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== Engagement et apprentissage ==
== Engagement et apprentissage ==
Au-delà des considérations motivationnelles liées à l'engagement en formation, de nombreux auteurs, dont  [[https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/ | Stanislas Dehaene]], ont cherché à comprendre comment l'engagement favorisait les processus cognitifs dans l'apprentissage et la mémorisation. Dehaene (2018) relie l'engagement aux mécanismes d'attention et de mémoire, postulant que c'est l'engagement actif, tout au long de l'apprentissage, qui permet à l'apprenant d'intégrer durablement des connaissances. Il cite l'étude classique de Craik & Tulving (1972) qui étudie l'influence de la profondeur de traitement dans l'apprentissage de mots. Ces auteurs ont étudié la mémorisation de mots selon trois types de traitement : visuel, phonétique et sémantique. Ils ont observé que plus un item est traité en profondeur (sémantique), plus sa mémorisation sera efficace. Dehaene postule sur base de cette étude, complétée par des travaux d'imagerie cérébrale (Kapur & al., 1994), que le traitement à un niveau de profondeur élevé est lié à un engagement actif et que cet engagement est un facteur clé de l'apprentissage.
Au-delà des considérations motivationnelles liées à l'engagement en formation, de nombreux auteurs, dont  [https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/ Stanislas Dehaene], ont cherché à comprendre comment l'engagement favorisait les processus cognitifs dans l'apprentissage et la mémorisation. Dehaene (2018) relie l'engagement aux mécanismes d'attention et de mémoire, postulant que c'est l'engagement actif, tout au long de l'apprentissage, qui permet à l'apprenant d'intégrer durablement des connaissances. Il cite l'étude classique de Craik & Tulving (1972) qui étudie l'influence de la profondeur de traitement dans l'apprentissage de mots. Ces auteurs ont étudié la mémorisation de mots selon trois types de traitement : visuel, phonétique et sémantique. Ils ont observé que plus un item est traité en profondeur (sémantique), plus sa mémorisation sera efficace. Dehaene postule sur base de cette étude, complétée par des travaux d'imagerie cérébrale (Kapur & al., 1994), que le traitement à un niveau de profondeur élevé est lié à un engagement actif et que cet engagement est un facteur clé de l'apprentissage.


==Références==
==Références==

Version du 25 octobre 2019 à 12:46

Introduction

L’engagement en formation est "à la fois l’acte d’entrée et l’implication du sujet dans le processus d’apprentissage" (Bourgeois, 2009, p.237). Lorsque l'individu entreprend une formation, il prend la décision de s'engager, il fait des choix, et parfois renonce à d'autres projets. En effet, comme l'écrit Bourgeois (1998): "l’engagement ou l’entrée en formation est « le processus qui conduit l’adulte, à un moment donné de sa vie, à prendre la décision d’entamer telle ou telle formation, c’est-à-dire, le plus souvent, à renoncer à d’autres options qui s’offrent à lui" (p.101).

Les motifs d’engagement en formation

Lorsque l’on s’intéresse à la motivation d’engagement d’un adulte en formation, il est essentiel d’explorer les raisons et les motifs qui poussent l’individu à agir. Philippe Carré (1998, 1999) a construit un modèle descriptif des orientations et des motifs d’engagement en formation des adultes. Selon lui, les motifs d’engagement en formation sont pluriels, puisqu’on ne s’engage pas en formation pour une seule raison, mais pour plusieurs motifs. Il ajoute que les motifs d’engagement sont contingents : ce ne sont pas des caractéristiques stables de la personnalité d’un individu, mais bien « des expressions du rapport du sujet à un certain projet de formation, dans une certaine situation, à un moment donné de sa vie » (Carré, 1999, p.280). Ces motifs sont également évolutifs, puisqu’ils ne sont jamais fixes, mais changent selon la personne et son vécu.

Quatre orientations motivationnelles

Philippe Carré (1998, 1999) relève quatre orientations motivationnelles : d’une part, une orientation intrinsèque et une orientation extrinsèque et d’autre part, une orientation vers l’apprentissage et une orientation vers la participation. L’ensemble des motifs en formation s’inscrivent dans ces quatre "quadrants" spécifiques.

