Spikit

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Projet réalisé dans le cadre du cours ADID par Tom W. et Franck G.

Résumé

Logo de l'application.

Spikit! est une plate-forme en ligne destinée à l'enseignement à distance des langues, plus particulièrement leur expression orale. Elle permet à un enseignant d'administrer un espace de classe dans lequel les apprenants peuvent se retrouver et échanger, de manière synchrone ou asynchrone, autour de différents exercices à rendre. Il s'agit aussi d'un lieu où les utilisateurs peuvent se retrouver pour une visio-conférence de classe, ou discuter et poser des questions dans des canaux textuels.

Introduction

Point de départ

L'idée de créer Spikit prend forme autour d'une situation fictive s'inscrivant dans un contexte quant à lui bien réel, celui de la pandémie du COVID-19. Lorsque la fermeture des écoles a été annoncée, beaucoup d’enseignants ont été pris de court au moment de devoir adapter leurs cours pour qu'il puisse être suivi à distance. Ils n’avaient pas les outils adéquats et les connaissances pour mener à bien un tel changement d’enseignement.

Voici la situation que nous avons imaginée pour concevoir notre application :

Une enseignante d’anglais au cycle d’orientation (élèves âgés de 12 à 15 ans) se retrouve subitement à devoir donner son cours à distance. Pour les exercices de langue technique et les compréhension de texte, la transition se passe bien. L’école a mis en place une plateforme d’échange (p.ex. Moodle). Ce qui embête notre enseignante, c’est que son contenu d’enseignement en présentiel était en grande partie constitué d’échanges oraux entre les étudiants ou avec elle. Elle souhaite alors trouver une application qui lui permettrait d’organiser toutes les modalités orales de son enseignement et de pouvoir superviser les échanges pour corriger par exemple la prononciation à l’oral des mots ou l'intonation des phrases. La plateforme contiendrait aussi des exerciseurs axés sur l’oral pour soutenir la continuité pédagogique de ce pôle.

Les objectifs principaux de Spikit sont donc les suivants:

  • Mettre a disposition des enseignants un outil permettant de maintenir la continuité pédagogique lors d'une période d'enseignement à distance.
  • Faire en sorte que cet outil soit adapté aux spécificités que peut comporter l'enseignement des langues.
  • Utiliser à bon escient la plus-value des TIC dans un contexte ou l'enseignement est essentiellement à distance.

Besoins de l'utilisateur

De la situation présentée, nous pouvons identifier plusieurs besoins auxquels l'application Spikit! peut tenter de répondre.

  • Une plateforme en ligne qui accueille des profils utilisateurs.
  • Permet d’échanger à l’écrit ou à l’oral.
  • Un canal de discussion général, un audio/vidéo et un autre écrit, où l’enseignante peut parler à tous les participants et faire ses annonces.
  • Permet de créer des paires aléatoires d’étudiants ainsi qu’un espace qui leur est privé pour échanger à l’oral selon le choix de l’enseignante (synchrone/asynchrone).
  • Les espaces privés ont des règles différentes selon ce choix et ne permettent qu’un type d’échange :
    • seulement vocal synchrone (comme parler au téléphone),
    • vocal asynchrone (messages enregistrés comme sur WhatsApp).
  • Un profil administrateur (l’enseignante) qui a accès à toutes ces discussions privées pour les rejoindre et interagir avec les étudiants.
  • Une fonctionnalité pour l’administrateur de donner des feedbacks sur les productions.
  • Lorsqu’il a fait une erreur, l’utilisateur est directement prévenu dans une page dédiée qui recense les feedbacks qu’il a reçus et sous chaque feedback se trouve une boîte d’input qui lui permet de corriger son erreur.
  • L’admin reçoit la correction et la valide ou la refuse et demande une nouvelle correction.

Revue de littérature

Notre idée de projet a été guidée par différents problèmes et besoins soulignés par la littérature scientifique. En effet, depuis le premier confinement, plusieurs auteurs ont pu développer certains aspects autour de l’école à distance et la continuité pédagogique. Nous avons pu nous plonger dans leurs réflexions et analyses afin de mieux comprendre les réels enjeux de l’enseignement d’une langue à distance.

