Technologies, EIAHT, intelligence artificielle et apprentissage réflexif

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Guillaume Ismaïli – Volée Aegir

Résumé

Les progrès technologiques de ces dernières années nous mettent face à des situations paradoxales. Entre intelligence artificielle, EIAHT et l’apprentissage réflexif, de nombreuses questions se posent dans le domaine de la pédagogie.

Introduction

A l’aube de cette nouvelle ère de la 4éme révolution industrielle, les technologies sont de plus en plus présentes dans le monde qui nous entoure. Ces mêmes technologies étaient censées révolutionner notre manière d’enseigner et devenir des médiateurs bien plus puissants que ce que nous connaissions anciennement. Une désillusion nous amenant aujourd’hui à en tirer des leçons et nous interroger sur les activités réellement bénéfiques de leur utilisation en lien avec l’apprentissage. La crise sanitaire de l’an 2020 aura amené les enseignants autant que les apprenants à s’adapter au numérique et au digital plus rapidement que quiconque ne l’aurait espéré. Dans ce cadre, nous pouvons nous interroger sur l’utilité des outils existants aujourd’hui, sur leur conception et ainsi interroger la pertinence des EIAHT.

Technologies, traces et EIAH

Une utilisation efficace et efficiente des nouvelles technologies dans l’enseignement consisterait à faciliter le traitement cognitif des apprenants sans le surcharger et en réduisant les traitements inutiles, en contrôlant le traitement essentiel et en stimulant le traitement génératif selon Mayer (2010). A l’heure actuelle, les EIAH (Environnement informatique pour l’apprentissage humain) sont des outils qu’il faut savoir utiliser et nécessitant une attention particulière lors de leur phase de conception. C’est un processus d’ingénierie nécessitant un partage des praxies de chaque partie prenante. Dès lors, l’innovation rentre également en jeu afin de pouvoir utiliser efficacement les technologies éducatives et divers outils sont à notre disposition, on peut par exemple citer les traces. Les traces sont source de retour sur l’activité. Selon Georges. S et al. (2013), l’utilisation des traces peut se faire de manière méthodique, « la trace est devenue un objet d’étude à part entière avec la volonté de partager et de capitaliser sur leur représentation et exploitation. » Les traces peuvent être utiliser dans la phase de test afin d’évaluer l’interaction de l’apprenant avec l’EIAH. Cette même étude des traces permettant d’observer l’utilisation qui en est fait, on peut ensuite être amener à analyser l’appropriation, ce qui pourra finalement aboutir sur l’analyse de l’adaptation. Cela dit, l’étude des traces comptent un certain de nombre de problématique liées à leur utilisation comme un cout élevé d’un point de vue temps et finances.

IA, EIAHT et apprentissage réflexif

Depuis ces dernières années, l’intelligence artificielle ayant fait de grands progrès depuis sa création dans les années 80, elle présente ses avantages et ses inconvénients. Allant du scandale Cambridge analytica en passant par le Big data, nous pouvons quand même percevoir des points positifs. Cette technologie peut s’avérer utile d’un point de vue pédagogique par différents moyens au travers des EIAHT et des Learning analytics, les IA étant plutôt utilisées par les systèmes informatiwues pour savoir comment résoudre un problème et enseigner la résolution d’un problème (Georges, S. et al. 2013). Les technologies en viennent à pouvoir nous soutenir et parfois nous surpasser selon Georges, S et al. (2013) qui parlent de l’existence des systèmes miroirs ou des systèmes d’indications permettant, dans un cadre lié à l’apprentissage, de prendre note de l’activité d’un apprenant et faire des retours directs. On parle parfois aussi de tuteurs/coach intelligents. L’intérêt de ses dispositifs serait de pouvoir potentialiser l’apprentissage, dans une certaine mesure, au travers d’un meilleure connaissance et d’une analyse des capacités et travaux effectués par l’apprenant. En effet selon Rool et al. (2013, cité par Georges. S et al., 2013), les apprenants surestiment souvent leurs capacités. Si l’on se base sur une approche socio constructiviste de l’apprentissage humain donnant une place centrale aux activités réflexives comme le met en exergue, Georges. S et al. (2013), ces analyses peuvent amener les apprenants à prendre plus facilement du recul sur leurs travaux. L’analyse et l’amélioration des activités avec un regard extérieur leur permettrait alors de mieux comprendre certains de leurs comportements et d’avoir un retour plus ou moins précis sur le temps consacré à leurs apprentissages et des pistes d’améliorations en lien avec leurs capacités. Tout cela pourrait encourager l’apprenant à mettre en place des stratégies de volition et des stratégies métacognitives plus efficacement dans l’objectif de s’améliorer et adapter ses techniques d’autorégulation via les feedbacks. Dans un sens, par ce procédé, les apprenants peuvent devenir des médiateurs de leur apprentissage. D’autre part, il n’y aurait pas de conséquences concernant une passivité de la part des apprenants, cela dépendra de la façon dont les conseils sont prodigués et nous serions finalement dans un partenariat particulier entre l’homme et la machine (Georges. S et al., 2013). Mais, dans un autre sens, nous sommes face à une situation paradoxale. Pour avoir une réflexivité réelle, il faudrait que le contrôle et la régulation soit à la charge de l’apprenant non de l’outil (Georges. S et al., 2013). Pour finir, l’objectif n’est pas d’avoir la computation comme seule source d’aide et d’information mais cela représente maintenant un réel défi pour la conception des EIAH et EIAHT ces prochaines années.

Conclusion

Les traces représentent un moyen à la fois de comprendre l’interaction de l’utilisateur avec l’environnement étudié, mais aussi un moyen d’innover en apportant des solutions pour des types de traces spécifiques. Elles permettent de remettre en question les outils utilisés et de passer de la conception à la re-conception, repenser les modèles existants. Les EIAHT se positionnent comme des solutions potentielles pouvant, dans une certaine mesure, aider les apprenants à s’améliorer. En cette situation sanitaire particulière en l’an 2020, un intérêt pour les EIAHT est plausible et des études approfondies sur le sujet amèneraient à une possibilité pour les étudiants qui le souhaite de s’améliorer et d’avoir une vision sur leur efficacité dans le cas par exemple d’une formation hybride. Toute la complexité du sujet réside maintenant sur le bon niveau de conseil à prodiguer afin de favoriser un apprentissage réflexif si le paradoxe qu’il en incombe ne les rend pas inefficaces.

Bibliographie

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 18 décembre). Analyse de Traces : Objectifs de traçage [vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=aQMnhcq4HBM&feature=emb_title

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 15 décembre). Adaptation : Analyser l'appropriation pour analyser l'adaptation. [vidéo] Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=9soVe48UClo&feature=emb_title

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 14 décembre) Méthodes de conception : recherche orientée par la conception [vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=iiN3Axy5a9c&feature=emb_title

George, S., Michel C. & Ollagnier-Beldame, M. (2013) Usages réflexifs des traces dans les environnements informatiques pour l’apprentissage humain. In : Intellectica. Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive, n°59, 2013/1. De la trace à la connaissance à l’ère du Web. pp. 205-241.

Mayer, R. (2010), « Apprentissage et technologie », dans Dumont, H., D. Istance et F. Benavides (dir. pub.), Comment apprend-on ? : La recherche au service de la pratique, Éditions OCDE, Paris.