Développement moral et psychosocial

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Bases psychopédagogiques des technologies éducatives
Module: Introduction aux théories psychologiques
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à finaliser débutant
2020/06/30
Sous-pages et productions:


Amélioré par Aurélie A.



Dans cet article, il est question de psychologie du développement, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. La théorie du développement psychosocial d'Erikson, bien que relativement datée, est l'une des rares théories à proposer une taxonomie psychologique de l'âge adulte. C'est pour cette raison que nous pensons qu'il est intéressant de la connaître. En effet la psychologie va, pour de nombreux auteurs, de l'étude de la psychologie du bébé à l'étude de la psychologie des adolescents. Après cet âge, les travaux se font plus rares. Néanmoins, il semble utile pour les personnes qui s'intéressent à la pédagogie de connaître les processus psychologiques que vivent les personnes adultes. La théorie de Kohlberg va également dans ce sens, bien qu'elle ne traite pas de développement psychosocial, mais de développement moral.

Développement moral selon Kohlberg

Kohlberg utilise des dilemmes moraux hypothétiques afin de déterminer le stade de développement moral d'un individu. Il s'intéresse à la manière dont le sujet est parvenu à une décision, c'est à dire à la manière dont le sujet a été amené à faire ce choix. Autrement dit, pour déterminer le stade maximal de développement moral atteint par une personne, Kohlberg pose des dilemmes moraux, dont le but est d'amener le sujet à son maximum de réflexion éthique.

Le dilemme de Heinz

Voici le plus célèbre de ces dilemmes, le dilemme de Heinz :

«  La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut le payer. Il se rend néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse. Que devrait faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le médicament ? ».

Le dilemme de Heinz (Vidéo YouTube)

Ce qui importe pour déterminer le stade moral atteint ce n'est pas la réponse donnée mais le type de justification. Il est important de noter que les tests de Kohlberg ne sont pas des tests conçus à des fins de diagnostic. Ils ont pour fin de mesurer la relation statistique entre différentes variables (notamment l'âge, mais aussi le sexe, la délinquance,...) et le niveau de développement moral.

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On ne s'intéresse donc pas à la solution car on peut choisir une même issue au dilemme pour des raisons différentes. C'est sur la base des justifications et de l'argumentation invoquées par les sujets de l’expérience pour choisir une solution que Kohlberg élabore sa théorie du développement moral en trois niveaux et six stades moraux.

Rappel du dilemme: Doit-il laisser mourir sa femme ou doit-il voler l’apothicaire?

Niveau 1: Moralité pré-conventionnelle axée sur le bien être personnel par l'évitement de punition et l'obtention de récompenses

Heinz doit laisser mourir sa femme Heinz doit voler l'apothicaire
Stade 1: Orientation vers la punition et l'obéissance Parce que sinon les gendarmes le mettront en prison Parce que sinon Dieu le punirait d'avoir laissé mourir sa femme
Stade 2: Orientation vers l'échange Parce qu’ainsi il pourra se trouver une autre femme Parce qu’il veut que sa femme puisse encore lui faire à manger

Niveau 2: moralité conventionnelle axée sur les règles sociales et les lois

Heinz doit laisser mourir sa femme Heinz doit voler l'apothicaire
Stade 3: Orientation vers les bonnes relations Parce que ses collègues ne comprendraient pas qu'il puisse être un voleur Parce que ses amis ne comprendraient pas qu'il ait laissé mourir sa femme
Stade 4: Orientation vers le maintien de la loi et de l'ordre Parce que le vol est interdit par la loi Parce que la non-assistance à personne en danger est punissable par la loi

Niveau 3: Moralité post-conventionnelle axée sur les principes moraux

Heinz doit laisser mourir sa femme Heinz doit voler l'apothicaire
Stade 5: Contrat social et droits individuels Parce que le droit de propriété est à la base des législations démocratiques Parce que la santé est un principe de bien-être
Stade 6: Principes d'éthique universels Parce que le droit de propriété est un principe universel Parce que le droit à la vie est un principe universel

Résumé

La justification constitue la raison du choix et prend la forme suivante: « Heinz doit faire ceci parce que ... ».

Grâce à ces choix, l'évaluation de la croissance morale est établie en fonction de la capacité de l’individu à se décentrer et et à mettre en pratique des principes, des règles de jugement et d’action.

Kohlberg parle d’une « logique du développement » qui comprend une séquence de six stades selon les justifications apportées au choix d’une alternative dans un dilemme moral.

