BASES:Cours BASES 2020-21/L’influence de la formation hybride sur le sentiment d’efficacité des apprenants
Auteure : Tiffany Nguyen
Mon groupe de travail
Mon groupe de travail se nomme : Groupe CIEL. Les membres sont : Anne-Lise Bouscail-Hardy, Claire Dupont et Orfelis Jaramillo. L'axe d'enseignement que nous avons choisi de traiter est la formation hybride en présence-distance. Notre thème de travail est : Motivation, engagement et sentiment d'efficacité dans une formation hybride.
Problématique et questions de recherches
Problématique
La formation hybride, notamment la partie à distance, suscite de nombreuses questions dans son efficacité et son utilité. Le sujet de notre groupe porte sur la motivation, l’engagement et le sentiment d’efficacité dans une formation hybride. Divers aspects qui permettent d’entretenir un rapport positif avec les études à distance. Ce wiki abordera le sujet du sentiment d’efficacité qui est très important dans les apprentissages, celui-ci permet d’entretenir la motivation et l’engagement des apprenants dans les formations hybrides. Nous nous intéresserons en premier à cette importance du sentiment d’efficacité en nous questionnant sur ses effets dans tout type d’apprentissage, ensuite nous réfléchirons à une façon de concevoir une formation hybride permettant d’avoir un sentiment d’efficacité élevé, puis nous finirons par réfléchir sur les caractéristiques d’une formation hybride qui pourrait favoriser ce sentiment d’efficacité. Cette démarche de questions devrait permettre de répondre à la question : En quoi est-ce que la formation hybride influence le sentiment d’efficacité des apprenants ?
Questions de recherche
Questions de recherche | Description des questions | Dimensions relatives aux technologies éducatives |
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Quels sont les effets du sentiment d’efficacité sur les apprentissages ? | Comprendre les effets du sentiment d'efficacité sur les apprentissages afin de mieux comprendre son importance et sa nécessité dans la formation hybride | Apprentissage |
Quels sont les moyens pour maintenir un sentiment d’efficacité élevé sur les apprentissages des apprenants dans une formation hybride ? | Réfléchir à une formation hybride qui prend en compte de l'importance du sentiment d'efficacité et de ses effets positifs sur les apprentissages | Enseignement et pédagogie |
Comment concevoir un environnement numérique qui favorise un sentiment d’efficacité élevé dans la formation hybride ? | Penser à un environnement numérique de formation hybride permettant de favoriser au mieux le sentiment d'efficacité | Technologies |
Réponses aux questions de recherche
Quels sont les effets du sentiment d’efficacité sur les apprentissages ?
Le sentiment d’efficacité permet aux apprenants de croire en leurs compétences et ainsi avoir la confiance et la motivation de réaliser une certaine tâche. Afin de s’y engager, les apprenants doivent avoir un sentiment d’efficacité élevé pour percevoir la tâche comme réalisable. Les apprenants ont besoin de percevoir que l’activité à réaliser est bénéfique, c’est-à-dire qu’elle n’est pas perçue comme une grande perte d’énergie et de temps. Nous pouvons constater qu’il est rare que les apprenants s’engagent dans une tâche qu’ils n’estiment pas réalisable.
Avoir une bonne estime de soi permet d’avoir un sentiment d’efficacité élevé. L’estime de soi permet de reconnaître si nous sommes bons ou mauvais dans un domaine, et influencera notre croyance dans nos capacités. Un apprenant aura tendance à se sentir efficace dans les domaines où ils s’estiment « bons ». De plus, selon la valeur dont ils attribuent à la tâche, cela peut affecter ou non leur estime de soi. Par exemple, un apprenant qui possède des faibles compétences dans un domaine et qui considère la tâche comme peu de valeur, alors son estime de soi ne sera pas grandement affectée. « À l’inverse, quelqu’un peut se considérer brillant dans une certaine activité, sans en retirer de fierté car son domaine de spécialité n’est pas reconnu socialement. » (Bandura mentionné dans le texte de Galand, B., 2011)
En ce qui concerne les termes d’« échec » ou de « réussite », ils n’impactent pas directement le sentiment d’efficacité des apprenants. Un apprenant n’a pas automatiquement un sentiment d’efficacité faible s’il reçoit un échec et vice-versa. Le sentiment d’efficacité personnel permet aux apprenants, malgré leur niveau de compétences, de décider s’ils souhaitent s’investir ou non dans une telle tâche. Par exemple, un apprenant avec des faibles acquis, mais un sentiment d’efficacité élevé peut développer fortement ses compétences (Galand, 2011), ce qui va permettre à l’apprenant de surpasser ses échecs ou de s’améliorer davantage dans ses réussites. Avec un sentiment d’efficacité et une estime de soi élevé, les apprenants auront le sentiment de pouvoir s’améliorer et d’obtenir de meilleurs résultats, peu importe le niveau de leurs compétences. Ils auront confiance en leur amélioration et auront la motivation à atteindre leurs objectifs.
