Article 2014-15

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Introduction

La prison reste, hier comme aujourd'hui, l'objet de discours réformateurs, mais aussi abolitionnistes. Dans les décennies 70-80, et sous l'influence de certains événements, un discours critique s'énonce, en particulier grâce à la pensée originale du philosophe Michel Foucault. A l'époque celle-ci s'exerce non seulement dans des ouvrages, mais aussi dans des actions militantes notamment par la création, en France, du "groupe d'information" sur les prisons (GIP) et en Suisse romande le groupe action prison (GAP), ainsi que dans des manifestations de rue. La prison fait partie des revendications post-soisante-huitardes visant des idéaux sociétaux: une société plus libre, moins hiérarchisée, plus égalitaire, mais aussi donnant la parole aux populations opprimées. La prison est prise dans le collimateur de ces revendications portées par des groupes politiques.

Même si la prison a toujours fait parler d'elle, depuis une dizaine d'années, elle est sous les feux, non seulement des médias, mais aussi de "nouveaux" militant/e/s qui veulent informer des problèmes qui la traversent. Le collectif Infoprison répertorie les événements qui sont en lien autant avec la politique pénitentiaire que des événements liés au quotidien carcéral. Les thématiques évoquées dans ces bulletins (au nombre de 13 jusqu'à aujourd'hui) foisonnent. La surpopulation (en particulier à Champ-Dollon 780 détenus alors qu'elle avait été prévue pour 360!), les conditions de détention, la prise en charge médicale, les populations-cibles (notamment les Roms), les mineurs en prison, la formation en prison en font partie.

L'article proposé dans le cadre de la communauté de travail pour le cours du semestre d'hiver 2014, veut en particulier amener une réflexion sur deux thèmes qui se prêtent plus que d'autres au questionnement proposé d'un rôle éventuel joué par les sciences de l'éducation dans le champ pénitentiaire, étant entendu que dans son histoire la prison du 19e siècle avait été présentée comme un lieu de rééducation (transformation de l'individu, amendement); soit: la santé et l'incarcération des mineurs.

La santé est un sujet essentiel autant en ce qui concerne la vie quotidienne que la maladie à proprement parler. On peut autant évoquer la santé au sens large de la vie en prison, mais aussi au sens de la maladie y compris celles transisse en prison et "produite" par la prison et ce jusqu'au suicide. La question de la transmission des maladies que celle de la médication (et son excès), autant celle du rôle des médecins (médecin psychiatre notamment en lien ou non avec l'art.64), que la question de la prévention du suicides, des tentative de suicide et des suicides. Mais plus largement la santé comprend le vivre ensemble en prison (les relations entre détenus, entre gardiens et détenus, ainsi qu'avec les différentes professions qui sont représentées), la sexualité (parlois intimes, trvaailleuses du sexe), l'usage du cannabis. Aujourd'hui la recherche d'alternative est nécessaire(voir l'article de Manzanera et Senon (2004).

Sur l'incarcération des jeunes en "prison" beaucoup de questions traversent le temps: celle des terminologie: de quoi parle-t-on exactement? (= centre fermé, centre d'éducation, centre), les articles du Code pénal ( changement en éducation et répression), à Genève la Clairière fait périodiquement parler d'elle (l'affaire Dominique Roulin, etc.). Il reste toujours à trouver le meilleur moyen d'en sortir! Est-ce la formation en prison, le rôle des acteurs/trices qui y interviennent et ce qu'ils font, les traitements?

La grande question restant l'alternative à la prison voire sa suppression (posture abolitionniste): bracelet, la conditionnelle, la (re)socialisation, la formation, culture, thérapie par les animaux, par le jardinage, etc.

Après avoir décrit la manière dont la prison a été "problématisée" dans les années 1970, puis dans les années 2010, nous tenterons d'initié une réflexion sur l'apport des sciences de l'éducation. Quelles sont les propositions de la communauté de travail une fois l'analyse faite des critiques des années 1970 et 2010 qui pourraient d'un point de vue des sciences de l'éducation? En quoi et dans quelles mesures les Sciences de l'Education peuvent contribuer à l'évolution du système.