Caractéristiques et stades du développement moral

Après avoir administré ses tests à un large échantillon d'enfants, Kohlberg et ses élèves en ont conclu que le développement moral est :

  • Séquentiel, c'est-à-dire qu'il se développe par étapes successives qui ne peuvent être devancées.
  • Irréversible, sauf dans le cas de dégénérescences telles que la maladie d'Alzheimer, une fois l'un des stades acquis, une personne ne peut régresser à un stade antérieur
  • Intégratif, une personne ayant acquis un stade supérieur étant à même de comprendre les raisonnements des individus ayant atteint les stades inférieurs.
  • Transculturel, c'est-à-dire que dans toutes les cultures, le développement moral suit les mêmes étapes.

La stagnation est possible, tout le monde n'atteint pas nécessairement le stade suivant.

L'irréversibilité est cependant à nuancer, il existe des variations intra-individuelles, c'est-à-dire qu'un même individu peut dans différentes situations émettre des jugements moraux appartenant à des stades distincts.

Les âges indiqués sont les valeurs dans lesquels la grande majorité des sujets sont compris, ce qui explique le chevauchement. Certaines personnes peuvent être précoces ou au contraire en retard par rapport à ces valeurs indiquées.

Vidéo explicative

Développement moral et psychosocial/Modèles de Kohlberg et Gilligan

Stades préconventionnels

Ce niveau se caractérise par l'égocentrisme, c'est-à-dire que l'enfant ne se soucie que de son intérêt propre, les règles lui sont extérieures et l'enfant ne les perçoit qu'à travers la punition et la récompense.

Stade 1 - Obéissance et punition (2-6 ans)

L'enfant adapte son comportement pour fuir les punitions. Les normes morales ne sont pas intégrées. Réponses possibles au dilemme de Heinz :

"Heinz ne doit pas voler car s'il le fait il ira en prison" "Heinz doit voler sinon Dieu le punira d'avoir laissé sa femme mourir."

Stade 2 - Intérêt personnel (5-7 ans)

À ce stade, l'enfant intègre les récompenses en plus des punitions. Réponse possible au dilemme de Heinz :

"Heinz doit voler car sa femme l'aimera d'autant plus par la suite" "Heinz ne doit pas voler car c'est bien pire d'être envoyé en prison par le juge que d'être détesté par sa femme"

Stades conventionnels

L'altérité prend de l'importance. L'individu apprend à satisfaire des attentes, obéir à des lois, des règles générales

Stade 3 - Relations interpersonnelles et conformité (7-12 ans)

L'enfant intègre les règles du groupe restreint auquel il appartient. Sa principale interrogation est : que va-t-on penser de moi ?

Stade 4 - Autorité et maintien de l'ordre social (10-15 ans)

L'enfant intègre les normes sociales. Il respecte les lois même si cela va contre son intérêt et qu'il sait pouvoir échapper à la sanction. On peut parler d'amour des lois ou de souci pour le bien commun.

Réponses possibles au dilemme de Heinz:

"Heinz ne doit pas voler car c'est interdit par la loi." "Heinz doit voler car les tribunaux ne condamnent pas le vol s'il est justifié alors que la non-assistance à personne en danger est condamnable."

Stades post-conventionnels

L'individu fonde son jugement moral sur sa propre évaluation des valeurs morales. Il est prêt à enfreindre une loi s'il juge celle-ci mauvaise ou à l'inverse est prêt à condamner moralement certaines activités et à se les interdire alors même que la loi les autorise. Un certain nombre d'individus n'atteignent pas ces stades, pour preuve la défense d'Adolf Eichmann (tortionnaire nazi) a consisté à dire qu'il avait scrupuleusement agi de manière morale, ne faisant pas le moindre écart à la loi et aux ordres de ses supérieurs, y compris lorsqu'il aurait voulu épargner une de ses victimes. C'est un raisonnement typique du stade conventionnel, on pense ne pas être en tort moral dès lors que l'on respecte la loi. L'individu est incapable de former son propre jugement.

Stade 5 - Contrat social

L'individu se sent engagé vis-à-vis de ses proches. Il se soucie de leur bien-être et agit pour concilier ses intérêts aux leurs.

