« Constructionnisme » : différence entre les versions

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== Définition ==
== Définition ==
Le constructionnisme est une théorie d'enseignement-apprentissage constructiviste. Elle affirme que la construction de connaissances est plus efficace lorsqu'elle passe par la fabrication d'objets tangibles et partageables (Ackerman et al., 2009 : 56). Il s'agit donc d'une forme d'apprentissage par l'expérience, dans un contexte où l'apprenant est consciemment engagé dans une activité de construction, "qu'il s'agisse d'un château de sable sur la plage ou d'une théorie de l'univers". (Papert, 1991b). L'apprenant construit ainsi ses propres outils cognitifs, lui permettant d'interpréter le monde qui l'entoure par l'action. En raison de l'accent qu'il met sur l'apprentissage par la création - on pourrait dire l'apprentissage en tant que conception - le constructionnisme de Papert met en lumière la manière dont les idées des gens se forment et se transforment lorsqu'elles sont exprimées par différents médias, lorsqu'elles sont actualisées dans des contextes particuliers, lorsqu'elles sont élaborées par des esprits individuels. Par conséquent, il ne s'agit plus de déterminer quelles sont les lois générales du développement mais de se centrer sur la conversation des individus avec leurs propres représentations, artefacts, ou objets-pensées (Ackerman, 2004).
Le constructionnisme est une théorie d'enseignement-apprentissage constructiviste. Elle affirme que la construction de connaissances est plus efficace lorsqu'elle passe par la fabrication d'objets tangibles et partageables (Ackerman et al., 2009 : 56). Il s'agit donc d'une forme d'apprentissage par l'expérience, dans un contexte où l'apprenant est consciemment engagé dans une activité de construction, "qu'il s'agisse d'un château de sable sur la plage ou d'une théorie de l'univers". (Papert, 1991b). L'apprenant construit ainsi ses propres outils cognitifs, lui permettant d'interpréter le monde qui l'entoure par l'action. En raison de l'accent qu'il met sur l'apprentissage par la création - on pourrait dire l'apprentissage en tant que conception - le constructionnisme de Papert met en lumière la manière dont les idées des gens se forment et se transforment lorsqu'elles sont exprimées par différents médias, lorsqu'elles sont actualisées dans des contextes particuliers, lorsqu'elles sont élaborées par des esprits individuels. Par conséquent, il ne s'agit plus de déterminer quelles sont les lois générales du développement mais de se centrer sur la conversation des individus avec leurs propres représentations, artefacts, ou objets-pensées (Ackerman, 2004). Les concepts centraux sont l'engagement conscient et l'entité publique. Le constructionnisme ne consiste pas seulement à apprendre en faisant, mais à s'engager de manière réflexive et sociale dans une tâche. Le processus de création et les artefacts produits doivent être socialement partagés.


Un exemple concret d'application du constructivisme est le [[micromonde]], un environnement d'apprentissage basé sur la technologie.
== Constructionnisme et (socio)constructivisme dans le contexte des environnements technologiques ==


== Constructionnisme, constructivisme et socioconstructivisme ==
De la définition qui précède, nous pouvons observer que le constructionnisme reprend l'idée du [[constructivisme]] que l’acquisition de connaissances se fait par le biais d’un processus de construction, tout en affirmant que cela fonctionne particulièrement bien lorsque l'apprenant est engagé dans la '''construction de quelque chose que les autres peuvent voir et utiliser.''' En outre, la plupart des conceptions (socio)constructivistes ont une composante constructionniste. [https://edutechwiki.unige.ch/en/User:Daniel_K._Schneider Schneider] estime que les environnements qui ne l'ont pas ne méritent pas le label "constructionnisme".


"Le constructionnisme - le mot N par opposition au mot V - partage la connotation du constructivisme selon laquelle l'apprentissage consiste à "construire des structures de connaissances" indépendamment des circonstances de l'apprentissage.
Il existe des exemples concrets d'application du constructionnisme dans le domaine des technologies, l'artefact numérique étant populaire dans ce courant. L'un d'eux est le [[micromonde]], un environnement d'apprentissage basé sur la technologie. Cependant, il y a aussi des environnements technologiques qui cherchent à intégrer cette composante constructionniste sans que cela ne soit réellement effectif. C'est le cas des LMS comme Moodle, qui cherchent à encourager la construction collaborative de connaissances - assimilable à un constructivisme moderne - ce qui s'avère difficile notamment parce que les apprenants n'ont pas systématiquement accès aux productions des autres. De la même manière, les wikis sont utilisés de manière extrêmement localisée et s'étendent rarement en dehors d'une classe, etc.
 
