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L'apprentissage parental peut avoir des conséquences moléculaires chez le nouveau-né. Les souris ont un gène qui peut déclencher ou non le récepteur de l'hormone du stress (glucocorticoïde), l'activation de ce gène dépendant du comportement acquis. Ici, les souris anxieuses exprimeront d'avantage ce gène que les souris calmes et auront donc d'avantage de récepteurs au stress. L'influence de la mère sur le souriceau indura dont des modifications au niveau moléculaire, qui expliquent les modifications du comportement. Ceci démontre une fois de plus que connaître la présence d'un gène ainsi que sa séquence ne suffit pas à prédire comment il sera utilisé.<br>
L'apprentissage parental peut avoir des conséquences moléculaires chez le nouveau-né. Les souris ont un gène qui peut déclencher ou non le récepteur de l'hormone du stress (glucocorticoïde), l'activation de ce gène dépendant du comportement acquis. Ici, les souris anxieuses exprimeront d'avantage ce gène que les souris calmes et auront donc d'avantage de récepteurs au stress. L'influence de la mère sur le souriceau indura dont des modifications au niveau moléculaire, qui expliquent les modifications du comportement. Ceci démontre une fois de plus que connaître la présence d'un gène ainsi que sa séquence ne suffit pas à prédire comment il sera utilisé.<br>
Un autre exemple est celui du petit ver transparent (''Caenorhabditis elegans''). Sa survie peut être augmentée de 30% et son vieillissement retardé par deux facteurs: la modification, la suppression ou l'ajout d'un seul allèle ('''facteur génétique''') et le changement d'environnement, par exemple en diminuant la richesse calorifique de l'alimentation ('''facteur environnemental'''). On voit ici que des facteurs environnementaux et des facteurs génétiques peuvent avoir le même effet.<br>
Un autre exemple est celui du petit ver transparent (''Caenorhabditis elegans''). Sa survie peut être augmentée de 30% et son vieillissement retardé par deux facteurs: la modification, la suppression ou l'ajout d'un seul allèle ('''facteur génétique''') et le changement d'environnement, par exemple en diminuant la richesse calorifique de l'alimentation ('''facteur environnemental'''). On voit ici que des facteurs environnementaux et des facteurs génétiques peuvent avoir le même effet.<br>
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Dans des conditions expérimentales où l'environnement est maintenu constant, les conséquences de la diversité génétique peuvent se manifester. Mais les conséquences de modifications de l'environnement sont très grandes et influent sur la carte génétique, comme dans l'exemple de la souris. Une théorie essentiellement réductionniste du comportement est donc erronée : il y a une interaction entre les causes génétiques et les causes environnementales et suivant les espèces et les comportements étudiés, l'un aura plus, moins ou autant d'effet que l'autre, mais ils seront en constante interaction.<br>  
Dans des conditions expérimentales où l'environnement est maintenu constant, les conséquences de la diversité génétique peuvent se manifester. Mais les conséquences de modifications de l'environnement sont très grandes et influent sur la carte génétique, comme dans l'exemple de la souris. Une théorie essentiellement réductionniste du comportement est donc erronée : il y a une interaction entre les causes génétiques et les causes environnementales et suivant les espèces et les comportements étudiés, l'un aura plus, moins ou autant d'effet que l'autre, mais ils seront en constante interaction.<br>  
Nous avons ici non seulement '''illustré''' l'épigenèse, mais également montré qu'il y a une '''hérédité épigénétique des comportements'''.
Nous avons ici non seulement '''illustré''' l'épigenèse, mais également montré qu'il y a une '''hérédité épigénétique des comportements'''.

Version du 30 mars 2009 à 20:41

Comme son nom l'indique, la notion de comportement est la base de la biologie du comportement. De l’agressivité au comportement maternel, de la fuite au comportement alimentaire, il existe une multitude de comportements adoptés, pour différentes raison on le verra, par certains êtres vivants. La complexité et la variation des comportements sont grandes.
Au travers de ce wiki, nous allons vous présenter la notion de comportement, ses différentes formes ainsi que ses origines, qui restent le point central de cette page. Mais attention: aujourd’hui encore, le comportement reste un grand sujet d’étude qui provoque de nombreux débats et qui est encore loin de nous avoir livré tous ses secrets...

