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Comment définir le comportement social?
Le comportement social est le fait que plusieurs individus d'une même espèce se regroupent (de façon ponctuelle ou de manière prolongée) dans un certain but (par exemple la protection); et dans ces cas tous les individus en ressortent avec un "bénéfice".
Y a-t-il une valeur adaptative du comportement social?
- La vie en communauté peut se révéler fort utile en matière de protection face à d'éventuels prédateurs.
- Prenons comme exemple le cas du pigeon ramier (Columba palumbus). Ce dernier a comme prédateur l'autour (Accipiter gentilis) et ses risques de se faire attraper sont à environ 80% lorsque le pigeon est isolé; alors que ce risque descend aux environs des 10% quand les pigeons sont en groupe de 50 individus.
- Un autre exemple est celui de la perche soleil d'Amérique (Lepomis macrochirus), cet animal pratique la défense collective lors de la période de reproduction ; en effet, les mâles se regroupent afin de creuser des sortes de nids (afin que les femmes viennent y pondre leurs œufs) et restent ensemble dans le but de protéger les œufs contre les prédateurs.
- Le comportement social est également utile afin de faciliter l'accès aux sources de nourriture ou faciliter la capture d'une proie.
- Un exemple est celui de la carangue (Caranx ignobilis, un poisson prédateur) qui fait preuve de socialité lors de la chasse; la vie en communauté se révèle ici bénéfique car on remarque que le nombre moyen de poissons qui est capturé par un individu seul est inférieur au nombre moyen de poissons capturés lors des chasses en groupe.
- Un autre exemple que l'on peut citer est celui des hyènes (Crocuta crocuta) qui chassent de manière individuelle quand ils s'attaquent à une proie jugée faible ou de manière collective face à des proies plus imposantes. Le taux de succès d'une chasse individuelle face à un gnou (Connochaetes taurinus) est d'environ 15%, ce taux monte à 69% lorsque les hyènes s'y mettent à trois; on voit donc clairement l'avantage représenté par la chasse collective.
Il est important de noter que la socialité est également fort utile même après la capture de la proie; en effet une fois la chasse effectuée, il faut encore conserver et protéger la proie face à d'autres prédateurs ou compétiteurs (de même espèces ou non). La socialité présente ici encore un sérieux avantage.
- En définitive, on peut constater que le comportement social a en effet une valeur adaptative étant donné que les animaux faisant preuve d'une certaine socialité sont avantagés (par exemple en matière de reproduction, ou pour se défendre des prédateurs) si le "coût" de la socialité (par exemple le fait de devoir partager les ressources) est moindre face aux bénéfices engendrés (par exemple l'économie d'énergie dans l'élevage des jeunes à plusieurs).
Quels sont les degrés de la socialité?
S'il nous fallait, premièrement, définir la socialité, le plus simple serait de considérer comme sociale toute espèce vivant en groupe. Cependant, il faut distinguer les animaux vivant en groupe de ceux ayant réellement une vie sociale. En effet, de nombreux animaux peuvent se retrouver en foule tout en ayant un comportement solitaire (le fait qu'ils se retrouvent en groupe est donc lié à des facteurs environnementaux). On peut citer comme exemples les moules (Mytilus edulis) qui se retrouvent en groupe sur un rocher (mais vivant de manière solitaire) ou encore les papillons de nuit (Heterocera) qui, attirés par la lumière, se retrouvent eux aussi regroupés. D'autres insectes, comme les lépidoptères (Lepidoptera), vivent cachés durant la journée; la nuit, ils sortent dans le simple but de se reproduire ou de se nourrir, et ce, de manière tout à fait solitaire.
