Analyse économique des dispositifs en ligne

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Resumé - Abstract

Résumé: FR: Cet article traite plus particulièrement des facteurs d'analyse des coûts des formation en ligne comparés aux formations en salle. Au-delà de l'illusion des économies d'échelles, quels sont les éléments concrets en lien avec l'analyse économique des dispositifs en ligne aujourd'hui. EN: This article specifically addresses factors of cost analysis Online training compared to classroom training. Beyond the illusion of economies of scale, what are the concrete elements related to the analysis economic arrangements online today.

mots clé : Analyse économique, coût, financement, investissement, dispositif en ligne, E-learning, économie d'échelle

Définition et enjeux

On a longtemps cru que les économies d'échelles générées par les formations en ligne, les rendaient définitivement plus rentable que les formations en salle. Aujourd'hui, l'implantation de ses dispositifs dans les organisations s'avèrent bien plus dispendieuse que projeté auparavant. Cet article va chercher à mettre en évidence les éléments principaux que relèvent la littérature et la recherche dans ce domaine aujourd'hui ( janvier 2010) Le but est de tenter par différentes lectures, de mettre en évidence les éléments et facteurs composant l'analyse économique des coûts de formations en ligne et des comparaisons possibles avec les formations en salle. L’analyse économique permet de mieux saisir la réelle complexité des investissements en formation, et permet aussi d’éviter de couper de manière linéaire dans les budgets. Il est évident que la comparaison entre e-learning et formation en salle doit pouvoir prendre en compte la mesure de l’efficacité pédagogique. Cet aspect, bien que fondamental, a été mis de coté pour des raisons liées aux dimensions de ce travail de semestre. L’analyse des coûts – efficacité comme le décrit Chomienne (1992) reste vraiment d’actualité et son analyse reste à mon avis un excellent repère sur cette question de la comparaison des coût de l’e-learning et des formations en salle. C’est la tension en évaluation quantitative et évaluation qualitative qui est aussi au cœur du débat de l’analyse des coûts du e-learning.

L’étude du rapport coût – efficacité sous –entend la comparaison formation traditionnelle et EAO. Est-ce réellement une alternative ? En toute logique, un responsable chargé d’organiser une formation peut s’interroger : la fera-t-il assurer par un cours traditionnel ou par EAO ? La question ne se pose, en fait, pas toujours en ces termes. Dans certains cas, seul tel mode d’enseignement, ou tel outil permet une bonne réalisation de l’objectif pédagogique. Il est certain que l’on ne transmet pas exactement le même message par des instruments différents. C’est alors qu’il s’agit de choisir la meilleure façon de réaliser les intentions didactiques prévues. » ( Chomienne, 1992, P.5)

L’évaluation complète d’un dispositif de formation intègre deux dimensions sous forme de coût et d’efficacité, ce qui donne les options suivantes comme résultat de la comparaison :

  1. Coûts identiques et meilleure efficacité
  2. Coûts plus bas et efficacité identique
  3. Coûts plus bas et meilleure efficacité
  4. Coûts identiques et moindre efficacité
  5. Coûts plus élevés et efficacité identique
  6. Coût plus bas et efficacité moindre.
  7. Coûts plus élevés et meilleure efficacité
  8. Coûts plus bas et moindre efficacité

Cet article se consacrera principalement à repérer les éléments des coûts pouvant être significatifs en terme de comparaison entre un dispositif en e-learning et un dispositif de formation face à face pour les employés d’une entreprise. Pour analyser une formation trois points de vue pourraient être considérés.

  • Point de vue d’un fournisseur de formation externe à l’organisation ( Prix et marge bénéficiaire)
  • Point de vue d’un employé dans l’entreprise ( Augmentation de Salaire)
  • Point de vue de l’entreprise elle-même ( Gains ou taux de rendement = productivité marginale supérieure au salaire versé)

Dans cet article nous nous limiterons au point de vue de l’entreprise qui désire concevoir une formation interne et hésite au fond entre le développement d’un e-learning ou la mise en place d’une formation en salle. Je commencerais par préciser la notion de coût d’une formation pour adulte en analyse économique. Pour simplifier la compréhension de notre enquête, nous chercherons à mettre en évidence les éléments ou les ingrédients constitutifs des coûts liés à la mise en place d’une formation interne à une entreprise. Notre étude devrait permettre à un concepteur de formation d’analyser le coût de la formation et de comparer des modalités de formation en salle, hybrides ou en ligne. Notre but n’est pas de conduire l’évaluation, mais de trouver dans les différentes lectures les facteurs utiles à l’analyse économique d’un tel dispositif.

Dépense d’investissement : le concept de coût et son analyse dans le domaine de la formation

Dans un premier temps, il est important de mettre en évidence ce qui constitue les éléments d’analyse des coûts en entreprise vu par un économiste. En économie, le coût réel est constitué du coût monétaire qui se subdivise en coûts récurrents et coûts d’investissements, ainsi qu’en coûts d’opportunités. Les coûts d’opportunités sont les coûts individuels et sociaux générés par la mobilisation de capitaux, de temps ou de moyens pour la formation qui génère un manque à gagner pour la personne, l’organisation ou la collectivité.


Coût Réel = Coût monétaire + Coût d’opportunité
Coût Monétaire
Ressources monétaires servant à l’acquisition de facteurs de production
Coût d’opportunité
Coûts découlant d’utilisations alternatives des ressources et correspondant aux revenus que produiraient ces ressources.
Coûts récurrents Coûts d’investissement Coûts individuels Coûts sociaux
Salaires  :

Personnel enseignant

Personnel administratif

Personnel techniques

Non – Salarial :

Loyers, Matériel scolaire non durable

Amortissement et charges financières…

Terrains

Construction

Equipements pédagogiques, scientifiques, administratifs durables.

Capital immobilisé…

Revenu du travail auquel le collaborateur renonce si il finance lui-même sa formation.

Manque à gagner …


Intérêt du capital

Location des locaux et des terrains.

Manque à gagner sur le plan social sous forme de baisse de rentrée d’impôt…

Coût total, coût moyen, coût marginal et économie d’échelle.

Pour rédiger le chapitre suivant, je me suis appuyé sur les écrits de Hanhart ( 2009, p. 37- 73), Baranzini (2009) et de Mankiw (1998, 343 -366)

Le coût total varie en fonction des quantités et équivaut à la somme des coûts fixes et des coûts variables. L’existence des coûts fixes permet de réaliser des économies d’échelles.

Le coût fixe moyen : Coût fixe par unité produite

Le coût variable moyen : Coût variable moyen par unité produite

Le coût total moyen est le coût par unité de produit, donc par apprenant dans le cadre de la formation.

Le coût marginal équivaut au coût additionnel de la dernière unité produite. Le coût marginal est un indicateur d’optimisation de la formation, car au moment ou le coût marginal égalise le coût moyen on atteint le seuil optimal et le prix le plus bas de production. Il est donc très utile d’observer l’évolution du coût marginal pour déterminer à quel moment les économies d’échelle disparaissent. C'est-à-dire le moment où l’augmentation du nombre d’apprenants conduit à une augmentation du prix par apprenant. Ce phénomène se produit en général quand il s’agit de faire appel à un enseignant supplémentaire et à l’ouverture d’une nouvelle classe. Le coût marginal d'une formation et sa comparaison avec le coût moyen impose un effort de compréhension supplémentaire, mais il permet de rappeler que c'est l'ajout d'un élève qui peut faire basculer un dispositif hors de son seuil de rentabilité.