Stade 6 - Principes éthiques universels

Le jugement moral se fonde sur des valeurs morales à portée universelle et est adopté personnellement par le sujet à la suite d'une réflexion éthique (égalité des droits, courage, honnêteté, respect du consentement, non-violence, etc). Ces valeurs morales que se donne le sujet priment sur le respect des lois. Ainsi, la personne est prête à défendre un jugement moral minoritaire. Elle est capable de juger bonne une action illicite ou au contraire de juger mauvaise une action licite.

D'après Kohlberg, seul 13% de la population adulte atteindrait le stade 6.

Vidéo youtube en anglais. A quel stade de développement vous trouvez-vous ?

Modèle de Gilligan

Gilligan était l'élève de Kolberg est est revenue sur sa théorie. Elle remarque que les tests ont été effectués uniquement sur des hommes.

Kolberg avait établi 6 stades dans le développement moral. En effectuant des tests avec des femmes, Gilligan a remarqué qu'elles n'allaient pas au-delà du stade 3. On en déduit donc que la théorie de Kolberg n'est pas aussi générale et universelle qu'il ne l'avait considérée.

Gilligan a donc proposé une autre théorie basée sur l'éthique de la sollicitude. Elle se définit en 3 niveaux avec des transitions.

Niveau 1: Égoïsme de survie individuelle

L'individu tient compte de ses propres besoins.

Transition 1: De l’égoïsme à l'ouverture aux autres

La considération des autres et de leurs besoins.

Niveau 2: Responsabilité et oubli de soi

L’intégration d'un vision globale incluant les autres et le soi moral.

Transition 2: De l'oubli de soi au respect de soi

La protection des autres au détriment de soi-même.

Niveau 3: Moralité de la non-violence

Faire place au respect de soi, de ses besoins et de ses priorités.

Stades du développement psychosocial de Erikson

Les stades du développement psychosocial d’Erik Erikson s’articulent autour de huit stades permettant un développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusque la vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis. Chaque stade se construit sur les bases construites lors des stades précédents. Les défis peu ou non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans l’avenir.

Carte erikson v1 ar.jpg

Les stades

Espoir : Confiance versus Méfiance (0-18 mois)

  • Crise identitaire : Confiance versus Méfiance
  • Vertu : Espoir
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce qu'on me donne »

Si ses parents lui apportent chaleur et une affection régulière et constante, l’enfant verra le monde où il vit comme un monde où règne la confiance. Si ces mêmes parents échouent à lui procurer un environnement sécurisant et une satisfaction pleine à ses besoins premiers, l’enfant le verra comme un monde de méfiance. Dans cette théorie, la tâche majeure du développement de l’enfant est d’apprendre comment, les autres, spécialement son entourage proche, satisfont, ou non, ses besoins premiers.

Crise identitaire : Autonomie versus Honte et Doute (18 mois - 3 ans)

  • Question principale : « Puis-je accomplir des choses seul ou devrais-je toujours dépendre des autres ? »
  • Vertu : Volonté
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je puis vouloir librement »

Les enfants commencent à se nourrir, à s’habiller, à se laver eux-mêmes, à utiliser les toilettes. Si l’entourage proche encourage ce comportement, l’enfant développe son sens de l’autonomie et à se sentir capable d’affronter des difficultés. Mais, si les parents en demandent trop et trop tôt ou s’ils refusent de laisser l’enfant tenter de faire ces choses, ou encore se moquent de ses échecs, il pourra développer un sentiment de honte de lui-même et de doute en ses capacités à affronter la difficulté.

Conviction : Initiative versus Culpabilité (3-6 ans)

  • Crise identitaire : Initiative versus Culpabilité
  • Question principale : « Suis-je bon ou mauvais ? »
  • Vertu : Conviction
  • Éléments sociétaux en relation : les prototypes
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que j’imagine que je serai »

L’enfant devient de plus en plus capable d’accomplir des tâches dans un but précis et donc de pouvoir établir des choix sur des activités à poursuivre. Si les parents et l’école l’encouragent, tout en le guidant et en l’aidant, l’enfant développera son sens de l’initiative. Dans le cas contraire, il développera un sentiment de culpabilité envers ses besoins et ses désirs.

Compétence : Travail versus Infériorité (6-12 ans)

  • Crise identitaire : entreprenant versus Infériorité
  • Question principale : « Suis-je capable ou incapable ? »
  • Vertu : Compétence
  • Éléments sociétaux en relation : la division du travail
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je peux apprendre à faire marcher »

La volonté d’atteindre un but « professionnel » via une réussite scolaire prend le pas sur les volontés de jouer. Les fondamentaux sont développés. Il considère son entourage comme individus. Si l’enfant est encouragé à faire et à accomplir des choses et félicité pour celles-ci, il devient « industrieux » et devient plus rapide, plus persévérant et se met au travail avec plaisir. Au contraire, s’il est moqué ou puni, il deviendra inapte à assouvir les attentes de ses maîtres et de ses parents : il développera un sentiment d’infériorité et aura tendance à s’isoler.