Le grégarisme
Considéré comme le premier stade de la socialisation, le grégarisme regroupe les animaux qui sont en interattraction avec leurs congénères. En effet, contrairement aux autres modes de socialité, le grégarisme se caractérise pas un groupement d'animaux résultant de facteurs émanant de leurs congénères et non plus de l'environnement. L'interattraction en question n'est pas d'ordre sexuel étant donné qu'elle intervient également entre individus du même sexe. Les blattes (Blattella germanica) qui vivent dans un endroit commun entrent en interattraction les uns avec les autres et sont donc considérés comme grégaires. Autre organismes qualifiés de grégaires: les fourmis ouvrières (Formicidae). Parmi celles-ci, on peux compter les fourmis ouvrières qui ne s'accouplent jamais, qui n'ont aucune vie sexuelle, mais qui manifestent en permanence de l'interaction. Cela montre, de manière fondamentale, que si la vie sexuelle est importante dans la vie sociale, elle ne peut définir à elle seule la socialité.
Le stade subsocial
Ce comportement induit un investissement énergétique, allant de la production de cellules sexuelles jusqu'à l'alimentation et la protection des jeunes, de la part des parents dans le but de prendre soin de la progéniture, contrairement à d'autres espèce animales qui se reproduisent sans prendre soin de leur progéniture (certains reptiles, par exemple). Le crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) et le coléoptère bousier (Scarabaeinae) sont des exemples d'animaux ayant un comportement subsocial.Ils ont cette particularité d'appartenir à un groupe dit polyphylétique, car ils sont apparus de façon tout à fait indépendante dans différents groupes zoologiques, sans appartenir à une certaine linéarité évolutive; ils ne concernent, souvent, qu'un taxon réduit d'espèces.
Le stade colonial
Ce stade de socialité fait intervenir un lieu commun où les femelles se retrouvent à plusieurs pour élever les jeunes. Cependant chaque femelle élève et prend soin uniquement de sa progéniture. En effet, un nid protecteur est crée par la gente féminine qui est chargée de l'élevage de la progéniture; la création de nids dans un même périmètre nous montre un facteur de socialisation important. Prenons, comme exemple, les coléoptères Scolyttidae qui vivent dans des réseaux de galeries creusés dans le bois où les femelles pondent leurs oeufs; les larves se nourrissent de bois ou de moisissures. Cependant, chaque femelle se concentre sur l'éducation de sa progéniture en faisant abstraction (par totalement, car un lieu commun pour l'élevage de la progéniture est déjà un facteur de socialisation) des autres femelles.
Le stade communal
Les femelles, toujours regroupées en un même endroit pour élever leurs enfants, rentrent cette fois en coopération afin de s'entraider dans le soin des jeunes; il n'y a pas de spécialisation des tâches, mais une entraide commune qui vise, principalement, à entretenir une éducation au moyen d'une aide quelconque. Chez certains coléoptères (les nécrophores, qui se nourrissent de chair putréfiée), les femelles transportent des cadavres d'animaux qu'elles enterrent dans une niche commune. Après avoir pondu leurs oeufs, les femelles se rejoignent dans une loge centrale en attendant l'arrivée des larves; à ce moment, les femelles distribuent, sous forme de bouillie, la chair en putréfaction. Notons que les femelles distribuent la nourriture de manière non-sélective; elles ne cherchent pas à favoriser ou à nourrir, de manière indépendante, SA larve. C'est, effectivement, la caractéristique de ce stade comportemental.
L'eusocialité
Ce stade est considéré comme le plus élaboré, il nécessite trois critères essentiels:
- la coopération dans le soin aux jeunes
- le chevauchement d'au moins deux générations (ce qui implique que les jeunes vont par la suite assister la génération précédente)
- l'existence d'individus spécialisés dans la reproduction aboutissant à une division du travail (il y a donc une distinction entre les individus féconds et ceux qui ne le sont pas). C'est ce troisième critère qui empêche de considérer les êtres humains comme faisant partie de ce stade social.
Pourquoi vivre en groupe?
La vie en groupe possède un grand nombre d'avantage.
