« L'évolution psychiatrique » : différence entre les versions
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Cette revue comporte également des numéros à thèmes portant sur l'histoire, le champ social, les questions fondamentales que pose la psychiatrie clinique. En 1972, ''L' Évolution psychiatrique'' choisit l'antipsychiatrie comme thème du premier trimestre. Ce même thème sera repris plus brièvement en 1974. | Cette revue comporte également des numéros à thèmes portant sur l'histoire, le champ social, les questions fondamentales que pose la psychiatrie clinique. En 1972, ''L' Évolution psychiatrique'' choisit l'antipsychiatrie comme thème du premier trimestre. Ce même thème sera repris plus brièvement en 1974. | ||
Dans ce premier numéro de 1972 portant sur l'antipsychiatrie, plusieurs psychiatres vont s'élever contre le mouvement protestataire de l'antipsychiatrie en dénonçant ses postulats et les risques qu'ils comportent, selon ces médecins. Dans une période de remise en questions des institutions (psychiatriques, y compris), ces psychiatres reconnaissent à l'antipsychiatrie le mérite de poser les bonnes questions, de soulever les problèmes et les | Dans ce premier numéro de 1972 portant sur l'antipsychiatrie, plusieurs psychiatres vont s'élever contre le mouvement protestataire de l'antipsychiatrie en dénonçant ses postulats et les risques qu'ils comportent, selon ces médecins. Dans une période de remise en questions des institutions (psychiatriques, y compris), ces psychiatres reconnaissent à l'antipsychiatrie le mérite de poser les bonnes questions, de soulever les problèmes et les paradoxes du monde de la psychiatrie. Toutefois, ils s'opposent aux réponses et aux solutions que ce mouvement de contestation apporte en privilégiant certes un dépassement de la psychiatrie "de grand-papa", mais en garantissant la reconnaissance du statu du psychiatre et de son expertise dans le soin et le traitement de la maladie mentale. Cette notion de maladie mentale, au centre de tous les débats, confronte une vision organique de la maladie, telle que défendue par ces psychiatres non antipsychiatres, à une vision socio-culturelle de cette même maladie, telle que dénoncée par les antipsychiatres. | ||
Le premier article de René Angelergues, psychiatre et ancien directeur de ''l'Association Santé Mentale dans le 13ème arrondissement de Paris'', traite des paradoxes dans la psychiatrie. Il remet en question les théories de Laing, Cooper et Basaglia au profit d'un pouvoir du psychiatre, garant du bon fonctionnement de l'institution psychiatrique et des soins. | Le premier article de René Angelergues, psychiatre et ancien directeur de ''l'Association Santé Mentale dans le 13ème arrondissement de Paris'', traite des paradoxes dans la psychiatrie. Il remet en question les théories de Laing, Cooper et Basaglia au profit d'un pouvoir du psychiatre, garant du bon fonctionnement de l'institution psychiatrique et des soins. | ||
Dans le deuxième article, Henri Barte, psychiatre et président du Collège national de psychiatrie, questionne le discours politique de l'antipsychiatrie. Selon lui, le mouvement de l'antipsychiatrie s'érige contre le symbole que représentent les institutions psychiatriques. La réussite de cette tentative pour casser les murs de l'Asile est d'éveiller les sensibilités de tout à chacun au statut social de la folie.<br> | Dans le deuxième article, Henri Barte, psychiatre et président du Collège national de psychiatrie, questionne le discours politique de l'antipsychiatrie. Selon lui, le mouvement de l'antipsychiatrie s'érige contre le symbole que représentent les institutions psychiatriques. La réussite de cette tentative pour casser les murs de l'Asile est d'éveiller les sensibilités de tout à chacun au statut social de la folie.<br> | ||