Le constructionnisme et le constructivisme ont en commun l’idée que l’acquisition de connaissances se fait par le biais d’un processus de construction caractérisé par des interactions, des activités individuelles et des interlocutions. Le constructionnisme s’intéresse plutôt au prisme individuel de l’apprentissage cognitif, tandis que le constructivisme adopte une approche plus collective de l’acquisition des capacités cognitives notamment au travers des interactions sociales. Le constructivisme est davantage fondé sur les réflexions et les progressions psychologiques produites par les relations sociales. Le constructionnisme quant à lui est davantage basé que le résultat de ces interactions et leur rôle dans la vie de l’individu. La perception de la réalité est donc  individuelle et propre à chacun mais pas vraiment fondée sur les mêmes critères. Le constructivisme se rapproche davantage d’une socialisation et d’une progression cognitive individuel. Le constructionnisme est moins conceptuel et s’appuie plutôt sur des déterminismes factuels comme les valeurs enseignées à un individus, les traditions et le langage qu’il pratique.
 
Le constructionnisme affirme que le [[constructivisme]] fonctionne particulièrement bien lorsque l'apprenant est engagé dans la construction de quelque chose que les autres peuvent voir :
 
''"Le constructionnisme partage la conception de l'apprentissage du [[constructivisme]] qui le considère comme une « construction de structures de connaissances » indépendante des circonstances de l'apprentissage. S'y ajoute l'idée que cela fonctionne particulièrement bien dans un contexte où l'élève est consciemment occupé à construire une entité publique, que ce soit un pâté de sable ou une théorie de l'univers...Si on refuse les modèles de transmission de connaissances  basés sur le séquençage en pipeline lorsque nous parlons de nous ou lorsque nous échafaudons des théories sur ce qui se passe dans les salles de classe, alors il faut s'attendre à ce que je ne puisse pas vous faire part de mon idée du constructionnisme. Agir ainsi reviendrait à le banaliser. Au lieu de cela, je dois me limiter à vous inciter à des expériences (y compris verbales) susceptibles de favoriser votre propre construction personnelle de quelque chose qui s'en rapproche. Ce n'est qu'ainsi que vous aurez quelque chose de suffisamment riche en tête pour que cela vaille la peine d'en parler."'' (Seymour Papert & Idit Harel, ''Situating Constructionism'' in C''onstructionism'', Ablex Publishing Corporation, 1991)
 
== Les bases selon Dougiamas ==
En étudiant le [[constructivisme]], il est apparu de façon évidente à Dougiamas que l'un des processus les plus importants pour développer sa connaissance était d'expliquer et d'explorer son idée avec des camarades apprenants. Il note qu'une grande part de ce développement se fait en participant à un dialogue, que ce soit dans une conversation ou lors d'une présentation en classe, et en écrivant des textes pour que d'autres y répondent. Il note également que la construction de sites internet et de programmes informatiques (Dougiamas, 1999) a un effet similaire.
 
Gergen (1995) explore l'utilisation de la métaphore du dialogue pour évaluer certaines pratiques éducationnelles. En particulier, il considère les connaissances comme des fragments de dialogues, ''des récits bien documentés'' à un moment donné d'une relation. Relation qui peut être celle entre apprenants, entre un apprenant et un enseignant, ou entre un apprenant et un environnement qu'il expérimente. Gergen décrit une conférence comme une conversation où, parce que le conférencier a déjà fixé le contenu, l'élève essaye de s'insérer en partie par le dialogue mais ne trouve aucun écho.
 
Steier (1995) analyse plus en détail le processus du dialogue. Il met en lumière la circularité des pensées réflexives dans la recherche sociale, et présente certaines situations de réflexivité entre les élèves (comme deux miroirs qui se font face) dans lesquelles ils s'influencent mutuellement. En avoir conscience peut permettre de cadrer plus efficacement le dialogue utilisé pour communiquer.
 
Ce texte seul est, pour votre propre apprentissage, un pauvre moyen de communication. Je me contente, en effet, d'assembler des mots sur le contructivisme, que vous lisez en utilisant votre propre cadre cognitif, développé via votre propre expérience, vos propres cadres de langage et de compréhension. Je traduis un certain nombre de textes, et je les utilise pour construire une compréhension de mon propre arrière-plan conceptuel ; je traduis ensuite mes nouvelles compréhensions en construisant mon propre texte, que vous déconstruisez et reconstruisez selon votre propre compréhension. Toutes ces traductions introduisent de l'inconnu et je ne peux pas savoir si j'arrive à vous atteindre. En tentant d'enseigner ainsi, je peux seulement espérer stimuler votre curiosité pour vous conduire à en lire plus sur ces sujets, à écrire dessus, à en parler avec d'autres et à les appliquer autant que possible dans vos propres situations.