Tout d'abord, il permet une meilleure protection face aux prédateurs. En effet, lorsque un prédateur est en chasse, il va plutôt s'attaquer à des individus isolés qu'à un troupe d'animaux, car, au sein du troupeau, tous les individus se protègent mutuellement, donnent l'alarme en cas de danger et donc c'est beaucoup plus difficile pour le prédateur de s'y attaquer. Par exemple, quand une troupe de lionne (Panthera leo) s'attaque à un troupeau de buffle (Bubalus bubalis), les individus qui ont repéré le danger donnent l'alerte et si un des individus est en danger, quelques individus du troupeau font face aux lionnes pour protéger l'individu.
De plus, lorsque le groupe est à la recherche de nourritures, c'est tout le groupe qui s'y met et donc la chance d'en trouver est plus grande que si c'est un individu solitaire qui la cherche seul.
Finalement, il est plus facile de s'occuper des petits quand on vie dans un groupe, car pendant que quelques individus sont partis en chasse, il y a des individus qui restent pour la protection des petits.
Il y a 2 sortes de groupes:
- La famille: le groupe comporte un mâle et une femelle pour s'occuper d'un ou plusieurs petits.
- La colonie: est la société la plus hiérarchisée. En effet, dans chaque colonie, chaque individu a un rôle et sa place. Un seul individu pond (la reine) et les autres sont des ouvriers qui ont la lourde tâche d'aller chercher la nourriture, garder la colonie (la protéger contre les intrus), de nourrir les larves et s'occuper de la reine.
Y a-t-il des structures sociales chez les animaux vivant en groupe?
En effet, au sein d'un groupe, il y a des structures sociales. Dans un groupe d'animaux, il peut y avoir l'établissement de hiérarchies sociales au sein desquelles des individus dominants ont un accès privilégié à la reproduction ou à des ressources alimentaires. Ces hiérarchies sociales peuvent se présenter sous diverses formes:
- Chez les poules (Gallus gallus domesticus): Schjelderup-Ebbe prit comme exemple le becquetage. Chez ces animaux, les critères des différents rang social dépendent du nombre de coup de becs donnés et reçus, de l'attitude de menace (pendant un combat, la tête doit être haute, les individus doivent se faire face et les plumes doivent être hérissées) ou de soumission (corps incliné vers l'avant, bec vers le bas,...). En résumé, lorsque deux poules se rencontrent, soit il y a un combat pour voir qui est la meilleure, soit l'une d'elle s'incline et laisse à l'autre la priorité. Nous pouvons aussi voir le rang social des poules lorsqu'elles picorent. Les poules picorent, les individus qui s'alimentent en premier sont toujours les mêmes. Ce sont les individus dominants. Les autres sont qualifiés de subordonnés. Dans un poulailler, la poule alpha est au sommet de la hiérarchie et donc domine toutes les autres.
- Chez les loups (Canis lupus): les loups vivent en meute (en groupe) et il y règne une structure sociale qui est la suivante; il y a un mâle et une femelle dominantes ou aussi appelés le couple alpha, ce qui signifie que c'est eux qui prennent les décisions pour le bien du groupe. Les autres individus, appelés les Bêta, viennent après et prendront la place du couple Alpha s'il arrive quelque chose. Puis finalement, les derniers individus sont les Oméga. C'est la pire place dans la hiérarchie car c'est ceux qui subissent les violences perpétuelles des autres individus.
Nous pouvons voir dans ces deux exemples que c'est la force et l'agressivité qui permettent de déterminer la hiérarchie au sein d'un groupe.
Mais il n'y a pas que ces éléments. Il peut y avoir aussi comme facteurs responsables du rang social:
- l'ordre physique
- l'ordre génétique
- l'ordre hormonal
- l'expérience antérieur
Ainsi, avec une grande taille, un poids élevé ou la présence d'attributs bien développés (cornes ou bois) favorisent la dominance. Mais en règle général, c'est les mâles qui dominent les femelles. Cette dominance est dû au fait que les mâles sont beaucoup plus agressifs et plus forts du aux hormones mâles. Cela peut aussi le rendre moins émotif et donc cela leurs facilitent l'accès à la dominance.