Le troisième article est signé par Henri Ey, psychiatre et directeur de la revue''L' Évolution psychiatrique'' dès 1945 à 1974. A l'instar de ces deux précédents collègues, Henri Ey conteste l'idéologie de l'antipsychiatrie et s'oppose vivement à la négation de la maladie mentale et de sa nature organique. Il dénonce "l'illusion que la maladie mentale n'est pas une phénomène "naturel" mais "extranaturel" ou "culturel" ([[Bibliographie|Ey, 1972,]] p. 58).<br> | |||
Les deux derniers articles de Henri Maurel et Henri Stzulman, tous deux psychiatres également, amènent une réflexion sur la terminologie, la thématique de l'antipsychiatrie ainsi qu'une réflexion sur la psychiatrie et l'antipsychiatrie. Pour Maurel, il est absurde qu'un psychiatre puisse se définir comme antipsychiatre, à moins de renoncer à toute place dans une institution et à toute intention de soigner les malades mentaux hors de l'institution. A ses yeux, le terme de parapsychiatres devraient plutôt être utilisé pour dénommer ces psychiatres réformateurs. Dans la suite de son article, il consteste également la négation de la folie en tant que maladie mentale et le "mythe de la norme" proposé par Maud Mannoni. Il revendique une reconnaissance de la folie et de sa valorisation. Finalement, la critique des institutions est soulevée et avec elle le paradoxe de la psychiatrie institutionnelle défendue par Cooper et Basaglia. Selon Maurel, ces lieux sont des institutions asilaires remplies de contradictions. Stzulman, dans son article, rapelle l'histoire de l'antipsychiatrie, des faits marquants de la naissance de ce mouvements ainsi que des oeuvres littéraires sur lesquelles se base le mouvement antipsychiatrique, notamment les écrits de Michel Foucault. Stzulman reconnaît l'autocritique permanente de la psychiatrie qu'il appelle ''malaise'' et il s'attache, dans la suite de son article, à relever les difficultés et contradictions de la psychiatrie au début des années 70. La suite de son article énonce les thèmes du mouvement antipsychiatrique, ses principaux courants ainsi que ses principales thèses (refus de la [[Dictionnaire|nosographie]], refus de l'institution asilaire et refus de soigner). La dernière partie de son article est un critique du mouvement antipsychiatrique et de ses thèses. | |||
Le numéro spécial de 1974 contient moins d'articles et certains d'entre eux sont écrits par les mêmes psychiatres que les articles du numéro de 1974. On retrouve les mêmes arguments et les mêmes revendications des psychiatres non antipsychiatres, avec un certain sentiment de lassitude, le premier aricle de se numéro s'intitulant ''l'antipsychiatrie...encore.'' |
Dernière version du 27 décembre 2011 à 11:59
L' Évolution psychiatrique est une revue française créée en 1925 et dirigée à ses débuts par René Laforgue et Angelo Hesnard. Deux volumes ont paru en 1925 et 1927. Depuis 1929, c'est une revue trimestrielle dont les articles sont soumis à un comité de lecture assisté d'un comité de lecture international.
Sa principale vocation se veut d'être une revue d'ouverture de la psychiatrie aux courants qui l'entourent dans son champ propre comme dans les disciplines voisines. L' Évolution psychiatrique s'ouvre aux champs de la pensée scientifique ou philosophique, de la recherche ou encore de la clinique. Elle s'intéresse à l'histoire de la psychiatrie, aux interrogations de la biologie, à la psychanalyse ou encore aux sciences sociales.
A ses débuts, L' Évolution psychiatrique devait être un point de jonction entre psychiatrie médicale et psychanalyse. Il n'est d'ailleurs pas rare d'y trouver des articles proposés par des psychanalystes, y compris des psychologues.
Cette revue comporte également des numéros à thèmes portant sur l'histoire, le champ social, les questions fondamentales que pose la psychiatrie clinique. En 1972, L' Évolution psychiatrique choisit l'antipsychiatrie comme thème du premier trimestre. Ce même thème sera repris plus brièvement en 1974.
