Déscolarisation: mythe, réalité, enjeux

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Dernière modification le 4 décembre 2006 à 09:06 (MET)



LES CLASSES POPULAIRES ET L'ÉCOLE OBLIGATOIRE:

LES "PROCESSUS DE DÉSCOLARISATION" AU CYCLE D'ORIENTATION GENEVOIS


par


Omar Pagnamenta - mailto:pagname0@etu.unige.ch





INTRODUCTION

Depuis environ une dizaine d'années, les publications au sujet des abandons précoces de scolarité avant l'obtention d'un quelconque diplôme se sont multipliées. En France notamment, ces publications ont connu une augmentation exponentielle après l'Appel d'offre interministériel de 1999 sur les "processus de déscolarisation". Nous assistons au prolongement des transformations des "discours communs" sur l'école contemporaine dont parlent Millet et Thin dans leur article (2003). En accord avec l'analyse proposée par Bourdieu (1994) sur le système scolaire, pour qui ce dernier:


« [...] maintient l'ordre préexistant, c'est-à-dire l'écart entre les élèves dotés de quantités inégales de capital culturel. Plus précisément, par toute une série d'opérations de sélection, il sépare les détenteurs de capital culturel hérité de ceux qui en sont dépourvus. Les différences d'aptitude étant inséparables de différences scolaires selon le capital hérité, il tend à maintenir les différences sociales préexistantes. [...] Ainsi, l'institution scolaire dont on a pu croire, en d'autres temps, quelle pourrait introduire une forme de méritocratie en privilégiant les aptitudes individuelles par rapport aux privilèges héréditaires tend à instaurer, à travers la liaison cachée entre l'aptitude scolaire et l'héritage culturel, une véritable noblesse d'État, dont l'autorité et la légitimité sont garanties par le titre scolaire. » (ajouter la page)


À partir de ces quelques considérations, dans le présent travail nous aborderons la "dé-scolarisation" en deux parties. La première s'inscrivant dans les recherches sur l'histoire notionnelle et la seconde s'inspirant des recherches en sociologie de l'éducation. La catégorisation que nous venons d'opérer est quelque peu artificielle dans la mesure où l'étude d'un quelconque objet d'étude - qu'il s'agisse d'un concept ou de ce que ce dernier représente - nécessite que l'on s'intéresse simultanément à l'"historicisation" (Bourdieu, 1992) le soutenant. Néanmoins, nous avons effectué ce choix afin de rendre plus aisée la lecture de notre article et d'en simplifier le repérage des théories de référence. En effet, comme nous le verrons par la suite, de part notre questionnement, l'articulation constante entre "passé" et "présent" est la clé de voûte nous empêchant d'enfermer notre analyse de la "dé-scolarisation" dans les discours dit de "sens communs".


Dans un premier temps nous nous intéressons (ajouter une note en bas de page) à répondre à la question générale de savoir qu'est-ce la "dé-scolarisation". À cela nous formulons l'hypothèse tout aussi générale qu'il s'agit d'une "construction sociale" (Berger et Luckmann, 1966, 1986 pour la première traduction en français). En particulier, nous nous questionnons sur les acteurs des discours sur la "dé-scolarisation" à travers la description de leurs conditions sociales. Nous esquisserons une sorte de "carte topographique" des positions sociales que ceux-ci occupent. Afin de situer non seulement les acteurs des discours, mais aussi la "dé-scolarisation" comme problématique sociale, nous passerons en revue les conditions sociales de production de ces discours. Enfin, pour savoir de quoi il est aujourd'hui question quand nous entendons le mot de déscolarisation, nous exposerons les manières dont elle est problématisée et étudiée.