Qu'est-ce que le comportement?

Le comportement peut être définit comme la manière de répondre d'un organisme à des stimuli provenant de son environnement.

Les comportements regroupent donc l'ensemble des activités des organismes au sens large (les plantes, les animaux, les bactéries, les protistes, etc...) qui peuvent se manifester à un observateur.
C'est l'ensemble des mouvements extérieurs d'un organisme (actions et réactions), et non pas des mouvements intérieurs (changements physiologiques).

Les principaux comportements sont les suivants :

  • Les comportements alimentaires: il s'agit de l'apport de nourriture, essentiel à la vie.
  • Les comportements sexuels: c'est la reproduction des espèces sexuées.
  • Les comportements maternels ou paternels: c'est la prise en charge du développement et de l'éducation du nouveau né par la mère ou le père.
  • Les comportements sociaux: c'est les comportements dû à des intéractions avec d'autres individus, principalement de la même espèce, mais pas forcément.
  • Les comportements d'agression: c'est une agression physique de certaines espèces envers d'autres espèces. Ces comportements peuvent être, par exemple, la chasse (donc lié aux comportements alimentaires) ou la protection d'un territoire.
  • Les comportements de défense ou fuite: c'est la réponse à une agression, qui a pour but une préservation de soi.

Il est évident que ces différentes comportements ont un lien très étroit entre eux : des comportements peuvent être représentés par plusieurs de ces classes de comportements à la fois. Mais ils permettent de se rendre compte de la diversité des comportements.

L'origine, la fonction et le développement des comportements dépendent à la fois des interactions avec l'environnement et de l'héritage phylogénétique de l'espèce. Les principaux comportements dits fondamentaux sont les comportements alimentaire, sexuel, maternel, social, d'agression, de défense ou fuite.

Qui peut avoir un comportement?

Parmi les six règnes du monde des vivants (animal, champignon, végétal, protiste, archéobactérie, eubactérie), on discerne des comportements essentiellement chez les animaux et les végétaux. Les protistes possèdent également des comportements, mais de manière plus limitée. Il existe cependant quelques cas de comportements observables chez les autre règnes. La complexité des comportements varie selon les espèces : de manière générale, plus l'espèce est dite "complexe" plus elle sera sujet à des comportements complexes (on considère les comportements animaux comme étant les plux complexes, suivi des végétaux, des protistes et ensuite des autres règnes).

  • Les animaux

Les comportements des animaux et en particulier des mammifères sont les plus complexes du monde du vivant. Ils sont très nombreux et varient beaucoup en fonction des animaux considérés. De manière générale les comportements des animaux sont assez proches de ceux de l'Homme, ce qui paraît logique vu que ce dernier est considéré comme un animal. Plus le cerveau est complexe plus les comportements seront spécifiques et adaptés à chaque situation. Même si le comportement chez l'Homme reste considéré comme le plus complexe, on trouve chez certaines espèces notamment chez les singes des comportements particulièrement intéressants et subtiles.


  • Les végétaux

Le comportement végétal est limité. Grâce aux stimuli mécaniques qu'ils perçoivent, les végétaux réagissent face aux attaques ou peuvent se nourrir. Les mouvements des plantes dépendent principalement du mécanisme hydrodynamique de la turgescence, on parle de thigmomorphogenèse ou de thigmotropisme. Certaines plantes comme les plantes carnivores exigent ce comportement pour leur propre survie. Voici un lien où il est possible de visionner une simulation de ce comportement chez la dionée (Dionaea muscipula).[[1]


  • Les protistes

Chez les protistes, le comportement est simple et très limité: il s'agit essentiellement d'un comportement de locomotion. On parle d'un comportement car la direction du déplacement est contrôlée. On parle d'un phénomène de chimiotactisme. La chimiotaxie est le phénomène par lequel certains organismes uni ou multicellulaires contrôlent leurs déplacements et leurs mouvements en fonction de certains des molécules qui les entourent. Chez les protistes, ce sont les récepteurs membranaires qui détectent le gradient de concentration des molécules environnantes. (Un gradient de concentration élevé peut-être de la nourriture par exemple???). Ce comportement est contrôlé par des mouvements amiboïdes de la membrane plasmique, des cils et des flagelles.

