Psycholinguistique

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Bases psychopédagogiques des technologies éducatives
Module: Introduction aux théories psychologiques
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à améliorer débutant
2020/02/11
Sous-pages et productions:



Amélioré par Jennifer Pacheco R.


Définitions

La psycholinguistique est l'étude des processus cognitifs mis en œuvre dans le traitement et la production du langage. Fondée dans les années 1950, la psycholinguistique fait appel à de nombreuses disciplines, telles que les sciences du langage, la neurologie et la neurobiologie, la psychologie et les sciences cognitives.

La faculté de l'homme à communiquer nécessite de nombreux processus de pensée qui s'exécutent très rapidement, en l'espace de quelques dixièmes. Leur variété et leur complexité reposent sur des processus cognitifs, la plupart du temps inconscients et de ce fait difficilement définissables. Leur observation ne peut s'opérer qu'indirectement. Ainsi la connaissance en psycholinguistique est essentiellement empirique.

Le langage est un système de communication doté d'une sémantique, et le plus souvent d'une syntaxe (mais ce n'est pas systématique); il utilise des sons, des symboles qui permettent d'exprimer des sentiments, des pensées, des idées et des expériences. Chez l'homme, c'est la capacité observée d'exprimer une pensée et de communiquer au moyen d'un système de signes par un support extérieur ou non. Le langage permet de créer des phrases nouvelles et uniques grâce à sa structure. Le langage est construit par plusieurs composants qui peuvent être combinés afin de former des phrases. Ainsi, les mots sont combinés pour former des phrases, plusieurs phrases forment un récit. La structure du langage est basée sur certaines règles qu'il faut suivre pour former des phrases cohérentes. En effet, on ne peut pas dire « où le chat est », mais « où est le chat ».

Les principaux sujets de la psycholinguistique

Les principaux sujets dont traite la psycholinguistique sont :

  • L'acquisition du langage
  • La compréhension : comment comprend-on le langage (écrit, parlé) à travers des sons et des symboles ?
  • La production discursive : quels sont les processus nécessaires à la production du langage (processus mental et physique) ?

L'acquisition du langage

Nativistes contre empiristes

On considère que le développement du langage provient de processus d'apprentissage ordinaires, dans lesquels les enfants acquièrent les formes, les significations et les usages des mots et des énoncés à partir des données linguistiques. La méthode par laquelle nous développons les capacités langagières est universelle. Cependant, le débat principal consiste à savoir comment les règles de syntaxe sont acquises. Il existe deux approches principales au développement syntaxique, une approche empiriste selon laquelle les enfants apprennent toutes les règles syntaxiques à partir des données linguistiques, et une approche nativiste selon laquelle certains principes de syntaxe sont innés et transmis par le génome humain.

La théorie nativiste, proposée par Noam Chomsky suppose que le langage est un accomplissement humain unique. Chomsky dit que tous les enfants possèdent ce qu'il appelle un LAD "language acquisition device" (outil d'acquisition du langage). Théoriquement, le LAD est une aire du cerveau qui contient un ensemble de règles syntaxiques universelles pour tous les langages. Cet outil fournit aux enfants la capacité de construire de nouvelles phrases en utilisant le vocabulaire qu'ils ont appris. L'affirmation de Chomsky est basée sur le fait que les données linguistiques qui sont à disposition des enfants est insuffisant pour expliquer comment ces derniers apprennent le langage. Il affirme que les données linguistiques de l'environnement sont limitées et pleines d'erreurs. Par conséquent, les nativistes concluent qu'il est impossible pour les enfants d'apprendre l'information linguistique uniquement à partir de leur environnement. Cependant, parce que les enfants possèdent ce LAD, ils sont de fait capables d'apprendre le langage malgré l'information incomplète en provenance de l'environnement. Ce point de vue a dominé la théorie linguistique depuis plus de cinquante ans et reste très influente.