Les sources d'archives des mouvements

Outre le témoignage de Muriel Testuz entendu le 22 octobre dans le cadre du cours Les institutions d'éducation spéciale: entre archives, mémoire et histoire https://chamilo.unige.ch/home/courses/CR752222/?id_session=0, un certain nombre d'archives des années 1970 permettent d'entrer dans cette époque pendant laquelle est née une contestation de la prison. Une recherche plus ample serait nécessaire (notamment auprès des acteur/trice/s) de l'époque), mais déjà quelques documents ont pu être repérer. Il s'agit de la collection (incomplète) du bulletin du Groupe action prison, "Le Passe-muraille, les témoignages retranscrits intégré dans l'ouvrage Guide touristique des plus belles prisons romandes, 1977), le rapport Rouiller, iconographie, films, littérature (témoignage), les quotidiens, les revues, les témoignages oraux, les statistiques officielles fédérales (exemple: statistiques fédérales sur la délinquance), etc. Pour aujourd'hui, le bulletin https://chamilo.unige.ch/home/main/document/document.php?cidReq=CR752222&id_session=0&gidReq=0&id=225

Les groupes information prison en France et le groupe action prison en Suisse romande

Le GIP, est un groupe d’intervention qui revendique les faits qu’ils qualifient d’intolérables se passant en prison et ce en donnant la parole aux principaux intéressés, à savoir, les détenus. À travers des entretiens de prisonniers et diverses publications, le GIP met en exergue leurs conditions de vie: la promiscuité, l’insalubrité ou encore le manque de soins médicaux contraignent les détenus à vivre dans des conditions parfois inhumaines. Le GIP possède donc la mission de faire valoir la parole des détenus et de porter leur doléances en dénonçant publiquement les mauvais traitements, les mauvaises conditions de vie et l'absence de réel justice à l'intérieur du milieu pénitencier. Tout abus est dénoncé et mène à des luttes.


Les événements marquants à  ? et à

• 1971: Lancement d’une campagne pour l’abolition du casier judiciaire, mais parallèlement le gouvernement lance une politique de renforcement sécuritaire de la surveillance individuelle en prison. Ainsi les prisonniers se sentent non écoutés et ils se lancent dans diverses mutineries, revendiquant leurs droits notamment en raison des conditions de vie jugées intolérables.


• Septembre 1971: «drame de Clairvaux». Deux détenus prennent en otages une infirmière et un surveillant qui vont être tués suite à l’assaut des forces de l’ordre. Dès lors, le contrôle des détenus se renforce, certains surveillants utilisent cet événement pour demander une répression renforcée envers les prisonniers. S’en suit une alors diverses demandes notamment celle de la suppression des colis de Noël qui sera la source des révoltes futures (grèves de la faim, refus d’obéir, etc.).


• Décembre 1971 jusqu’en 1972, début de nombreuses mutineries ayant pour but l’amélioration des conditions de détention (Mutinerie de Nancy, de Tul). De nombreux sujets tels que l’amélioration de la nourriture, celle des conditions sanitaires ou encore de la dignité de l’homme sont au débat. Suite à ces éléments, le GIP modifie ses actions. Il se lance ainsi dans un soutien et un appel à la lutte en faveur des droits des prisonniers en se tournant du côté des anciens détenus et des familles de détenus. Le but est donc de donner la parole aux détenus par le biais de questionnaires et de récits. Les mutineries dénoncent les non droits des prisonniers : La prison est un lieu qui rompt avec tout contact avec la société. L’entassement, l’ennui et la sous-alimentation sont des fléaux qui la dominent le milieu carcérale et qui renvoient à une forme d’injustice ressentie par les prisonniers.

Les actions et revendications marquantes à ? et à?

