ouvrage sur l’automutilation : « En situation de grande souffrance, le corps devient une sorte d’ultime recours pour ne pas disparaître […] L’affrontement aux limites […] n’est en aucun cas une volonté dissimulée de périr, mais à l’inverse, une volonté de vivre enfin […] » (p.11). Ces deux constats amènent à considérer les comportements qualifiés d’autodestructeurs sous un tout autre angle. Soudain, ils ne semblent plus découler d’un désir de mort, mais bien d’une pulsion de vie ! L’anorexie peut avoir une issue fatale, mais malgré cela, le Dr. B. estime que les anorexiques « n’ont fondamentalement pas envie de mourir ».

Or « autodestruction » signifie « destruction de soi par soi-même » et « destruction » se définit comme « l’action de faire disparaître complètement ». Seule la mort peut faire disparaître un être humain ? L’anorexique ne souhaitant pas mourir, peut-on dire qu’elle s’autodétruit ?

C’est peut-être pour cette raison qu’au terme de son exposé de la logique sous-jacente à l’anorexie et à l’automutilation, le dr. B. a soudainement parlé non plus d’autodestruction, mais d’auto-maltraitance. Le Dr. P. utilise lui aussi cette expression, à propos de l’anorexie : « [L’anorexie] c’est évidemment de l'auto-maltraitance. Nous parlons souvent d'auto-maltraitance pour les femmes. Tous les médecins sont impliqués pour protéger ces personnes. »

La maltraitance est un ensemble de mauvais traitements infligés à des personnes dépendantes, sans défense, par des proches ou des personnes chargées de s'en occuper. Si un parent malmène son enfant, lequel dépend de lui, il y a maltraitance. Or l’adolescent est précisément à l’âge où il devient autonome et ne dépend donc plus que de lui-même. S’il néglige de répondre à ses besoins et malmène son organisme, comme l’anorexique le fait, nous assumons qu’il est possible de parler de maltraitance auto-infligée, ou d’auto-maltraitance.

La maltraitance peut prendre plusieurs formes, physique, psychologique, sexuelle ou relever de la négligence. L’anorexie en tant que maltraitance auto-infligée se manifeste également à différents niveaux, comme le relève le Dr. P. : « C'est une auto-maltraitance physique, psychique (au sens de l'identité du sujet), psychologique (au sens des mécanismes et des comportements) et sociale. » Le Dr. B. insiste quant à lui sur le lien très étroit qui existe, chez l’anorexique, entre auto-maltraitances psychique et physique : « L’anorexie, c’est d’abord une auto-maltraitance psychique. Les anorexiques ont une vision très négative d’elles-mêmes. La maltraitance physique suit, comme moyen désespéré et irraisonné de calmer l’angoisse. » L’auto-maltraitance psychique de l’anorexique se caractérise par une dépréciation constante et par les punitions sévères qu'elle s'inflige pour des actes comme manger ou se reposer. Elle s'impose également un isolement social parfois complet (Vanderlinden, 2003)

L’auto-maltraitance physique de l’anorexique la plus répandue est sans doute l’absorption massive de médicaments destinés à accélérer la perte de poids (laxatifs et diurétiques)(Junguenent, 2005, p.30). L’obstination qu’elles ont à faire des exercices malgré leur épuisement, peut aussi être qualifiée d’auto-agression. De même, certaines anorexiques ont tendance à l’automutilation. Enfin, la privation alimentaire que les anorexiques s’imposent relève également du mauvais traitement physique et non pas de la négligence, comme on pourrait le penser. Le Dr. B. argumente : « La privation, ce n’est en tout cas pas de la négligence chez elles, elles ne négligent pas leur alimentation, au contraire, celle-ci est toujours sous contrôle ! »

L’ensemble de ces remarques corrobore la réflexion du Dr. P. citée plus haut, qui décrit l’anorexie comme une auto-maltraitance articulée autour de quatre axes :

  • physique: privation alimentaire, hyperactivité, abus de laxatifs ou de diurétiques
  • psychique (au sens de l'identité du sujet: mésestime de soi
  • psychologique (au sens des mécanismes et des comportements): auto-dénigrement, auto-critiques
  • sociale: isolement enfermement sur soi

Ce concept émerge visiblement dans le milieu médical, bien qu’il ne soit pas officiellement reconnu. Nous estimons qu’il fournirait une alternative intéressante à celui d’autodestruction, pour deux raisons. Tout d’abord, parler d’ « autodestruction » dans le cas de l’anorexie mentale, c’est supposer aux malades une volonté qu’elles n’ont pas forcément : celle de mourir. Nous avons vu en effet que l’anorexie correspond davantage à une tentative irraisonnée de maîtriser son existence qu’à un désir d’en finir avec la vie. Ensuite, le terme « autodestruction » ne rend compte que de l’expression physique de l’anorexie, laquelle n’est que le symptôme d’un mal-être psychique. Le concept de maltraitance recouvre différentes sortes de mauvais traitements. Par extension, le concept d’auto-maltraitance appliqué à l’anorexie recouvre à la fois le mal-être psychique, psychologique et émotionnel des malades, l’expression physique de ce mal-être (auto-agression) et les conséquences sociales de la maladie. Il rend donc mieux compte de l’extrême complexité d’une maladie telle que l’anorexie.