Dans la deuxième partie de l'article nous nous concentrerons sur la "dé-scolarisation" dans le canton suisse de Genève. Considérant que le phénomène qui nous intéresse est directement corrélé à la généralisation de l'obligation scolaire, nous formulons l'hypothèse générale suivante: la problématique sociale de la "dé-scolarisation" comme construction sociale est à Genève masquée. Afin de mettre à l'épreuve des faits notre hypothèse, nous analyserons les discours autour de l'école depuis l'introduction de la scolarité obligatoire à Genève en 1872. Nos sources sont les comptes-rendus du mémorial du pouvoir législatif (le Grand Conseil) ainsi que les archives des principaux journaux genevois recueillis à la Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève. Ce faisant, nous comptons "remonter le temps" afin de saisir comment la "dé-scolarisation" est à l'oeuvre dans le contexte genevois.

THÉMATIQUES DE LA DEUXIÈME PARTIE

  • L'obligation scolaire à Genève (1872);
  • Évolution de la prise en charge de la "déviance scolaire";
  • Évolution de la "question scolaire" à Genève à partir de 1940;
  • Les "ruptures scolaires" et les "processus de déscolarisation" à Genève;


BIBLIOGRAPHIE


Ouvrages

  • BOURDIEU, Pierre (1992). Réponses: pour une anthropologie réflexive. Paris: Éditions du Seuil, coll. Libre examen.
  • _____(1994). Raisons pratiques. Paris: Éditions du Seuil.
  • BERGER, Peter et LUCKMANN, Thomas (1966/1986). La construction sociale de la réalité. Paris : Méridiens Klincksieck, coll. Société.


Articles

  • MILLET, Mathias et THIN, Daniel (2003). Une déscolarisation encadrée: Le traitement institutionnel du « désordre scolaire » dans les dispositifs-relais. Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°149, 32-41.


Auteurs de référence: à lire

  • ASDIH, Carole (2003). Le Décrochage scolaire des collégiens de milieux populaires: étapes, logiques et parcours. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36, n°1, 7-13.
  • ______(2003). Étude du discours de collégiens en décrochage: conduites é l'école, relations avec les acteurs institutionnels, projets d'avenir. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36, n°1, 59-84.
  • BEN-AYED, Choukri et BROCCOLICHI, Sylvain (2001). Hiérarchisation des espaces scolaires, différenciations usuelles et processus cumulatifs d'échec. Ville-École-Intégration Enjeux, n°127, 35-50.
  • BELHANDOUZ, Halima et CARPENTIER, Claude (2000). Une construction socio-historique du "décrochage" scolaire. Le cas des Français musulmans du quartier nord d'Amiens. Ville-École-Intégration Enjeux, n°122, 128-159.
  • BONNERY, Stéphane (2003a). Le Décrochage scolaire de l'intérieur: interaction de processus sociaux, cognitifs, subjectifs et langagiers. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36 n°1, 37-58.
  • BROCCOLICHI, Sylvain et LARGUÈZE, Brigitte (1996). Les élèves sans qualification moins de cinq ans après leur entrée au collège. Education et Formation, n°48.
  • _____(1997). Les abandons d'étude avant la fin d'un cycle. Bulletin d'Information de l'ONISEP, n°518.
  • _____(2000). Désagrégation des liens pédagogiques et situations de rupture. Ville-École-Intégration Enjeux, n°122, 36-47.
  • BROSSIER, Dominique, EMIN, Jean-Claude et LUDOT, Brigitte (2000). Des jeunes qui échappent à la scolarité obligatoire. Ville-École-Intégration Enjeux, n°122, 93-104.
  • CAILLE Jean-Paul (1996). Qui sort sans qualification du système. Education & formations, n° 48, 81-102.
  • _____(2000a). Qui sort sans qualification du système éducatif? Education et formations, n°57, 19-37. ISSN 0294-0868
  • _____(2000b). Le risque de sortie sans qualification au cours des années quatre-vingt-dix: Effets des différences de trajectoires scolaires et de milieu familial. Ville-École-Intégration Enjeux, n°122, 76-92.
  • CELLIER, Hervé (2003). Le décrochage scolaire, révélateur des maux de l'École. La Nouvelle revue de l'AIS, n°24, 131-144.
  • DOUAT, Étienne (2003). La justification des absences. Ressorts d'un rituel. Ville-École-Intégration Enjeux, n°132, 174-185.
  • DRAY, Dominique et OEUVRARD, Francoise (2000). Un programme interministériel de recherche sur les processus de déscolarisation. Ville-École-Intégration Enjeux, n°122, 63-73.
  • _____(2003b). Catégorisation des trajectoires et méconnaissance institutionnelle. La construction du regard sur le "déscolarisé". Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, n° 2.
  • GLASMAN, Dominique et OEUVRARD, Françoise (Dir.) (2004). La déscolarisation. Paris: La Dispute.
  • GUIGE, Michèle (2003). Des garçons décrocheurs de l'école. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36, n°1, 85-108.
  • HEDIBEL, Maryse (2003a). Des élèves qui n'en sont plus: les arrêts de scolarité avant 16 ans. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36 n°1, 15-37.
  • MILLET, Mathias et THIN, Daniel (2003a). Remarques provisoires sur les « ruptures scolaires » des collégiens de familles populaires. Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle, vol.36, n°1, 109-129.
  • _____(2003b). La "déscolarisation" comme processus combinatoire. Ville-École-Intégration Enjeux, n°132. 46-58.
  • _____(2003c). Une déscolarisation encadrée: Le traitement institutionnel du « désordre scolaire » dans les dispositifs-relais. Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°149, 32-41. ISSN 0335-5322