GIP

  • 8 février 1971 : Création de la GIP (Groupement d'Information Prison. ce groupe se crée autour du philosophe Michel Foucault et des intellectuels de l'époque. L'objectif de la GIP "est d'informer, de faire sortir les prisons du silence, de donner la parole à ceux qui ne peuvent pas la prendre, de témoigner devant le monde de ceux qu'eux-mêmes appellent l'intolérable" (Histoire des prisons en France, 1789 - 2000, Editions Privat).

GAP

  • Début des années 1970 Les critiques s’élèvent contre le système pénitentiaire. En effet, de nombreux journalistes et détenus relatent les conditions de vie intolérables en prison. Plusieurs livres sur ces conditions commencent à être publiés. On commence à s'intéresser à ce que vivent les prisonniers.

En 19972, un prisonnier en Suisse Romande, Louis Gaillard mène une longue grève de la faim pour dénoncer le manque de prise en charge vivant la réintégration des détenus. Plusieurs mouvements de solidarité se forment alors dans les prisons suisses. Plusieurs journaux commencent également à publier des articles sur la détention et la prison. A Genève, le journal mensuel de contre information et de lutte "Tout va bien" publie des lettres de détenus, des articles de groupes de soutien et des articles sur les prisons Suisses. "Le groupe information sur les prisons" de Genève est actif à ce moment là et publie un périodique "Prison".

  • 1974-1975: Naissance du Groupe Action Prison (GAP)

Ce groupe ce crée à la suite d'un évènement tragique. Une jeune détenue de 18 ans, Patrick Moll est enfermé dans une prison pour adulte (Etablissements de la Plaine de l’Orbe). Le 30 juillet 1974, il tente de s'échapper et est abattu de balles dans le dos. Le GAP mène plusieurs manifestations, des groupes de soutiens aux familles de détenus, des permanences dans des bistrots... Les différentes revendications du GAP sont les suivantes: -Suppression de l'isolement - Des conditions HUMAINES de détention - D'avantage de dignité - Un statut de travailleurs - La possibilité de se créer une situation sociale

  • 1976-1979: Le GAP informe !

- Eté 1976 : première pétition nationale des prisonniers. - Juillet 1976 : lancement du périodique "le Passe-Muraille Journal des prisonniers" - Janvier 1977 : Un livre symbolique et plein d'informations est publié pas le GAP. Ce dernier s'intitule "La Suisse à l'ombre, Guide touristique des plus belles prisons romandes" élaboré par Roger Gaillard. - Septembre 1977 : lors d'une conférence de presse le GAP annonce le dépôt d'une pétition " Briser l’isolement » pour un véritable changement dans la détention préventive. Celle-ci est adressée aux Grands Conseils romands et du Tessin. Elle rassemble 7239 signatures de détenus. - 1979 : Avec l'aide d'un jeune avocat, le GAP publie un petit guide sur les droits de la personne arrêtée.

  • 1977-1978 Champ-Dollon

Cette prison, située hors agglomération, ouvre en 1977 et remplace celle de Sainte Antoine en vieille ville. Les détenus expriment alors leur crainte d'être transféré dans cette prison isolé et isolante. Un comité contre Champ-Dollon voit le jour est créée en collaboration avec le centre femme et le GAP. Les détenus supportent très mal ce nouveau lieu d'incarcération. De nombreux suicides s'accumulent au sein de cette prison-bunker". En juin 1979 la tension monte et une soixantaine de détenus se mutines et montent sur le toit de la tour de Champ-Dollon.

  • 1977 L’isolement carcéral et les quartiers de haute sécurité́ QHS

En juillet 1979 un détenu maintenu à l'isolement en régime strict se suicide. Le GAP publie alors un dossier sur les quartiers de haute sécurité.

  • 1980-1983 L'affaire Strüm - GAP

Walter Strüm est placé en cellule d'isolement fin novembre 1979 à la prison du Bois-Mermet. Il est soumis durant 36 jours au secret. Le comité d'isolement de Zurich et le GAP commencent alors une bataille.