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La théorie empiriste suggère, en opposition à Chomsky, qu'il y a assez d'information dans les données linguistiques à disposition des enfants et par conséquent, qu'il n'y a pas besoin de faire l'hypothèse qu'un LAD inné existe. Plutôt qu'un LAD qui aurait évolué spécifiquement pour le langage, les empiristes croient que les processus cérébraux généraux sont suffisants pour l'acquisition du langage. Durant ces processus, il est nécessaire pour l'enfant d'être activement en interaction avec son environnement. Pour qu'un enfant apprenne un langage, le parent (ou toute personne qui s'en occupe) adopte une façon de communiquer appropriée, appelée "child directed speech", CDS (discours à l'attention de l'enfant). Le CDS est utilisé afin que les enfants reçoivent l'information linguistique nécessaire dont ils ont besoin pour leur langage. L'empirisme est une approche générale et est parfois associé à une approche interactionniste.

D'autres chercheurs adoptent une perspective interactionniste basée sur des théories socio-interactionnistes du développement du langage. Dans une telle approche, les enfants apprennent le langage dans un contexte interactif et de communication, en apprenant les formes nécessaires à l'accomplissement d'actes de communication significatifs. Ces théories mettent principalement l'accent sur les attitudes du parent et sur l'attention qu'ils portent à leurs enfants afin d'inculquer des habitudes de production du langage.

Une théorie empiriste plus ancienne, la théorie béhavioriste proposée par Skinner, suggérait que le langage est appris à travers le conditionnement opérant par imitation des stimuli et par renforcement des réponses correctes. Cette perspective n'a pas été largement acceptée à son époque, mais certains de ses aspects sont en train de connaître un second souffle actuellement. De nouvelles études montrent que cette approche peut être utilisée pour traiter les individus atteints d'autisme.

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Le développement du langage chez l'enfant

L'acquisition du langage est une étape importante du développement de l'enfant qui se déroule généralement entre les âges de un et trois ans. Même si l'apprentissage du langage débute en réalité bien avant cet âge et se poursuit au-delà de la petite enfance, c'est durant cette période que les transformations de la communication verbale orale sont les plus remarquables tant en compréhension qu'en production. L'acquisition du langage oral par l'enfant se déroule en parallèle avec le développement de nombreuses autres aptitudes cognitives et notamment de l'intelligence symbolique mais ces évolutions sont parfois dissociées. C'est par exemple le cas chez les enfants atteints du syndrome de Williams qui présentent un langage oral relativement bon alors que leurs performances intellectuelles sont inférieures à la normale.

Voici une carte conceptuelle et sa vidéographie correspondante créées par Audrey Berthon dans le cadre du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives résumant le développement du langage chez le jeune enfant:

Les étapes de l'acquisition du langage

  • Au cours du développement humain, le langage est précédé par des modes de communication non-verbaux (jeux d'imitations réciproques entre la mère et le bébé par exemple). En effet dès la naissance (c'est-à-dire à partir de quelques minutes après la naissance) le bébé détecte si les personnes qui l'entourent sont en train d'interagir avec lui ou non. Si c'est le cas, le bébé répond et est stimulé par cette interaction : il s'agit alors de communication préverbale. Par la suite, cette communication non verbale reste présente lors de la communication verbale : ainsi, on discute en se comprenant d'autant mieux qu'on se regarde l'un l'autre.
  • La possibilité de manipuler des signes linguistiques n'apparaît pas brusquement mais est préparée par un travail qui commence très tôt. Ainsi, l'accent de la langue maternelle se fait entendre dès les premiers babillages de l'enfant avant qu'il ne sache parler véritablement ni même prononcer un son ayant une quelconque signification.
  • L'acquisition du langage se fait par le biais des cinq sens : ouïe, vue, toucher, odorat, et goût, qui aident à la structuration du cerveau afin de reconnaître les stimuli extérieurs. Les études en psycholinguistique et sociolinguistique mettent en évidence que le sens le plus utilisé est d'abord l'ouïe, très développé chez le nouveau-né (et déjà utilisé par le fœtus qui distingue les intonations, les mélodies de la voix de sa mère) qui lui permet de réaliser une discrimination des sons du « mamanet » (le langage des mamans, appelé « motherise » ou « baby mother dance » chez les Anglo-saxons, consiste en un vocabulaire simplifié, un rythme plus lent, des répétitions fréquentes et une voix chantante plus aigüe), ce « langage bébé » lui facilitant l'apprentissage.

