Cognition: un processus situé, distribué et perceptif

De EduTech Wiki
Révision datée du 7 juillet 2006 à 11:23 par Cadillo (discussion | contributions) (*/La cognition distribuée – l’apprentissage et - le développement professionnel des enseignants/*)
Aller à la navigation Aller à la recherche

La cognition : un processus distribué et prescriptif

La cognition est ici abordée comme un processus distribué, dont les dimensions sont : physiques, mentales et aussi sociales.
Jermann, P (1996) nous informe que le courant de la cognition distribuée s'intéresse à la structure des connaissances (aux représentations) et à leur transformation.
Les approches de la cognition distribuée (angl. Distributed cognition) (Hutchins 1995) se démarquent des approches traditionnelles issues des sciences cognitives en ce que la cognition n'est plus réduite à un processus local de traitement de l'information, elle est envisagée au contraire comme mettant en cause des processus de coopération et de collaboration entre l'humain et son environnement physique et social.
Ce champ de recherche est apparu dans les années 80, sous l'éclairage conjoint des travaux de Vygotsky "Mind in Society" et de Minsky "La société de l'Esprit" ; le champ de « l'Intelligence Artificielle Distribuée » a connu un essor grandissant depuis cette date.
Les recherches sur la cognition distribuée supposent que les phénomènes cognitifs dépassent le traitement individuel de l’information pour intégrer les interactions entre individus (environnement humain et social) et les ressources matérielles y compris les technologies de l’information (environnement physique) (Hollan, Hutchins et Kirsh, 2002).
Une distribution temporelle est en outre considérée, selon laquelle les éléments issus d'événements antérieurs sont susceptibles d'influencer les événements ultérieurs.

La personne-plus

Adhérant au cadre de référence de la cognition distribuée, Perkins (1995) développe une série de concepts afin de rendre compte de la pensée et de l'apprentissage, comme étant des phénomènes impliquant étroitement l'individu et son milieu. Il résume sa position en deux points:

  1. Les environnements physiques et sociaux participent à la cognition en tant que véhicules de la pensée, et pas uniquement comme source d'information ou comme supports matériels des productions d'un individu.
  2. Les choses apprises ne résident pas que dans la tête d'un individu, mais elles influencent aussi sous la forme de modification de l'environnement.

Imaginons par exemple, un étudiant prenant ses notes de cours dans un cahier. Le cahier lui sert de brouillon pour la pensée pendant qu'il travaille la matière, ainsi que de support matériel des conclusions qu'il a tirées. La personne plus l'environnement, en l'occurrence son carnet de notes, forme un système cognitif que Perkins nomme la personne-plus (en angl. 'person-plus') en opposition à personne-solo, i.e. l'individu seul. Dans ce système, peu importe que la connaissance soit dans la tête de l'étudiant ou dans le carnet de note. Ce qui compte c'est l'accès aux connaissances par l'étudiant, et le fait que la personne-plus ait pu développer des connaissances, qu'une personne-solo n'aurait pas pu développer.
Perkins (1995) précise encore que l’étudiant peut être considéré comme l’égal d’un expert lorsque ce dernier est confronté à une tâche d’envergure. Car, l’expert n’agit pas seul : « c’est entouré de tous ses outils que l’individu-plus affronte la situation et résout le problème » (p.58)

La cognition distribuée – l’apprentissage et - le développement professionnel des enseignants

Dillenbourg et al. (2003) nous montrent à travers un exemple, l’application de la notion de cognition distribuée dans une communauté. A l’instar, ils nous rappellent de l’exemple de Orr (1991 cité en Dillenbourg et al., 2003). Ce dernier a observé comment les techniciens de photocopieuses transmettaient leur connaissance à la communauté. Dans ce contexte, ils racontaient de façon narrative et informelle, les problèmes qu’ils avaient résolus lors de leur activité professionnelle. La transmission de ces expériences individuelles permettait aux autres membres de la communauté de comprendre la profession et de développer des approches variées aux problèmes que chacun d’eux rencontrait dans leur travail quotidien.
A travers cet exemple, ces chercheurs nous montrent que le processus d’apprentissage au sein d’une communauté est un processus d’enculturation du groupe et que l’authenticité du contexte (social et matériel) influence le processus de collaboration et donc d’apprentissage (cognition distribuée).
Les recherches sur l’impact de différents systèmes de représentation sur la résolution de problèmes montrent que l’information imbriquée dans les artefacts manipulés (photocopieuses) est aussi importante que l’information représentée par l’agent humain (narrative et informelle) qui utilise ces artefacts et que ces derniers déterminent, en grande partie, les processus de résolution de problèmes. (Zang et Norman, 1994)
Ces chercheurs nous font comprendre que la cognition distribuée intègre l’apprentissage comme un processus d’entrée dans une communauté de pratiques, donc une culture professionnelle. A ce propos, Dillenbourg et al., (2003) avouent :