  • 1981-1982 Morts sur ordonnance dans les prisons vaudoises

Six morts en prison en six mois surviennent en Vaud en 1981. Pour le GAP c'en est trop. Une manifestation est donc organisée rue de Lausanne pour dénoncer les conditions de détentions et la responsabilité des autorités dans ces décès. L'Etat réagit sans vraiment s'expliquer mais reconnait que la prévention du suicide en prison est très faible. Des fonds sont alors libérés pour renforcer la sécurité. En 1982, le GAP n'a as abandonné son enquête pour connaître les circonstances des 6 décès. Le journal "Tout-Va-Bien et l'Association vaudoise des médecins progressistes publient, avec le soutien du GAP, un document sur ces 6 décès et les conditions du drame.

  • 1986

Après des années de luttes, le GAP décide d'arrêter. Il estime avoir fait son travail et ne se sent plus aussi vaillant qu'il y a 10 ans.

La question de la santé en prison: la critique des années 70

A la suite de la lecture d’infoprisons, notre intérêt s’est particulièrement orienté sur le sujet de la santé en prison car il s’agit d’un sujet largement débattu durant ces dernières années. Nous avons décidé de nous intéresser à 2 thématiques étant en lien direct avec la santé, à savoir le rôle du médecin carcéral et la question des médicaments. Ces deux thématiques nous ont semblé être particulièrement intéressantes à investir car elles permettent de mettre en lumière des problématiques et particularités concernant la santé dans le milieu carcéral.

Concernant la méthodologie, nous avons décidé d’aborder ces thématiques de manière comparative dans le temps. En effet, nous allons recueillir diverses sources ( articles scientifiques, livres, entretiens, articles de journaux) dans les années 70-80 et plus récentes afin de pouvoir saisir l’évolution de ces thématiques.

Comme nous pouvons le lire à travers un des articles de la Tribune de Genève du vendredi 28 mars 2014 rapportant une rencontre avec Hans Wolf (nommé à la tête de la médecine pénitentiaire), ce dernier se définit comme un défenseur « d’une médecine indépendante de la justice, de la confidentialité et de l’équivalence des soins entre détenus et personnes libres ». Cette phrase relève bien les problématiques qui concernent nos deux thématiques.

Le rôle du médecin est déjà en soi un rôle complexe mais s'il se situe dans un contexte carcéral cela en accentue d’autant plus la complexité. En débutant dans les années 70 avec peu ou pas de médecin en prison, le rôle de ce dernier a passablement changé durant ces dernières années. Il est devenu plus réglementé, plus spécialisé. Ce qui semble ressortir davantage de nos jours est ce paradoxe avec lequel doit vivre le médecin pénitentiaire, de se comporter de la même manière dans ce milieu fermé qu’à l’extérieur, avec la population tout venant. Afin de respecter le droit et l’égalité de tous, les médecins pénitentiaires aspirent à délivrer les mêmes soins à tous et sont encadrés par des association telles que l’ASSM qui édite des directives pour encadrer leur profession, comme, par exemple, les directives médico-éthiques pour « l’exercice de la médecine auprès de personnes détenues. » (2002, mise à jour 2012, ASSM). Cependant, en arrière plan, cette médecine particulière semble difficilement se séparer de la justice qui se trouve en arrière-plan ainsi que du problème de la sécurité à assurer. Le médecin se sent une pression sur les épaules de devoir assurer son rôle auprès des deux pôles qui « s’opposent » : l’incarcéré et la justice.

C’est ce que nous allons essayer d’approfondir en investissant diverses sources et en débutant chronologiquement dans le temps.

- Le rôle du médecin: Un article des années 70 Questions sur la médecine pénitentiaire nous permet d’avoir une première idée de ce que représente le rôle du médecin en milieu carcéral dans ces années-là.

La médecine pénitentiaire est une médecine particulière, non de par sa pratique mais tout d’abord au travers du lieu dans lequel elle s’exerce, c’est-à-dire la prison. Le médecin pénitentiaire est un médecin particulier qui doit répondre autant à des exigences formelles (en effet, il doit passer un certificat ou diplôme particulier) que des exigences personnelles (il doit avoir certaines qualités, notamment d’écoute et d’empathie envers les personnes incarcérées).