Pour commencer, comme décrit auparavant, notre application vise à maintenir au mieux la continuité pédagogique. Ce terme a émergé juste avant le premier confinement de mars 2020 et peut paraître assez flou. La continuité pédagogique peut se définir de la manière suivante : en cas d’éloignement temporaire, la continuité pédagogique est un lien entre les enseignants et les élèves qui cible l’entretien des connaissances déjà acquises, mais également l’acquisition de nouveaux contenus d’apprentissage (Frau-Meigs, 2020). Il est intéressant de souligner que cette définition ne mentionne aucunement la nécessité de reproduire exactement l’école à la maison. En effet, à l’air du numérique et de l’incertitude, il est possible de repenser l’école. Cerisier (2020) explique à ce propos que « finalement, plutôt que d’essayer de reproduire à la maison l’école avec sa forme scolaire héritée de Condorcet, la pandémie de Covid-19 pourrait être et sera peut-être un magnifique laboratoire pour repenser l’école à l’ère du numérique ». Les dires de l’auteur illustrent bien les objectifs de notre application : maintenir la continuité pédagogique tout en modifiant les modalité d'apprentissage afin de tirer profit de la plus-value du numérique.

Ensuite, Spikit a également pour objectif de surmonter un paradoxe dévoilé récemment dû au contexte sanitaire. Faire « l’école à la maison » est quelque peu contradictoire, car l’école est « une institution faite pour apprendre, mais pour apprendre ensemble » (…) « faire la classe, c’est articuler le commun et le singulier » (Meirieu, 2020). Il est donc possible de constater que l’aspect collectif est essentiel. C’est pour cette raison que Spikit insiste fortement sur l’aspect interactif de l’apprentissage. En effet, l’apprentissage des langues n’est pas chose nouvelle. Des applications performantes comme Duolingo existent déjà depuis des dizaines d’années. Or, l’aspect interactif est souvent mis à la trappe. Même s’il est aisé de trouver un tuteur avec qui interagir, les échanges apprenant-apprenant sont inexistants étant donné l’absence d’un groupe classe. Depover, Quintin & Strebelle (2013) soulignent d’ailleurs l’importance de l’aspect actif et collectif entre élèves pour apprendre efficacement à partir d’environnements inspirés du Web 2.0 (p. 189). Nous avons donc décidé de reprendre le côté exerciseur tout en ajoutant l’aspect interactif contribuant au maintien des interactions apprenants-enseignants, mais aussi apprenant-apprenant.

Plus-value

Pour l'étudiant

La réelle plus-value de notre dispositif pour les apprenants est l’importance accordée à l'oral et à la communication. En effet, les deux modalités principales (communication et exerciceurs) permettent essentiellement d’approfondir ses compétences orales en langue étrangère. En situation de confinement, les apprenants peuvent également garder contact avec leurs collègues et ne s’isolent pas dans un apprentissage individuel. De plus, il leur est possible garder un lien régulier avec l’expression orale, chose souvent coupée lors d’une période d’apprentissage à distance. Une continuité pédagogique peut donc être établie grâce à cela, malgré les difficultés que peut présenter l'enseignement à distance.

Pour l'enseignant

Pour l’enseignant, le dispositif permet de localiser le suivi des apprentissages en expression/compréhension orale en un même espace. Il lui est donc possible de collecter des productions qui permettent de situer l’avancée des apprenants. Il est également possible pour l’enseignant de tirer profit du fait que chaque élève est équipé d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un téléphone. Cela n’est pas toujours possible en classe. C’est une occasion pour diversifier les supports normalement employés en salle de classe.

Méthodologie d’évaluation de la plus-value

Une méthode qui pourrait être utilisée pour l'évaluation de la plus-value est de tester les connaissances d'expression et compréhension orale des étudiants lors du retour en classe. Il est ensuite possible de comparer ces résultats aux objectifs par le plan d'étude afin d'observer si le curriculum réel correspond au curriculum prescrit. En effet, comme expliqué auparavant, la plus-value de notre application n'est pas de permettre de "mieux" apprendre, mais plutôt de continuer à apprendre malgré un contexte non favorable aux interactions linguistiques. De ce fait, même si le chemin emprunté pour l'apprentissage est différent de ce qui pourrait être réalisé en classe, les prescriptions restent un bon moyen de comparaison pour évaluer l'efficacité de notre application.