Tableau de l'évolution du rapport coût marginal / coût moyen en lien avec le nombre d'unité produite

5 Pierre-Alain Luthi 5 mars 2010 à 11:08 (CET)


Figure : Rapport coût marginal - Coût moyen et influence de la quantité de production


L’existence des coûts fixes permet de réaliser des économies d’échelles. En effet, pour le même enseignant et la même salle de classe, il est possible d’augmenter le nombre d’élèves dans une certaine proportion. Cette augmentation peut jusqu’à un certain point augmenter la marge bénéficiaire de l’entreprise ou de l’institution par la division pure et simple des coûts fixes par la quantité de produits ( de personnes formées). L’augmentation du nombre d’élèves est aussi à mettre en balance avec d’éventuels désavantages liés aux économies d’échelles, par un impact sur l’environnement familial ou social des apprenants, une baisse de la qualité des apprentissages. En comparant l’évolution du coût marginal et du coût moyen on peut aussi déterminer la zone de profitabilité et surtout la zone de production qui permet une rentabilité de la production. Deux facteurs principaux influencent la courbe des coûts ; La technologie et les prix des facteurs de production. La recette marginale est le prix de vente du dernier produit et son rapport au coût marginal permet de définir la marge de bénéfice.

Tableau de l'évolution du rapport coût marginal / coût moyen et les déséconomies d’échelles



Les économies d’échelles : correspondent à la zone ou le profit augmente quand il y a augmentation de la production ou de la diffusion du produit, c'est-à-dire tant que le prix est supérieur au coût marginal, des économies d’échelles se manifestent par l’augmentation de la production. Dés que le coût marginal est supérieur au prix de prix de vente on voit apparaître les phénomènes inverses nommé les déséconomies d’échelles ( Mankiw, 1998, p. 361).


  • Les économies d’échelles sont favorisées par un coût fixe relativement important, par rapport au coût variable. En effet, la marge de manœuvre de l’entreprise en est augmentée ce qui explique d’ailleurs certains facteurs que nous retrouverons plus tard dans les coûts des formations en ligne par rapport aux formations en salle.
  • Un élément à ne pas oublier est bien sûr la capacité du marché à absorber au prix fixé le surplus de production.
  • Le seuil de rentabilité est le point de croisement entre le prix et le coût moyen.
  • L’augmentation de la profitabilité se situe dans la zone ou le coût marginal se situe en dessous du prix.

Les notions présentées dans ce chapitre sont utiles à bien faire le tour de la notion de coût et de son impact sur la comparaison de différentes formes de formation… Tant dans le sens de la production que de l’utilisation.


Le temps : C’est un facteur complémentaire qui peut être pris en compte, celui de l’horizon temporel à court, moyen et long terme qui influence aussi l’évolution du coût d’un produit. Le facteur temps implique deux notions supplémentaires qui sont l’évolution de la concurrence donc du prix, et l’obsolescence de la formation. Après avoir éclairé les notions utiles à comprendre les modèles d’analyse des coûts de la formation, nous pouvons approfondir notre thématique par l’apport de différents auteurs sur le sujet.

En entreprise la prise en compte de l’investissement en termes de coût brut et coût net et de taux de rendement interne.

Au sein d’une entreprise, au-delà de l’analyse des coûts en vue de la détermination du prix d’une formation tel qu’on le définit dans un centre de formation continue. On considérera la formation comme un investissement et on distinguera le coût net du coût brut par l’intégration des recettes possibles suite aux processus de formation.

Le passage des dépenses aux coûts de formation s’effectue par la définition d’une unité d’analyse ( par ex : coût par individu, par unité de production, par formation, par module ou autres). Ce résultat correspond au prix de revient d’une formation ou d’un élément de celle-ci. Le choix de l’unité d’analyse se fera en vue de simplifier le calcul du gain pour l’organisation.


On prendra en compte les possibilités de gains salariaux sur le plan individuel ou de gains en productivité pour l’entreprise. La différence entre les gains de productivité et le salaire versé La définition des coûts permet de préciser tant les facteurs constitutifs de ceux-ci, que l’évolution de la rentabilité d’un investissement dans le cadre d’une formation interne. Quand la formation est considérée comme un investissement cela permet de chercher à mettre en évidence un taux de rendement interne de la formation au sein de l’entreprise. L’analyse des coûts – avantages et donc rentabilité se déroule en trois étapes :

  • Recensement des coûts
  • Recensement et quantification des avantages
  • Actualisation des coûts
  • Détermination du taux de rendement

Il s’agit donc, dans le cas de l’analyse des coûts d’une formation interne, de prendre en compte ces différentes étapes qui sont axées non pas sur la définition d’un prix de vente, comme dans un centre de production de formation, mais bien sous forme d’investissement interne d’une organisation au travers de la mise en place d’une formation en ligne ou en salle par son service de formation interne.

Extraits de quelques recherches et évaluation du coût des formations à distance et les éléments constitutifs de ces coûts.

Nous décrirons ici les éléments importants tirés de chacune des ressources bibliographiques sélectionnées. J’ai ordonné la bibliographie étudiée dans un ordre chronologique, car il m’est apparu à la lecture une réelle évolution de la perception des coûts et des économies possibles en formation au travers du temps. On voit que durant les années 90, la croyance dans le fait que les nouvelles technologies allaient apporter un réel impact sur le plan économique en termes de diminution des coûts était de mise. Puis progressivement, j’ai pu découvrir à la lecture de ces documents, que cette perception a changé. Aujourd’hui elle semble loin d’être stabilisée. Les innovations dans le domaine des technologies de l’information soumettent les concepteurs à des difficultés majeures liées à l’obsolescence des produits et aux rythmes des innovations dans le domaine technologique.

Analyse coût – efficacité de l’enseignement assisté par ordinateur : le cas de la formation en cours d’emploi Chomienne Serge (1992)

Il est important de souligner que l’ouvrage de Chomienne se situe avant la diffusion des formations en e-learning. En 1992, Chomienne est principalement confronté à des enseignements assistés par ordinateur en salle. Malgré donc l’anachronisme dont souffre cet ouvrage, je l’ai conservé car il permet de porter un regard alternatif, sur les coûts de la formation en général. Le message des concepteurs de formation semble être toujours resté le même comme le dit Chomienne en 1992 :

«  La baisse de coût : l’introduction de matériels nouveaux supplémentaires peut laisser sous-entendre des surcoûts. Les défenseurs des nouvelles technologies informatiques annoncent, par contre, des possibilités certaines de baisse de coûts. La question est importante. Il s’agit essentiellement de voir dans quelle mesure cette pénétration de nouveaux outils permettra une baisse des « inputs ». (p.4)

Chomienne met en évidence cinq dimensions de l’analyse des coûts de l’EAO ( Enseignement assisté par ordinateur).

Technique : Conception – Informatisation – Transmission – Réception

Financière : Vérifier quelle part est payée par qui ? L’entreprise – l’individu – la collectivité

Comptable : Coûts récurrents et coûts d’investissement

Coûts estimatifs / Coûts estimés / Coûts réels : Chomienne ( 1992) souligne la difficulté à évaluer les coûts réels. Il trouve alors plus juste de parler de coûts estimés à postériori et de leur rapport aux coûts estimatifs. Je ne retiendrai pas cette démarche puisqu’elle s’organise autour d’un axe prenant en compte la période postérieure au dispositif.

Economique : Analyse de la structure des coûts, de leur évolution, coûts fixe et coût variable.

Chomienne souligne que l’enjeu se situe au niveau du rapport coût fixe et coût variable. Si les coûts variables sont proportionnellement plus importants que les coûts fixes, leur augmentation impacte de manière plus significative le coût total, en cas d’augmentation de la production. Si le coût fixe est plus important, le coût moyen baisse avec le nombre d’unités produites. Chomienne sélectionne le stagiaire comme unité produite en y ajoutant la dimension temps. Ce qui donne comme indice synthétique le coût horaire par stagiaire. Pour la comparaison il propose aussi de se baser sur le coût du stage pour un effectif donné.

La vraie distinction entre la formation en salle et la formation e-learning est clairement pour Chomienne l’examen à porter sur la part des coûts fixes et des coûts variables dans le coût total. L’enseignement en salle repose essentiellement sur la relation formateur / élèves et laisse donc une part importante aux coûts variables.