Ce médecin a donc une vision particulière des « patients prisonniers » puisqu’il peut effectuer une comparaison constante avec les patients tous venant, de l’extérieur. Les prisonniers ont des caractéristiques propres qui finissent par devenir des signes distinctifs des patients « libres », comme par exemple certaines affections qui seraient récurrentes ou encore des signes visibles comme de nombreux tatouages sur la peau. Ces patients se trouvent en position d’infériorité en rapport à des patients tout venant. En effet, les prisonniers sont soignés gratuitement mais ont l’obligation d’être soigné. Ils le sont à la fois dans un espace clos mais toujours sous le regard de quelqu’un d’autre : surveillant, autre prisonnier…

Le médecin pénitentiaire est donc un médecin particulier qui endosse de nombreux rôles et est sujet à des paradoxes quant à sa manière d’agir. Il fait office de médecin conseil, d’hygiéniste, de médecin légiste (notamment car il est en relation constante avec la loi, il doit par exemple se charger de rédiger les rapports et doit donc compléter sa formation par une formation en médecine légale). Sa position au sein de la prison n’est pas quelque chose de facile notamment en ce qui concerne la question du pouvoir. Il est en effet sans cesse pris entre son patient et les autorités. Patients qui doivent lui obéir et autorité qui lui donne des ordres ou à qui il doit écrire pour prendre des décisions concernant les patients. Il s’agit donc là d’une lourde charge pour ces médecins. En effet, ils ont d’une certaine manière le sort des prisonniers dans leurs mains. Ils préféreraient parfois être « observateur extérieur » mais ils sont au final toujours pris à parti pour les sanctions… Un des rôles les plus importants de ces médecins, même si pas forcément considéré de manière formelle, est leur apport de reconnaissance aux prisonniers. En effet, dans l’univers carcéral les prisonniers ont tendance à ne plus vouloir parler et s’ils le font ce sont pour les seules fois ou l’autorité le leur exige… Ils se sentent dévalorisés et sans identité aucune. Avec le médecin pénitentiaire, ils peuvent parler plus librement. Ce dernier peut permettre aux détenus de se sentir unique dans le sens ou moins perdu au milieu d’une foule d’individu indifférencié.

Encore faut-il qu’un médecin se trouve dans la prison. Le Passe-muraille, journal des prisonniers n°9 de décembre 77, ( groupe Action prison), nous parle d’un dossier santé. Il dénonce les conditions sanitaires et expose plus particulièrement les situations médicales dans les prisons préventives de Neuchâtel et Genève. Comme nous pouvons le lire dans les premières pages, il n’y pas de poste officiel de médecin de prison à Neuchâtel et à la Chaux de fond. Par contre, le poste est déjà officiel à Genève. A Neuchâtel, les médecins se déplacent si le personnel de la prison le demande ( géôliers). A Genève, les incarcérés peuvent faire une demande en s’inscrivant sur une liste, sans intermédiaire. Il n y a qu’un médecin à Neuchâtel et par conséquent pas vraiment d’équipe de santé. Les géôliers s’occupent de dispenser les médicaments le reste du temps. A Genève, il y a une équipe de professionnels de la santé comme psychiatre, dentiste… Les géôliers ne peuvent pas distribuer les médicaments ; ce sont les infirmiers qui en sont chargés.

Nous pouvons déjà observer là de grandes différences entre deux cantons distincts de la Suisse… Comme à Neuchâtel il n’y a pas de poste officiel de médecin carcéral, il s’en suit évidemment que ces médecins n’ont pas de cahiers des charges contrairement à Genève.

