ARES-2003-2

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ASSOCIATION DE RECHERCHE SUR L'ÉDUCATION ET LES SAVOIRS (ARES) (2003). Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, n°2, La « déscolarisation » en France: l'invention d'un problème social? Cedex (Paris): Maison des sciences de l'homme. consulté le 24 juin 2007

Le premier article, dont je propose ici le résumé, est une synthèse des principales conclusions du dossier qui peuvent se résumer en Enjeux et usages de la « déscolarisation » (pp.7-19). La réflexion de Bertrand GEAY et Arlette MEUNIER est amorcée par l'engouement récent (depuis une dizaine d'années environ) de la recherche scientifique en France autour du « décrochage scolaire » et des « processus de déscolarisation ». Les auteurs observent que le champ des recherches en éducation est redevable des travaux effectués dans les pays anglo-saxons et francophones (i.e. au Québec). Parallèlement, les auteurs relèvent que les représentants politiques décrivent les faits auxquels il est fait référence comme un phénomène remettant en discussion le mode dominant de socialisation de la jeunesse. Autrement dit, la « déscolarisation » traduirait une préoccupation politique se fondant sur la corrélation supposée entre la trilogie, croissance des sorties non légales de la scolarisation, « crise de la famille » et délinquance juvénile. À ce propos, en s'appuyant sur la critique sociale du jugement réalisée par Bourdieu (1979), les chercheurs soulignent à juste titre que « cette dénomination de type générique pourrait d'autant plus faire consensus qu'elle aurait pour vertu d'englober en une seule catégorie nominale des situations diverses, mal identifiées, mais dont l'agrégation selon une logique floue serait une des conditions de son succès » (p.7).

Tout au long de l'article Geay et Meunier articulent considérations empiriques et réflexion épistémologique et procèdent par relever qu'en dépit du « moment » de l'émergence publique, les questions de la « déscolarisation » ont fait l'objet d'analyse au « Nord » comme au « Sud ». Parallèlement, ils soulignent que selon les contextes, la demande scolaire n'est pas satisfaite (i.e. les pays confrontés aux contraintes économiques imposées par les bailleurs), ou elle se diversifie dans des structures annexes « [...] entérinant la hiérarchie de la transmission des savoirs » (p.9). En guise de synthèse, il est rappelé que le phénomène de la « déscolarisation » a donc trait à plusieurs ordres qui consituent une sorte de fil d'Ariane de la recherche sociologique:

  • celui de la question scolaire (i.e. la place de l'école dans la société, des politiques relatives à ce domaine et les réactions des acteurs concernés);
  • celui des conditions d'émergence des faits désignés comme relevant de la déscolarisation (i.e. replacer le concepte de « déscolarisation » dans son contexte et procéder de la même manière avec d'autres catégories concurrentes telles celle de « jeunes » et « d'enfant en danger » par exemple).

Cette approche conduit à considérer la « déscolarisation » comme une construction institutionnelle dont l'objet d'étude sociologique est constitué par les logiques des luttes et des repositionnements institutionnel engendrés par cette question. Les auteurs affirment qu'il n'est pas question de négliger l'importance des structures créés pour apporter une « réponse » aux situations concrètes de déscolarisation, ainsi qu'auc caractéristiques sociologiques des publics visés par ces mesure, ni au contexte scolaire et socio-politique, mais l'objectif recherche scientifique est justement de les étudier afin de rendre compte de leur contribution à l'institutionnalisation d'une telle notion. Cela dit, le questionnement proposé par Geay et Meunier articule traitement de la question sociale – enjeux de la scolarisation – rôle de l'État. Sur le fond, cette trilogie conduit à aborder trois aspects:

  • la gestion des riques et de la protection de l'enfance dite « en danger »;
  • la remise en cause de la pertinence du mode de socialisation scolaire;
  • l'espace des dispositifs de prise en charge de la jeunesse.

En effet, la problématique que nous venons de présenter amènent Geay et Meunier à formuler l'hypothèse suivante (p.11):

« Si hier, les concurrences se jouaient entre psychiatres, psychologues, médecins et enseignants, il semble aujourd'hui que de nouvelles concurrences et de nouveaux liens se tissent. Du scolaire au judiciaire, l'intégration du champ éducatif semble s'étre renforcée. De nouveaux professionnels revendiquent un rôle à jouer dans l'éducation des jeunes: médiateurs sociaux, éducateurs spécialisés, animateurs, personnels des services de prévention, éducateurs de santé, etc. »

Autrement dit, l'on assisterait à l'émergence d'un marché concurrentiel de « traitement », de « remédiation » et de « resocialisation » à l'intersection du scolaire et du judiciaire dont les discours sur la « déscolarisation » seraient la manifestation de ce mouvement historique. L'analogie est ici faite sur l'invention d'un marché de « l'enfance anormale » décrit par Pinell et Zafiropoulos, (1983), Gateaux-Mennecier (1989) et Vial (1990). Dans le cas de la déscolarisation il s'agirait d'un marché de « l'enfance en danger ».


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