Par quoi est déclenché un comportement?

Le déclenchement d'un comportement chez un individu dépend grandement de sa motivation. Il peut y avoir divers facteurs, internes et externes, qui déterminent ces motivations.

Facteurs internes

Les excitations sensorielles internes :
On y trouve toute les stimulations internes tel que la faim, la douleur etc.
Les hormones :
On y trouve par exemple les hormones sexuelles qui régissent le comportement sexuel chez les animaux mais aussi des hormones comme l'adrénaline qui régissent le comportement d'agressivité.
Les rythmes endogènes : Ceux-ci comprennent tous les rythmes dit chronobiologiques en relation à l'horloge interne.
Ils y a deux rythmes. Tout d'abord il y a les rythmes circadiens qui sont en fonction de la période du jour. Ils détermineront un comportement diurne ou nocturne. Il y a ensuite les rythmes circannuels qui régiront quand à eux des comportements tel que la migration ou les périodes de reproduction.
La maturation :
Certains comportements ne s'expriment pas avant un certain âge tout comme certains ne s'exprime qu'à la période juvénile.
L'expérience :
Une expérience précédente positive augmentera la motivation de recommencer alors qu'une expérience négative aura un effet inverse. On utilise cette motivation pour le dressage (conditionnement) des animaux par exemple. On fait exécuter une action par l'animal et on lui donne une récompense, le plus souvent sous forme de nourriture, afin qu'il soit motiver à réitérer son geste. La punition provoque l'effet inverse. L'animal associe donc un stimulus ou une action à sa conséquence.
Le seuil de motivation :
Le seuil de motivation est le seuil nécessaire pour qu'un comportement se déclenche. Ce seuil s'élèvera si un comportement à été effectué un grand nombre de fois dans un temps court. Inversement, le seuil diminue si la dernière fois qu'un comportement a été déclenché remonte à longtemps. Un exemple simple est la faim. Plus cela fait longtemps que l’on n’a pas mangé plus on a faim et moins on sera exigeant sur la nourriture que l'on ingurgite.

Facteurs externes

Les facteurs externes sont des modifications de l'environnement perçue par l'individu et qui dépendent de son système sensoriel. Tout stimulus n'engendre pas forcement un comportement en fait tout facteur externe dépendra tout d'abord des facteurs internes. Par exemple un objet qui s'agite dans l'eau ne déclenchera pas de comportement de prédation chez le crapaud, Bufo bufo Linnaeus, s’il n'a pas faim et par expérience il saura que tout objet qui bouge n'est pas forcément bon à manger.
Pour déterminer ce qu'est un stimulus déclencheur pour un animal, les éthologues ont l'habitude d'utiliser des leurres. Ceux-ci sont en quelque sorte une imitation d'un objet déclencheur. On peut ainsi savoir pourquoi par exemple l'épinoche Gasterosteus aculeatus ( poisson d'eau douce ) a un comportement d'attaque contre un autre mâle rival pendant la période de reproduction. Ils ont vu que la vision d'une pierre avec une coloration rouge d'un côté utilisé en tant que leurre et imitant la coloration du ventre que prennent les mâles durant cette période, déclenche immédiatement un comportement d'attaque. Ils ont pu ainsi savoir que la vue est l'organe sensorielle mis à contribution pour le déclenchement de ce comportement, pour cette espèce.

Quelles sont les causes immédiates et ultimes du comportement?

Le comportement est composé de causes immédiates et des causes ultimes. Les causes immédiates du comportement animal peuvent être produites par des stimuli environnementaux, des mécanismes génétiques et physiologiques. La cause ultime d'un comportement est LA raison pour laquelle se comportement à été engendré. Ainsi, les causes immédiates répondent à la question du "comment?". Elles expliquent le mécanisme de ce comportement. Les causes ultimes, quant à elles, répondent à la question du "pourquoi?". Il faut noter que ces causes ultimes sont liées à l'évolution.

Afin de souligner la distinction, ainsi que le lien, entre les causes immédiates et ultimes, nous allons étudier l’exemple de la Paruline à tête cendrée qui se reproduit au printemps et au début de l’été.

