« Les saintes anorexiques » : différence entre les versions

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Pédrant Maëlig
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Voir aussi: [[Le jeûne au Moyen-âge]]
[[Catégorie: dictionnaire]]

Version du 14 novembre 2006 à 13:32

Qui sont les saintes anorexiques(les mystiques)?

Les mystiques sont des femmes qui ont existé au Moyen-âge. Elles revendiquaient la légitimité de leur voix dans la sphère religieuse à l'aide de leur corps. L'attitude est la même que celle d'une personne qui pour réclamer justice entame une grêve de la faim. Selon les témoignages de saintes présentés par Fraise (2000), les jeuneuses affirment que le jeûne n'est pas une souffrance pour elles mais plutôt une volonté de Dieu:

"Mon jeûne est une oeuvre de Dieu indépendante de ma volonté. Je n'ai donc pas à en être fière, et il n'y a rien de dans qui doit surprendre; puisque pour Dieu ce n'est que rien." (Catherine de Gênes, Fraise 2000: 60)


Certaines se réfugient dans le jeûne prolongé et deviennent saintes pour s'éloigner d'un contexte familial lourd ou d'un mariage non voulu. Assumer le statut de sainte est donc à double tranchant. La majorité de la société de l'époque (notamment les couches populaires) ne perçoivent pas les choix des mystiques comme positifs, il y a une certaine méfiance à leur égard. De même, si une partie des religieux vouent une admiration à ces femmes pour leur force morale, une autre partie des écclésiastiques perçoivent plutôt cette ascension des femmes dans la sphère religieuse comme une menace. L'Etat à l'époque c'est l'église et celle-ci représente le pouvoir et la richesse. Faire passer les mystiques pour des hérétiques et des sorcières durant la seconde partie du Moyen-êge fait baisser le nombre de jeunes filles qui prétendent avoir été choisi par Dieu et assurent aux hommes les pleins pouvoirs à tous les niveaux.

Le corps est une limite pour les mystiques au Moyen-âge

Au Moyen-âge, le corps est une limite, sa vulnérabilité et sa faiblesse entravent le progrès de l'âme vers dieu. En mortifiant leur corps, les saintes se punissent.S'infliger des souffrances est une manière de racheter ses fautes et notamment celle d'être une FEMME.D'après Fraise (2000), la pratique du jeûne n'est pas l'exclusivité de celles-ci, tous les saints (hommes et femmes) se prêtent à cette pratique. Se sont des ascètes. Ils agissent en suivant les recommandements de la Bible. A travers les mortifications, la chair "pêcheresse" est affaiblie pour donner de la place à l'âme. Le coprs est donc perçu comme une limite, une entrave à la progression de l'âme vers Dieu. Albert cité par Fraise (2000) le présente ainsi:

"Le chrétien souffrant, le saint, peut devenir le "paratonnerre" d'une communauté menacée par la colère divine, il paye la dette dont la foule, moins pieuses, ne sait pas s'acquitter"(Albert, 1997: 69)

Phyllis Chesler (1972) cité par Fraise (2000) considère lui les troubles engendrés par le jeûne extrême comme similaires à ceux que connaissent les anorexiques mentales aujourd’hui. Surtout dans les tendances à avoir des comportements "auto-maltraitants". La présentation du problème varie d’un siècle à l’autre, les différences se situent surtout au niveau de la prise en charge et les représentations de ce problème dans chacun de ces siècles. Les anorexiques mentales aujourd’hui n’ont pas ou peu la capacité de sublimation qu’avaient les saintes au Moyen-âge. Cela explique aussi pourquoi elles ont beaucoup recours à la psychiatrie et au corps médical:

" La prévalence des patients psychiatriques est liée à l’athéisme de notre société, ou à l’adoration du tangible : on ne sacrifie plus les femmes comme des sorcières volontaires ou involontaires. Au contraire, on leur apprend à se sacrifier elle-même."(Chesler, 1972: 176)

Références bibliographiques:

Fraise, N. (2000). L'anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen-âge. L'harmattan.

--Maelig 7 jun 2006 à 17:00 (MEST) Pédrant Maëlig

Voir aussi: Le jeûne au Moyen-âge