Concevoir un micromonde en tant que EIAH : un environnement parfait pour l’apprentissage ?

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Nicola Zanetti - Volée Baldur

Résumé

Parmi les différents types d’EIAH, le micromonde une grande potentialité pour l’apprentissage humain, puisque cela permet à l’étudiant un haut degré d’interactivité et de personnaliser son parcours d’apprentissage à travers la découverte. Cependant, sa complexité porte des limites techniques qu’il faut considérer pendant la conception de ce type d’EIAH.

Introduction

Tchounikine et Tricot (2011) donnent une définition de micromondes en citant (Mellet d’Huart et Michel 2006) : « Les micromondes, […] représentent un autre type d’EIAH, fondé sur l’idée de l’immersion de l’apprenant dans un monde virtuel. Ce type d’environnement permet notamment de créer des supports d’apprentissage disponibles et personnalisables, la réversibilité des actions, le rejeu et l’analyse a posteriori » (p. 186). Selon Mayer (2010), les micromondes sont l’un des « cinq environnements sophistiqués d’apprentissage assisté par ordinateur ayant fait l’objet de recherches ». On ne peut donc pas nier que les micromondes aient un grand potentiel pour le domaine de l’apprentissage et mérite d’être étudié plus en profondeur.

Est-ce que la conception d’un EIAH de ce type pourrait fournir un environnement d’apprentissage parfait pour l’étudiant ? Même si trouver une réponse définitive à cette question n’est pas l’objet de cet article, on peut proposer une réflexion qui met en lien ce thème avec trois capsules vidéo qui font partie d’un MOOC d’introduction à la recherche sur les EIAH issu de l’Association des Technologies de l’Information pour l’Éducation et la Formation (ATIEF). La première vidéo, présentée par Eric Sanchez, met l’accent sur l’importance de la conception d’un EIAH en tant qu’un processus collaboratif caractérisé par un partage de praxéologies résultant en un cycle où la recherche nourrit la conception et vice-versa. Le deuxième, présenté par Thibaut Caron parle des objectifs de traçage en mettant en évidence le fait qu’il faut rendre plus rapide l’analyse des traçages et pas a posteriori. Le dernier parle de l’appropriation et l’adaptation de l’EIAH à l’utilisateur, c’est-à-dire que ce dernier doit avoir la possibilité d’adapter la technologie à ses besoins et la technologie doit évoluer avec l’utilisateur. Seulement dans ce cas l’utilisateur peut s’approprier de la technologie.

Développement

La pluridisciplinarité des micromondes

Les micromondes sont un environnement très complexe et qui fait objet de nombreuses recherches, en plus la conception et le développement d’un EIAH de ce type a besoin d’une équipe hautement pluridisciplinaire pour sa réalisation. Pour cette raison, chercheurs, programmeurs, graphistes, ingénieurs pédagogiques, et beaucoup d’autres acteurs doivent collaborer et mettre ensemble leurs pratiques. Le contenu pédagogique et la façon d’enseigner dans cet outil doivent être pris de la recherche scientifique, les ingénieurs pédagogiques, qui font de point de contact entre la théorie et la pratique conseillent les développeurs qui vont finalement produire l’outil. Cela sera ensuite testé par les étudiants, qui sont les principaux utilisateurs, et ces derniers seront observés par les chercheurs pour déterminer l’efficacité de l’outil et chercher comment améliorer les résultats d’apprentissage. Dans ce cas le cycle recherche/conception est présent ainsi que le partage de praxéologies.

Le traçage dans les micromondes

Étant le micromonde un outil qui se base complètement sur les moyens informatiques, tracer les comportements et les actions des utilisateurs n’est pas difficile en soi. L’avantage de ce type d’EIAH est la possibilité de tracer toutes les actions faites par l’apprenant en tout moment, sans que l’apprenant puisse l’apercevoir. Cela permet donc d’effectuer aussi des analyses « tout de suite » comme souhaité par Thibaut Caron dans la capsule vidéo. Toutefois, comme le soutien George (2013) dans un environnement plus interactif qui donne beaucoup de liberté rend plus difficile le traçage car « les traces sont plus riches mais aussi plus complexes à gérer et analyser ». Il faut donc faire particulière attention sur comment il faut conduire le traçage dans un système ouvert comme les micromondes et savoir distinguer les données utiles de tout ce qui n’est pas utile savoir pour améliorer l’efficacité de l’outil en matière d’apprentissage.

Adaptabilité et appropriation

Si une forte interactivité rend difficile le traçage, cela est plutôt le contraire lorsqu'on parle de l’adaptabilité et l’appropriation de l’outil par l’utilisateur. Si on reprend la définition parue sur l’article de Tchounikine et Tricot les micromondes permettent de créer des supports d’apprentissage personnalisables, et cette qualité, unie avec une avec un haut degré d’interaction peut donner au micromonde des possibilités presque infinies. En plus dans un micromonde l’utilisateur a la possibilité d’explorer l’environnement avec beaucoup de liberté et en un certain sens les principes de segmentation et de perspective mixtes évoqués par Fiorella et Mayer (2018) dans leur article sur les vidéos, en autres mots les utilisateurs dans un micromonde peuvent procéder avec leur rythme et peuvent observer ou découvrir des tâches depuis perspectives différentes avec la plus-value qu’ils ont à disposition plus d’interactivité. Ces caractéristiques permettent à ce type d’EIAH de s’adapter très facilement aux besoins de l’utilisateur qui par conséquent il peut s’en approprier étant donné que le micromonde soit bien conçu.

Conclusion

Cet article a présenté trois points traités dans les capsules vidéo de l’ATIEF en les mettant en relation avec les micromondes. Étant le but de cet article de synthétiser ces concepts, il n’a pas été possible de croiser en profondeur tous les aspects des micromondes. Ces derniers ont certes la potentialité de porter des avantages énormes dans le domaine de l’enseignement et l’apprentissage. On a vu que l’interactivité et le degré d’appropriation par l’utilisateur sont des forts atouts en faveur de ce type d’EIAH. D’un point de vue de la recherche cela permet de récolter une quantité indéfinie de données pour étudier le comportement et les actions des utilisateurs en permettant la création de nouvelles connaissances. D’un point de vue de la conception, cela donne des possibilités presque infinies et peut s’adapter à tous les domaines d’apprentissage. Cependant les micromondes ont aussi des grandes limites. D’abord, bien qu’on puisse simuler des situations proches à la réalité, il y a des contraintes qui ne permettent pas d’étudier des sujets avec un niveau de complexité trop élevé sans faire des compromis. Ensuite, la conception d’un micromonde qui soit efficace et utile pour l’étudiant n’est pas une tâche facile et ça nécessite non seulement de rassembler une équipe pluridisciplinaire, mais aussi des temps de développement beaucoup plus longs. Ensuite, pour permettre que l’outil s’adapte aux besoins de l’utilisateur le traçage doit être efficace que, comme on l’a vu, n’est pas facile.

Bibliographie

  • Fiorella, L., et Mayer R. E. (2018). What works and doesn’t work with instructional video. Computers in Human Behavior, 89, 465-470. 10.1016/j.chb.2018.07.015
  • George, S., Michel, C. et Ollangier-Beldame M. (2013). Usages réflexifs des traces dans les environnements informatiques pour l’apprentissage humain. Intellectica, 59, 205-241. 10.3406/intel.2013.1091
  • Tchounikine, P. et Tricot, A. (2011). Environnements informatiques et apprentissages humains. In C. Garbay & D. Kayser (Éd.), Informatique et sciences cognitives (p. 153 186). Éditions de la Maison des sciences de l’homme. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.13926