Libérer l'avenir

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Résumé "Libérer l'avenir", I. Illich

Illich : libérer l’avenir, 1971

Illich est un penseur né en 1926 à Vienne, et est une figure importante de la critique de la société industrielle. En 1956 alors qu’il est vice-recteur à l’université catholique de Porto Rico deux choses l’interpellent. Il se rend compte qu’il existe beaucoup de point communs entre l’église et l’école. De plus selon lui, l’école est contre-productive. Cette institution qui devrait avoir pour but la réduction des inégalités se retrouve à les accentuer en favorisant les personnes qui sont le moins dans le besoin. Ce constat est mis en avant dans les chapitre 8 : « l’enseignement : une vaine entreprise » et le chapitre 9 : « l’école ou la vache sacrée » et sera également mis en exergue dans son prochain écrit : « Une société sans école ». Tout d’abord il nous semble important de replacer l’œuvre dans son contexte. En effet, Illich se situe dans un contexte historique particulier, celui des années 1960. Il s’agit d’une période critique radicale de l’ordre capitaliste et de ses institutions sociales. Ensuite, nous pouvons mettre en avant la notion « illichienne » : la contre-productivité. « Lorsqu’elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole) les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s'érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient), l'école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n’écoute ou ne se fait entendre, etc. » (fr. wikipedia.org/wiki/ivan_illich). Illich est considéré comme le précurseur de l’éducation sans école, car il dénonce les fonctions superflues de cette dernière. On a choisi ce livre pour sa conception particulière et révolutionnaire de la société. Pr notre travail, on s est concentrés sur les chapitres en lien avec l’école et donc le droit à l’éducation.

Introduction

Cet ouvrage a été publié en 1971. Il s’agit d’un recueil de différents articles. Afin de bien comprendre dans quelle perspective se situe l’auteur, il est important de définir ce qu’est que le radicalisme. En effet, le radicalisme consiste à tout mettre en doute, et en particulier les idées reçues, ancrées dans l’opinion publique. Dans L’ouvrage, il aborde plus précisément la notion de radicalisme humaniste car c’est l’homme qui est mis au centre, et son épanouissement. L’auteur remet ici en question les bienfaits des institutions, comme l’église, les hôpitaux ainsi que l’école. Tout ceci dans le but de faire réagir les futures générations. A travers le texte, l’auteur montre que certaines certitudes émises par l’institution ont pour résultat d’enchainer l’imagination et d’apaiser le cœur. En d’autres termes, le fait d’adhérer aux concepts préconçus par la société nous procure un sentiment d’apaisement, au détriment de notre liberté de penser. L’ouvrage est composé de 12 chapitres. Dans les premiers chapitres, l’auteur met en évidence les tensions qui existent entre les Portoricains et les Américains. Puis il fait une critique de l’institution ecclésiastique. Ce n’est qu’à partir du chapitre 8 qu’Illich critique l’école : « l’enseignement : une vaine entreprise » et le chapitre 9 « l’école ou la vache sacrée ».

Les mots clés

liberté, institution (église, école, centre hospitalier)/ désinstitutionalisation, radicalisme (il faut tout mettre en doute, et en particulier ces idées reçues, ancrées dans l’opinion public) , radicalisme humaniste (rajouter le terme Humaniste car ici c’est l’homme qui est mis au centre, son épanouissement), inégalités sociales.

Résumé

Chapitre 8

(pp. 127-133)