La cause immédiate serait due à une augmentation de la photopériode que détectent les photorécepteurs et qui déclenchent la reproduction animale. De cette façon, on peut stimuler la reproduction en prolongeant expérimentalement la période quotidienne d’exposition à la lumière chez de nombreux animaux. Ce stimulus provoque des changements nerveux et hormonaux déclenchant des comportements de reproduction tels que le chant et la nidification chez les Oiseaux. En ce qu'il concerne des causes ultimes, il s’agit de savoir pourquoi la sélection naturelle a favorisé un comportement et pas un autre. Selon les hypothèses, le comportement aurait tendance à maximiser l'adaptabilité d'une façon particulière. Mais il est plus raisonnable de poser l'hypothèse que la raison pour laquelle les animaux se reproduisent au printemps et au début de l’été est que la reproduction donne de meilleurs résultats et est plus adaptative à cette époque de l’année. De ce fait, les oiseaux qui se reproduiraient à un autre moment de l'année seraient désavantagés du point de vue de la sélection naturelle.

Quel lien existe-t-il entre le comportement et les systèmes endocrinien et nerveux ?

Chez les animaux, le comportement est contrôlé par le système endocrinien et le système nerveux. La complexité du comportement d'un animal est en étroite relation avec la complexité de son système nerveux. Alors, plus le cerveau est complexe, plus les comportements peuvent devenir élaborés et ainsi être mieux adaptés à l'environnement.

Le comportement est-il inné ou acquis?

C'est une des grandes questions concernant le comportement. Il existe plusieurs théories à ce propos :

  • Certains chercheurs pensent que tous les comportements nous viennent d'un apprentissage, ce qui signifierait qu'ils sont acquis.
  • D'autres insistent sur l'unique effet des gènes sur le comportement, ce qui signifierait qu'ils sont innés.

La question est donc: est-ce qu'on apprend tous ce qu'on fait ou est-ce qu'on y est disposé dès la naissance, mais qu'il faut une certaine situation, un certain stimulus pour le déclencher ?
C'est un long débat, celui de la culture (choses apprises) contre la nature (nos gènes), notamment évoqué par Frans De Waal dans son livre Les singes prennent le thé.

Qu'est-ce qu'un comportement acquis ?

Comme dit ci-dessus, une des voies adoptées est que le comportement serait le fruit d'un apprentissage. Les organismes apprendraient donc à avoir un comportement spécifique vis-à-vis d'une situation spécifique. Cette théorie présuppose qu'on naît tous égaux et qu'on acquiert nos caractéristiques comportementales en étant confrontés à des facteurs environnementaux et en apprenant comment réagir face à eux, ce qui laisse des traçes en nous. A la prochaine apparition de cette situation, nous savons donc comment réagir grâce à cette empreinte laissée, mécanisme qui constitut l'apprentissage. Pour plus d'info : http://edutechwiki.unige.ch/biorousso/Apprentissage_09_4BIOS02

Est-ce que le comportement est vraiment uniquement basé sur l'apprentissage?

La réponse est bien sur : non. Nous avons déjà évoqué ci-dessus les différentes causes internes au comportement. Avec la puissance de l'influence de ces causes ainsi que celle de nos gènes, il semble incongru de dire que le comportement serait uniquement le fruit d'un apprentissage. Examinons la thèse suivante.

Qu'est qu'un comportement inné ?

Les comportements considérés comme innés sont dû à des facteurs génétiques présents dès la naissance et qui ne se déclencherait qu'en réponse à des stimuli externes spécifiques. Ils sont très stéréotypés au sein de la même espèce. D'après la théorie des comportements innés, notre identité et ce que nous allons devenir seraient donc inscrits dès notre conception dans la séquence de nos gènes.
La meilleure image pour illustrer la théorie du comportement inné est celle du zoologiste britannique Richard Dawkins et de sa métaphore du "gène égoïste" : "Les gènes sont à l'abri à l'intérieur de gigantesques robots, manipulant le monde en contrôlant à distance. Les gènes sont en vous et en moi; ils nous ont créés, corps et esprit; et leur préservation est l'ultime raison de notre existence..."

Existe-t-il réellement un comportement uniquement inné ?

