Transfert
Définition
Le transfert de connaissances désigne le processus cognitif consistant à faire appel à une connaissance acquise antérieurement dans un domaine pour la reproduire dans un domaine proche. Dans les situations d'apprentissage, on parle de transfert lorsqu'on reporte une habilité acquise dans un domaine sur une activité similaire, dans un contexte comparable. Perrenoud (2000) se demande si le transfert ne serait pas une facette de la mobilisation et parle volontiers de transfert de compétences, désignant ainsi le transfert comme une sorte de niveau supérieur d'apprentissage.
Le transfert de connaissances n’est pas automatique, il s’acquiert par l’exercice et une pratique réflexive, dans des situations qui donnent l’occasion de mobiliser des savoirs, de les transposer, de les combiner, d’inventer une stratégie originale à partir de ressources qui ne la contiennent et ne la dictent pas (Perrenoud, 1999).
Pour éviter qu’une compétence reste intrinsèquement liée à la situation de départ il faut recontextualiser la compétence développée au cours d’une situation initiale c’est-à-dire la faire appliquer dans d’autres situations et d’autre part travailler à isoler la compétence des contextes d’acquisition, situation initiale et situations de recontextualisation, de manière à la généraliser (Strebelle, Depover et Noël, 2002). Or, par définition, le transfert demande une décontextualisation des connaissances, tandis que, paradoxalement, celles-ci sont plus facilement aquises lorsqu'elles sont fortement contextualisées (Greeno, Moore and Smith, 1993).
Application
Pour être efficace, le transfert devrait être exercé en mobilisant les savoirs. Souvent les notions fondamentales ont été étudiées en classe mais hors de tout contexte. C'est pour cette raison qu'il importe de développer des compétences dès l'école, en d'autres termes, de lier constamment les savoirs et leur mise en oeuvre dans des situations complexes (Perrenoud, 1999).
Pour travailler le transfert, Tardif et ses collaborateurs (Tardif and Meirieu, 1996; Tardif and Presseau, 1998) suggèrent une stratégie en trois points. Il s'agit premièrement d'ancrer fermement les connaissances à acquérir, puis deuxièmement de multiplier les situations similaires permettant de recontextualiser les mêmes connaissances, appréciant ainsi leurs utilités et leurs applications dans une variété de problèmes. Enfin, troisièmement la décontextualisation vise à faire une abstraction et une généralisation des connaissances et compétences acquises, de façon à pouvoir les recombiner et les exploiter à nouveau par la suite dans des contextes différents.
Références
Greeno, J. G., Moore, J. L. et Smith, D. R. (1993). Transfer of situated learning. In D. K. Detterman et R. J. Sternberg (dir.), Transfer on trial: Intelligence, cognition, and instruction (p. 99-167). Norwood, NJ: Ablex Publishing Corporation.
Perrenoud, Ph. (1999). Construire des compétences, est-ce tourner le dos aux savoirs ? In Pédagogie collégiale. Vol 12, n°3.
Perrenoud, Ph. (2000). Du curriculum aux pratiques : question d'adhésion, d'énergie ou de compétence ?. Conférence, Québec. [Page Web]. Accès : http://scholar.google.com/url?sa=U&q=http://www.scinf.umontreal.ca/Cours/SOI6031/Articles/perrenoud_10_3.pdf
Strebelle A., Depover Ch. et Noël B. (2002). Favoriser l'acquisition et le transfert de compétences à l'école. Actes de la 6e biennale de l'éducation et de la formation, Paris.
Tardif, J. et Meirieu, P. (1996). Stratégies pour favoriser le transfert des connaissances. Vie Pédagogique, 98, mars-avril 1996, 4-7.
Tardif, J. et Presseau, A. (1998). Quelques contributions de la recherche pour favoriser le transfert des apprentissages. Vie Pédagogique, 108, septembre-octobre 1998, 39-45.