Les cris de l'enfant

Les crises du nouveau-né ne sont pas encore du langage, il ne s'agit que d'expressions de malaise ou de souffrance sans intention de signification ou de communication. Mais s'ils n'ont pas de sens pour le bébé, son entourage va leur en donner. Le bébé va établir un lien entre ses cris et la vue des adultes, il va les utiliser comme des signaux adressés à son entourage pour qu'il agisse sur lui.

Le babillage

Progressivement, l'enfant va reconnaître les personnes et établir un lien entre les paroles qu'elles prononcent et certains objets qu'elles désignent. L'interaction entre l'enfant et ces objets servira de repère de plus en plus défini.

Vers trois mois, l'enfant comprend des mots simples comme papa. Il est important de signaler ici que l'un des facteurs fondamentaux permettant le développement de la communication linguistique est la communication non-verbale (imitation, communication affective). Pour que l'enfant parle, il faut qu'il le désire, il faut qu'il soit stimulé.

Vers le quatrième mois on peut entendre les premiers gazouillis, ce qui correspond à un babillage plus complexe. Le bébé produit d'abord des sons de façon accidentelle, c'est en général un fort stimulant pour les adultes en train d'interagir avec le bébé, qui commentent les sons, les répètent, y réagissent. C'est donc l'interaction adulte-bébé elle-même qui est stimulée et donc le bébé est fortement incité à persévérer. Le bébé reproduira alors certains sons de façon constante et répétée.

Vers la fin de la première année, le babillage est plus clair et on constate la répétition intentionnelle de certaines sonorités, l'enfant a alors la possibilité de prononcer le premier mot.

Le premier mot

Il manifeste une intention de signification précise et correspond véritablement à l'accès au langage. Il n'y a pas de mot privilégié apparaissant plus systématiquement que d'autres (même si papa et maman sont les mots les plus fréquents) et l'âge d'apparition se situe entre neuf et douze mois.

Ce premier mot a plus de signification pour l'enfant qu'il n'en a pour l'adulte, c'est pourquoi on le qualifie de mot-phrase car il ne renvoie pas seulement à un objet, mais à une action ou une situation.

Exemple : « Maman » peut signifier « elle arrive », « cet objet lui appartient » ou « c'est sa voix que j'entends ».

L'enfant veut donc en dire plus qu'il ne peut en dire, l'intention de signification dépasse la capacité d'expression. Un mot a en général de multiples significations que l'entourage parvient à décoder en fonction des circonstances.

On peut donc considérer qu'il y a deux moments principaux dans l'acquisition du langage :

  • Dans un premier temps, la capacité d'articuler certains phonèmes indépendamment de leur signification ;
  • Dans un deuxième temps, la capacité de leur donner un sens relativement à la langue parlée par l'entourage.

Les sens utilisés pour signifier le mot ont beaucoup d'importance : Plus il y en a d'impliqués, plus grande sera la capacité de le définir.

Exemple : Voir une femme peut signifier « maman » tandis que voir et entendre une femme peut signifier « maman » pour une personne en particulier.

Percevoir et comprendre la parole

Les composants des mots

  • Le lexique: c'est l'ensemble de tous les mots qu'une personne connaît
  • Le phonème: c'est la plus petite partie d'un discours; si cette partie est changée, la signification du mot n'est plus la même. Elle concerne les sons.

Ex: phonème /v/ → vous; si on remplace le phonème /v/ par le phonème /t/, le mot n'est plus le même (tous). Les phonèmes ne sont pas les mêmes selon les langues.
Ex: en espagnol et en français, la plus grande partie de l'alphabet est la même. Pourtant, en français /r/ n'est pas un phonème (que l'on prononce le mot «mer » avec un /r/ roulé ou non, le mot garde la même signification), en espagnol /r/ est un phonème (le mot « pero » change de signification si on roule plus le /r/ « perro »; cela se voit à l'écrit, mais ce qui compte est l'oral).

  • Le morphème: c'est la plus petite unité porteuse de sens d'un discours.

Ex: tableau est constitué d'un seul morphème. Si l'on prenait chacune de ses syllabes séparément (ta-bleau), elles ne voudraient rien dire; au contraire, le mot télévision est composé de deux morphèmes (télé-vision).

