Enseignement de l'esprit critique à l'école

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Introduction

Les élèves de primaire sont fortement exposés aux diverses informations médiatiques, entre autres de par l’utilisation croissante des technologies de l’information et de la communication plus communément appelées « TIC ». Les informations partagées par ces technologies ne présentent pas forcément de code de déontologie afin de protéger le jeune public ; « les élèves ne sont plus face à une information sélectionnée et formatée pour eux, dont la pertinence et la crédibilité sont assurées par l’institution » (Pasquier, 2009, p.2). La capacité à trier et à analyser le flot d’informations qui nous entoure devient un apprentissage nécessaire pour s’adapter au contexte sociétaire d’aujourd’hui. Etant donné que l’école a comme objectif de former au mieux les futurs citoyens, elle se doit d’enseigner les compétences clés à la vie d’aujourd’hui et de demain. De ce fait, sensibiliser les élèves de manière plus approfondie à la réception des informations et à leur traitement semblerait faire sens et avoir une place importante à l’école.

Définition

Lorsque que l’on parle d’apprendre à traiter une information correctement, un terme revient régulièrement : l’esprit critique. L’esprit critique, ou la pensée critique, est souvent vu comme un rempart permettant de filtrer les informations afin de distinguer les bonnes des mauvaises. Sa définition exacte est toutefois complexe et varie selon les auteurs. On peut le définir par « un ensemble d’attitudes et d’habitudes liées au discernement, à la réflexion et la vigilance sur ses jugements et ceux des autres » (Attali, Bidar, Caroti & Coutouly, 2019, p.15). 4 Il s’agit là d’une démarche de remise en question, de doute et d’analyse d’arguments. Son apprentissage est complexe et ne se limite pas à quelques aspects subjectifs à maîtriser. Il s’agit plutôt d’une prise de conscience sur sa propre manière de penser, « avoir de l’esprit critique, c’est avant tout se méfier de soi-même, avoir conscience des limites inhérentes à notre pensée humaine » (Delouvée & Grauvit, 2019, p.13). Les recherches actuelles montrent qu'il est difficile de constituer une liste exhaustive de toutes les composantes de l’esprit critique. Beaucoup de chercheurs se sont penchés sur la question et estiment qu’il ne peut pas être définitivement obtenu. Le Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en France exprime d’ailleurs dans un communiqué pour les enseignants que « l’esprit critique n’est jamais un acquis, il est une exigence, toujours à actualiser (…) on ne peut jamais prétendre le posséder parfaitement et en tous domaines, mais on doit toujours chercher à l’accroître » (2016). C’est d’ailleurs sur la même longueur d’onde que Boisvert (1999) explique que la pensée critique est "une pensée parfaite" (p.25). Elle serait un idéal qu’il faudrait tenter d’atteindre même si la maîtrise totale de ses composantes se révèle être impossible.

Le lien avec l'éducation aux médias

au milieu du 20ème siècle que se fait ressentir le besoin d’un enseignement « vaccinatoire » du traitement de l’information afin de protéger la population face aux intentions de certains messages véhiculés par les médias (Corroy, 2016, p.19). Dès lors va se développer pendant cette période la discipline « éducation aux médias » qui a pour but d’encadrer l’apprentissage du traitement de l’information et donc de l'esprit critique.

La prescription face à la réalité

Depuis 2011, le plan d’étude roman a précisé ses attentes en matière de développement de l'esprit critique dans la rubrique "formation générale MITIC" (Médias, images et technologies de l'information et de la communication) (Domenjoz, 2020). Nous pouvons retrouver sous cette rubrique plusieurs prescriptions concernant notre sujet, telles que la « découverte des différents éléments entrant dans la composition d'un message médiatique (texte, image fixe, image en mouvement, animation interactive, son…) » (FG 11, cycle 1) ou encore la « Identification des intentions d'un message en tenant compte du contexte de communication » (FG 21, cycle 2). De plus, les commentaires généraux soulignent la nécessité de développer l’esprit critique dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté afin d’établir une prévention face à la culture médiatique et la culture TIC. Les prescriptions sont donc présentes.

Or ces prescriptions ne semblent pas forcément mises en application. L’enquête PISA 2018 fait ressortir plusieurs éléments significatifs au niveau des compétences MITIC en Suisse romande. Il a été demandé aux élèves s’ils ont reçu lors de leur scolarité divers enseignements à propos des différents pôles MITIC comme l'esprit critique. Les résultats dévoilent ainsi que beaucoup d’élèves n’ont pas eu l’occasion d’acquérir certaines compétences MITIC lors de leur scolarité : « une partie relativement importante des élèves interrogé-e-s n’a pas bénéficié des enseignements prescrits par le programme officiel. ». (Domenjoz, 2020). Par exemple, sur le thème « comment repérer si les informations sont subjectives ou biaisées », 59% des élèves affirment n’avoir jamais eu d’enseignement à ce sujet (Domenjoz, 2020).