Le chapitre 8 vise à remettre en question les résultats des institutions éducatives. En effet, pour l’auteur toute démocratisation de l’école tend moins à faire reculer l’ignorance qu’à accentuer les inégalités et renforcer son pouvoir normatif sur la société. Il prend l’exemple de l’enseignement scolaire dans les pays de l’Amérique latine pour relever l’inutilité des institutions scolaires dans l’ensemble du monde. Les pays latino-américains croient en l’action des institutions éducatives afin de classer le continent dans le rang des pays développés, et de faire émerger une classe sociale moyenne. Le but est alors d’atteindre un certain niveau de vie comparable à celui des pays industrialisés, mais en faisant avec un contexte économique en crise. Dans cette optique, l'Alliance pour le progrès (1961) signé par les gouvernements des deux Amériques, et conçue pour lutter contre le sous-développement, a fait accroitre le nombre de prolétaires. Cependant, celle-ci n’a véritablement profité qu’à la classe sociale supérieure de l’Amérique latine. Il s’agissait de définir une nouvelle élite fondée sur les mérites (et donc sur les années de scolarité) et non plus sur l’hérédité, mais le fossé ne cesse de se creuser sur le plan social et l’école semble ne pas apporter de solution à ce phénomène. Illich remet alors en question les fondements mêmes de l’institution scolaire, et s’interroge sur la validité d’un enseignement traditionnel pour une population en voie de développement. Illich évoque l’idée que les institutions scolaires des sociétés futures pourraient ne ressembler en rien avec celles que l’on connaît de nos jours. Le soutien qu’accorde la population latino-américaine à l’enseignement s’explique au nom d’un idéal politique inscrit dans les lois : le même droit pour tous à l’enseignement. Cette idée que « l’enseignement est capable d’assurer (…) l’intégration des citoyens à la société » (Libérer l’avenir, p. 129) est largement partagée de tous. Cependant, cette foi accordée au pouvoir de l’école limite en même temps l’exploration d’autres voies d’accès à cette classe sociale moyenne. Et malgré les investissements considérables octroyés aux institutions éducatives les inégalités ne cessent de se creuser. Pour l’auteur, l’école sous sa forme présente ne peut conduire l’Amérique latine à un développement sociale et économique comparable à celui de l’Amérique du Nord. L’école ne conviendrait donc pas à ce pays qui sort « à peine de l’époque de l’agriculture primitive » (Libérer l’avenir, p.131). Illich considère l’école comme une manière de prendre en charge les enfants et comme un rite de passage, que nous ne remettons pas en question, car cela est ancré dans les mœurs. L’école comporte également des « rites d’initiation ». En effet, celle-ci sélectionne les individus qui réussissent et leurs délivres un diplôme qui reflète leurs compétences. Pour Illich, il faudrait pour repenser l’éducation en Amérique latine admettre que « le système américain d’enseignement » comme une « ingénieuse invention sociale » (Libérer l’avenir, p.132). L’école serait alors un système devant lequel la société se plie car trop ancré nos les meures, les habitudes. L’auteur met également en avant que le système d’éducation en Amérique du Nord ne peut être suivi par tous les pays, en raison de leur situation économique. En effet, l’Amérique latine ne disposant pas de la même richesse que l’Amérique du Nord s’entête à poursuivre ce modèle d’enseignement et y accorde un budget beaucoup trop important, malgré les inégalités que l’école produit, et personne ne remet en question cela. Illich propose une analogie entre le système scolaire et le système du transport, plus précisément l’industrie de l’automobile. L’auteur relève que le gouvernement de l’Amérique latine accorda un budget important à ce secteur, même si ce n’est qu’une petite minorité qui possède des automobiles et qui bénéficient des améliorations liées au transport. Des personnes s’étaient révoltées contre cette inégalité. En revanche, personne n’est venu remettre en question les investissements considérables octroyés au système scolaire, alors qu’on assiste à la même dynamique. Dans les sociétés industrielles l’enseignement secondaire est obligatoire. Cependant, les nations pauvres n’ont pas les ressources financières suffisantes pour assurer ce niveau de formation. De plus, le fait d’accepter les enfants à risque dans les écoles élève davantage les coûts éducatifs et ne rentabilise pas les nouveaux investissements destinés aux écoles. Autrefois, l’école a servi à faire disparaître la féodalité, toutefois, aujourd’hui elle contribue à accentuer l’écart entre les plus forts et les plus faibles, assurant à ces premiers un avenir social et professionnel prometteur. Comme l’exprime si bien Illich : « L’enseignement classe et par là déclasse » (p.135). En outre, il postule que le fait que l’Amérique accorde des subventions aux écoles, revient à favoriser qu’une partie infime des étudiantes – ceux qui atteindront les meilleurs résultats scolaires –. Cette inégalité se justifie par le droit à l’enseignement pour tous. Or, finalement, « Ce que l’on enseigne aux citoyens, c’est de rester à leur place assignée » et de trouver cela légitime. Il ajoute que la société se soucie davantage du bénéfice que les bons élèves lui procurent plutôt que du reste des élèves qui sont majoritaire en nombre. Ces premiers finiront avec un diplôme et auront un salaire excessivement plus élevé que la masse d’élèves en difficulté scolaire. En somme, l’école accroît l’écart entre ces deux catégories d’élèves. De surcroît, Illich propose, afin de remédier aux problèmes d’inégalité précédemment relevés, de transformer les exploitations industrielles. En d’autres termes, il aimerait que les usines deviennent des centres de formation en fin de journée, à leur fermeture. Il pense qe si l’investissement pour l’école était partagé, les résultats d’un point de vue économiques et éducatifs seraient considérablement meilleurs. Il considère qu’il est opportun d’abolir le plus rapidement possible l’idée qu’il faut être scolarisé avant d’entreprendre une profession. En se basant sur certaines observations, il précise que la formation pour adultes serait plus efficace que l’enseignement primaire, tout en insistant sur le fait qu’il ne faut pas considérer l’éducation aux adultes comme « un remède palliatif à la scolarité qui leur fait défaut » (p.139). Pour finir, il ajoute que sa conception de l’école sera contestée par la majorité des individus et il explique cela par le fait que notre esprit a été formé ainsi par l’école. Il mentionne également que des changements au sein de l’école pourrait conduire à des actes de violence, comme il s’est avéré être le cas avec l’Eglise.