Un autre problème souligné est celui de l’assurance maladie. En effet, dans certains cantons suisses, certaines assurances prévoient dans leurs statuts jusqu’à l’exclusion du droit aux prestations pour les détenus et se repose donc sur l’Etat pour le financement (passe-muraille n°77, p.10)


- Les médicaments:

La santé: état de la problématique aujourd'hui

Le suicide en prison :

Quelques chiffres

Actuellement, près de la moitié des décès observés dans les prisons françaises surviennent suite à des suicides et le taux de suicide est 4 à 7 fois plus parmi les personnes incarcérées que le reste de la population. Une étude française a montré que dans les prisons françaises, le taux de suicide a quintuplé en 50 ans alors qu’il a peu évolué dans le même temps pour la population générale. En effet, le niveau de suicide en prison a beaucoup augmenté entre 1945 et 2010: il est passé de 4 à 19 pour 10'000 personnes. Cette évolution est marquée par des fluctuations plus ou moins importantes.

Les causes:

La principale cause de suicide est lié à la surpopulation carcérale. Ensuite viennent l’état préoccupant de la santé mentale en prison. Des recherches ont, par ailleurs, mis en avant plusieurs facteurs individuels qui sont des facteurs du passage à l'acte. Par exemple: le sexe, le statut marital, la nature de l'infraction, la durée de la peine, la présence de précédentes tentatives de suicide, les troubles psychiatriques, l'alcoolisme... Il y a également certaines périodes de détention qui semblent plus « suicidogènes » :

  • Les premiers jours de détention où la personne souffre du choc carcéral.
  • Les périodes de fête où les suicides sont 7 fois plus nombreux que le reste de l’année.
  • Les périodes précédents le jugement.

Quelles solutions?:

En France, le premier programme d'action pour la prévention du suicide en prison a été mis en place en 1995. Le problème de suicide en prison, dépasse largement la question de l’efficacité d’une prévention face au suicide. En effet, ce problème est intrinsèquement liés aux conditions de vie en prison. Il serait important de se concentrer sur les causes probables de ces nombreux suicides soit : Une lutte contre la surpopulation carcérale, une lutte contre le phénomène d’infantilisation de la personne détenue, l’accès à un plus grand nombre d’activités, l’amélioration du maintien des liens familiaux… Toutes ces luttes sont indispensables à une lutte contre le suicide en prison.

Ainsi, une politique de lutte contre le suicide en milieu carcérale doit non pas consister à contraindre le prisonnier à ne pas mourir mais bel et bien lui rendre sa dimension de sujet et d’acteur de sa vie.

Le problème concernant aussi le personnel pénitancier. En effet, en octobre 2012, un surveillant s’est suicidé de son mirador. Il y a donc une vraie problématique du suicide dans le milieu carcéral, tant au niveau des détenus que du personnel.

<ref>Dossier d'animation. 20 èmes journées nationales prison du 25 au 20 novembre 2013: La santé à l'épreuve de la prison. (2013). Groupe National de Concertation Prison.</ref>


Maladies mentales en prison


  • Pourquoi tant de malades mentaux en prison en France ?

→ Les conditions d’incarcération. En effet, certaines personnes, peut être déjà fragile antérieurement à l’incarcération, ne peuvent pas supporter les conditions de vie quotidienne en prison : Surpopulation, violences, rackets… <ref>Dossier d'animation. 20 èmes journées nationales prison du 25 au 20 novembre 2013: La santé à l'épreuve de la prison. (2013). Groupe National de Concertation Prison.</ref>


Les personnes âgées en prison :

Dans la plupart des pays industrialisés, la proportion de personnes détenues âgées augmente, à tel point qu’en 2030, il est prévu aux USA qu’il y a une personne sur trois qui aura plus de 55 ans. Malgré cela, il n’y a qu’une minorité de pays qui a opté pour l’adaptation des conditions de détention des personnes âgées en fonction de leurs conditions physiques et psychiques. Les freins à un développement de cette tendance sont :

  • Investissement mobilier et immobilier trop important.
  • Une inadaptation de la prise en charge des personnes âgées.
  • Un manque de personnel formés à la gestion des personnes âgées en milieu carcéral

<ref>Dossier d'animation. 20 èmes journées nationales prison du 25 au 20 novembre 2013: La santé à l'épreuve de la prison. (2013). Groupe National de Concertation Prison.</ref>

Les mineurs en prison: la position du GIP et du GAP

Dans un ouvrage intitulé La Suisse à l'ombre : guide touristique des plus belles prisons romandes (1977). Dans cette œuvre, les auteurs expliquent le traitement des mineurs dans les prisons, notamment à La Clairière ainsi que le fonctionnement des prisons en fonction des peines décidées. Les rédacteurs nous rapportent également des interviews menées à l'époque auprès d'ex-détenus et d'éducateurs dans le but de nous éclairer sur ce système pour mineurs.