Description

Écran de connexion

Lien vers le prototype: https://tecfaetu.unige.ch/etu-maltt/aegir/grisard4/adid/ProtoV2

Description générale

Spikit est une application téléchargeable disponible sur ordinateur, tablette et smartphone. Elle est destinée à des enseignants de langues désirant proposer à leurs élèves un moyen de travailler leur expression orale. Il s'agit aussi d'un outil de gestion de classe dans lequel l'enseignant peut regrouper les élèves pour des travaux à plusieurs, récupérer leurs travaux pour ensuite les noter et transmettre la note directement à chaque élève.

L'application offre donc deux interfaces différentes, une pour l'enseignant et l'autre pour les élèves. Le compte enseignant est administrateur de l'espace qu'il a créé et peut tout modifier, alors que les comptes élèves ne voient que ce que l'enseignant leur a mis à disposition. Au moment de la connexion, l'utilisateur doit choisir avec quel profil continuer. Pour se connecter, un étudiant doit avoir au préalable reçu un code que son enseignant lui transmet après avoir créé les différents profils d'élèves dans un espace classe.

Deux espaces de travail.

Spikit s'articule autour de deux espaces entre lesquels les comptes étudiants peuvent naviguer. L'espace entraînements permet aux élèves d'exercer leurs capacités linguistiques autour de différentes activités que l'enseignant a configuré pour répondre aux besoins et à l'avancée de son cours. Nous avons moins développé cet espace et nous sommes davantage penchés sur l'autre partie de l'application. L'espace entraînements ressemblerait à ce que fait l'application Duolingo. L'utilisateur aurait accès à des regroupements d'exercices sur un thème grammatical ou un vocabulaire donné, que l'enseignant peut configurer depuis son compte. Il s'agirait d'exercices de drill avec plusieurs modalités différentes : QCM, remettre les mots dans l'ordre, taper la bonne réponse, prononcer la bonne réponse dans le micro, etc. Plusieurs aspects de ludifications, comme les points obtenus au fil des exercices et les points de vie qu'on perd si on se trompe, motivent l'utilisateur. Tous les contenus d'apprentissage ici exercés permettent d'améliorer son expression orale ou écrite, et servent ainsi aux travaux demandés dans l'espace suivant.

Le second espace est l'espace communication. C'est ici que les interactions avec d'autres utilisateurs, élèves ou enseignants, se passent. Il existe plusieurs canaux de discussion, écrits ou audio-visuels. Certains sont libres, comme le canal de classe ou les discussions privées avec l'enseignant. Ces canaux servent avant tout à la gestion de classe. On s'attend à ce que les utilisateurs y discutent dans leur langue et non celle d'apprentissage. C'est là que les élèves peuvent poser des questions, ou que l'enseignant peut annoncer une évaluation ou donner leurs notes aux élèves. Les autres canaux de discussion sont destinés à l'apprentissage. Dans le canal de classe, il y a la possibilité de lancer une visio-conférence pour donner un cours à distance. D'autres canaux, ceux en duo, sont générés par l'enseignant et permettent à deux étudiants d'échanger dans la langue d'apprentissage en respectant une consigne. Cet échange est enregistré et peut ou non être évalué par l'enseignant, qui peut à tout moment intervenir dans la discussion pour écouter, faire des commentaires, féliciter, relancer, etc. Il existe deux méthodes d'échange :

  • Synchrone : les deux étudiants s'appellent via l'application et discutent en direct
  • Asynchrone : les deux étudiants s'envoient des enregistrements audio de quelques dizaines de secondes qu'ils peuvent prendre le temps de préparer

L'enseignant peut aussi générer des canaux de discussion individuels ou chaque élève doit s'enregistrer en train de parler pour répondre à une consigne donnée. Cette modalité ne s'appuie donc pas sur un échange mais sur un exposé magistrale de l'étudiant.

