Atelier de recherche été 2006

De DeWiki
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« Personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose »

Le semestre d’été 2006 est l’occasion de réaliser une expérience d’intelligence collective (cf. Michel Lévy, L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberspace, la Découverte, Poche, 1997) au moyen d’un logiciel wiki qui sera présenté lors de la deuxième séance du cours. Cette expérience-pilote nécessite la participation de chaque étudiant/e, sa motivation, sa curiosité à faire une telle expérience et évidemment l’accès à internet.

L’idée est d’articuler la recherche « classique » en sciences humaines et sociales (projet, lecture, méthodologie, terrain d’application, constitution d’un corpus, analyse des résultats, écriture) avec une expérience d’intelligence collective réalisable grâce à l’informatique et en particulier aux logiciels interactifs comme wiki (cf wikipedia).

Les objectifs du semestre s’inscrivent dans ces deux directions demandant des savoirs-faire, mais aussi (et surtout ?) des savoirs être ensemble. En effet, il s’agit de construire un savoir commun, dans des « échanges de savoirs réciproques » (cf les ouvrages de Claire Héber-Suffrin) mis en ligne et constamment alimentés par chacun (y compris l’enseignant/e). Cette démarche demande à développer (expérimenter, éprouver) un certain nombre d’attitudes (face au savoir notamment) comme la curiosité, la générosité, l’engagement intellectuel, mais aussi de compétences (recherche, échange, réflexion) et de valeurs (partage, collectif, culture intellectuelle commune).

L’idée fondamentale est de mettre en ligne et d’alimenter constamment le site de la recherche en fonction du travail individuel ou en groupe effectué sur l’objet préalablement déterminé. Cette alimentation demande une régularité d’écriture qui assure de mener à terme la recherche et l’expérience pour le 26 juin (début des examens). Soit 14 semaines à raison de deux heures minimum par semaines sur le site ou dans le cours (« contrôle »), auxquelles s’ajoutent le temps pour mener la recherche sur le terrain (recherche d’informations), soit environ 72heures. Le plan qui est suggéré vous permettra d’assurer cette régularité. ATTENTION le temps est un facteur, certes stressant, mais aussi stimulant : il faut aller assez vite !

Le travail d’intelligence collective demande avant tout de se déprendre de son propre savoir pour le faire partager avec générosité aux autres, mais aussi à prendre le risque qu’il soit discuté et remis en question, puisque constamment l’écriture mise sur le site est modifiée par celle des autres personnes. Il s’agit de constamment élaborer un texte collectif de réflexion à partir des sources (informations) recueillies individuellement. La réflexion est donc aussi action grâce à l’interaction facilitée par l’usage du site wiki. L’écriture prend donc une importance essentielle, puisqu’elle est la condition du partage et de la dynamique constitutive d’un savoir collectif sur l’objet choisi. Cette écriture s’inscrit dans un processus de rédaction progressive et évolutive dès le début de l’atelier de recherche (soit le 22 mars).

Un thème (voir deux) est proposé celui de la maltraitance (et celui de la délinquance). Il s’agira de mener une réflexion sur la fabrication d’un problème social en rapport avec les classes d’âge ou des catégories sociales particulières. Comment cette problématique « nouvelle » a émergé et s’est constituée au 20e siècle ? Comment le problème de la maltraitance est-il relié avec des groupes d’âge ? (petite enfance, enfance, vieillesse ou autre ?) Avec des catégories sociales (réfugiés, étrangers, femmes ou autre) ? Quelles ont été les catégories d’âges prises en compte ? Par qui ? (quel professionnel ?) Quel a été le rôle des victimes (et en générale de l’approche en terme de « victimisation ») dans la constitution de ce problème actuel (notamment avec l’appui des association d’aides etc.) ? Qui est maltraitant (parents, individus, écoles, institutions, EMS, etc.) ? (ou délinquants)? Comment la presse relate les faits ? Quels sont les chiffres ? Quel rôle joue le témoignage dans la compréhension du phénomène ? (notament par rapport au phénomène de la résilience) ?

Pour répondre à ces questions et à d’autres que vous vous posez, il s’agit de mener une recherche sur un aspect particulier de ce qui est présenté (ou pourrait être présenté) aujourd’hui comme un problème social. Par exemple :

  • le dépistage de la maltraitance dans les crèches
  • la punition à l’école : une maltraitance ?
  • la prison : une maltraitance pour les femmes ?
  • le handicap : une condition de maltraitance ?
  • les signes de maltraitance de personnes âgées.
  • l’isolement cellulaire comme condition maltraitante.
  • le rapport entre pouvoir et maltraitance

etc.

Pour aborder ces objets et d’autres que vous aurez choisis, il s’agira de trouver des sources d’informations que peuvent être :

  • la presse
  • la TV
  • les revues scientifiques
  • les ouvrages
  • les associations d’usagers
  • les rapports annuels des institutions et associations
  • les personnes ressources (notamment les professionnels)
  • les témoignages.

Il s’agit de récolter suffisamment de données par groupe pour élaborer un discours explicatif, analytique et éventuellement critique sur un aspect de la maltraitance (ou de la délinquance). En quelque sorte, c’est un espace de savoir commun qui ainsi se constitue. L’apport individuel permettra d’alimenter des questions plus générales qui seront progressivement élaborées ensemble pendant les rencontres en salle de cours et sur le site permettant de mieux saisir la construction socio-historique d’un problème social.

L’objectif ultime est de mener une réflexion collective à partir des apports individuels et non seulement d’accumuler des informations à mettre en commun qui n’est qu’un aspect de la démarche. C’est aussi le lien entre les participants et participantes à l’expérience qui pourrait aussi se construire dans ce que Michel Lévy nomme une « civilité déterritorialisée » qui suppose la reconnaissance des compétences de chacun, le respect des opinions et des subjectivités, enfin le désir d’apprendre avec et grâce aux apports de chacun et de chacune.

Genève, le 15 mars 2006
M. Ruchat
D. Schneider