Impact du travail collaboratif sur la charge cognitive

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Humbert Jérôme - Volée Aegir

Impact du travail collaboratif sur la charge cognitive.

Introduction

Chaque tâche d’apprentissage ou de résolution de problème qu’un étudiant, un apprenant, un employé ou même un expert réalise demande une certaine charge cognitive. La charge cognitive, décrite par John Sweller et Fred Paas (2011), définit la capacité de stockage d’informations en mémoire dite de travail ainsi que l’intégration de nouvelles informations.

Mais qu’en est-il lorsque l’apprentissage ou la résolution de problème se fait de manière collaborative au sein d’un groupe de travail ? La charge cognitive demandée est-elle plus grande ou, au contraire, réduite ?

Développement

Pour débuter, il y a lieu de définir ce qu’est un groupe de travail. Un groupe de travail se compose de plusieurs personnes cherchant à réaliser une même tâche. Cela implique que chaque groupe est composé de personne ayant chacun sa propre manière de travailler, apprendre, comprendre, de s’exprimer et de collaborer.

Comme le montre les études (Pierre Dillenbourg, Michael J. Baker, Agnès Blaye, Claire O’Malley, 1995), les résultats montrant une meilleure efficience du travail collaboratif en rapport au travail individuel sont majoritaires sur les résultats montrant l’inverse. Il ne faut par contre pas traiter ces résultats négatifs uniquement comme des cas d’erreur. En effet, certains groupes ne vont pas réussir à être plus performants du fait des caractéristiques de ses membres. L’article cite, par exemple, que des personnes moins performantes deviennent progressivement passives en travaillant avec quelqu’un de très performant. Il est donc possible de remarquer qu’il y a des conditions qui font que le travail collaboratif est efficient ou non.

De ce fait, il est possible de remarquer que la charge cognitive demandée pour une tâche dépend directement de la cohésion et de la facilité que le groupe possède pour collaborer. En cas de conflit ou de mésentente sur le cheminement à emprunter par exemple, la charge cognitive demandée augmentera en ajoutant des aspects d’argumentation et de résolution de problème au sein du groupe. Dans un groupe où l’entente est de mise et une potentielle répartition des tâches (bien que celle-ci augmente la charge cognitive lors de son élaboration) est élaborée, la charge cognitive demandée sera plus aisément distribuée parmi les membres du groupe.

En plus des cas de conflits, il est à noter que le travail de groupe implique des interactions entre les membres ainsi que des prises de décisions. Celles-ci sont impactées par l’autorégulation de chacun de ces membres que ce soit en termes de différence de compétences ou de validité de jugement (Laurent Cosnefroy, 2010). Par rapport à la charge cognitive, cela peut avoir un impact négatif selon plusieurs critères. En effet, le fait de remettre en question le jugement ou les compétences de soi-même et des autres membres implique une hausse de la charge cognitive. A l’inverse, il est aussi possible qu’un membre ne se pose pas toutes ses questions et remises en question et dépende de la réponse des autres. On pourrait imaginer une personne très qualifiée proposer une solution et une autre, moins qualifiée sur le sujet, ne pas chercher à remettre en question la proposition de son collègue.

Un autre aspect à prendre en compte dépend de la tâche à réaliser. Comme l’explique A. Tricot (2017) en parlant « d’effet de mémoire de travail collectif », le travail collaboratif est plus efficace quand la tâche est compliquée que lorsque celle-ci est simple. Il faut donc définir une tâche suffisamment complexe pour quelle justifie le travail collaboratif au risque d’entraîner une charge cognitive trop conséquente pour ce que la tâche requiert réellement. Il est également plus aisé de répartir les tâches ou de sous-diviser une tâche en sous tâche ce qui permet de diminuer la charge cognitive par personne.

Résumé

En résumé, la charge cognitive sur un travail de groupe va dépendre de beaucoup de critères. Que ceux-ci soient de la composition du groupe lui-même et des différences entre ses membres, de la définition de la tâche, notamment de sa complexité, ou encore des interactions et de la collaboration entre les membres. Globalement, les études tendent à montrer que le travail de groupe est plus efficace que le travail individuel mais il n’est pas toujours possible d’atteindre ce résultat. Dans les cas où cela se passe bien, la charge cognitive est de fait répartie entre les membres.

Conclusion

Pour conclure, il est important de noter que lorsque les groupes arrivent à collaborer et interagir, la charge cognitive par personne est réduite grâce, par exemple, à une répartition des tâches pour autant que la tâche soit d’une complexité suffisante. De par la nature de chaque participant, il est possible que des conflits ou des biais liés à l’autorégulation de groupe interviennent et augmentent la charge cognitive requise par le groupe.

Bibliographie

  • Sweller, J., Ayres, P., & Kalyuga, S. (2011). Cognitive load theory. New York : Springer.
  • Tricot, A. (2017). Quels apports de la théorie de la charge cognitive à la différenciation pédagogique ? Quelques pistes concrètes proposer pour adapter les situations d'apprentissage. Conférence « Différenciation pédagogique : comment adapter l'enseignement pour la réussite de tous les élèves ? »
  •  Pierre Dillenbourg, Michael J. Baker, Agnès Blaye, Claire O’Malley. The evolution of research on collaborative learning. Spada, E. and Reiman, P. Learning in Humans and Machine: Towards an interdisciplinary learning science., Elsevier, Oxford, pp.189-211, 1995. ffhal-00190626f
  • Laurent Cosnefroy, « L'apprentissage autorégulé : perspectives en formation d'adultes », Savoirs 2010/2 (n° 23), p. 9-50. DOI 10.3917/savo.023.0009