Quels sont les moyens pour maintenir un sentiment d'efficacité élevé sur les apprentissages des apprenants dans une formation hybride ?
Le sentiment d’efficacité se cultive à travers les feedbacks et des objectifs proximaux. L’étude du psychologue américain Schunk et ses collègues sur la meilleure manière d’accroître les croyances d’efficacité et les performances d’élèves en difficultés d’apprentissages montre que les objectifs proximaux sont plus efficaces que des objectifs distaux (Galand, 2011). Ceux-ci sont modérés et moins difficiles à atteindre, ce qui permet à l’apprenant de ressentir un accomplissement dans un temps plus court et augmenter son sentiment d’efficacité. De plus, l’effet semble être encore plus motivant si l’apprenant fixe par lui-même ses objectifs, lui suscitant davantage d’intérêt aussi. Dans le texte de Dussards (2015) sur l’abandon en formation à distance, les apprenants décrivent que ne pas connaître les attendus ou ne pas recevoir de retour sont des situations qui leur sont stressantes. Ils ont un sentiment de rejet par l’institution, ce qui renforce la solitude ressentie à distance. Une bonne organisation et explication des objectifs permettent donc d’avoir une meilleure efficacité dans les apprentissages.
L’accompagnement, tant qu’affectif et organisationnel, des enseignants est donc important pour aider les apprenants à gérer ce mode d’apprentissage en hybride. Les feedbacks structurés et personnels des enseignants sur les travaux permettent aux apprenants de se rendre compte d’où ils en sont dans leur apprentissage et les encouragent à s’améliorer. C’est pourquoi, la formation hybride doit faire attention à ne pas réduire les compétences des apprenants à de simples chiffres, mais d’opter pour des formulations de phrases orientées sur parcours de l’apprenant. Cela permet de prendre en compte cette singularité que possède chaque apprenant, les encourage et améliore leur sentiment d’efficacité. Les apprenants ressentiront que leur effort fourni dans le travail leur est contrôlable, donc améliorable. De plus, « un feed-back informant d’un échec entraîne plus d’espoir pour la performance future s’il situe la performance de l’apprenant par rapport à d’autres mesures de sa compétence – donc par rapport à lui-même – que s’il le compare aux performances des autres » (Galand, 2011). Un feedback bien structuré permet donc d’avoir un contrôle sur ses apprentissages et de s’y sentir efficace car il y a une possibilité d’amélioration. Dans le texte de Dussarps, C., il est expliqué que l’aspect socio-affectif est très important dans une formation à distance. À travers l’écran, les apprenants ont le besoin de faire ressentir leur singularité et leur sentiment d’exister auprès des autres acteurs. La formation peut vite être dénaturée et ne plus avoir de sens auprès des apprenants. Ils ont besoin d’un environnement qui les soutient et les motivent à persévérer à étudier. Ils doivent pouvoir être capables de percevoir l’utilité et leur efficacité dans une telle formation, ce qui peut se faire grâce aux retours des enseignants.
La comparaison avec les autres apprenants est aussi un moyen de ressentir leur efficacité. « Des apprenants à qui l’on a présenté une tâche comme une occasion de développer leur compétence et d’améliorer leur maîtrise utilisent davantage les informations de comparaison sociale pour estimer dans quelle mesure il leur est encore possible de s’améliorer et comment y arriver. (…) Par contre, des apprenants à qui l’on a présenté la même tache comme un test diagnostique de leurs habilités intellectuelles utilisent davantage les informations de comparaison sociale pour établir leur rang par rapport aux autres en termes de compétence » (Galand, 2011). Dans ces deux contextes présentés, nous pouvons voir l’importance de la comparaison sociale qui permet de se situer dans ses apprentissages. Lorsque l’apprenant n’a pas forcément accès à ces informations, il peut se sentir perdu et ne plus voir la valeur de ses apprentissages. A-t-il réellement appris « comme les autres » ? La comparaison sociale permet donc de représenter son efficacité à travers celle des autres.
Comment concevoir un environnement numérique qui favorise un sentiment d’efficacité élevé dans la formation hybride ?
L’environnement numérique est majeur dans la formation hybride. Les apprenants se retrouvent à un moment seul en autonomie face à leur écran. Ils doivent s’adapter au mieux à cet environnement qui peut leur être nouveau et totalement détaché de leurs habitudes. Dans le texte sur l’abandon de Dussards (2015), trois facteurs d’abandon sont mentionnés : le manque de soutien perçu ou vécu par les apprenants, le manque d’accompagnement de la part de l’institution et la solitude. Afin d’avoir un environnement numérique qui favorise le sentiment d’efficacité, celui-ci doit compenser ses trois facteurs pour éviter tout risque d’abandon. Une étude dans le même texte montre que les élèves qui abandonnent une formation à distance ne communiquent pas beaucoup, voire jamais, avec leur tuteur (Dussard, 2015). Ceci insiste donc sur l’aspect communicationnel lors d’une formation à distance. L’environnement doit donc permettre et encourager la communication entre les apprenants et le tuteur, mais aussi inter-apprenants. Des bons moyens de communication permettent aux apprenants de ne pas être seuls et sortir de la solitude, et ainsi, résoudre le problème de l’isolement social.
