« Forme scolaire » : différence entre les versions
mAucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 3 : | Ligne 3 : | ||
Je reprends ici la définition qu'en donnent Guy VINCENT, Bernanrd LAHIRE et Daniel THIN ("Sur l'histoire et la théorie de la forme scolaire") in Guy Vincent (dir.), ''L'éducation prisonnière de la forme scolaire? Scolarisation et socialisation dans les sociétés industrielles'', Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1994, pp.11-44. | Je reprends ici la définition qu'en donnent Guy VINCENT, Bernanrd LAHIRE et Daniel THIN ("Sur l'histoire et la théorie de la forme scolaire") in Guy Vincent (dir.), ''L'éducation prisonnière de la forme scolaire? Scolarisation et socialisation dans les sociétés industrielles'', Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1994, pp.11-44. | ||
Ce concept trouve son fondement théorique dans la notion de forme élaborée par la Gestalttheorie pour qui '''la forme est d'abord une unité'''. Dans le cas de la forme scolaire, Vincent, Lahire et Thin définissent le principe d'engendrement de son unité comme le ''' | Ce concept trouve son fondement théorique dans la notion de forme élaborée par la Gestalttheorie pour qui '''la forme est d'abord une unité'''. Dans le cas de la forme scolaire, Vincent, Lahire et Thin définissent le principe d'engendrement de son unité comme le rapport à des '''règles impersonnelles''' qui permettent de considérer en même temps les dimensions spatio-temporelle de la forme (i.e. le lieu/l'établissement et l'organisation temporelle) et historique de sa constitution. | ||
La forme scolaire est | La forme scolaire est définie selon cinq critères et concerne les configurations sociales caractérisées par des savoirs scripturaux formalisés, objectivés, délimités et codifiés: | ||
# l'école comme lieu spécifique | # l'école comme lieu spécifique chargé de transmettre ces savoirs objectivés; | ||
# la pédagogisation des relations sociales d'apprentissage (à la fois au niveau des contenus que des pratiques); | # la pédagogisation des relations sociales d'apprentissage (à la fois au niveau des contenus que des pratiques); | ||
# la systématisation de l'enseignement qui permet parallèlement d'assurer des effets de socialisation spécifique durables; | # la systématisation de l'enseignement qui permet parallèlement d'assurer des effets de socialisation spécifique durables; | ||
# l'école comme lieu d'apprentissage de formes d'exercice du pouvoir (i.e. des règles supra-personnelles intimement liées à la structuration de l'État de droit); | # l'école comme lieu d'apprentissage de formes d'exercice du pouvoir (i.e. des règles supra-personnelles intimement liées à la structuration de l'État de droit); | ||
# l'école comme lieu où se construit le rapport au langage et au monde au travers un travail scriptural. | # l'école comme lieu où se construit le rapport au langage et au monde au travers un travail scriptural. | ||
Les auteurs s'appuient sur ce concept afin de rendre compte la manière avec laquelle un mode de socialisation scolaire s'est imposé à d'autres modes de socialisation. Au travers de la forme scolaire il est possible d'expliquer de manière satisfaisante et convaincante l'émergence historique ''« [...] d'une forme inédite de relation sociale, entre un "maître" (en un sens nouveau du terme) et un "écolier", relation que nous appelons pédagogique »'' (p.15). | |||
[[Utilisateur:OPagnamenta|OPagnamenta]] | [[Utilisateur:OPagnamenta|OPagnamenta]] |
Dernière version du 4 septembre 2007 à 00:25
Je reprends ici la définition qu'en donnent Guy VINCENT, Bernanrd LAHIRE et Daniel THIN ("Sur l'histoire et la théorie de la forme scolaire") in Guy Vincent (dir.), L'éducation prisonnière de la forme scolaire? Scolarisation et socialisation dans les sociétés industrielles, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1994, pp.11-44.
Ce concept trouve son fondement théorique dans la notion de forme élaborée par la Gestalttheorie pour qui la forme est d'abord une unité. Dans le cas de la forme scolaire, Vincent, Lahire et Thin définissent le principe d'engendrement de son unité comme le rapport à des règles impersonnelles qui permettent de considérer en même temps les dimensions spatio-temporelle de la forme (i.e. le lieu/l'établissement et l'organisation temporelle) et historique de sa constitution.
La forme scolaire est définie selon cinq critères et concerne les configurations sociales caractérisées par des savoirs scripturaux formalisés, objectivés, délimités et codifiés:
- l'école comme lieu spécifique chargé de transmettre ces savoirs objectivés;
- la pédagogisation des relations sociales d'apprentissage (à la fois au niveau des contenus que des pratiques);
- la systématisation de l'enseignement qui permet parallèlement d'assurer des effets de socialisation spécifique durables;
- l'école comme lieu d'apprentissage de formes d'exercice du pouvoir (i.e. des règles supra-personnelles intimement liées à la structuration de l'État de droit);
- l'école comme lieu où se construit le rapport au langage et au monde au travers un travail scriptural.
Les auteurs s'appuient sur ce concept afin de rendre compte la manière avec laquelle un mode de socialisation scolaire s'est imposé à d'autres modes de socialisation. Au travers de la forme scolaire il est possible d'expliquer de manière satisfaisante et convaincante l'émergence historique « [...] d'une forme inédite de relation sociale, entre un "maître" (en un sens nouveau du terme) et un "écolier", relation que nous appelons pédagogique » (p.15).