L'altruisme et le modèle de Hamilton
L'altruisme désigne le comportement d'individu qui favorise, qui peut être de manière indirecte, la survie et la reproduction d’autres individus au détriment de son propre succès reproducteur. Mais la conséquence est que la fitness d’un individu dépend non seulement de l’individu lui-même mais aussi d’autres individus (sociétés animales, cris d’alarme, soins parentaux,…).
Mais la question qui se pose est comment un comportement désavantageux qui est néfaste pour la survie de l'individu (pour la reproduction de l'individu) qui l'a adopté peut-elle se répandre au sein d'une population?
Le modèle d'Hamilton permet un explication de ce phénomène. Ce modèle est basé sur l'idée qu'un altruiste, au bénéfique d'un apparenté (frère, cousin,...) permet, de manière indirecte, de propager les gènes de l'individu, puisque des individus apparentés ont une partie de genome en commun. Selon ce modèle, les comportements altruistes peuvent faire l'objet d'une sélection positive, à condition que le "coût" pour les altruistes (pertes en termes reproductifs) soit compensé une augmentation plus importante de la valeur adaptive de leurs parentés. La formule qui représente ce modèle est C<Bxr:
- C représente le coût, pour le donneur, en terme de succès reproductifs
- B représente le bénéfice, pour le bénéficiaire du comportement altruiste
- r représente le coefficient de parenté génétique entre le donneur et le bénéficiaire (la proportion de gène en commun entre le donneur et le bénéficiaire)
D'après ce modèle, le comportement altruiste sera sélectionné si le coût pour le donneur (C) est compensé par une augmentation indirecte de la fréquence ses gènes par l'augmentation du succèe reproductif d'un bénéficiaire apparenté à un donneur.
Ce modèle n'implique pas forcément que l'altruiste soit restreint à des individus fortement apparentés. En effet, même avec une faible corrélation génétique (r) le produit du bénéfice et la corrélation génétique peut dépasser le coût.
Mais il est assez rare que les individus puissent reconnaître leur degré de parenté (r). Sans cette reconnaissance de la parentèle, la théorie de la selection de parentèle d'Hamilton exclut de fait toute intention prêtée aux animaux.
Dans la plupart des espèces animal, les individus sont tous diploïdes et chaque parent transmet la moitié de ses gènesà ses descendants.
Qu'est-ce que la sélection de la parentèle?
La sélection de la parentèle est une théorie développée par W.D. Hamilton qui explique l'évolution de l'altruisme de reproduction. Aussi appelée la théorie de la dynamique familiale, elle représente l'avènement de l'écologie comportementale et de la biologie des sociétés animales.
La sélection de la parentèle est régie par deux facteurs:
-l'altruisme, est un terme employé pour désigner le souhait qu'autrui trouve le bonheur et la générosité n'attendant rien en retour.et l'égoïsme.
-l'égoïsme, est l'attitude d'une personne dont les actions ou les idées sont uniquement orientées par ses propres intérêts, sans prendre en compte les nécessités d'autrui.
Tout acte altruiste a pour effet de diminuer le succès reproductif de son auteur alors qu'il augmente celui du bénéficiaire, alors ce gène de l'altruisme ne peut se répandre que dans une population où les individus ont un patrimoine génétique en commun. Nous pouvons mieux le voir avec l'exemple suivant:
Choix entre l'égoïsme et l'altruisme
sources: Les Sociétés Animales; Serge ARON, Luc PASSERA; édition DeBoeck Université
La partie plus foncée des individus tombés à l'eau indique la proportion du patrimoine génétique qu'ils ont en commun avec l'individu situé sur la rive. Ce dernier peut plonger à l'eau et les sauver au péril de sa vie. Cet acte altruiste se manifeste uniquement lorsque le nombre de gènes qu'il est susceptible de sauver est supérieur à celui qu'il risque de perdre est supérieur à celui qu'il risque de perdre par son sacrifice.
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