Percevoir les mots

Effet de la restauration phonémique

Il nous est possible de comprendre un mot même si l'on n'a pas entendu une lettre (ex: on entend le mot législation, et au moment où le son « s » est prononcé, quelqu'un tousse. Pourtant, on saura que le mot entendu était législation, il est même possible qu'on ne remarque pas que le son « s » était étouffé. On reconstitue l'information manquante pour donner du sens.) En plus de cela, le sens que l'on attribue à un mot peut être influencé par le mot suivant.
Ex: « Il était temps de *anger... » (* signifie que le son a été masqué). Le verbe pourrait être ranger, manger, langer. Ce qui va faire que l'on comprend l'un ou l'autre de ces verbes, c'est que le mot suivant nous donne une information supplémentaire. Si après ce verbe la phrase continue par « le bébé », il est plus probable qu'il s'agisse du verbe langer que du verbe manger.
Notre perception est donc influencée par un processus top-down; notre connaissance change la signification que l'on donne au mot.

Segmentation du discours

Lorsque l'on parle, le flot de parole est continu, presque pas entrecoupé de pause. Pourtant, il nous est possible de découper ce flot en segments, formant des mots et permettant ainsi de donner du sens à un discours.
Au contraire, lorsqu'on ne connaît pas une langue, il nous est impossible de percevoir le découpage des mots; tout ce que l'on entend est un flot continu et incompréhensible. L'explication à ce phénomène est simple. En grandissant dans un certain pays, on apprend quels sons sont les plus souvent répétés, lesquels apparaissent uniquement au début ou à la fin des mots (p.ex.: en français, /fl/ ne se trouve jamais à la fin d'un mot, mais plutôt au début et /rt/ ne se trouvera jamais au début, mais plutôt vers la fin d'un mot).
En plus de cela, même si l'on comprend la langue, il existe différents accents, différentes manières de parler qui rendent la segmentation encore plus difficile.
Dans une étude réalisée sur le sujet, les participants qui attendaient dans une salle étaient enregistrés (sans le savoir) lorsqu'ils parlaient entre eux. Lors de l'expérience, ils entendaient un mot isolé de leur propre flot de parole. Ils n'arrivaient à identifier que la moitié des mots présentés. Et ce, bien que ce soit eux-mêmes qui les prononcent. Cela voudrait donc dire que la moitié des mots que nous prononçons est inintelligible quand ils sont pris à part, hors-contexte.

Comprendre les mots

Certains facteurs influent sur la compréhension des mots:

  • La fréquence des mots: dans une langue, certains mots apparaissent plus souvent que d'autres; plus les mots sont prononcés souvent, plus la réponse (et donc la compréhension) est rapide. (p.ex.: en français, le mot « maison » est plus souvent prononcé que « archéologie »). Cette meilleure compréhension orale semble en outre être transférée à la compréhension du langage écrit. Ainsi, les mots à haute fréquence (les plus souvent prononcés) sont lus plus rapidement que ceux à basse fréquence (rarement prononcés).
  • L'effet du contexte: le fait de comprendre un mot dans une phrase n'est pas seulement dû à la fréquence de ce mot, mais aussi à sa signification par rapport au reste de la phrase. On comprend plus facilement (et plus rapidement) une phrase qui contient des éléments logiques ou attendus.

P.ex.: « Les esquimaux ont évité l'ours polaire » est plus rapidement compris ou lu que « Les commerçants ont évité l'ours polaire ».

On comprend une phrase en:
- comprenant chaque mot individuellement,
- comprenant comment ces mots s'alignent pour former un sens.

  • L'ambiguïté lexicale: certains mots ont plusieurs sens, c'est ce qu'on appelle une ambigüité lexicale. Lorsqu'un mot ambigu apparaît dans une phrase, on se réfère au contexte pour décider quel sens attribuer au mot.

Ex: taupe peut signifier à la fois l'animal, mais aussi un espion. Si la phrase est « Le jardin était infesté de taupes », alors taupe fait référence à l'animal. Souvent, l'ambiguïté est si rapidement éclaircie grâce au contexte que l'on ne se rend pas compte du mécanisme.