Chapitre 9

Dans ce chapitre que l’auteur à intitulé « l’école ou la vache sacrée », Le titre de ce dernier montre bien ce que l’auteur veut dénoncer. La société portoricaine que Ilitch étudie, assimile l’école à quelque chose de sacrée, de vénérée, qu’on ne doit pas remettre en question. Illich va dans cet article mettre en exergue la contre production de l’école. L’auteur met en avant le fait que cette période est une période de crise qui pourrait précéder la fin de « l’ère scolaire ». Pour Illich, il y a certain mythe qu’il faudrait abolir. Effectivement, l’école est considérée comme étant obligatoire à toutes personnes voulant être utile à la société. En effet, sans l’école, sans faire d’école on ne peut pas être considéré comme une personne importante. De plus, il dénonce le fait que l’école prend une grande place dans nos vies et que l’on passe une trop grande majorité de notre temps enfermé à l’intérieur des murs de cette institution ; mais il met également en avant le fait qu’une fois nos études achevées les étudiants sont confrontés aux diverses attentes de la société. Pour parler de l’école, il se réfère comme dans les chapitres précédents à la situation de Porto-Rico. Selon Ilitch cette ville est « animé par l’école ». Il va, tout au long de son écrit, comparer l’église et l’école. Il va tout d’abord comparer la fidélité et l’importance que les Portoricains portent envers l’école à la fidélité et l’importance que ceux-ci avaient autrefois envers l’église. Il explique pour mieux comprendre la place sacrée que l’école possède dans cette société qu’une personne pauvre sera pauvre car, selon elle, elle n’aura pas étudié et par conséquent ne possèdent pas de diplôme. Ce dernier étant trop valorisé il remet en doute l’existence d’une personne quand celle-ci n’en possède pas. L’école n’est en aucun cas remise en question dans cette société. Il prend pour exemple les grèves que les étudiants font à l’encontre de l’école. En effet, il met en avant le fait que l’école n’a plus pour objectif son rôle premier : celui d’éduquer et de socialiser. Il compare également les protestations que les jeunes étudiants peuvent avoir à l’encontre de l’école et des enseignants aux contestations que nos ancêtres pouvaient avoir envers le clergé et l’église. Selon Ilitch, si on veut la liberté il faut trouver une solution au problème de l’éducation, ce qui s’annonce difficile en raison de l’importance que l’école peut avoir, « l’école possède une tradition bien implantée » (p.146) Il espère qu’un jour les futures générations ne porteront plus autant d’importance aux exigences de l’école et espère que cette institution sera bientôt en voie de disparition car on remarquera que l’école est en « marge de l’éducation. » (p.148).

Conclusion

Finalement nous pouvons considérer que l auteur parle du droit à une « réelle éducation ». Tout au long de l’ouvrage, Illich dénonce les inégalités produites par les institutions. L’école a pour but d’éduquer et de socialiser, toutefois, à travers ces différents articles, l’auteur montre grâce à divers exemples qu’elle ne fait que reproduire des inégalités sans accomplir son but premier. Nous avons pu constater que dans chaque article l’école comparée aux différentes institutions de la société afin de démontrer qu’elles sont toutes contre-productives. C'est-à-dire qu’en réalité elles ne réalisent pas leurs fonctions et ne produisent pas les résultats attendus. Illich lance un appel à célébrer ; il sous-entend faire face aux réalités plutôt que de se laisser aveugler par les illusions véhiculées par la société. Il faut vivre le changement au lieu de faire confiance à la technique. Pour se faire il propose de déconstruire les définitions préconçues et met les nouvelles générations au défi d’abattre les systèmes sociaux et économiques ; pour que l’homme puisse ainsi participer à sa course vers la liberté. C’est un appel à vivre l’avenir.