Caractéristiques techniques

L'application se veut accessible et est donc disponible sur une grande variété d'appareils. Sur tablettes et smartphones Android ou iOS, l'application est téléchargeable sur les stores respectifs. Sur PC et Mac, il faut télécharger le client de l'application sur le net. Il n'existe pas de version sur navigateur pour rendre l'utilisation de périphériques externes plus simple. Chaque utilisateur doit être muni d'un micro et d'une caméra (qui viennent généralement par défaut sur les appareils portables). Un utilisateur peut facilement passer d'un appareil à un autre, notamment pour accéder à l'espace entraînements sur son téléphone et pour suivre une visio-conférence de cours depuis son ordinateur.

Description de la plateforme côté élève

  1. Après s'être connecté et être rentré dans l'espace communication, l'étudiant arrive par défaut sur le canal de classe. On peut y voir les derniers messages envoyés, par l'enseignant ou les élèves, et répondre directement à ces messages. On peut aussi voir qui est connecté à ce moment. Lorsque l'enseignant lance une visio-conférence, un bouton apparaît pour les étudiants (en bas à droite).
  2. En rejoignant la visio-conférence, l'utilisateur se retrouve sur une page très similaire à ce qu'on peut avoir avec Zoom. Tous les utilisateurs connectés à l'appel peuvent activer ou non leur caméra ainsi que leur micro. Il existe là aussi la possibilité de lever la main virtuellement pour annoncer à l'enseignant qu'on veut prendre la parole. Enfin, un chat textuel permet d'interagir par message.
  3. Dans les canaux en duo, on peut avoir un exercice de discussion synchrone. Ici s'affichent les modalités du travail demandé (partenaire, objectif, temps de discussion, date de rendu) et une messagerie pour s'organiser entre élèves du duo. Si l'autre est en ligne, le bouton d'appel apparaît et permet de lancer la visio-conférence de groupe.
  4. L'appel en duo est une visio-conférence à laquelle s'ajoute un bouton "Enregistrer", permettant au duo d'enregistrer leur production pour l'envoyer à l'enseignant une fois terminée.
  5. Il y a aussi les exercices de discussion asynchrones. Ici, deux élèves doivent s'envoyer des enregistrements vocaux, comme on peut le faire sur l'application de messagerie WhatsApp. Une fois que les étudiants estiment avoir terminé l'échange, ils peuvent l'envoyer à l'enseignant.
  6. On retrouve aussi les travaux individuels. Comme pour le travail en duo asynchrone, l'étudiant enregistre un message vocal et l'envoie à l'enseignant.
  7. Enfin, l'étudiant a un canal de discussion privée avec l'enseignant. C'est là qu'il reçoit les notes de ses travaux et peut poser des questions.

Description de la plateforme côté enseignant

  1. Après l'écran de connexion, l'enseignant doit choisir dans l'espace de quelle classe il veut se rendre. Un enseignant peut gérer plusieurs groupes-classes en même temps et passer de l'un à l'autre. Il peut à tout moment créer un nouveau groupe.
  2. En sélectionnant une classe, l'utilisateur arrive sur la page de gestion de ce groupe. De là, il peut gérer les différents membres de groupe, ajouter des membres, paramétrer les exerciseurs de l'espace entraînements, générer des travaux en duo ou individuels et accéder à l'espace communication de la classe.
  3. En créant un travail en duo, il décide des modalités du travail et constitue les groupes manuellement ou aléatoirement.
  4. Même chose pour le travail individuel.
  5. Sous le profil d'un élève, l'enseignant peut voir les travaux qu'il a en cours pour les noter, et les notes acquises.
  6. Un travail rendu peut être écouté par l'enseignant et il peut le commenter et le noter s'il est certificatif.
  7. L'enseignant a lui aussi accès au canal de classe. Il peut envoyer des messages et initier des visio-conférences pour donner son cours.

Bibliographie

  • Depover, C., Quintin, J.-J. & Strebelle, A. (2013). Le Web 2.0, rupture ou continuité dans les usages pédagogiques du Web? Éducation et francophonie, 41 (1), 173–191. https://doi.org/10.7202/1015064ar
  • Frau-Meigs, D. (2020). Pédagogie à distance : les enseignements du e confinement. The Conversation : Paris.