Afin de pouvoir faire une comparaison significative Chomienne propose de bien distinguer les coûts directs ( coûts monétaires) et coûts indirects ( coûts d’opportunité). Voici une adaptation de sa manière de conduire son analyse des coûts d’un dispositif d’enseignement assisté par ordinateur.


Analyse de la structure des coûts de l’EAO adapté de Chomienne (1992).
Coûts directs
Liés directement à la formation reçue
Coûts indirects
Evoluant en parallèle avec le cursus
Coûts du matériel Coûts de fonctionnement Salaires des formés Frais de déplacement
Coûts des micro- ordinateurs.

Coûts des didacticiels

Coûts annexes

Aménagement de la salle et amortissement du coût de l’ensemble

Imprimante

Serveur


Maintenance des machines.

Coût des supports

Charges diverses de fonctionnement.

Coûts en personnel.

La part de face à face et de préparation des cours, la diminution des temps de préparation peut permettre d’augmenter le temps de face à face donc permettre d’augmenter le nombre de participants.

Prendre en compte le salaire des personnes ressources et des concepteurs.

Salaires des formés durant la formation. Ce facteur est important car il oblige à prendre en compte l’impact de la durée de la formation sur son coût pour l’entreprise.


Pour les formés et les formateurs :

Frais aux kilomètres et frais d’hotel.

Quelles différences en termes de structures et d’évolution des coûts.

Une des distinctions fondamentales pour Chomienne est le peu de capital qu’exige la formation traditionnelle et à l’inverse l’importance des frais salariaux. Cela pose un problème aux entreprises dès qu’elles doivent former rapidement un grand nombre de collaborateurs, par le fait de devoir augmenter le nombre de formateurs rapidement, ce qui implique une évolution des coûts considérable. L’EAO génère principalement des dépenses en matériel, donc au premier abord une augmentation significative des coûts fixes. On pourrait penser donc que les coûts du matériel décroissent rapidement avec l’augmentation du nombre de participants, les fameuses économies d’échelles. Le problème se pose dès qu’il faut ouvrir de nouvelles salles informatiques, ce qui correspond à l’importance de prendre en compte le coût marginal. Cette évolution est alors irrégulière, on verra un effet de vague sur le coût marginal. Par exemple une salle informatique pouvant accueillir 25 personnes, la 26 ème impose l’ouverture d’une salle informatique supplémentaire, puis à la 50 ème on retrouve le coût marginal de la 25 ème. Donc le phénomène d’évolution des coûts est soumis à la même problématique que l’ouverture de salle supplémentaire avec des étudiants par exemple.

Pour les didacticiels engagés, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : Licence mono ou multiposte, disponibilité sur un serveur. Il faut rappeller que l’écrit de Chomienne est réalisé avant l’arrivée de l’internet qui, nous le verrons, bouleverse l’analyse des coûts. En effet, à l’époque ou Chomienne écrit, les micro-ordinateurs n’ont pas encore envahit notre environnement et donc on peut presque encore parler de formation en salle, pour les formations employant les dispositifs informatiques. L’intérêt de cet ouvrage est la réflexion sur l’impact des coûts fixes et variables.


Influence sur le coût du formateur le noyau d’évolution des coûts.

Le seul impact réellement pour, Chominenne, sur les coûts qui pourraient être envisagés par l’utilisation de l’enseignement assisté par ordinateur, c’est la possibilité de jouer sur les économies d’échelles en maintenant un niveau de frais fixes élevé. Encore faudrait t-il que la conception des formations soit réalisable à un prix abordable, et que le surcoût par étudiant supplémentaire soit limitée au maximum pour éviter l’augmentation du coût marginal. Pour Chomienne, l’enjeu est donc à coût de matériel et coûts indirects égaux, une vraie économie sur les coûts de fonctionnement. ( dans son cas on ne parle pas encore de formation en ligne, ce qui explique l’absence d’une diminution des frais de déplacements).

Le vrai enjeu pour Chomienne en 1992 est la possibilité pour le formateur de s’absenter en étant remplacé par l’ordinateur. Cet enjeu est représentatif du prochain pas technologique annoncé et que révèle l’image de page de garde de notre document, le remplacement du formateur par un robot. Les coûts de formation, c’est pour 70 % les coûts de salaire du formateur.


« La présence ou non du formateur manifeste des répercussions sur les coûts. A première vue, dans l’abstrait, des possibilités de substitution homme/machine existent ; elles apparaissent plus ou moins importantes et dépendent de facteurs divers ( qualité du didacticiel, niveau du public, autonomie dans l’apprentissage…). » (Chomienne, 1992, p.19)


Modification de l’activité du formateur : On passe d’un formateur classe, à un tuteur ressource pour un ensemble de classe, temps disponible pour préparer de futures formations, temps disponible pour former d’autres formateurs. Chomienne conclut en soulignant l’importance de déterminer quel est la finalité de l’implantation de la technologie dans la formation d’adultes. Est-ce qu’on l’introduit en vue de remplacer les formateurs ou comme complément en vue d’améliorer la formation ? La réponse à cette question indiquera aussi l’impact sur les coûts envisagés, car comme facteur d’amélioration de la formation l’apport technologique a toutes les chances d’augmenter les coûts de formation. Ce qui ressort c’est que l’on ne peut pas pour Chomienne substituer la formation en salle à la formation par EAO. L’analyse de la rentabilité pure pourrait se contenter au fond de la question du nombre de participants, à partir de combien d’heure/élèves parvient-on à un coût égal puis inférieur à une formation traditionnelle ?

L’approche par la rentabilité est trop réductrice souligne Chomienne, à moins de questionner la notion même de rentabilité, en lui incluant une dimension qualitative et non plus seulement quantitative.


Diminution du temps de formation qui impacte : Chomienne propose aussi de diminuer au maximum le temps de formation, ce qui impacte le temps de l’enseignant, la mobilisation du matériel, une diminution de l’absence sur le lieu de production, diminution possible des frais de déplacements, et possibilité de former un plus grand nombre de personnes.

Que coûte le e-learning Sandra Enlart ( 2001, p. 107 - 109)

Le plus important dans notre démarche est de mettre en évidence les moyens utilisés pour comparer les coûts d'une formation en ligne et ceux d'une formation en salle. C'est Sandra Enlart qui dans son ouvrage sur le e-learning ( Enlart, 2001, p. 107) expose avec clarté la distinction entre formation en ligne et formation en salle. Elle s'appuie sur une comparaison américaine de Horton entre deux formules de formation en ligne et en salle. (Horton, 2000)


Formation en Salle Formation sur le web
Coûts par cours
Durée du cours
8 heures
8 heures
Temps de développement
50 h. pour 1 h. de cours
200 h. pour 1 h. De cours
Coût de développement
50 dollars/h de dév.
100 dollars/h de dév.
Total conception
20 000 dollars
160 000 dollars
Coût par classe
Salaire du formateur
800 dollars
800 dollars
Déplacement du formateur
1500 dollars
0
Logistique ( facilities)
500 dollars
50 dollars
Sous-total par classe
2800 dollars
850 dollars
Taille de la classe
20 étudiants
20 étudiants
Nombre d'étudiants
200
200
Nombre de classe
10
10
Total des coûts par classe
28000 dollars
8500 dollars
Coût par étudiant
Déplacement des étudiants
1500 dollars
0
Salaire des étudiants
800 dollars
800 dollars
Salaire du formateur
25 dollars
50 dollars
Sous – total par étudiant
2325 dollars
850 dollars
Nombre d'étudiants
200
200
Coûts totaux étudiants
465 000
170 000
Coût totaux
513 000 dollars
338 500 dollars

Enlart souligne en 2001, que de manière générale, on constate que le e-learning est moins cher que la formation classique seulement à partir du moment où l'on rentre dans le calcul des frais de déplacement et de formation. Et malgré cette remarque Enlart précise qu'il faut veiller soigneusement à comparer poste à poste. En effet, quand on prend en compte dans ce tableau les frais de déplacement des étudiants, on voit que les chiffres retenus sont très élevés et mériteraient d'être pesés différemment suivant dans quelle entreprise ce calcul serait effectué. Ce qui pour Enlart fait vraiment la différence, c'est le nombre de stagiaires que l'on pourrait toucher par une formation en ligne sans devoir mobiliser à nouveau l'équipe de conception.