Les motifs qui sont intrinsèques trouvent une réponse dans le fait même de se former, on s’engage alors dans l’activité pour la satisfaction qu’elle nous procure. Dans ces motifs, la motivation à se former relève donc de soi. On peut aussi s’engager en formation pour des motifs extrinsèques, c'est-à-dire qui sont liés aux avantages extérieurs que la formation permet d’atteindre, comme par exemple l'obtention d'un diplôme qui légitime des connaissances ou offre des perspectives d'évolution professionnelle.

Carré (1999) distingue également les motifs d’engagement en formation qui sont orientés vers l’apprentissage et dont le but est d’acquérir des connaissances et des savoirs par plaisir d’apprendre, et ceux qui sont orientés vers la participation, qui sont indépendants de l’acquisition des savoirs et qui permettent de consolider une image de soi-même par rapport à autrui.

Dix motifs d'engagement

A partir de ces quatre orientations motivationnelles, Philippe Carré (1998, 1999) relève plusieurs motifs d’engagement en formation qui sont intrinsèques ou extrinsèques.

Motifs d'engagement
Motifs intrinsèques Motif épistémique Apprendre pour le plaisir d’apprendre, la formation est une source de plaisir en soi
Motif socio-affectif La formation pour bénéficier de contacts sociaux, d’échanges, et dans le but de communiquer avec autrui
Motif hédonique Motif lié aux conditions pratiques du déroulement de la formation, à l’ambiance de la formation
Motifs extrinsèques Motif économique La formation permettra à l’individu d’obtenir des avantages économiques
Motif prescrit L’individu entre en formation sur pression ou conseil de la hiérarchie ou d’autrui
Motif dérivatif La formation pour éviter des situations ou des activités désagréables (mauvaise ambiance, manque d’intérêt au travail, problèmes familiaux…)
Motif opératoire professionnel Se former pour acquérir des compétences nécessaires pour le travail
Motif opératoire personnel Se former dans le but d’acquérir des compétences en dehors du travail (loisirs, vie familiale, etc.)
Motif identitaire La formation comme reconnaissance de l’environnement et de l’image de soi
Motif vocationnel La formation permet d’acquérir des compétences dans une vision d’orientation professionnelle, de gestion de carrière, par exemple

Engagement et apprentissage

Au-delà des considérations motivationnelles liées à l'engagement en formation, de nombreux auteurs, dont Stanislas Dehaene, ont cherché à comprendre comment l'engagement favorisait les processus cognitifs dans l'apprentissage et la mémorisation. Dehaene (2018) relie l'engagement aux mécanismes d'attention et de mémoire, postulant que c'est l'engagement actif, tout au long de l'apprentissage, qui permet à l'apprenant d'intégrer durablement des connaissances. Il cite l'étude classique de Craik & Tulving (1972) qui étudie l'influence de la profondeur de traitement dans l'apprentissage de mots. Ces auteurs ont étudié la mémorisation de mots selon trois types de traitement : visuel, phonétique et sémantique. Ils ont observé que plus un item est traité en profondeur (sémantique), plus sa mémorisation sera efficace. Dehaene postule sur base de cette étude, complétée par des travaux d'imagerie cérébrale (Kapur & al., 1994), que le traitement à un niveau de profondeur élevé est lié à un engagement actif et que cet engagement est un facteur clé de l'apprentissage.

Références

  • Bourgeois, E. (1998). Apprentissage, motivation et engagement en formation. Education permanente, 136, 101-109.
  • Bourgeois, E. (2009). Motivation et formation des adultes. In Ph. Carré & F. Fenouillet (Ed.), Traité de psychologie de la motivation (pp.233-251). Paris : Dunod.
  • Carré, Ph. (1998). Motifs et dynamiques d’engagement en formation : synthèse d’une étude qualitative de validation auprès de 61 adultes en formation professionnelle continue. Education permanente, 136, 119-131.
  • Carré, Ph. (1999). Motivation et rapport à la formation. In Ph. Carré & P. Caspar (Ed.), Traité des sciences et techniques de la formation (pp. 267-287). Paris : Dunod.
  • Dehaene, Stanislas (2018). Apprendre! : les talents du cerveau, le défi des machines, Paris: O. Jacob.