  • L'amorçage sémantique: lorsqu'on présente, par exemple, le mot fourmi et ensuite le mot insecte, une personne répondra plus facilement au mot insecte que si le mot fourmi n'avait pas été présenté avant. L'amorçage sémantique peut donc indiquer dans quelle mesure deux mots ont une signification semblable dans l'esprit d'une personne.

Comprendre les phrases

Syntaxique et sémantique

La syntaxique est l'ensemble des règles servant à assembler des mots et former des phrases. La sémantique étudie le sens des énoncés.

Différentes zones du cerveau sont activées pour les traitements syntaxique et sémantique d'une phrase. Le cerveau ne s'active pas de la même façon pour les phrases « le chat ne cuisinera pas / le chat ne mangera pas » (dans ce cas, il y a une différence sémantique entre les phrases, dont une n'a pas de sens) et « le chat ne mangeront pas/ le chat ne mangera pas » (différence syntaxique).

La sémantique et la syntaxique interagissent pour déterminer la signification d'une phrase. Pour comprendre ce qu'une phrase signifie, on doit la séparer en segments.
Ex: La taupe aperçoit l'homme avec des jumelles.
On peut séparer cette phrase de deux façons:
L'espion aperçoit l'homme avec des jumelles.
-> l'espion porte des jumelles et voit l'homme grâce à elles
ou
->L'homme que voit l'espion a des jumelles.
Cette phrase a une ambigüité syntaxique: les mots sont les mêmes, mais il est possible d'attribuer deux sens. La plupart des gens préfèrent la première version (c'est l'espion qui a les lunettes). Ce choix se fait grâce à un mécanisme appelé le découpage (parsing). C'est ce découpage qui détermine le sens à donner à une phrase. Deux explications existent sur la façon dont les phrases sont découpées:


  • L'approche syntaxique du découpage

Cette solution se concentre sur la façon dont le découpage est déterminé par la syntaxe; on utilise la syntaxe pour inférer un sens à une phrase.
Ex: « Parce qu'il court toujours 1 km lui semble un courte distance. »
En commençant à lire, on se dit que la phrase parle de quelqu'un qui court 1 km; puis le reste de la phrase ne semble pas coller... On relit alors la phrase pour lui donner un autre sens (→ c'est parce qu'il court – donc qu'il est en bonne forme – que la distance d'1 km lui paraît petite). Cette phrase est un exemple de « garden-path sentence »; on fait une analogie entre notre raisonnement et le fait de descendre un sentier, puis une fois arrivé à un certain endroit, on se rend compte que ce n'est pas le bon chemin.
(pour corriger la phrase ou la rendre plus compréhensible, il faudrait ajouter une virgule, c'est ce manque de ponctuation qui crée la confusion)
L'approche syntaxique dit que si l'analyse d'une phrase n'est pas correcte du point de vue de la syntaxe, alors la sémantique est utilisée pour éclaircir les ambigüités.


  • L'approche interactionniste du découpage

Cette approche affirme que lorsqu'une personne lit une phrase, à la fois la syntaxe et la sémantique sont utilisées. On perçoit les informations sémantiques ET syntaxiques.
Au cours d'une expérience dans laquelle les mouvements des yeux des participants étaient mesurés, les participants entendaient la phrase « mettez la pomme sur la serviette dans la boîte »; cette phrase est ambigüe car la serviette peut soit déjà se trouver sous la pomme, soit dans la boîte.
Les participants fixaient alors la pomme puis la boîte dans laquelle se trouvait la serviette. Le contexte était essentiel pour bien comprendre la phrase. S'il y a une seule pomme et une boîte avec une serviette, on comprend la phrase comme: « mettez la pomme sur la serviette {qui est} dans la boîte ».
Il y avait également une deuxième situation dans laquelle il y avait deux pommes (une sur la serviette et une autre pas), les participants entendaient d'abord « mettez la pomme sur la serviette », leurs yeux fixaient la pomme sans serviette, puis la serviette, ils croyaient qu'il fallait mettre l'autre pomme sur la serviette-
Puis, en entendant « dans la boîte », leurs yeux se dirigeaient de la pomme sur la serviette jusqu'à la boîte, ils réalisaient qu'il fallait mettre la pomme qui était déjà sur la serviette, dans la boîte. C'est-à-dire: « mettez la pomme {qui est déjà} sur la serviette dans la boîte ».
On voit donc que le contexte influence notre façon de comprendre la phrase!