Dans ce premier numéro de 1972 portant sur l'antipsychiatrie, plusieurs psychiatres vont s'élever contre le mouvement protestataire de l'antipsychiatrie en dénonçant ses postulats et les risques qu'ils comportent, selon ces médecins. Dans une période de remise en questions des institutions (psychiatriques, y compris), ces psychiatres reconnaissent à l'antipsychiatrie le mérite de poser les bonnes questions, de soulever les problèmes et les paradoxes du monde de la psychiatrie. Toutefois, ils s'opposent aux réponses et aux solutions que ce mouvement de contestation apporte en privilégiant certes un dépassement de la psychiatrie "de grand-papa", mais en garantissant la reconnaissance du statu du psychiatre et de son expertise dans le soin et le traitement de la maladie mentale. Cette notion de maladie mentale, au centre de tous les débats, confronte une vision organique de la maladie, telle que défendue par ces psychiatres non antipsychiatres, à une vision socio-culturelle de cette même maladie, telle que dénoncée par les antipsychiatres.
Le premier article de René Angelergues, psychiatre et ancien directeur de l'Association Santé Mentale dans le 13ème arrondissement de Paris, traite des paradoxes dans la psychiatrie. Il remet en question les théories de Laing, Cooper et Basaglia au profit d'un pouvoir du psychiatre, garant du bon fonctionnement de l'institution psychiatrique et des soins.
Dans le deuxième article, Henri Barte, psychiatre et président du Collège national de psychiatrie, questionne le discours politique de l'antipsychiatrie. Selon lui, le mouvement de l'antipsychiatrie s'érige contre le symbole que représentent les institutions psychiatriques. La réussite de cette tentative pour casser les murs de l'Asile est d'éveiller les sensibilités de tout à chacun au statut social de la folie.
Le troisième article est signé par Henri Ey, psychiatre et directeur de la revueL' Évolution psychiatrique dès 1945 à 1974. A l'instar de ces deux précédents collègues, Henri Ey conteste l'idéologie de l'antipsychiatrie et s'oppose vivement à la négation de la maladie mentale et de sa nature organique. Il dénonce "l'illusion que la maladie mentale n'est pas une phénomène "naturel" mais "extranaturel" ou "culturel" (Ey, 1972, p. 58).
Les deux derniers articles de Henri Maurel et Henri Stzulman, tous deux psychiatres également, amènent une réflexion sur la terminologie, la thématique de l'antipsychiatrie ainsi qu'une réflexion sur la psychiatrie et l'antipsychiatrie. Pour Maurel, il est absurde qu'un psychiatre puisse se définir comme antipsychiatre, à moins de renoncer à toute place dans une institution et à toute intention de soigner les malades mentaux hors de l'institution. A ses yeux, le terme de parapsychiatres devraient plutôt être utilisé pour dénommer ces psychiatres réformateurs. Dans la suite de son article, il consteste également la négation de la folie en tant que maladie mentale et le "mythe de la norme" proposé par Maud Mannoni. Il revendique une reconnaissance de la folie et de sa valorisation. Finalement, la critique des institutions est soulevée et avec elle le paradoxe de la psychiatrie institutionnelle défendue par Cooper et Basaglia. Selon Maurel, ces lieux sont des institutions asilaires remplies de contradictions. Stzulman, dans son article, rapelle l'histoire de l'antipsychiatrie, des faits marquants de la naissance de ce mouvements ainsi que des oeuvres littéraires sur lesquelles se base le mouvement antipsychiatrique, notamment les écrits de Michel Foucault. Stzulman reconnaît l'autocritique permanente de la psychiatrie qu'il appelle malaise et il s'attache, dans la suite de son article, à relever les difficultés et contradictions de la psychiatrie au début des années 70. La suite de son article énonce les thèmes du mouvement antipsychiatrique, ses principaux courants ainsi que ses principales thèses (refus de la nosographie, refus de l'institution asilaire et refus de soigner). La dernière partie de son article est un critique du mouvement antipsychiatrique et de ses thèses.
Le numéro spécial de 1974 contient moins d'articles et certains d'entre eux sont écrits par les mêmes psychiatres que les articles du numéro de 1974. On retrouve les mêmes arguments et les mêmes revendications des psychiatres non antipsychiatres, avec un certain sentiment de lassitude, le premier aricle de se numéro s'intitulant l'antipsychiatrie...encore.