Fidélité : Identité versus Confusion des rôles (12-20 ans)

  • Crise identitaire : Identité versus Confusion des rôles
  • Question principale : « Qui suis-je et où vais-je ? »
  • Vertu : Fidélité
  • Éléments sociétaux en relation : l’idéologie

L’adolescent est préoccupé de la manière dont les autres le perçoivent. Il change beaucoup physiquement. Son ego surdimensionné accroît la confiance en soi et en un avenir prometteur. Le sens de l’identité sexuelle se développe également vers la fin de l’adolescence. Dans cette transition entre enfance et monde adulte, l’adolescent pèse le pour et le contre dans les rôles qu’il pourrait jouer plus tard.

Amour : Intimité versus Isolement (20-34 ans)

  • Crise identitaire : Intimité versus Isolement
  • Question principale : « Est-ce que je veux partager ma vie avec quelqu'un ou vivre seul ? »
  • Vertu : Amour
  • Éléments sociétaux en relation : modalités de coopération (voire mariage)

Ce stade débute lorsque le précédent est en bonne voie. Il y est donc fortement lié. Les jeunes adultes continuent de brasser leur identité avec celles d’amis. Ils s’y confrontent. Ils sont effrayés par les possibilités de rejet ou de ruptures. Parfois, leur ego ne peut le supporter. Ceux qui ont bien établi leur identité peuvent alors se lancer dans des relations d’intimité réciproque (et avec leurs propres ressources intérieures). Ces relations peuvent être durables (amitié proche, mariage…) et ils peuvent faire preuve des sacrifices et des compromis nécessaires à ce type de relation. Au cas où ces mêmes personnes ne pourraient pas s’ouvrir à de telles relations, un sentiment d’isolation peut en résulter.

Attention : Régénération versus Stagnation (35-65 ans)

  • Crise identitaire : Régénération versus Stagnation
  • Question principale : « Ai-je produit quelque chose d’une réelle valeur ? »
  • Vertu : Attention
  • Éléments sociétaux en relation : parentalité, éducation ou toute autre implication sociale

Le souci de génération est le questionnement du stade suivant. La valeur sociale de la production et du travail y est associée, avoir ou vouloir des enfants n’est pas le seul profil de cette générativité. Durant cet âge adulte médian, la principale tâche du développement est d’apporter sa contribution à la société et d’aider la génération future. Lorsque les personnes apportent de telles contributions, en agrandissant leur famille, en travaillant à l’amélioration de la vie de la société, ils développent leur sens générationnel, un sens de productivité et d’accomplissement. À l’opposé, une personne trop autocentrée, qui ne voudrait ou ne pourrait aider la société développe un sentiment de stagnation et d’insatisfaction.

Sagesse : Intégrité versus Désespoir (> 65 ans)

  • Crise identitaire : Intégrité versus Désespoir
  • Question principale : « Ai-je vécu une vie bien remplie ? »
  • Vertu : Sagesse

Ce stade final est celui de la rétrospection. À mesure que nous vieillissons et devenons des seniors, nous avons tendance à baisser dans notre productivité et regardons la vie du point de vue du retraité. C’est durant ce laps de temps que nous pouvons contempler nos aboutissements et sommes capables de développer un sentiment d’intégrité si nous estimons avoir une vie riche et remplie. Dans le cas contraire, nous développons un sentiment de désespoir menant à la dépression face à une vie ressentie comme inachevée.

Théorie de l'attachement

Selon la théorie de l'attachement, développée par le psychiatre et psychanalyste John Bowlby, les êtres humains ont besoin de développer une relation d'attachement avec au moins une figure maternelle ou paternelle qui prend soin de lui de manière sécure et cohérente (=caregiver). Sans cela, le jeune enfant ne pourra pas connaître un développement social et émotionnel normal.

3ème carte surattachement.jpg

Les types d'attachement

John Bowlby décrit quatre types d'attachement qui peuvent être développés par les enfants selon la qualité de la relation avec le caregiver.