Comprendre un texte, des histoires

Pour plus d'information, consulter la page Compréhension de texte.

La compréhension d'un texte n'est pas fondamentalement différente de la compréhension du langage oral. Certains facteurs influencent cependant différemment la compréhension d'un texte écrit.

  • La cohérence: c'est-à-dire que l'information d'une partie du texte peut se relier à une autre partie. Elle est fondamentale à la compréhension d'un texte, d'une histoire. La cohérence se crée par inférence.
  • Inférence: processus par lequel le lecteur, en lisant, crée des informations pas explicitement données dans le texte. Ex: John clouait un tableau au mur. On sait qu'il utilise un marteau et des clous, même si cela n'est pas marqué.
  • Inférence anaphorique: elle connecte un objet/une personne à un objet/une personne dans une autre phrase. C'est le cas lorsqu'un pronom remplace un nom déjà cité.
    Ex: John clouait le tableau au mur. Il l'avait acheté depuis des mois. Le « il » reprend « John » pour éviter les répétitions.
  • Inférence instrumentale: c'est une inférence à propos des outils ou des méthodes. Cette inférence fonctionne de la même manière que l'inférence anaphorique.
  • Inférence causale: elle permet conclure que les événements décrits dans une phrase sont les conséquences d'événements passés et décrits quelques phrases plus tôt.
    Ex: John prit une aspirine. Son mal de tête s'estompa.
    La déduction que l'on fait est que son mal de tête est parti grâce à l'aspirine qu'il a avalée. Plus une connexion causale est faible (nous semble moins logique), plus on met de temps à inférer des informations, à voir ce lien de causalité.

La production du langage

La production de la parole est le processus par lequel les mots parlés sont sélectionnés pour être produits, par lequel la phonétique est formulée et par lequel, finalement, les mots sont articulés par le système moteur dans l'appareil phonatoire. La production de la parole peut être spontanée lorsque, par exemple, une personne crée les mots d'une conversation, peut être une réaction, lorsque une personne donne le nom d'un tableau ou prononce un mot écrit, ou peut encore être une imitation vocale lorsqu'une personne répète un discours.

La production de la parole n'est pas la même chose que la production du langage dans la mesure ou le langage peut également être produit manuellement (écriture).

Dans une conversation fluide ordinaire (en anglais), les gens prononcent à peu près quatre syllabes à chaque seconde, dix à douze phonèmes, et deux ou trois mots d'un vocabulaire qui contient entre 10 et 100 mots. Les erreurs dans la production de la parole se produisent environ une fois tous les 900 mots dans le discours spontané. Les mots qui sont fréquemment prononcés ou appris tôt dans la vie ou faciles à imaginer sont prononcés plus rapidement que ceux qui sont rarement utilisés, appris plus tard dans la vie ou abstraits.

La production de la parole peut être associée à des gestes des mains destinés à améliorer la compréhension de ce qui est dit.

Trois étapes

La production de la parole implique trois niveaux principaux de traitement:

  • Le premier niveau de traitement est la conceptualisation pendant laquelle l'intention de créer la parole fait le lien entre un concept choisi et un mot à exprimer. Ici, les messages préverbaux prévus sont formulés en spécifiant les concepts à exprimer verbalement. C'est un processus compétitif dans lequel un mot approprié est sélectionné parmi une cohorte de candidats.
  • La seconde étape est la formulation pendant laquelle la forme linguistique requise pour l'expression du mot est créée. Ce processus inclut des processus comme la génération d'une ossature syntaxique, et un encodage phonologique qui spécifie la forme phonétique de l'énoncé prévu. Au cours de cette étape une forme conceptuelle abstraite est choisie qui est la forme abstraite d'un mot dépourvu d'information sur les sons qui le composent (et, par conséquent, avant que le mot ne soit prononcé). Il contient de l'information concernant uniquement le sens et la relation de ce mot avec les autres dans la phrase.
  • La troisième étape est l'articulation qui implique de récupérer l'articulation particulière à un mot et la coordination motrice pour une phonation appropriée, ainsi que la coordination des poumons, de la glotte, du larynx, de la langue, des lèvres, de la mâchoire, et d'autres parties de l'appareil vocal.