On voit d'ailleurs clairement que la conception est le poste où la formation en ligne présente un net déséquilibre en terme de coût. S’il n'est pas possible de toucher un nombre important de participants, la formation en ligne s'avère donc très onéreuse. Un des facteurs critiques dans le choix d'un dispositif en ligne par rapport à un dispositif en salle est bien le coût de son développement et le nombre de participants visé. On le verra d'ailleurs aussi dans le cas proposé par Droulez ( Droulez, 2004) voir ci-dessous, c'est bien le nombre important de participants qui semble permettre des gains importants en termes économiques.

Oui mais... tout dépend finalement du nombre de stagiaires que l'on pourra toucher et du temps sur lequel on peut amortir les temps de conception et de réalisation sans être obligé de tout revoir pour cause de charte graphique désuète, de « look » ringard ou de navigation trop complexe. Tout dépend aussi des modes et des temps de connexion que l'on aura inscrits dans le processus pédagogique. Et de la nécessité de maintenance des contenus. (Enlart, 2001, p. 108)

Enlart souligne aussi que des choix stratégiques peuvent être menés en termes de coût, pour Enlart deux thèses s'affrontent:

  • Une conception simplifiée et bon marché, mais soutenue par un e-tutorat conséquent
  • Une conception très poussée en vue d'économiser les coûts des formateurs par la suite.

Cette tension donc entre coût de conception ou coût d'accompagnement doit être prise en compte dans la comparaison d'offre de formation en ligne ou en salle.

Investissement ou amortissement le cas : Bouygues Télécom ( 2001)

L'évaluation des coûts des formations en ligne en vue de les comparer avec les formations en salle peut être réalisée dans deux domaines précis, qui sont la mise en place de telle formation dans le cadre d'une entreprise privée ou dans le cadre de la formation initiale scolaire ou professionnelle. L’exemple de Bouygues Télécom montre à nouveau que c’est souvent le nombre de formés qui est le facteur critique pour le choix d’un dispositif d’e-learning.

Gilles Droulez de Bouygues Télécom déclare dans un article au sujet des coûts de la formation en ligne:

«  Au niveau des coûts, " si l’on compare le coût individuel de formation en salle à celui du e-learning, on a réalisé 30% d’économie " confirme Gilles Droulez. Le calcul s’appuie sur la comparaison du coût du dispositif par rapport au nombre de personnes formées, et intègre les coûts d’infrastructure, la licence Thomson NETg, le développement de la prestation de Cross Institute et les ateliers d’information. Selon Gilles Droulez " le e-learning apporte une autre approche vis-à-vis de la question des coûts, elle oppose la logique d’investissement avec celle de l’amortissement. Quand on envoie un salarié en formation en salle quelques jours, l’entreprise investit x centaines d’euros, alors qu’en e-learning, plus l’entreprise achète de licences, plus elle forme et plus elle amortit, c’est une culture de l’amortissement ". Pour cette formation, Bouygues Telecom s’est appuyée sur la plate-forme Thomson NETg. L’achat d’une plate-forme est actuellement en discussion dans la mesure où 900 collaborateurs devraient être formés sur SAP. " Ce dispositif implique de créer des contenus métiers sur mesure, et permettre à l’ensemble des collaborateurs de se former en trois mois pour être opérationnel. C’est pourquoi le e-learning sera une modalité incontournable dans la mesure où il est difficile de répondre à ces impératifs avec des formations en salle ". » (Droulez, G. 2004)


Pour Gilles Droulez la question de l'investissement se transforme progressivement en amortissement dans le cas des formations en ligne, par le fait qu'elles sont réutilisables dans une certaine mesure et que la formation passe d'un statut purement immatériel à un statut matériel. En effet, le dispositif en ligne constitue un stock de programmes, de séquences de formations qui peuvent être réactivés lors de l'arrivée de nouveau collaborateur.

Campus numériques enjeux et perspectives pour la formation Averous, M. & Touzot, G. (2002)

Un autre exemple autour de la mise en place de formation à distance et du calcul des coûts d'une telle formation est extrait ici du rapport Averous et Touzot (Averous, M. et Touzot, G. 2002 p.32). La description des éléments liés au calcul du coût d'une formation à distance.

Les coûts de la FOAD dépendent principalement de quelques facteurs clés :

■ le nombre d’heures d’assistance pédagogique et de tutorat fournies à chaque apprenant, ainsi que le niveau des intervenants (enseignants ou doctorants) ; les normes en vigueur ne permettent de financer qu’un maximum de l’ordre d’une heure de tutorat par semaine et par apprenant à temps plein,

■ le nombre d’heures de travail de groupe à distance incluant un enseignant, analogue à un groupe de TP, ainsi que le nombre d’apprenants par groupe,

■ la qualité, le degré d’interactivité, la richesse de navigation des supports pédagogiques. Ceux-ci peuvent aller de simples polycopiés, existant éventuellement déjà, que l’on se contente d’adapter au contexte de la FOAD, jusqu’à de véritables scénarios multimédias incluant films, simulations, réalité virtuelle, jeux, destinés à lutter contre le caractère ennuyeux que peut revêtir le travail prolongé sur ordinateur.

Il est clair que l’exigence de qualité va croître, sous la pression de la concurrence internationale et de l’arrivée de nouvelles générations habituées aux jeux électroniques d’excellente qualité technique. L’expérience des cédéroms éducatifs et des jeux d’entreprise prouve que les outils pédagogiques d’excellente qualité ont une efficacité pédagogique remarquable lorsqu’ils sont associés à un tutorat,

■ le coût vrai – incluant tous les salaires et charges – de création du support pédagogique d’un cours de 40 heures de travail d’apprenant peut ainsi se situer entre 30 000 € et 120 000 €, selon le public et la qualité visés, et selon la discipline. On peut considérer que certains de ces coûts correspondent à des services additionnels proposés aux étudiants, qu’ils peuvent ou non demander et financer partiellement,

■ le taux de mutualisation (ou de réutilisation) des outils pédagogiques entre plusieurs campus numériques, entre pays, entre établissements. Ce taux est d’autant meilleur que les outils sont de bonne qualité, originaux, et qu’ils ont été conçus et validés par des enseignants nombreux et d’origines variées. En phase d’exploitation, la FOAD peut conduire à des coûts du même ordre que la formation traditionnelle, sauf si l’on opte pour un volume de tutorat important, ce qui représente un service additionnel par rapport à une formation traditionnelle.


OCDE la cyberformation dans l'enseignement supérieur, état des lieux. (2005)

Le rapport OCDE/CERI est principalement axé sur l'introduction, la conception et la réalisation de formation en ligne au sein des universités et dans lesquelles les financements sont pour une bonne part assurés par l'état. On ne trouve pas d'élément directement en lien avec la productivité, mais plus particulièrement des informations en lien avec les coûts de conception et de réalisation et leur comparaison avec les formations en salle. J'ai donc extrait ici pour l'utilité de ce travail les éléments en rapport avec l'aspect coût des formations en ligne.

C'est dans le chapitre nommé: Financement, coût et tarification page 221 – que je vais tirer les éléments qui constituent ce chapitre.