On ne connaît que très peu de cas où des comportements complexes seraient le fruit d'un facteur inné. Il en existe quelques uns de relevant :

  • Le comportement de l'abeille hygiéniste (Apis florea): la loque est une maladie de l'abeille causée par un bactérie (Bacillus larvae). Cette dernière attaque les larves juste avant l'operculation, qui meurt et se décompose. Un forme de résistance à la maladie est apparue : des abeilles désoperculent les alvéoles et rejettent la larve malade hors du nid. Ce comportement chez les abeilles dépend de la présence de deux ou trois gènes, ce qui a été confirmé par des travaux de Milne (1985) et de Moritz (1988).
  • Le cas de la peur. Nous avons vu durant la Semaine du Cerveau le cas des souris (Mus musculus) qui, sans jamais avoir vu de renard dans leur vie, essaient de se cacher lorsqu'elles sentent l'odeur du renard. La peur serait donc innée. On cite encore le cas de la peur du serpent chez les chiens (Canis lupus)et les singes, peur qu'on appelle ophidiophobie. Mais le faite que cette peur soit innée est très discuté. En effet, alors que certains scientifiques avancent qu'elle est innée et qu'elle viendrait d'un mécanisme de conservation et de protection de soi qui est présent dès la naissance dans les gènes, d'autres insistent sur le cas du macaque (Macaca fuscata), dont le jeune isolé n'a pas peur du serpent, et qui se met à avoir peur lorsqu'il voit un adulte ayant peur.

Actuellement, malgré ces quelques cas, on considère surtout que les gènes ne codent pas directement pour un comportement (voir plus loin).
Par contre, les scientifiques pensent que les gènes codent pour des modifications anatomiques et physiologiques, qui eux influencent les comportements, comme le développement de membres. Le processus durant lequel ces changements s'effectuent est appelé la maturation. Le génotype d'un organisme détermine les limites au sein desquelles les changements des structures anatomiques et de leur fonctionnement peuvent s'effectuer. Des comportements tels que le déplacement (comme la marche ou le vol), qui dépendent des membres des organismes concernés (jambes, ailes, etc...), dépendent donc des changements physiologiques de l'organisme durant lesquels se sont crées ces membres.
La part de l'inné dans le comportement des animaux est plus grande chez les animaux inférieurs, tels que les oiseaux. Cela est tout a fait logique lorsqu'on sait que leur SNC est moins évolué et ne laisse donc moins place à l'apprentissage. Mais il est important d'avoir en tête que ces organismes moins complexes possèdent également une palette de comportements plus restreinte. On le voit très bien avec l'exemple de la souris (Mus musculus) qui possède beaucoup plus d'inné dans son comportement et est beaucoup moins sujette à l'apprentissage qu'une singe ou qu'un rat (Rattus rattus), plus proche cousin.
Un autre grand débat concernant la part de l'inné et dans l'acquis dans un comportement est le langage. En effet, certains considèrent que le langage n'est pas uniquement le fruit d'un apprentissage comme on pourrait le penser, mais qu'il serait inné. Noam Chomsky par exemple, pense que tous les langages ont une composante commune, qui se retrouve dans les autres langages. Ceci signifierait que, malgré la diversité de toutes nos langues, il y a une base commune qui viendrait d'un aspect génétique de l'être humain.

Faut-il croire alors à du déterminisme génétique ?

Il faut faire très attention avec cette notion. En effet, en se basant sur la grande influence des gènes sur le comportement, certaines personnes vont plus loin en assimilant des comportements humains comme l'homosexualité, la foi religieuse ou l'inclinaison à la violence à du déterminisme génétique. Il est dégradant de réduire l'homosexualité par exemple, au simple dysfonctionnement d'un gène. Le génotype induit des prédispositions génétiques mais nullement quelque chose d'aussi rigide que du déterminisme.
On ne peut pas réduire nos comportements à la présence ou l'absence d'un gène car :