Etudiante en Sciences de l' Education en vue de l' obtention du Certificat Complémentaire en éducation, mention "Education Specialisée".

  • _____(2005). Ruptures scolaires. L'école à l'épreuve de la question sociale. Paris: Presse Universitaire de France, coll. Le lien social.
  • TANON, Fabienne (2000). Les jeunes en rupture scolaire : du processus de confrontation à celui de remédiation. Paris : L’Harmattan.


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Sources

Situation française Etudiante en Sciences de l' Education en vue de l' obtention du Certificat Complémentaire en éducation, mention "Education Specialisée".

  • Ministère de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement (décembre 2005). Rapport 2005 de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles. Éditions de la Délégation interministérielle à la Ville.


Situation genevoise

  • Statistiques officielles.
  • Mémorials du Grand Conseil genevois et rapports concernant la scolarité obligatoire (1872, 1940, 1961, 1969, 1977, 2000, 2001).


Méthode d'analyse

Trois types d'analyse:

  • analyse du contenu des rapports ministeriels, des statistiques officielles;
  • analyse de presse sommaire pour donner un aperçu de l'espace des discours sur l'école;
  • analyse d'entretiens: famille populaire confrontée aux "ruptures scolaires" (parents + enfant), enseignant CO, chercheur SRED, DIP, patron employant des jeunes sans diplômes, éducateur ou assistant social travaillant avec jeunes en situation de "déscolarisation;


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Experts associés

Proposition: Franz Schultheis ou Pierre Escofet, Martine Ruchat et Chrles Magnin


BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

  • BEN-AYED, Choukri et BROCCOLICHI, Sylvain (2001). Hiérarchisation des espaces scolaires, différenciations usuelles et processus cumulatifs d'échec. Ville-École-Intégration Enjeux, n°127, 35-50.
  • DURU-BELLAT, Marie (2001). Les résistances des familles (de certaines d'entre elles) à l'école pour tous. Ville-École-Intégration Enjeux, n°127, 61-73.
  • MUEL, Francine (1975). L'école obligatoire et l'invention de l'enfance anormale. Actes de la recherches en sciences sociales, n°1, 61-74.
  • SERRE, Delphine (2001). La "judiciarisation" en actes. Le signalement d'"enfants en danger". Actes de la recherches en sciences sociales, n°136/137, 70-82.
  • TICHIT, Laurence (2001). Le "tout choses égales par ailleurs" en question. Ou l'occultation des enjeux du marché scolaire local. Ville-École-Intégration Enjeux, n°127, 25-34.
  • VAN ZANTEN, Agnès (2001). L'école de la périphérie, le marché et le management. Pressions globales et contraintes locales. Ville-École-Intégration Enjeux, n°127, 10-24.


LIENS

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Diversités culturelles et normes dominantes

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