Position du GIP

Dans le livre de Artières, P. (2013) qui reprend les cinq brochures du GIP, il y est fait peu mention de la question des mineurs.

Au niveau chronologique tout d'abord:

  • 5 février 1970: fermeture de la prison de mineurs de Rambouillet.
  • 24 juin 1971: la police expulse les jeunes du foyer des Epinettes. Ceux-ci et certains éducateurs prennent alors contact avec le GIP, estimant que l'éducation surveillée est passible des mêmes critiques que les prisons.
  • 5-13 décembre 1971: un mouvement de dévolte éclate à la centrale Ney de Toul contre le régime très dur imposé par le directeur Galiana: le 5, une première révolte éclate à 17h dans les quartiers des jeunes détenus; grève de travail, révolte, saccage des locaux. cultes suspendus, accès interdit aux aumôniers et à la psychiatre, maintien du directeur dans ses fonctions et nouvelle révolte durement réprimée. Le lendemain intervient le transfert des jeunes mutins de Toul vers Ecrouves.
  • 7 décembre 1971: René Pleven déclare à la télévision qu'il autorise les colis de Noël pour les détenues et les emprisonnés de moins de 18 ans.
  • 20 mai 1972: six jeunes détenus tentent de s'évader à Nîmes, en perçant un trou dans le plafond de leur cellule.
  • 24 mai 1972: dans le quartier no4 de la prison Saint-Michel de Toulouse réservé aux jeunes délinquants, un mouvement de révolte éclate dans la soirée.

La liste des suicides dans les prisons françaises en 1972 (connus du GIP, donc pas exhaustif). Sur les 32 personnes recensées, il y en a 10 dont on ne sait pas leur âge. Donc sur les 22, une personne est mineur, sept ont 20 ans ou moins, quatorze ont mois de 25 ans.

La question des mineur/e/s en prison aujourd'hui : régression ou progression?

Les bulletins Infoprisons abordent x fois la question.

Dans le No 9

"Evaluation de l'efficacité du nouveau droit pénal des mineurs" En effet, ces trois infos traitent de manière plus ou moins générale de la question des jeunes et de la délinquance. Le numéro 10 en particulier rend compte d'une baisse de la violence chez les jeunes ....

" Peu à peu les jeunes délaissent la violence" "Réinsertion d'adolescents en grande difficulté par la marche à pied" "En prison, Carlos couterait autant"

Article déjà écrit

il y a un article DEWIKI qui a été fait en 2005/6 sur la question de la délinquance, pour éviter qu'on fasse de la redite: Délinquance juvénile à Genève de 1900 à aujourd'hui

Quelques chiffres statistiques

Un raccourci très fréquent quant il s'agit de délinquance, qui plus est de délinquance des jeunes, et de confondre délinquance et sentiment d'insécurité. Ce sentiment, véhiculé ou exacerbé par des politiques ou par des organes de presse servent différentes fonctions. Pour les premiers. il peut servir à justifier des mesures de plus en plus sécuritaires, de se faire élire et donc servir l'intérêt propre de certaines personnes. Pour les seconds, il est sans doute question de chiffres d'affaire, d'attirer de nouveaux lecteurs par des titres ou des manchettes accrocheurs et vendeurs. Le sentiment d'insécurité reste quelque chose de flou et de non scientifique. Ce n'est pas parce que ce sentiment augmente dans la population que la délinquance croît inexorablement. Il suffit parfois de quelques "affaires" à grand retentissement, comme on en a eu, pour des adultes, en 2013 par exemple. De grandes affaires qui révèlent des dysfonctionnements peut-être d'un système plus global, de croyances qui voudraient que la sécurité soit totale et absolue.