  • Premièrement, connaître la séquence d'un gène ne permet pas de prédire si il sera utilisé et comment il le sera par l'organisme. En effet, pour qu'un gène soit traduit en protéine, il faut qu'il soit peu compact, c'est-à-dire pas enroulé autour des histones (voir Annexe_Comportement1), et que le promoteur (séquence de l'ADN en amont du gène à transcrire) ne soit pas méthylé (voir Annexe_Comportement2 et 3). Si les histones subissent des modifications chimiques, il se peut que l'ADN soit trop enroulé et donc pas accessible. De même, si le promoteur est méthylé, l'ADN ou l'ARN polymérase ne peut pas se fixer sur l'ADN au bon endroit car il ne reconnait pas le promoteur et le gène est utilisable. Ces modifications dépendent de l'histoire de la cellule (ce qu'elle a vécu) et de son environnement: voici donc un exemple d'épigenèse.
  • Deuxièmement, il existe des exemples qui contraste avec la maturation expliquée ci-dessus, c'est-à-dire des exemples de caractères physiologiques qui apparaissent à cause de facteurs environnementaux. Chez certaines tortues et chez les crocodiles, le sexe n'est pas déterminé par les gènes mais par la température extérieure qui contrôle la production d'hormones sexuelles par le cerveau.
  • Troisièmement, les gènes codant pour des protéines, ce sont elles les véritables acteurs de notre organismes. Mais leur activité dépend de la structure tridimensionnelle qu'elles adoptent. Cette dernière ne dépend pas uniquement de la séquence du ou des gène(s) à partir duquel (desquels) elles ont été fabriquées, mais également de l'activité d'autres protéines avec lesquelles elles interagissent. Parmi ces protéines, il y a notamment la famille nommée "chaperon", qui contient des protéines qui participent à la fabrication d'autres protéines.

On ne peut donc pas réduire le comportement à nos gènes.

Inné ou acquis : quelle est la réponse des ethnologues actuellement?

Actuellement, les chercheurs se sont mis d'accord sur un consensus : les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux sont en interaction permanente. Les influences génétiques et environnementales sont étroitement liées selon un processus d'épigenèse. Cela signifie donc que l'intérieur et l'extérieur s'interpénètrent et que, selon les mots de Pascal, toute chose est à la fois causante et causée.

Qu'est-ce que l'épigénétique ?

L'épigénétique est un domaine de la recherche qui étudie les interactions entre les gènes et l'environnement.
La théorie de l'épigenèse dit que les gènes sont des possibilités et des contraintes dont l'actualisation dépend de notre histoire (apprentissage) et de notre environnement. Ainsi, Robert Plomin, directeur du Center for Developmental and Health Genetics de la Pennsylvania State University, affirme que les facteurs génétiques et environnementaux "se complètent". Les facteurs environnementaux qui influent sur le comportement sont tous des conditions sous lesquelles les gènes responsables d'un comportement sont exprimés.

Avant d'illustrer l'épigenèse, parlons de la transmission par l'hérédité de comportements tout court, et ensuite de comportements épigénétiques.

Le comportement est-il héréditaire?

D'autres fondements génétiques soutiennent qu'il existe une hérédité de certains comportements. Une étude a été faite sur l'hybridation de deux espèces de perruches (genre Agapornis). Ces deux oiseaux diffèrent dans leur manière de transporter des brindilles, du papier et d'autres matériaux pour fabriquer leur nid. L' Agapornis fischeri se sert de son bec, tandis que l' Agapornis roseicollis transporte ses matériaux sous les plumes de son croupion. Ensuite, les deux espèces ont été croisées pour obtenir des hybrides. Il a été observé que la manière dont cette génération hybride transportait le matériel semblait intermédiaire à celle des parents. (voir Annexe_Comportement4)

Chez l'homme une étude a été faite chez des jumeaux qui ont été élevés dans des milieux différents. Ainsi, il a pu être discerné si les similitudes de comportement résultaient de leur identité génétique ou d'expériences partagées au cours de leur croissance. Les résultats de cette expérience a révélé qu'ils se ressemblaient sur plusieurs points, que ce soit par leur personnalité, leur tempérament et même dans leur choix des loisirs.

Grâce à ces diverses expériences, il est possible d'affirmer qu'il existe des caractères héréditaires de certains comportements.

Existe-t-il une hérédité épigénétique des comportements ?