Durant la vogue du « dot.com », la promesse de pouvoir élaborer et dispenser des programmes à des coûts inférieurs ( à ceux de l'offre traditionnelle sur site) était l'un des avantages de la formation en ligne les plus fréquemment invoqués dans l'enseignement tertiaire et au-delà. Le raisonnement suivi était que l'informatisation croissante des processus d'élaboration et d'offre, la réduction des coûts marginaux et la suppression ou la diminution des frais de déplacement ou d'hébergement entraîneraient une baisse générale des coûts. L'éducation allait enfin pouvoir entrer dans l`ère industrielle, l'élaboration du matériel rationalisée, le nombre des enseignants à plein temps réduit, le taux d'encadrement augmenté.... La plupart des économies directes de déplacement/hébergement imaginées ont dû être écartées du calcul. La baisse des coûts d'élaboration et d'offre aussi a été remise en question par les coûts élevés du développement des applications informatiques et, dans de nombreux cas, par la demande pour un tutorat personnalisé à l'appui des activités réalisées à distance et en ligne. (OCDE, 2005, p. 221).

On voit donc que déjà en 2005, les résultats escomptés d'économie sur les frais de déplacement et autres frais annexes tombent à l'eau, par contre les frais de formation en terme d'élaboration de contenu et d'accompagnement à la formation prennent l'ascenseur. On pensait pouvoir appliquer à la formation les méthodes de production et de rationalisation industrielle (rationalisation du matériel, réduction du nombre d'enseignant). Le vrai intérêt qui ressort de ce type de formation est l'individualisation du suivi des formations.

Dans la recherche menée dans le cadre de l'OCDE, quatre réponses types peuvent être dégagées de l'ensemble des résultats.


  1. Expérience insuffisante pour tirer une évaluation en termes de coût.
  2. Grande expérience, mais aucun chiffre fiable sur le coût relatif.
  3. La cyberformation est nettement plus chère, mais elle génère des avantages en termes d'accès plus large, de qualité pédagogique etc.
  4. L'expérience démontre que les coûts initiaux sont plus élevés, par contre la réutilisation du matériel, c'est à dire l'aspect matériel de l'investissement et sa réutilisation possible, rend alors la formation en ligne bien moins coûteuse sur le long terme. (OCDE, 2005, p. 230)

Un autre élément intéressant dans cette étude est l'impact du choix des technologies. En effet, une université a vu sa rentabilité augmenter rapidement dès qu'elle a décidé d'arrêter de diffuser sa formation par sattelite, ce qui engendrait des coûts importants en terme de logistique.

En conclusion de cette étude, l'OCDE fait remarquer que la plupart des avis retournés au sujet des économies réalisées par les universités en faisant appel aux formations, ne se basaient sur des données chiffrées, mais plus sur une évaluation générale. Un élément ressort de cette étude c'est le fait que plusieurs universités considèrent que l'évaluation des formations en ligne devrait porter plus sur leur efficacité que sur des critères de type économique. Ce qui bien sûr nous renvoie à l'évaluation en général de la formation, ce qui n'est pas l'objet de notre travail qui se veut principalement centré sur l'analyse des facteurs économiques constitutifs des coûts dans le cadre des formations d’adultes.


Analyse économique de l’e-learning : quelques pistes pour le futur (2006)

François Orivel et Estelle Orivel se questionnent sur les coûts de l’e-learning en comparaison avec les formations traditionnelles dans trois domaines spécifiques que sont les universités, la formation continue et les entreprises. Pour la formation continue plus particulièrement les autres soulignent l’importance des coûts d’opportunités élevés. En effet, le fait de quitter son poste de travail implique pour l’entreprise un vrai manque à gagner qu’il est intéressant de voir diminuer par le déplacement de la formation du lieu de travail vers le domicile du collaborateur. Ce qui génère alors un vrai gain dans le domaine des coûts d’opportunités.


Les économies d’échelles : En 2006, elles restent bien sur le principal argument de mise en place de dispositif en ligne. En effet, le seul modèle universitaire qui a survécu en 2000, c’est le modèle des méga-universités ( 200 000 étudiants) qui offrent des formations de deuxième catégorie, dont les cursus sont souvent de moindre qualité. Toutes les autres démarches de formation à distance sur le plan universitaire ont été l’objet de monumentales faillites. (p.9) Dans le domaine des formations continues vu l’important développement que connaît ce secteur, il paraît beaucoup plus probable que des économies d’échelles peuvent être réalisées dans le domaine de la formation continue.


L’obsolescence : L’obsolescence des formations des matériaux, logiciels, ordinateurs et savoirs. Le phénomène d’obsolescence donne à l’impact des coûts fixes dans la conception des dispositifs à distance, une valeur inverse à celle attendue en théorie. En effet, l’idée des économies d’échelles est basée sur la rentabilisation à moyen terme de coûts fixes pour un coût variable réduit. Le fait de devoir rapidement changer et faire évoluer le matériel rend alors le coût des formations à distance ou du e-learning hors de prix.


Le modèle mixte ou hybride : Le modèle mixte est celui qui évolue le plus vite, il implique des formations en salle et à distance. Mais il génère des coûts dans tous les postes tant dans les bâtiments, que dans les outils de réception à domicile et qui en général sont payés par les collaborateurs.


La nécessité du tutoring et les coûts du formateur : L’expérimentation de l’e-learning a imposé progressivement la présence d’un tuteur en ligne qui suive individuellement les étudiants. Ces tuteurs compensent les difficultés rencontrées par les étudiants avec les dispositifs en ligne. C’est l’utilisabilité qui pose problème aux étudiants et au-delà du mirage technologique, les dispositifs e-learning rendent essentielle la présence d’un suivi individuel à distance. Ce qui implique comme le disent les auteurs, une augmentation des coûts de formation et surtout de l’importance des coûts variables :


«  On peut même dire que les échanges de courriels entre le tuteur et l’étudiant, loin d’entraîner des économies d’échelle par rapport à l’enseignement traditionnel, engendrent exactement l’effet inverse : on passe du principe de la classe à celui du précepteur individuel ( rappelons ici que l’invention même de la classe se justifiait grâce aux économies d’échelle déagagées par rapport à l’enseignement préceptoral). » (Orivel, E. Orivel, F. 2006, p.9)


Coûts cachés ou implicites : Les auteurs soulignent que souvent la création des ressources mises en ligne n’est pas comptabilisée à sa grandeur réelle. Car beaucoup de documents en ligne sont des ressources qui ont été crées dans d’autres occasions et dont le temps de réalisation n’est pas décompté dans les frais explicites du e-learning. Ces documents sont d’ailleurs souvent issus de formation en salle. Cette absence de comptabilisation des coûts cachés peut donner l’impression dans un premier temps que le coût marginal est faible. Souvent ces contenus basique mis en ligne ( voir dokeos à l’unige) sont tenus pour sans valeur par les spécialistes de la conception des formations e-learning. Pourtant la réalité met en évidence que la majorité des documents que l’on trouve dans les espaces e-learning sont de cette nature. De plus des coûts sont cachés par l’engagement, sur leur temps libre, de passionnés d’informatique qui assument une part des frais de conception par enthousiasme professionnel. Cela rend donc plus difficile la comparaison entre e-learning et formation en salle et peut créer des mirages de rentabilité.


Transfert des coûts d’opportunités : Dans le cadre de la formation continue, les entreprises tentent de tranférer certain coût vers le domicile des employés. Ce sont les coûts allégés par la diminution de l’absence du poste de travail et le fait de ne pas devoir financer les frais de réception de la formation.


Les coûts de réception et l’analyse des coûts des formations en e-learning :

En se basant entre autre sur le modèle de l’économiste Rumble (2004), qui s’est spécialisé particulièrement dans ce domaine.