Les facteurs de l’acquisition des langues

Selon Klein (1989 en Noyau, 2014) on peut identifier trois grands facteurs qui ont un impact sur le processus d’acquisition des langues :

La propension à apprendre

Voici les aspects qui contribuent à la dynamique de l’acquisition des langues :

  • L’intégration sociale de l’apprenant varie selon ses besoins dans la L1 (par exemple, dans son pays de naissance) et dans la L2 (notamment dans un pays étranger).
  • Les besoins de communication sont un grand moteur de l’acquisition puisqu’ils servent de « medium aux apprentissages d’autres domaines du savoir ».
  • Les attitudes de l’apprenant adulte dans le milieu social par rapport à la L2 : le désir de maitriser la langue, l’identification avec la culture, etc.
  • On parle des contraintes de l’acquisition d’une L2 comme matière en classe et du but de l’éducation. En classe, l’élève essaie de répondre aux exigences de l’enseignant plutôt que d’utiliser la L2 comme médium de construction de savoirs.

La capacité linguistique

Cette capacité implique deux éléments liés à la prédisposition à l’acquisition des langues :

  • L’aspect biologique comprenant les capacités cognitives, perceptives et articulatoires de l’apprenant. En général, ces capacités peuvent être développées différemment selon l’âge de la personne.
  • Les connaissances préalables linguistiques et extralinguistiques étant différentes chez l’adulte par rapport au jeune enfant qui possède moins d’expérience.

Les facteurs d’accès à la langue qui nourrissent l’acquisition

D’une part, ce facteur fait référence à l’exposition à la langue qualitativement et quantitativement soit d’une manière abondante, (par exemple, dans un pays étranger), soit d’une manière pauvre (avec les méthodes scolaires typiques). Cette exposition peut se trouver pertinente ou non aux besoins des apprenants. D’autre part, ce facteur est lié aux occasions que les élèves possèdent pour communiquer avec des autres personnes.

Comment le langage façonne notre manière de penser

Dans la psycholinguistique, il existe un domaine controversé appelé la relativité linguistique ou l’hypothèse de Sapir-Whorf. Cette hypothèse explique que la perception que nous avons du monde dépend du langage. Cela veut dire que, par exemple, les francophones pensent différemment des hispanophones car leurs langages sont différents.

Dans ce TED Talk, la scientifique cognitive Lera Boroditsky – une des principaux contributeurs à la théorie de la relativité linguistique – nous explique que cette discussion (si le langage façonne notre manière de penser) date de longtemps.

Dans cette conférence, Boroditsky non seulement souligne les différents effets des langages selon leur structure, mais elle en montre aussi la preuve à travers des exemples venant des recherches scientifiques et de la vie quotidienne.

L’aphasie

La psycholinguistique étude les troubles du langage comme l’aphasie, qui est la perte totale ou partiale du langage à cause d’une lésion cérébrale localisé spécialement dans l’hémisphère gauche (c’est-à-dire les attaques cérébrales). Les personnes atteintes de cette maladie ont des difficultés à retrouver des mots pour s’exprimer comme dans les cas suivants :

  • Le non-accès à un mot.
  • La transformation du mot : Par exemple, la personne veut dire « tabouret », mais à la fin elle prononce le mot « taboulé ».
  • Dans la structure d’une phrase (agrammatisme).
  • Phrases incomplets, etc.

Il y a différents types d’aphasies selon la localisation de la lésion dans le cerveau et jusqu’à maintenant il n’y a pas de médicament pour traiter ce trouble du langage, mais les logopédistes/orthophonistes (des spécialistes du langage) sont en charge d’aider les patients à améliorer leur situation à travers de la rééducation.

L’émission santé des HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève) « Pulsations TV » décrit plus en détail l’aphasie en exposant les cas de deux patientes.

Pour aller plus loin

Ci-dessous des cartes conceptuelles (avec leurs vidéos correspondantes) proposées par des étudiants du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives.

Droits d'auteur

Bibliographie

  1. Noyau, C. (2014).Psycholinguistique de l’acquisition des langues et didactique du bi-plurilinguisme. Disponible ici.

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