Rina Nissim

De DeWiki
Aller à la navigation Aller à la recherche
Erreur lors de la création de la vignette : Impossible d’enregistrer la vignette sur la destination
Madame Rina Nissim

Date de naissance : 1952

Biographie : Née à Jérusalem après la guerre et l'indépendance d'Israël. Ses parents originaires de la Grèce ont fui les allemands durant la seconde guerre mondiale, pour refaire leur vie ailleurs. Famille Juive et orientale : différence d'éducation avec son frère (poussé dans la voie scolaire) et elle (poussée vers le mariage). Elle a 5 ans lorsqu'elle est venue en Suisse avec sa famille. Scolarité difficile (dyslexie, ...) elle assiste contrainte aux critiques de son frère bien meilleur qu'elle. Son modèle ; sa grand mère maternelle : l'une des premières professeurs de français à Salonique. Sa mère a fait des études supérieures (plus élevées) que son père : mais n'a jamais travaillé (contrainte par son mari à élever ses enfants). Son autre modèle est sa tante, qui a dirigé sa propre affaire de commerce. Influencer également par son institutrice qui a su la valoriser, et lui donner le gout d'apprendre. L'adolescence était une période particulièrement difficile pour elle : tentative de suicide, échec scolaire, ... Tombe enceinte de son amant à l'âge de 18ans, il part au même moment en voyage avec son frère. Elle paye à l'époque 1000Frc chez un gynécologue. L'accueil des infirmière est hostile, et quand son amant rentre de voyage, elle lui explique, il approuve sa décision et la quitte. Elle a trouvé un tract du MLF et s'est engagée dedans : moyen d'affirmation et de libération. Elle avait besoin des autres pour s'en sortir.


C’est au début des années 70, que Rina Nissim s’engage au sein du Mouvement de libération des femmes genevois (MLF) et s’investit dans les groupes « avortement » et « self help ». Bien plus qu’un groupe féministe, le self help est un véritable mouvement qui invitent les femmes à se réapproprier ce corps qui est le leur. Ce mouvement met ainsi en avant que les femmes ont été expropriées de leur corps et qu’on leur a confisqué leurs connaissances sur celui-ci. En effet, il est important de souligner que nos ancêtres connaissaient les gestes et les traitements qui leur permettaient de rester en santé, mais ce savoir s’est perdu par la montée de la nouvelle médecine et par l’Eglise. Il en résulte que de nos jours nous sommes dans un rapport de pouvoir entre un médecin qui sait et une patiente qui ne sait pas, et qui donc la place dans une position d’infériorité. C’est bien cela que le mouvement self help remet en cause. Par ailleurs, les femmes entretiennent une relation que l’on peut qualifié de pudique envers leur propre corps, ce qui fait obstacle à cette idée de réappropriation que le mouvement défend et revendique. Ainsi dans les années 70, se mirent en place des petits groupes d’auto-examen, des groupes de self help dont Rina Nissim contribua fortement. Dans ces groupes les femmes s’examinaient, observaient leur intimité en utilisant un speculum et essayaient des moyens alternatifs aux méthodes médicales afin de traiter certaines affections. L’appropriation passe donc pour ce mouvement par la connaissance de son corps, par l’auto-examen et par le partage d’expérience avec d’autres femmes.

Puis en 1978, Rina Nissim crée le Dispensaire des Femmes à Genève. Entourée d’une équipe pluridisciplinaire, le centre offrait des soins aux femmes selon une approche alternative. Les prestations étaient diverses : contraception, avortement, mais aussi contrôles annuels gynécologiques, soins pour de petites pathologies. Le dispensaire s’inscrivait dans cette conception du self help, ainsi les femmes apprenaient à connaître leur corps, à l’observer, à le soigner. Une place importante était accordée à la naturopathie, mais les femmes avaient également la possibilité de faire aussi appel à la médecine moderne. L’important pour le Dispensaire était que ces femmes prennent conscience qu’elles avaient le choix de choisir le type de médication. Un choix qui fait écho au sel help, car pour pouvoir faire un choix il faut avoir un minimum conscience de son corps, conscience également qu’on est maître de son corps. Par ailleurs, afin de rompre avec cette relation de médecin-patiente, éclairé-ignorante/dépendante, le centre offrait des consultations à trois : une usagère, une médicale (les femmes qui avaient un certain savoir académique) et une non-médicale (les femmes qui n’avaient pas suivi une formation dans le domaine de la santé, mais dans la psychologie ou l’éducation par exemple).

En parallèle à son activité au Dispensaire, Rina Nissim se lance également dans l’écriture. Elle utilise ses connaissances en naturopathie pour mettre en avant la panoplie de ressources qu’offre la nature pour soulager et guérir les maux dont les femmes se plaignent. Ainsi, en 1984, l’auteure fonde sa propre maison d’édition Mamamélis et publiera plus tard notamment trois ouvrages : Mamamélis : Manuel de gynécologie naturopathique à l'usage des femmes, Menopause : reflexions et alternatives. Réflexions et alternatives aux hormones de remplacement, et La sexualité des femmes racontée aux jeunes et aux moins jeunes.

Le Dispensaire subit quelques difficultés et ferme en 1987, mais ce n’est pas pour autant que l’engagement de la féministe diminue. En effet, celle-ci s’expatrie dans divers pays pour poursuivre son engagement. En 1992, de retour à Genève Rina Nissim ouvre un cabinet de consultation gynécologique naturopathique et participe encore activement à l’Espace Femmes Internationales (EFI) qui est un centre de documentation qui récolte et diffuse des informations sur les femmes.

Inspirée du personnage Emma
Budry, M., Ollagnier, E., 1999, Mais qu'est-ce qu'elles voulaient ? Histoire de vie du MLF à Genève, Editions d'en bas, pp.63-69, pp.126-13, consulté le 22 Novembre 2013 sur http://books.google.ch/books?id=0nPXq7r9K4UC&pg=PA39&lpg=PA39&dq=mais+qu%27est+ce+qu%27elles+voulaient&source=bl&ots=afPwa6ta0f&sig=1VOpGYdMiTX_QCl31QTFM3Qv0dw&hl=fr&sa=X&ei=qMqVUvjGFMrX7AaDkYDgDA&ved=0CEsQ6AEwBA#v=onepage&q=emma&f=false