==Bibliographie==
==Bibliographie==

Version du 25 août 2021 à 11:14

Remarque : constructionism (anglais, avec un seul n) se traduit en français par constructionnisme (avec deux n).

Définition

Le constructionnisme est une théorie d'enseignement-apprentissage constructiviste. Elle affirme que la construction de connaissances est plus efficace lorsqu'elle passe par la fabrication d'objets tangibles et partageables (Ackerman et al., 2009 : 56). Il s'agit donc d'une forme d'apprentissage par l'expérience, dans un contexte où l'apprenant est consciemment engagé dans une activité de construction, "qu'il s'agisse d'un château de sable sur la plage ou d'une théorie de l'univers". (Papert, 1991b). L'apprenant construit ainsi ses propres outils cognitifs, lui permettant d'interpréter le monde qui l'entoure par l'action. En raison de l'accent qu'il met sur l'apprentissage par la création - on pourrait dire l'apprentissage en tant que conception - le constructionnisme de Papert met en lumière la manière dont les idées des gens se forment et se transforment lorsqu'elles sont exprimées par différents médias, lorsqu'elles sont actualisées dans des contextes particuliers, lorsqu'elles sont élaborées par des esprits individuels. Par conséquent, il ne s'agit plus de déterminer quelles sont les lois générales du développement mais de se centrer sur la conversation des individus avec leurs propres représentations, artefacts, ou objets-pensées (Ackerman, 2004). Les concepts centraux sont l'engagement conscient et l'entité publique. Le constructionnisme ne consiste pas seulement à apprendre en faisant, mais à s'engager de manière réflexive et sociale dans une tâche. Le processus de création et les artefacts produits doivent être socialement partagés.

Constructionnisme et (socio)constructivisme dans le contexte des environnements technologiques

De la définition qui précède, nous pouvons observer que le constructionnisme reprend l'idée du constructivisme que l’acquisition de connaissances se fait par le biais d’un processus de construction, tout en affirmant que cela fonctionne particulièrement bien lorsque l'apprenant est engagé dans la construction de quelque chose que les autres peuvent voir et utiliser. En outre, la plupart des conceptions (socio)constructivistes ont une composante constructionniste. Schneider estime que les environnements qui ne l'ont pas ne méritent pas le label "constructionnisme".

Il existe des exemples concrets d'application du constructionnisme dans le domaine des technologies, l'artefact numérique étant populaire dans ce courant. L'un d'eux est le micromonde, un environnement d'apprentissage basé sur la technologie. Cependant, il y a aussi des environnements technologiques qui cherchent à intégrer cette composante constructionniste sans que cela ne soit réellement effectif. C'est le cas des LMS comme Moodle, qui cherchent à encourager la construction collaborative de connaissances - assimilable à un constructivisme moderne - ce qui s'avère difficile notamment parce que les apprenants n'ont pas systématiquement accès aux productions des autres. De la même manière, les wikis sont utilisés de manière extrêmement localisée et s'étendent rarement en dehors d'une classe, etc.

Bibliographie

Ackermann, Edith K. (2004). Constructing Knowledge And Transforming The world, A learning zone of one's own: Sharing representations and flow in collaborative learning environments [M. Tokoro and L.Steels (Eds.). Amsterdam, Berlin, Oxford, Tokyo, Washington, DC. IOS Press, 2004. Part 1. Chapt 2. pp. 15-37.

Ackermann Edith; David Gauntlett and Cecilia Weckstrom (2009). Defining Systematic Creativity, LEGO Learning Institute, Summary, PDF download

Dougiamas, M. (1998). A journey into Constructivism, https://www.researchgate.net/publication/200022404_A_journey_into_constructivism

Dougiamas, M. (1999). Moodle - a web application for building quality online courses. http://moodle.com/.

Dumora, B., & Boy, T. (2008). Les perspectives constructivistes et constructionnistes de l’identité (2e partie). Modèles constructivistes et constructionnistes et psychologie du conseil. L'orientation scolaire et professionnelle, (37/3), 365-386. https://journals.openedition.org/osp/1722

Gergen, K.J. (1995) Social Construction and the Educational Process. In L.P. Steffe & J.Gale (Eds) Constructivism in education (pp 17-39). Hillsdale, New Jersey: Lawrence Erlbaum.

Papert, S & Harel I. (1991) Preface, Situating Constructionism, in Harel & S. Papert (Eds), Constructionism, Research reports and essays, 1985-1990 (p. 1), Norwood NJ.

Steier, F. (1995) From Universing to Conversing: An Ecological Constructionist Approach to Learning and Multiple Description. In L.P. Steffe & J.Gale (Eds) Constructivism in education (pp 67-84). Hillsdale, New Jersey: Lawrence Erlbaum.