  • L'attachement sécure : L'attachement sécure se développe quand l'enfant peut utiliser le caregiver comme base de sécurité pour explorer et découvrir l'environnement. Le départ du caregiver, provoque la protestation de l'enfant et celui-ci recherche la proximité avec la figure d'attachement. Il est rassuré par son retour, ce qui lui permet d'explorer à nouveau. Il peut être rassuré par un étranger, mais montre une préférence pour le caregiver. De son côté, le caregiver répond aux besoins de l'enfant de manière appropriée et cohérente.
  • L'attachement évitant : L'attachement évitant se développe lorsqu'il y a peu d'échange affectif pendant le jeu. Lorsqu'il y a séparation, l'enfant donne peu de signe de détresse et a peu de réaction lorsque le caregiver revient. Lorsque la figure d'attachement le prend dans les bras, il se détourne sans maintenir le contact. La relation avec le caregiver est la même avec les étrangers. De son côté, le caregiver donne peu de réponse à l'enfant pour le rassurer. Ceci décourage les pleurs et encourage l'enfant à être indépendant, à ne pouvoir compter que sur lui-même et pas sur les autres.
  • L'attachement ambivalent/résistant/anxieux : Ce type d'attachement survient quand le caregiver réagit de manière ambivalente. Ces réactions sont imprévisibles car il peut se montrer des fois ignorant et des fois réceptif aux besoins de l'enfant. Celui-ci est donc incapable d'utiliser le caregiver comme base de sécurité. L’enfant insécure ambivalent proteste au moment de la séparation et ne peut être rassuré, ce qui rend difficile l'exploration de l'environnement. Le problème est qu'il n’est pas apaisé lorsque la figure d’attachement revient et il adopte une attitude ambivalente. D'une part, il recherche le contact et d'autre part, il résiste. Cette incapacité à se remettre de leur angoisse de séparation rend l'enfant difficile à être autonome.
  • L'attachement désorganisé : Ce dernier style est présent chez les enfants qui ont des attitudes contradictoires. Par exemple, ils peuvent pleurer lors du départ du caregiver mais sans pour autant l'approcher ou aller dans ses bras. Ces réactions sont incompréhensibles et proviennent d'une mauvaise construction de stratégie d'attachement cohérente. Cet attachement se retrouve particulièrement chez les sujets victimes de maltraitance ou de violence de la part de la figure d'attachement. L'enfant est à la fois évitant, à la fois ambivalent et désorganisé comme s'il n'arrivait pas à se décider.

Répercussions à l'âge adulte

  • De l'attachement sécure (50-55%) : Ce style d’attachement permet à l'adulte de développer un sentiment de sécurité dans les relations amoureuses. L'adulte est capable d'être autonome, il a confiance en lui et a confiance en les autres. Il est à l'aise dans le rapprochement avec les autres personnes, dans les relations intimes et n'a pas de problèmes à se laisser soutenir par les autres quand il a besoin d'aide. Ce type de relation témoigne d’un respect mutuel et d'une sécurité affective.
  • De l'attachement évitant (15%) : Les stratégies d’attachement de type évitantes mises en place durant l'enfance proviennent du rejet des mères. Ces stratégies sont souvent maintenues à l'âge adulte et ont une valeur défensive qui permet à l'individu de s'adapter à un environnement rejetant. Chez l’adulte, cet attachement se traduit par un style d’attachement détaché. Ces individus sont inconfortables dans les relations intimes et profondes ainsi qu’anxieux dans des situations de rapprochement. Ils évitent les situations où les émotions sont trop fortes car la dépendance envers les personnes risquerait de nuire à leur indépendance excessive. Le sujet détaché a confiance en lui mais a une image négative des autres. Il perçoit la relation comme une proximité pouvant leur nuire, car elle risque d’éveiller la peur d’être rejeté par la personne significative, ce qui les pousse à maintenir leur partenaire à l'écart et à éviter les relations trop intimes.
  • De l'attachement ambivalent/résistant/anxieux (20%) : A l’âge adulte, cet attachement se traduit par un style d’attachement préoccupé. On le reconnaît par le besoin constant d'être en contact avec le partenaire. Les réactions émotionnelles sont d'intensités plus fortes à cause d'une image négative de soi qui provoque la peur d'être abandonné. Ces individus ont une faible confiance en eux et une forte dépendance envers autrui ce qui les empêchent d'être autonomes. Ces personnes ont tendance à idéaliser leur partenaire et à se sous-estimer.
  • De l'attachement désorganisé (10-15%) : Chez l'adulte, ce style d’attachement est également appelé désorienté ou craintif. Il se présente par des attitudes contradictoires et incompréhensibles. L’attachement sécure, insécure évitant et insécure ambivalent sont tous des comportements d’attachement organisés à la différence que le premier témoigne d’une stratégie primaire où le sujet n’a pas eu à apprendre de stratégie vicariante ou à s’adapter à sa figure d’attachement. Contrairement aux deux autres types d'attachement insécure qui sont des stratégies défensives mises en place pour s'adapter, l'attachement désorganisé n'est pas organisé et est un facteur de risque pour le développement personnel et social. Ce sont des personnes qui n'ont pas confiance en eux ni en les autres. Généralement, ils sont plus introvertis, solitaires et se confient peu aux autres.

