Utilisateur:Damien
Résumés d'ouvrages des années 1970-1980
Pingeon, D. (1978). La délinquance juvénile comme alternative à la répression. Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, cahier no 7.
Cet ouvrage d'une cinquantaine de pages se compose de seize chapitres se succédant les uns aux autres de manière simple et non élaborée (pas de subdivisions en sous-chapitres, etc.). L'auteur présente la déviance comme un "objet d'étude" et comme un "sujet de réflexion", sujet de sa réflexion aussi car il fait recours, et se justifie par la même occasion, de la subjectivité "projetée" de son propos. Ce texte se présente sans artifices et nous touche par sa remise en question incessante de l'objet d'étude et, s'il s'excuse en coonclusion d'un certain idéalisme ou d'une certaine naïveté, l'objectif reste "d'ouvrir un débat de plus en plus urgent".
Dès le titre de l'ouvrage, Pingeon nous livre sa vision de la délinquance juvénile: elle est action, elle est même "légitime défense". Il nous invite à nous questionner sur notre point de vue. Si la déviance s'exprime en lien à une norme, celle-ci est individuelle ce qui peut nous placer également à notre tour du côté de la déviance: celui qui subit et qui ne réagit pas à l'ordre social peut, selon un point de vue et une certaine norme, être qualifié de déviant. D'autre part, étant donné que le jugement de l'acte comme délinquant est culturel et variable, il se pourrait, comme le suggère l'auteur, que ce soit aux personnes gênées par ces actes de se demander ce qu'elles pourraient faire pour éliminer en elles "les germes de l'intolérance". Cela nous questionne à notre rapport à la déviance et à la délinquance, plus généralement à notre part d'ombre, nos fantasmes, nos désirs cachés. Et, pour mener à bien ce renversement de situation, terminons-en avec la stigmatisation, la mise en cage, la mise dans des cases figées.
L'auteur nous présent trois type "d'adaptations particulières" (terme préféré à celui d'inadaptation) s'articulant tous autour du thème de la souffrance vécue et ressentie. La délinquance, la toxicomanie et le suicide sont présentés principalement comme des révélateurs d'un malaise sociale.
Le délinquant, puisque c'est lui qui nous intéresse particulièrement, est, à travers ses actes, "porteur de messages". Alors que ce qui nous distingue des délinquants se résume à une sorte de "socialisation de nos pulsions", "un système de protection", "une canalisation de notre délinquance": "une répression légalisée" comme le suggère le titre de l'ouvrage. Il n'existe pas de profil-type de la personne délinquante mais il est relevé deux mécanismes d'analyse, soit "l'imprégnation par le milieu", soit "la réaction à ce même milieu". Le premier regroupe la dimension familiale, celle des mass media (avec son paradoxal impact entre banalisation et stigmatisation et avec les peurs qu'elle suscite à cette époque créant des écarts entre la fantasmatisation et la réalité) et enfin celle véhiculée par la société de consommation, tout trois participant de leur influence sur la personne, portant aussi une responsabilité non négligeable dans le phénomène. En réaction à ces milieux, il se dégagera une souffrance révélées par les "sentiments d'injustice, de frustration et de dévalorisation"". De même la misère (humaine, sociale, économique, etc) ne soit pas être oubliée lorsque nous abordons ce sujet. Il retire des études à propos des trois catégories vue précédemment des chiffres et des conclusions. A propos de la délinquance, il relativise le rajeunissement des acteurs, la gravité des actes, l'apparition de nouvelles et légères transgressions. La délinquance féminine est aussi abordée.
L'auteur se questionne sur la "délinquance cachée", celle qui ne parviendra jamais aux oreilles des magistrats, celle pas dénoncée donc, faisant office d'après lui d'actes socialisants quoique considérés, malheureusement, comme délinquants. Que se passerait-il si tout était su, tout serait réprimé? Il questionne alors les professionnels, comme il les nomme peut-être non sans ironie les "médecins-juges, policiers-juges, éducateurs-juges, juges-juges". Il pourrait alors y avoir amplification du phénomène, et à l'opposé la possibilité aussi d'une atténuation du dit phénomène, en ne réprimant pas par exemple certains délits de personnes non majeures et de l'autre côté en œuvrant sur les causes sociales.