Dans ce modèle d’analyse, cinq composantes prises en compte sont:


  1. La conception
  2. L’administration
  3. La production des supports
  4. La distribution composée du tutorat, le suivi administratif, la fourniture de matériel (serveur)
  5. La réception

La réception est comme oubliée dans les facteurs de coût en général, pourtant le fait de pouvoir faire assumer ses coûts à l’étudiant rend plus intéressante la formation e-learning pour l’entreprise. Elle permet de transférer les frais fixes liés à l’ouverture des classes dans le modèle en salle à la charge de l’apprenant ou de l’employé en individualisant dans le cadre de l’entreprise. Cela dynamise les économies d’échelles permettant en effet de mieux déterminer la charge fixe qui est limitée aux installations fixes de diffusion, le serveur, et permet ainsi d’influer sur le coût marginal en compressant les charges fixes dues à l’ouverture d’une nouvelle classe.


Les auteurs de cet article considèrent pour la formation d’adulte :


«  Enfin pour le troisième secteur pour lequel l’e-learning a un avenir est celui de la formation continue des adultes où les formations offertes sont modulaires, courtes et non diplômantes. L’heure de formation en e-learning n’est pas forcément moins coûteuse, mais les coûts d’opportunités sont considérablement réduits » ( Orivel, F et Orivel, E. 2006, p.16)


Evaluation coût – bénéfice de l’enseignement à distance. Stratégies et avertissement, Richard E. Clark (2009)

L’article de Clark (2009) a pour objet l’évaluation de l’enseignement à distance par l’étude du rapport coût – efficacité. Je pense qu’il est important de préciser que cet article est une traduction d’un article paru en 2000. Ce qui fait qu’au-delà de l’impression d’originalité du regard porté par l’auteur, c’est une analyse qui a été rédigée dans sa version anglaise, il y bientôt dix ans. L’auteur invite les lecteurs à distinguer les apports de deux technologies distinctes, le mode de diffusion de l’information et la méthode d’enseignement. Pour l’auteur, il existe un joyeux mélange dans les articles qui traitent de la question de l’évaluation des dispositifs à distance, par le fait de cette non distinction. Il est donc important pour Clark d’évaluer séparément le coût du mode de diffusion de l’information, du coût de la méthode d’enseignement. Pour réaliser ce type d’évaluation, l’auteur invite le concepteur à comparer au moins deux options technologiques différentes selon les mêmes critères, en vue d’établir un vrai rapport coût-efficacité qui sera significatif pour les décideurs.

Le coût du mode de diffusion de l’information.

«  Les évaluations précédant l’introduction d’un nouveau média devraient explorer les coûts de ses alternatives. Dans de nombreux cas, les anciennes technologies (par exemple simple tuteur, livres, DVD, système postal) sont plus économiques financièrement. Les évaluations des coûts devraient toujours envisager les MDI, les moins coûteux. » ( Clark, 2009, P. 106) Ce coût devrait être pour l’auteur construit en élaborant, une liste exhaustive des ingrédients nécessaire à la diffusion, la réception et le traitement de l’information.

Le coût de la méthode d’enseignement.

Le coût de la méthode d’enseignement est constitué lui des différents ingrédients nécessaires pour atteindre les objectifs d’apprentissage. C’est fondamentalement le temps nécessaire à la maîtrise des objectifs d’apprentissage et de performance. Mais le coût dans le domaine de la méthode d’enseignement pourrait s’avérer un manière trompeuse d’évaluer l’efficacité, pour l’auteur. En effet, elle semblerait inviter à apprendre par cœur simplement des procédures, ce qui en terme de temps est beaucoup plus rapide que l’enseignement d’une méthode d’apprentissage.

Le facteur organisationnel et le climat organisationnel :

Un élément intéressant de cet article est la mise en évidence du facteur climat organisationnel qui influence grandement le rapport coût-bénéfice ( Clark, 2009, p. 108). Ce facteur climat organisationnel fait partie d’un ensemble de facteurs lié à l’organisation d’implantation, qui quand l’étude est poussée au bout, met en évidence que le coût d’implantation dans une organisation peut varier de 400% suivant l’organisation. Certaines organisations ou entreprises semblent donc beaucoup plus efficaces pour intégrer des formations à distance ou des dispositifs en e-learning. Le climat de confiance dans l’organisation pourrait donc être un élément de pondération du calcul des coûts et de la comparaison entre e-learning et formation en salle.


Synthèses et présentations des différents éléments issus de ces lectures.

A la suite de la présentation de ces différentes ressources, il est utile pour mon travail de résumer les points qui me paraissent les plus significatifs pour analyser les coûts et la manière de comparer les coûts d’une formation en ligne et d’une formation en salle. J’abandonne l’idée de réaliser un tableau à deux colonnes pour comparer poste par poste la formation en salle à la formation e-learning (Enlart, 2001,107). En effet, les facteurs de coût et de composition du coût d’une formation sont tellement diversifiés, qu’il me semble qu’une telle démarche de comparaison, bien que séduisante par son apparente simplicité et la clarté de sa présentation peut induire un biais durant la recherche d’information sur les coûts. Je ne proposerais donc pas de tableau type pour réaliser ce genre d’analyse des coûts, le tableau devrait être à mon avis simplement utilisé en fin de recherche des coûts pour effectuer une présentation.


Je pense donc beaucoup plus utile de reprendre les grilles d’analyses économiques des coûts et de prendre en compte les étapes d’élaboration du coût réel, puis d’obtenir un coût net de formation, qui pourra être ensuite comparé à partir des deux dispositifs choisis.

Je vous propose de synthétiser les éléments à prendre en compte pour pondérer ou faire évoluer les éléments constitutifs du coût net de formation. J’ai donc construit une démarche en 4 étapes qui reprend les éléments clés trouvés durant cette étude.


Analyse du coût réel d'une formation en ligne en entreprise
Coût Monétaire
Coût d’opportunité
Coûts récurrents Coûts d’investissement Coûts individuels Coûts sociaux
Salaires :

Personnel de conception

Personnel enseignant

Personnel d’e-tutorat

Personnel administratif

Personnel technique

Non – Salariaux :

Amortissement et charges financières ( obsolescence).

Maintenance des programmes et des machines

Coûts des supports

Charges diverses de fonctionnement

Frais d’impression

Frais de déplacement des formés et des formateurs, frais de repas et d’hôtel.

Frais de réception

Equipements pédagogiques, scientifiques, administratifs durables.

Capital immobilisé (actualisation des coûts)

Coût des serveurs et aménagement d’un local pour ceux-ci.

Imprimante

Coût caché mobilisation de ressources antérieures au dispositif.

Installation d’un service de Hot-line.

Locaux

.…

Revenu du travail auquel le collaborateur renonce s’il finance lui-même sa formation.

Manque à gagner

Coût caché tel que le travail à domicile

Le travail bénévole motivé par l’enthousiasme pour une innovation.

Les frais de réception ( si ceux-ci sont mis à la charge du collaborateur)


Intérêt du capital

Location possible des locaux et des terrains mobilisés pour la réalisation des formations et pour le stockage du matériel et des serveurs.

Baisse de la productivité due à l’absence du collaborateur ( si non compensé par une diminution de salaire).

Avantages et Bénéfices de la formation

Gains de productivité pour l’entreprise et gains salariaux pour l’employé.

Capitalisation des expériences de l’entreprise et constitution du capital social. (difficile à chiffrer)

Production de matériel de formation par la réification des processus de formation sous forme de vidéo ou de document sonore organisés en séquences de formation réutilisables.

Amortissement du matériel par l’augmentation du nombre d’apprenants et donc la liberté pour l’entreprise de rapidement développer une nouvelle structure de production. Donc le fait de pouvoir réutiliser les formations en ligne est un élément à prendre en compte sous forme d’investissement matériel.

Possibilité de revente ou de mutualisation des frais engendrés par la formation, une formation e-learning peut être un produit revendu à des tiers sous forme de licence d’utilisation.

Prise en compte et attention aux gains ou bénéfices implicites.

Le coût net de la formation

Actualisation des coûts et des avantages puis calcul du coût net

Coût net : le coût brut moins les gains.