De plus, comme mentionné dans le point 2 ci-dessus, certains apprenants ont le besoin de se sentir exister, d’avoir de la valeur et une reconnaissance de leur singularité auprès des autres acteurs de la formation. Il est donc mentionné dans le texte de Dussards (2015) que nombreux sont les apprenants qui indiquent dans les entretiens une difficulté à entrer en contact avec leurs pairs s’ils ne se sont pas rencontrés physiquement auparavant. Afin de répondre à ce besoin, le format hybride, comparé à une formation totalement à distance, permet d’avoir cette partie en présence et facilite les rencontres entre les apprenants. Ce format permet donc d’établir des liens durant la phase en présence, en réduisant les doutes afin de se lancer dans une phase à distance avec plus d’entrain et un sentiment d’efficacité plus élevé. Le soutien des pairs est important dans une formation à distance, car il représente l’aspect socio-affectif mentionné dans le point ci-dessus. Il est nécessaire d’avoir des moyens de communication adéquats qui permettent aux apprenants d’échanger avec leurs collègues afin de garder contact avec ceux-ci, voire faire connaissance à l’aide de ces fonctionnalités. L’environnement, étant déjà une nouveauté et demandant beaucoup d’effort de la part des apprenants, doit être le plus intuitif pour réduire au maximum le travail de compréhension des outils. De plus, celui-ci doit permettre un bon accompagnement des apprenants et faciliter le suivi et les feedbacks des enseignants. Mais aussi, un bon moyen de communiquer avec les enseignants et avec leurs pairs. Le dispositif doit être un guide pour l’apprenant et demande une certaine organisation. L’apprenant doit y voir une utilité et un bénéfice afin d’être motivé à l’utiliser. Afin d’avoir un sentiment d’efficacité élevé grâce au dispositif, celui-ci devra aider l‘apprenant à atteindre au mieux ses objectifs.
Discussion
Pour rappel, la question de recherche était : en quoi est-ce que la formation hybride influence le sentiment d’efficacité des apprenants ? Nous avons donc abordé le sujet des effets du sentiment d’efficacité dans les apprentissages, la façon de concevoir une formation et les caractéristiques de l’environnement de la formation hybride qui favoriserait le sentiment d’efficacité.
La formation hybride se doit donc d’être attentive à garder un bon sentiment d’efficacité auprès des apprenants qui seront en autonomie une majorité du temps. Nous pouvons constater que les apprenants sont sensibles à la valeur portée aux tâches et que celles-ci doivent avoir du sens pour eux. Notamment lors de la période à distance, les apprenants doivent être motivés à apprendre en autonomie et considérer qu’un cours qui ne ressemble pas au cadre « standard » (celui du présentiel) puisse être un vrai cours. Le sentiment d’efficacité a un rôle majeur dans la réussite d’une formation, mais aussi dans sa persévérance. Pour que les apprenants s’investissent dans une telle formation, ils doivent en percevoir la faisabilité. S’ils se sentent capables de l’accomplir, ils y mettront motivation et effort afin de la terminer. La persévérance est très importante dans une formation à distance. Ce milieu a besoin d’une grande autonomie de la part des apprenants qui devront avoir la force et la persévérance nécessaire pour aller chercher les informations et l’aide dont ils ont besoin pour réussir cette formation. Ils seront confrontés à de nouvelles situations et devront sortir de leur zone de confort. Pour cela, la formation se doit de leur offrir tout l’accompagnement nécessaire, notamment dans l’aspect socio-affectif. Afin que les apprenants puissent recevoir une formation de qualité, le renforcement des moyens de communication et des feedbacks doivent être pris en compte pour que les apprenants puissent ressentir l’accompagnement offert par les enseignants, mais aussi leurs collègues.
Références
- Dalmas, M., Baudier, P. et Dejoux, C. (2017). Formation ouverte à distance et motivation des apprenants. Management Avenir, (1), 39-63.
- Dussarps, C. (2015). L’abandon en formation à distance. Analyse socioaffective et motivationnelle. Distances et médiations des savoirs. Distance and Mediation of Knowledge, 3(10).
- Galand, B. (2011). Avoir confiance en soi. Dans Bourgeois, E. et Chapelle, G. (dir). Apprendre et faire apprendre (p. 255-268). Presses universitaires de France.
- Poellhuber, B., Chomienne, M. et Karsenti, T. (2011). L’effet du tutorat individuel sur le sentiment d’auto-efficacité et la persévérance en formation à distance. Revue des sciences de l’éducation, 37(3), 569-593.
- Vanlede, M., Philippot, P. et Galand, B. (2006). Croire en soi: le rôle de la mémoire autobiographique dans la construction du sentiment d’efficacité. Dans Bourgeois, E. et Chapelle, G. (dir).(Se) motiver à apprendre (p.51-61). Presses universitaires de France.