Des recherches sur le caractère héréditaire du comportement constitueraient la meilleure démonstration de l'importance du milieu.
Pour montrer que la carte génétique d'un organisme est grandement influencée par des facteurs environnementaux, concentrons nous sur le cas où la carte génétique de la descendance est grandement influencée par l'apprentissage parental. Parlons de la souris (Mus musculus). Les comportements acquis transmis lors des premiers jours ou des premiers mois, suivant les espèces, auront la plus grande influence sur le souriceau nouveau-né. Un nouveau-né d'une lignée de souris avec un comportement anxieux est confié à une mère d'adoption d'une lignée calme tout de suite après la naissance. L'influence parentale est telle que le nouveau-né prend le comportement de sa mère adoptive. Indépendamment des différences génétiques que comportent les deux individus, le nouveau-né acquiert un comportement calme. L'expérience a même démontré que si le nouveau-né était une femelle, elle transmettra ce comportement à sa descendance (voir Annexe_Comportement5).
L'apprentissage parental peut avoir des conséquences moléculaires chez le nouveau-né. Les souris ont un gène qui peut déclencher ou non le récepteur de l'hormone du stress (glucocorticoïde), l'activation de ce gène dépendant du comportement acquis. Ici, les souris anxieuses exprimeront d'avantage ce gène que les souris calmes et auront donc d'avantage de récepteurs au stress. L'influence de la mère sur le souriceau indura dont des modifications au niveau moléculaire, qui expliquent les modifications du comportement. Ceci démontre une fois de plus que connaître la présence d'un gène ainsi que sa séquence ne suffit pas à prédire comment il sera utilisé.
Un autre exemple est celui du petit ver transparent (Caenorhabditis elegans). Sa survie peut être augmentée de 30% et son vieillissement retardé par deux facteurs: la modification, la suppression ou l'ajout d'un seul allèle (facteur génétique) et le changement d'environnement, par exemple en diminuant la richesse calorifique de l'alimentation (facteur environnemental). On voit ici que des facteurs environnementaux et des facteurs génétiques peuvent avoir le même effet.

Dans des conditions expérimentales où l'environnement est maintenu constant, les conséquences de la diversité génétique peuvent se manifester. Mais les conséquences de modifications de l'environnement sont très grandes et influent sur la carte génétique, comme dans l'exemple de la souris. Une théorie essentiellement réductionniste du comportement est donc erronée : il y a une interaction entre les causes génétiques et les causes environnementales et suivant les espèces et les comportements étudiés, l'un aura plus, moins ou autant d'effet que l'autre, mais ils seront en constante interaction.
Nous avons ici non seulement illustré l'épigenèse, mais également montré qu'il y a une hérédité épigénétique des comportements.

Le comportement peut-il changer au cours du temps?

Oui. C'est ce qui constitue, en partie, l'évolution. Le temps d'une vie, le comportement change en fonction de l'apprentissage, du conditionnement, des faits externes touchants le psychisme, etc. Par contre si l'on s'en tient à plusieurs générations chez une même espèce, le comportement change considérablement grâce à la sélection naturelle. Les organismes les plus faibles meurent et les organismes résistant perpétuent par hérédité ou par apprentissage certains comportements favorisant la survie de l'espèce. Par contre, comme on l'a vu, cette transmission peut être génétique ou épigénétique.

Ainsi, le comportement change au cours du temps et bien heureusement.

Quels sont les pathologies (troubles) liées au comportement?

Nous nous sommes focalisés sur les troubles touchant l'être humain.

Un trouble du comportement peut-être directement lié à une perturbation du développement ou un handicap, être associé à une maladie, relever d’un trouble de la personnalité ou exprimer des difficultés relationnelles ou réactionnelles, à un événement ou une situation (par ex.: lors d'une naissance, divorce,retraite, mort, etc.).

Ce n'est pas après une seule manifestation d'un comportement dit "anormal" qu'il faut le considérer comme un trouble du comportement. Pour être considérées comme tel, les anomalies doivent être permanentes ou répétées et causer une souffrance ou constituer un handicap dans un ou plusieurs domaines de la vie courante. Ce n'est que lorsque ces troubles perdurent qu'ils prennent une signification pathologique.

Notons que plus une personne est jeune, plus c’est son corps et son comportement qui parlent pour elle, avant qu’elle ne puisse progressivement s’exprimer par des mots, des dessins, etc. Ainsi, les pathologies liées aux comportements sont souvent notables chez les enfants.