--Ninosca 9 jun 2006 à 13:06 (MEST)

Conclusion

Au terme de notre recherche, nous arrivons à apporter des éléments de réponses à nos questions de départ. Nous avons tenté de démontrer que l’anorexie mentale est le résultat d’une construction sociale qui s’inscrit dans un processus socio-historique complexe. En effet, à toutes les époques, l’anorexie n’est pas perçue de la même manière par les acteurs sociaux.

Ce qui ressort de manière flagrante, après avoir étudié en profondeur l’histoire de l’anorexie, est que les symptômes et les comportements sont pratiquement les mêmes à travers le temps. Alors que les discours et les interprétations, par rapport aux conduites anorexiques, sont en constante évolution. Ce qui nous amène à dire que nous ne savons pas, vraiment, ce qui motive chaque anorexique. Les raisons sont multiples, et certainement pas imputables uniquement à la psychologie fragile des individus. Cependant, à chaque époque, certaines motivations sont plus présentes que d’autres (accéder à un model corporel valorisé, atteindre un idéal spirituel en réduisant ses besoins corporels, etc.). Les facteurs sociaux ne sont donc pas tous les mêmes suivant les époques. La métaphore de Wolf, cité par Fraise (2000), reflète bien l’implication pas toujours visible de la société dans la construction d’un problème social, tel que l’anorexie : « Ceux qui étudient les tremblements de terre savent qu’ils ne sont pas des événements soudains et sans précédent, mais qu’ils sont le résultat de siècles de pression tectonique silencieuse ». (Wolf, 1993).

De manière globale, cette enquête a renforcé une de nos hypothèses de départ qui était que l’anorexie est plus ou moins socialement déterminée. Les acteurs sociaux prennent position et considèrent le phénomène différemment d’une époque à une autre. Enfin, d’après nos lectures et surtout nos entretiens, le concept « d’auto-maltraitance » dans le cas de l’anorexie n’est pas inadéquat. Utilisé dans le milieu médical, il n'est pas encore apparu dans le discours public.

Avant de parler d’autodestruction, nous pourrions décrire la phase intermédiaire qui correspond aux violences que s’infligent les anorexiques sans vouloir nécessairement se détruire. Elles ont souvent recours à des formes de maltraitances qu’elles s’infligent elles-mêmes pour atteindre l’idéal qu’elles s’étaient fixées au départ. Paradoxalement, c’est une pulsion de vie qui les pousse à agir ainsi, alors que l’autodestruction est l’aboutissement, la conséquence négative de cette démarche (pulsion de mort). On peut finalement se poser la question de savoir si « l’auto-maltraitance  » est un concept en devenir puisqu’il n’est pas officiel à l’heure actuelle.


--Maelig 10 jun 2006 à 14:32 (MEST)

Bibliographie

Ouvrages

  • Barraud, R. (1998). L’ombre de toi-même. Anorexie et boulimie : comprendre pour agir. Lausanne : Narbel.
  • Bérubé, L (1991). Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement. Montréal : La Chenelière.
  • Darmon M.(2003). Devenir anorexique, une approche sociologique. Paris. La découverte.
  • Fraise, N. (2000). L'anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen-âge. L'harmattan.
  • Gordon R.A.(1990). Anorexia and bulimia, anatomy of a social epidemic. Oxford and Cambridge. Basil Blackwell.
  • Guillemot A. & et Laxenaire M. (1997). Anorexie mentale et boulime le poids de la culture (2e éd.). Paris: Masson.
  • Hepworth J. (1999). The Social Construction of Anorxia Nervosa. Londres: Sage.
  • Le Breton, D. (2003). La peau et la trace. Sur les blessures de soi. Paris : Métailié.
  • Vanderlinden, J. (2003). Vaincre l’anorexie mentale (J.-M. Huard, trad.). Bruxelles : de Boeck.

Sites Internet

  • Site de l’Association Boulimie Anorexie, consulté le 5 mai 2006 dans

http://www.boulimie-anorexie.ch/troubles.php#anorexie_1

  • Site du délégué du canton de Vaud à la prévention des mauvais traitements envers les enfants, consulté le 27 mai dans

http://www.prevention-maltraitance.vd.ch

Articles de magazines

  • Chabrillac O. (2006, avril). 15 strégies sur mesure pour perdre ses kilos en trop. Questions de femmes, 114, 32-38.
  • Divine D. (2006, mai). Comment devenir une executive woman. Edelweiss, 54-55.
  • Junguenet, C. (2005).Anorexie et boulimie: d'un corps à l'autre. Feminin psycho, 6, 26-30.
  • Lucia M. (2006, mai). 100 conseils de pro selon ta morpho. Girls!, 29-37.