Venons donc aux chiffres de cette délinquance, même si les chiffres peuvent être barbants, il peuvent servir d'indicateurs plus ou moins objectifs d'une situation. Ils renseignent sur une réalité et peuvent faire officie de témoins historiques. Deux sources principales pour nous aider à y voir plus clair: l'ouvrage de Guéniat, O. (2007) et le site de statistiques de la Confédération qui nous fournit des informations sur la délinquance des mineurs depuis 1946. Il existe un document publié par l'Office fédéral de la statistique qui porte un regard sur l'évolution de la délinquance des mineurs de 1946 à 2004. Même si les chiffres ne sont pas de toute dernière actualité ils ont l'avantage et le mérite de porter sur quasiment un demi siècle de chiffres et de statistiques, révélant des tendances que les auteurs ont harmonisés afin de pouvoir comparer les données entre elles. En effet, il serait faux de comparer telle année à telle autre année, car il est su que les systèmes de statistiques diffèrent entre certaines époques. que nous dit cette méta analyse?

  • Depuis 1934 il existe une hausse de la délinquance juvénile.
  • Par contre au niveau des condamnations pénales chez les adultes, il y a une baisse.
  • On peut conclure d'une part que la délinquance des mineurs ne conduit pas à une hausse chez les adultes. On peut dire que "La délinquance des adolescents semble être plutôt un phénomène épisodique lié à une période particulière du développement de l’individu."<ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, p.5</ref>
  • Le type d'infraction est considérée comme mineure.
  • Cela concerne principalement des garçons.
  • Au niveau des sanctions, "on observe que le «placement extra-familial» (maison d’éducation, famille d’accueil, détention), sanction relativement lourde, autrefois prédominante, a été progressivement abandonné au profit de mesures ambulatoires et, depuis le milieu des années 70, d’astreintes au travail."<ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004, op. cit., p.5</ref>
  • Le nombre de jeunes en situation difficile n'a pas augmenté.

Un point majeur sont à relever concernant ces données et ces constats. Malheureusement, c'est pour l'époque qui nous intéresse essentiellement, soit les années 1970, que certains chiffres font défauts. En effet, ces recueils dépendent aussi des lois et des différentes juridiction. En 1942 le code pénal suisse est entré en vigueur et avec lui, l'obligation d'indiquer les jugements pénaux au casier judiciaire. Par contre en 1974 l'obligation n'est plus de mise, il y a donc un vide entre 1974 et 1984, année depuis laquelle l'Office fédéral de la statistique travaille sur ce recueil de données. <ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, p.10</ref>

Un autre point important concerne le types de mesures ou punitions prises par les juges.

  • Au niveau des mesures éducatives: le placement en maison d'éducation qui a vu ses chiffres diminuer pour laisser place à l'assistance éducative.
  • Au niveau des punitions disciplinaires: les détentions qui étaient la punition la plus utilisée a largement diminué et ce depuis 1974 où a été mise en place l'astreinte au travail. La part de détentions a diminué de moitié entre 1954 et 2004. <ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, pp.20-21</ref>

Nous allons maintenant croiser ces chiffres avec ceux d'un autre Office, l'Office fédéral de la police cité par Guéniat (2007) qui amènent plusieurs constats <ref>Guéniat, O. (2007). La délinquance des jeunes. L'insécurité en question. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes. p..21-35</ref>:

  • De moins en moins de mineurs dénoncés à la police.
  • Une baisse de dénonciations de vols et de cambriolages.
  • Mais une augmentation de la violence.

Le point le plus important que nous pouvons dégager de ces chiffres est sans doute le nombre de détentions qui a chuté. Une raison explicitée par la rapport est l'arrivée dans les années 1970 de l'alternative de l'astreinte au travail. Y a-t-il eu d'autres éléments qui sont à la source de cette diminution" Des réponses sont à chercher notamment dans le livre de Heller (2012) ou dans L'antichambre de la taule par exemple.

Références bibliographiques

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