L'attachement et la dynamique amoureuse

  • Dynamique amoureuse et attachement sécure : les couples dont les deux partenaires ont développé un style d'attachement sécure sont les plus satisfaits dans leur relation de couple. Ils sont capables d'être autonome et d'arrêter une relation dans laquelle ils ne sont pas épanouis. Ils possèdent les qualités nécessaires pour une bonne communication et pour résoudre les conflits. Ils n'évitent pas les conflits et sont capables d'exprimer leurs besoins et d'écouter l'autre. Ils ont la capacité de recevoir et de donner du soutien à leur partenaire. Ils arrivent à anticiper les besoins du partenaire et ce sont les individus qui arrivent le mieux à y répondre.
  • Dynamique amoureuse et attachement détaché : les personnes avec ce type d'attachement ont de la peine à s'engager dans des relations profondes et intimes. Ils préfèrent des relations sans engagement et basées sur la sexualité. Ils sont souvent moins satisfaits de leurs relations et de leurs partenaires. Ils ont tendance à quitter plus facilement les relations insatisfaisantes ou qui demandent un engagement. Les détachés parlent peu de leurs ressentis et évitent les conflits en se retirant des discussions. Ces individus minimisent leurs besoins et offrent que peu de soutien à leur partenaire. Leurs demandes de soutien sont souvent faites de manière indirecte car demander de l'aide irait en contradiction avec leur croyance de ne pas pouvoir compter sur les autres.
  • Dynamique amoureuse et attachement préoccupé : ces personnes ont du mal à rester seules et tombent facilement amoureuses lorsqu'une personne leur montre de l'intérêt. Ils ont besoin de beaucoup d'attention et d'être rassuré sans cesse ce qui les pousse à être dépendants de leur partenaire. Ces individus auront tendance à rester dans une relation qui ne les satisfait pas par peur de se retrouver seuls. Les préoccupés ont tendance à avoir peur des conflits car pour eux, c'est un risque d'être abandonné. Ils tentent de calmer cette anxiété par des discussions avec leurs partenaires. Leur peur est si grande qu'ils peuvent même aller jusqu'à utiliser la violence pour que l'autre reste auprès d'eux. Ces individus ont de grands besoins de soutien qui est quasiment impossible à combler.
  • Dynamique amoureuse et attachement désorganisé : ces individus sont d'un côté mal à l'aise avec l'intimité et maintiennent leur compagnon à distance et d'un autre ils ont besoin d'être rassuré. Face à cette double contrainte, leurs relations sont souvent insatisfaites. Ces personnes ont du mal à communiquer ce qu'ils ressentent et ce qu'ils veulent. Ils ont souvent des réactions contradictoires avec leurs ressentis ce qui peut les pousser à utiliser la violence lors de conflits.

Conclusion

Les théories présentées dans cet article ont en commun la notion de stade, et donc d'évolution d'un stade vers le suivant. De nombreuses autres théories en psychologie se basent également sur la notion de stade. Qu'il s'agisse de développement moral, psychosocial, ou de la connaissance, la personne gravit les échelons, et améliore ses capacités à chaque échelon. Dans ces théories, un stade n'est atteignable que si l'on passe par les précédents, et il est impossible de parcourir ces stades différemment. Néanmoins, d'autres domaines de la psychologie, telles que la psychologie différentielle ont remis en question la linéarité des stades du développement.

Pour aller plus loin

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Kohlberg, Lawrence (1973). The Claim to Moral Adequacy of a Highest Stage of Moral Judgment. Journal of Philosophy (The Journal of Philosophy, Vol. 70, No. 18) 70 (18): 630–646. doi:10.2307/2025030.

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