Le coût net de formation sera simplement le coût net croisé avec une unité, un croisement individu / heures de formation, on parlera alors de coût horaire par stagiaire

Etape 4 comparaison du coût net de formation

Finalement, il sera à mon avis beaucoup plus simple de comparer le coût net de formation des deux formations sur la base bien sûr d’une unité d’analyse commune. Il sera ainsi possible de prendre en compte d’une manière beaucoup plus précise la différence des coûts des deux dispositifs, en construisant individuellement l’analyse de coût. En évitant de réaliser la phase d’analyse poste par poste, nous évitons un biais important par le fait d’obliger de penser chaque dispositif en face de l’autre, et non pas simplement selon deux logiques indépendantes. La quatrième nécessite donc de passer chacun des dispositifs par une analyse économique des coût indépendante et courant le long de ces 4 étapes.

Facteurs critiques de pondération ou de variations significative des coûts

Une rapide revue de lecture des articles de la presse spécialisées en anglais complètera les éléments ci-dessous.

Les économies d’échelles : favorisées par un rapport coût fixe > coût variable, donc augmentation du rapport coût fixe – coût variable. C’est le facteur impactant le plus les coûts dans une première lecture. Pourtant sur ce point, l’évolution des avis est impressionnante à voir la recherche menée par Huynh et Umsh :

« The basic arguments appears to be that cost can be distributed over a large number of students and thus lowers the cost per student at educational institutions… Although an extensive economic analysis is beyond the scope of this paper, there are many assumptions and misperceptions about the real tradeoffs between tradition classroom and E-learning-based programs. » (2003, p, 58)


Le coût marginal et les déséconomies d’échelles

Être attentif au coût engendré par le dernier apprenant pour vérifier si le nombre n’impacte pas les frais fixes par l’achat d’un serveur suplémentaire, l’achat de locaux etc. L’utilisation de schéma d’économie d’échelle qui mette en évidence simplement la décroissance du coût marginal par l’augmentation du nombre d’étudiant est pour Huynh et Umsh, une illusion:

« The assumed conceptualization of fixed and variable costs in figures 2 ( shéma de comparaison coût marginal – augmentation du nombre d’étudiant) is far too simplistic. The variable cost of additional students enrolling in an E-learning class is, in fact non-trivial. » (2003, p.59).

Les coût liés au tutorat et à l’accompagnement des processus d’apprentissages de l’utilisation des outils E-learning sont aujourd’hui encore considérablement sous-estimés.


La diminution ou augmentation des frais salariaux des formateurs :

Augmentation du nombre de formé par formateur, diminution des salaires des formateurs, engagement de personnel moins qualifié. Les coûts salariaux représentent environ 70 à 80 % des coûts d’une formation en salle. Il est donc évident que le fait de permettre l’absence d’un formateur comme le dit Chomienne serait la clé fondamentale de variation des coûts de formation.

La diminution du salaires des apprenants durant la formation :

Diminuer le salaire des apprenants durant la période de formation en vue de diminuer l’impact de la perte de productivité

La durée et l’horizon temporelle de l’investissement ( court, moyen, long terme) :

La détermination du taux de rendement :

Oblige à prendre en compte l’impact de la concurrence sur l’évolution du rendement :

Augmente ou diminue l’importance de l’obsolescence comme facteur d’amortissement.

Qui finance quoi ?

Individu – Entreprise - Collectivité

Le transfert de charge en direction des apprenants :

Transfère par une formation en ligne une part des frais de réception au domicile de l’apprenant

Le transfert des salaires de conceptions vers le E-tutorat

Choisir une conception simpliste et accompagner les apprenants avec des tuteurs stagiaires ( étudiants) en vue de diminuer les frais de conception et d’accompagnement. La stratégie inverse peut-être proposée, c’est un choix de conception.

Le temps nécessaire pour comprendre comment utiliser le dispositif en ligne.

Le temps d’apprentissage nécessaire pour apprendre à utiliser un dispositif d’e-learning peut, suivant les compétences des apprenants, représenter un investissement très important.

La mutualisation :

Une formation e-learning peut réutilisée ou mutualisée auprès d’autres organismes ou entreprises du même secteur.

L’obsolescence :

L’évolution extrêmement rapide, tant des compétences professionnelles que des dispositifs technologiques, augmente l’importance de l’anticipation de l’obsolescence du dispositif sur l’amortissement de celui-ci. Les formations en ligne augmentent ce phénomène, car l’introduction des technologies comme supports de formation augmente le risque dû à l’obsolescence puisqu’elle n’est plus seulement celle du savoir, mais aussi celle de la technologie employée. Il faut aussi souligner que la baisse des coûts matériels est en quelques années devenue aussi un élément à prendre en compte. Le Hard ware est devenu un produit dont le coût a beaucoup diminué.

Les coûts et gains cachés ou implicites :

Attention à la mobilisation de ressources internes de l’organisation ou des individus qui n’apparaît pas comme telle par leur caractéristique bénévole ou par leur production antérieure au dispositif. Les dispositifs e-learning sont souvent à l’interne le fruit de passionnés d’innovation qui ne comptent pas leurs heures et qui pourraient surinvestir ce type de réalisation.


L’individualisation de la formation :

Le phénomène d’individualisation des formations est un facteur d’accroissement ou de diminution des coûts. Dans le cas où il permet d’utiliser le matériel privé du collaborateur pour la réception des formations ( Email, Document, Impressions), un investissement sur le temps privé ( domicile), c’est un facteur de diminution des coûts. Le collaborateur peut choisir de ne suivre et de ne visionner que les contenus utiles pour lui. Il gagne du temps sur les présentations et documentaires à visionner, il peut sauter les étapes qui ne le concernent pas.

Par contre lors de la mise en place d’un tutorat individuel cela peut être un critère d’augmentation des coûts très important.

Il ne faut pas perdre de vue que l’individualisation a un défaut, c’est de diluer l’impact social d’une formation. Si cet impact social est difficilement mesurable, il est clairement un des facteurs principaux du processus d’apprentissage et on ne peut donc pas négliger cet aspect critique que relèvent les auteurs anglophones (Glader, 2009).

Le facteur organisationnel :

L’impact de la confiance sur l’apprentissage et la capacité d’assimilation des innovations par le collectif d’entreprise.


Permettre à la clientèle de profiter des dispositifs E-learning de l’entreprise

Un bénéfice qui n’est pas pris en compte spontanément est la possibilité d’offrir aux clients un service lié à la production de formation E-learning dans l’entreprise.


« Companies are increasingly turning to customer focused e-learning for a variety of reasons: To fill a necessary support role; to provide a service that competitors don’t have; to ‘incentivise’ potential customers and to add new revenue streams. Some companies aim to make customers more competent users of a company’s products, leading to increased satisfaction and reduced support costs. In every case, the business model behind such customer focused e-learning identifies training as a value added service, rather than an internal cost. » (Epic, Organisational benefits, 2010, p, 24)


Comparer les coûts d’une formation e-learning et d’une formation en salle.

Il est important, comme nous l’avons vu, de prendre en compte l’analyse économique des coûts d’une formation. Cette comparaison n’a pas pour objet de distinguer l’efficacité d’une formation par rapport à une autre. L’analyse de Clark qui invite à distinguer dans les formations en ligne les coûts technologiques de la méthode de diffusion des coûts de la méthode d’enseignement, est révélateur de la complexité économique d’une formation en ligne. En effet, la formation e-learning introduit plusieurs facteurs de coûts supplémentaires à la formation en salle, ce sont les dispositifs technologiques, le e-tutorat, la maintenance, l’apprentissage des compétences liées à l’utilisation des programmes etc. La découverte aussi dans les formations e-learning de coûts implicites ou cachés qui proviennent de ressources mobilisées dans l’entreprise dont la conception est antérieure au dispositif technologique. L’importance des rapports, des documents préexistant à la conception de la formation me surprend. Il est donc évident que seule une réflexion approfondie et focalisée dans des moments distincts sur chacun des dispositifs en ligne ou en salle pourrait permettre d’ évaluer le gain ou la perte générée par le choix de l’une ou de l’autre des formations.