Voici quelques exemples concernant les troubles du comportement:

  • La dépression
Maladie psychique se manifestant par une tristesse, une perte d’intérêt et d’estime de soi, un sentiment de culpabilité voire une tendance au suicide. Elle est généralement due à un déficit de neurotransmetteurs, tels que la noradrénaline, la sérotonine et la dopamine.
  • L'anorexie mentale
Trouble de la conduite alimentaire. Il est possible de la déceler lorsque ces quatre facteurs sont réunis : adolescence, anorexie (conduite alimentaire restrictive), amaigrissement, aménorrhée (ou absence des règles).
  • La boulimie
Consommation compulsive de quantités considérables de nourriture englouties à toute vitesse. Cet état d'angoisse est calmé par la provocation de vomissement.
  • L'obésité
Maladie héréditaire du comportement alimentaire. Elle est caractérisée par un surpoids. Est considérée comme obèse une personne dont l'Indice de Masse Corporelle IMC est compris entre 35 et 40.
  • Troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Trouble anxieux se manifestant notamment par la survenue chez une personne de compulsions ou la mise en place de rituels afin de limiter l'impact de l'anxiété générée par une obsession ou une phobie.
  • La psychose maniaco-dépressive (PMD) ou "troubles bipolaires de l'humeur"
Maladie mentale caractérisée par une alternance d'accès maniaques (agitation) et de phases dépressives (abattement profond). Le patient retrouve généralement un état normal dans l'intervalle séparant les différentes phases. On parle de psychose, car le malade n'a pas conscience de ses troubles de l'humeur.

Conclusion : Quelle influence la sélection naturelle a-t-elle sur le comportement ?

Cette partie va permettre de faire le lien entre la biologie du comportement et le prochain chapitre étudie : l'évolution.
Pour commencer, il est important de définir quelques principes fondamentaux de la sélection naturelle afin de bien comprendre cette partie.

  • Les individus d'une même espèce diffèrent les uns des autres.

Cela signifie que le brassage génétique ainsi que la grande diversité des gènes font que tout les animaux d'une même espèce n'ont pas le même phénotype ou comportement.

  • Les individus les plus adaptés au milieu survivent et se reproduisent davantage.

Le comportement de fuite devant un prédateur est un comportement qui favorise la survie. Ce comportement nous parait évident mais il y a longtemps, il existait sûrement des animaux qui ne fuyaient pas devant leur prédateur mais la sélection naturelle a éliminé ce comportement. L'étude du comportement de la souris Mus musculus nous a montré qu'une souris fuyait une substance odorante émise par le renard alors même que celle-ci n'en a jamais vu de sa vie. Ce comportement inné de fuite du renard a favorisé la survie de l'espèce.

Pour résumé en une phrase, on peut dire que : "La persistance d'un caractère au cours de l’évolution, comme tel aspect du comportement, dépend de sa contribution à la survie et à la reproduction de l'individu porteur de ce caractère."

1. Un gène apparait 2. Ce gène est favorisé par la sélection naturelle 3.le gène envahi la population
(Voir Annexe_Comportement6) ou http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0e/Mutation_et_selection_2.svg

La question à se poser chaque fois que l'on étudie un comportement est comment contribue-t-il à la perpétuité de l'espèce ou quel sont les conséquence de celui-ci en termes de survie de l'animal.
Prenons encore l'exemple de la couvaison. Les oiseaux il y a très longtemps ne couvait pas, mais les oiseaux qui ne couvent pas ont de faibles succès de reproduction donc le comportement d'incubation a évolué par sélection naturelle, pour garantir que les œufs éclosent.

Les différences de comportement d'individus d'une même espèce dans un environnement différent est la preuve formelle de cette adaptabilité du comportement.

Sources

Sites internet

Livres et articles

  • Biologie, Campbell et al., chapitre 51, p. 1225-1256
  • Biologie, Raven et al., chapitre 52, p. 1105-1136
  • Le singe en nous, Frans de Waal
  • Les singes prennent le thé, Frans de Waal
  • Entre gènes et environnements de Jean-Claude Ameisen, in Pour la Science n°350

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