Japon les robots enseignent aux jeunes, l'objectif demeure de remplacer l'enseignant ?

Je suis aussi surpris par le coût réel des formations en ligne et les facteurs qui doivent être pris en compte pour estimer leurs avantages ou leurs inconvénients économiques. Le facteur clé est la présence ou l’absence du formateur, c’est l’illusion du remplacement du formateur qui a généré dans les années nonante, une vague d’enthousiasme autour de la formation en ligne. Cette absence pouvait représenter un gain… J’ai été amusé de voir comme les réflexions évoluent sur ce sujet, entre les rapports des années nonante et les rapports de 2009. Pour finalement arriver à la conclusion qu’il faudrait pouvoir engager des stagiaires comme E-tuteur ce qui permettrait de substantielles économies de coûts.


Finalement, c’est donc bien vers l’ingénierie de la formation qu’il faudra se tourner et intégrer bien sûr dans toutes analyses des coûts. L’analyse des buts et des méthodes d’apprentissage, c’est là qu’en complément de l’analyse des coûts, la comparaison prendra toute son épaisseur. Je dirais aussi qu’il faudrait prendre comme acquis le fait que la formation en ligne ne permet pas d’économie en terme de formateur, au contraire. Le facteur humain dans la formation reste irréductible et les processus d’apprentissages nécessitent la présence et l’accompagnement humain qui demeurent les postes principaux des coût de formation. Sauf si comme sur l’image de couverture on remplace l’enseignant par un robot, ce qui sera surement le futur enjeu de la réduction des coûts dans les formations. Nous n’aurons plus alors qu’à créer un domaine de coût robot – enseignant qui devrait dans un premier temps peser son pesant d’or.


Pour présenter une comparaison au lieu de travailler sur la base d’un tableau de comparaison poste par poste. Je trouve donc plus intéressant de calculer un coût net de formation sur la base d’une unité commune. Je proposerais aussi d’établir un tableau de présentation des coûts et des gains sous forme de grand secteur, comme le propose Orivel (Orivel, Orivel, 2006, p.15). J’y ajouterais un domaine pour la capitalisation des savoirs et des connaissances de l’entreprise, qui me paraît un des apports qui à l’avenir prendra de plus en plus d’importance dans le calcul des investissements matériels et immatériels.


  1. La conception
  2. L’administration
  3. La production des supports
  4. La distribution composée du tutorat, le suivi administratif, la fourniture de matériel (serveur)
  5. La réception des données
  6. La capitalisation des savoirs

L'avis d'un chercheur

Conclusion

Au fond, en analyse économique des dispositifs en ligne, on ne sait toujours pas évaluer les coûts et les gains réels de l’e-learning. L’analyse économique permet de mieux cerner la vraie complexité qui règne dans l’investissement en formation. On a clairement sur-estimé la capacité de l’e-learning ou des technologies informatiques à remplacer le formateur. Le problème est qu’en continuant à sous-estimer le coût réel de l’e-learning, c’est la qualité générale des formations qui pourrait en pâtir. Les processus de formation expérientiels sont aujourd’hui peu pris en compte dans les dispositifs de formation en ligne, alors que leur importance est grandissante dans le domaine des formations en salle. Cette tension entre modèles pédagogiques ne peut pas être ignorée dans le processus d’évaluation des formations et devra faire l’objet d’un grande attention de la part du concepteur qui conduit une évaluation et une comparaison de deux modes de formations.

L’analyse économique met aussi en évidence l’apport de l’e-learning sur le plan de l’individualisation de la formation qui répond à un besoin réel de notre époque, mais aussi sur son pendant qui est le transfert de charge vers le collaborateur. La dimension des frais de réception, l’envahissement de l’ordinateur privé par les mails de l’entreprise sont des indicateurs d’un changement de mentalité et aussi surtout d’un transfert implicite de coût de l’entreprise vers le collaborateur. Ce transfert des coûts, auquel s’ajoute le fait que le collaborateur sélectionne les séquences d’apprentissages qu’il considère utiles pour lui, peut être un facteur important d’économie. Donc la question de l’individualisation de la formation devra être l’objet d’une attention particulière à mon avis, car elle pourrait recéler d’importantes variations en terme de coût. En effet, c’est aussi sur l’individualisation que se fonde la question du tuteurat et de l’apprentissage des compétences utiles à l’utilisation du système, deux éléments qui sont constitutifs des frais fixes, d’où leur impact possible sur le coût marginal.

Le grand absent demeure à mon avis la question de la capitalisation des savoirs collectifs en entreprise et des moyens d’estimer l’impact des connaissances sur le bilan réel d’une entreprise au-delà des chiffres liés au brevet et autres droits de licence.

“Growing intellectual capital through e-learning “We believe that intellectual capital will be a defining characteristic of successful companies.” Credit Suisse First Boston The performance of an organisation is seen as increasingly dependent upon its intellectual capital, i.e. the skills, knowledge and experience of its staff. This creates a major challenge for organizations as the value of intellectual capital declines over time. This obsolescence is caused by: Rapid technological change Legislative and social change. An increasingly complex environment Vast amounts of new, information and knowledge Staff turnover, It is therefore essential that organisations develop learning and knowledge strategies to ensure staff skills, knowledge and experience remain relevant and valuable. There is evidence that e-learning can play a significant role in organizational learning strategies and have a major impact on organisational performance. In fact, recent studies as part of a 2009 meta-analysis conducted on behalf of the US Department of education, suggest e-learning provides better learning experiences than more traditional models. In other words, people learn more, faster. E-learning is also much more than a mechanism for delivering content. It supports collaborative learning and knowledge sharing by connecting people together and building learning networks. These communities of practice promote community-based knowledge management. Fundamentally, learning has become an integral part of business activity and an important means of creating competitive advantage.” (Epic, 2010, p,5)

C’est à mon avis un des éléments clés à l’avenir que celui de pouvoir évaluer la production de capitaux intellectuels au travers d’un processus de formation en ligne. La production de document de synthèse, la co-élaboration de connaissances collectives, de compétences situées et distribuées sont au cœur de la force concurentielle d’une entreprise et la prise en compte de ces dimensions me semble fondamentale. L’informatique accélère les phénomènes de réification des connaissances et cette réification fait passer, comme le suggérait Droulez (2004), d’une économie de l’investissement à une économie de l’amortissement par la revente de produit réalisé à l’interne. Une question pourrait se poser qui serait de se demander si la grande force au fond de la formation en ligne est la possibilité de réifier les investissements immatériels de la formation. Le phénomène de réification des connaissances … sous forme de base de données, de synthèse, de document. C’est toute la question de l’instrumentalisation de Rabardel (2005) et de son impact sur le collectif de travail.


Un autre aspect des coûts que met en évidence la littérature anglophone et plus particulièrement Huynh & Umesh. C’est l’impact social sur l’utilisation et la formation en ligne à domicile durant les soirées.


« From example, some relative cost differences between traditional education and E-learning can include : …

Quality family time – when part-time students go to class or study in the evening at the expense of spending time with family, especially those with small children. » (2003,p.60)


Cette prise en compte des coûts dans le domaine de la santé psychologique et physique des employés, comme d’ailleurs les coûts environnementaux met bien en évidence, comme cette comparaison de coût demeure un exercice situé et donc soumis aux représentations symboliques des personnes impliquées dans ce processus. Le seul moyen de conduire ce travail à terme, serait de passer à une recherche sur le terrain.

Bibliographie française

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Epic (2010, 7 janvier) E-learning : return on investment an epic white paper [Page Web] http://www.epic.co.uk/assets/files/wp_elearning_roi_2010.pdf

Glader, P. (2009) Education: Online High Schools Test Students’ Social Skills [Page Web] http://proquest.umi.com/pqweb?did=1865052131

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