Le cycle de conception, d'intégration et d'évaluation d'un EIAH en contexte d'apprentissage

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Article réalisé dans le cadre du cours ADID par Tom Wünsche.

Résumé

Cette fiche met en lien des capsule vidéo et des articles scientifiques dans l’optique de faire ressortir le cycle de conception, d’intégration et d’évaluation d’un EIAH (Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain) en contexte d’apprentissage.

Introduction

Les EIAH sont des dispositifs informatiques ayant comme objectif de favoriser les apprentissages dans un contexte d’enseignement donné. Or, l’emploi d’environnements informatiques n’est pas forcément synonyme de meilleur apprentissage. Pour s’assurer qu’un EIAH soit adapté et efficace, il est nécessaire de prendre en compte différents enjeux pédagogiques et techniques. À travers différentes capsules vidéo et articles de littérature scientifique, il a été possible de faire ressortir un cycle de mise en place d’un EIAH favorisant un usage bénéfique aux apprentissages. Cet article a pour but de présenter ce cycle et d’expliquer en quoi il permet une amélioration du contexte d’enseignement.

Développement

Trois étapes majeures ont pu être mises en évidence : la conception de l’EIAH, son intégration au contexte d’apprentissage et finalement son évaluation d’efficacité.

Conception

Cette étape tourne principalement autour de la question : sur quels éléments faut-il se baser pour concevoir un EIAH adapté aux besoins des usagers ? Selon Tchounikine & Tricot (2010), il existe différents points d’entrée justifiant la conception d’un EIAH. Il peut s’agir par exemple d’une technologie particulière, de processus d’ingénierie, d’une théorie générale issue des sciences humaines et sociales, une analyse de la connaissance en tant qu’enjeu d’apprentissage, la facilitation d’une tâche d’enseignant/tuteur ou encore un recueil de résultats empiriques. Il est possible de mettre en lien ces points d’entrée avec les deux approches sur l’apprentissage par la technologie développées par Mayer (2010). Ce dernier explique que l’emploi d’une technologie pour soutenir l’apprentissage peut être centré soit sur une technologie précise afin de profiter de ses avantages, soit sur l’apprenant en adaptant la technologie à ce dernier. On peut donc constater que les auteurs cités s’accordent sur le fait qu’il existe différentes raisons d’intégrer une technologie ou un EIAH à un contexte d’apprentissage ; il est possible de se baser sur le facteur humain ou sur le facteur technologique dans le processus de conception.

Ces différents points de base permettent d’alimenter « le volet d’identification des objectifs et des besoins » dans la conception d’un EIAH décrit dans la présentation de Sanchez (2018). Ce dernier explique également que dans le processus de conception, la recherche joue un rôle majeur : « les rapports qui se nouent entre la recherche et la conception sont des rapports extrêmement complexes » (Sanchez, 2018). L’auteur détaille par la suite un type de rapport entre ces deux pôles : la recherche orientée par la conception. Il précise qu’il est important d’articuler la recherche à la conception dans un processus collaboratif entre chercheur et praticien. Cela permet de faire le lien avec l’étape suivante du cycle de mise en place d’un EIAH : la phase d’intégration.

Intégration

Lors de cette étape, il est question de créer des prototypes et de les mettre en place en contexte d’apprentissage. Comme expliqué ci-dessous, Sanchez (2018) insiste sur la dimension collaboration entre chercheur et praticien. Ses dires sont soutenus par George, Michel & Ollagnier-Beldame qui expliquent que les praticiens (enseignant ou tuteur) sont certes des utilisateurs, mais également des concepteurs et ingénieurs de l’EIAH. Par exemple, dans l’intégration d’un EIAH en contexte scolaire, l’enseignant est un acteur à part entière du dispositif particulièrement pour « préparer les activités d’apprentissage pour ses apprenants (scénarisation) et pour assurer le suivi et l’encadrement pédagogique de celles-ci (contrôle, régulation) » (2013, p.4).

Outre la collaboration, lors de l’intégration de l’EIAH, il est capital d’obtenir un retour sur l’activité. Pour cela, Caron (2018) explique la nécessité d’avoir des traces de l’activité pour connaitre son déroulement précis. Les traces permettent d’obtenir des informations cruciales sur l’implémentation d’un EIAH et sur son utilisation effective. Pour ce faire, Caron détaille différentes méthodes comme :

  • L’observation in situ: prise de note, interaction, analyse d’information, etc.
  • L’Interview à l’aide de questions posées en fin d’activité.
  • Le questionnaire, basé sur une approche quantitative.

Il est important de noter que les traces n’interviennent pas qu’à un moment précis dans le cycle global de mise en place d’un EIAH, mais sont omniprésentes. Par exemple, elles jouent un rôle central dans l’amélioration d’un EIAH, car elles contiennent des informations essentielles pour réguler le dispositif. Choquet (2007 in George, Michel & Ollagnier-Beldame, 2013, p.5) insiste particulièrement sur cet aspect : « la réingénierie à des fins d’amélioration de la qualité pédagogique d’un EIAH se pratique, par définition, après observation et analyse des utilisations antérieures ».

Analyse

Le processus d’amélioration d’un EIAH permet de rebondir sur la dernière phase de sa mise en place en contexte d’apprentissage : l’analyse. L’objectif de l’analyse d’un EIAH est de mesurer l’appropriation réelle de ce dernier par les utilisateurs. Michel (2018) définit le concept d’appropriation comme la manière dont les usagers intègrent l'outil dans leur pratique quotidienne. Elle explique qu’il s’agit de développer des schèmes d’utilisation qui, lors d’une intégration réussie, se transforment en usage persistant. Cette notion d’usage est très importante, car la professeure détaille ensuite deux manières d’analyse l’intégration d’un EIAH. La première est l’analyse de l’utilisation qui consiste en la mesure de l’acceptabilité du dispositif. Cette manière de procéder est relativement rapidement et s’effectue sur une courte durée sur le terrain. La seconde manière est nettement plus chronophage et s’effectue sur temps long. Il s’agit de l’analyse des usages. Cette analyse se base sur la mesure de l’acceptation et de l’appropriation réelle. Elle se fait sur trois axes : technologique, intrinsèque (propre à l’utilisateur), et extrinsèque (propre à l’activité). Pour ce type analyse, il est possible de faire référence aux dires de George, Michel, Ollagnier-Beldame (2013) concernant les traces de l’activité recueillies. Ces auteurs expliquent que les traces peuvent être également extérieures à l’activité et sont dans ce cas « exploitées pour des besoins d’analyse des pratiques » (p.6). On peut donc constater que les traces constituent un élément clé de l’analyse des usages, car elle constitue une ouverture vers la compréhension de l’utilisation réelle d’un dispositif.

Conclusion

Les liens entre les différents clips vidéo et les articles de littérature scientifique ont permis d’identifier un cycle dans la mise en place d’un EIAH en contexte d’apprentissage. Il faut toutefois spécifier qu’il n’existe pas de consensus scientifique dans le processus de conception d’EIAH (Tchounikine & Tricot, 2010, p.176), ce qui signifie que le cycle qui vient d’être décrit peut faire preuve d’une certaine subjectivité. Néanmoins, plusieurs chercheurs et chercheuses dans le domaine s’accordent sur différents éléments nécessaires à prendre en compte dans la mise en place la plus pertinente d’un EIAH. Ces éléments sont entre autres l’identification des objectifs et des besoins, le recueil de traces, ou encore l’analyse de l’appropriation réelle d’un dispositif.

Bibliographie

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 18 décembre), Analyse des traces : Objectifs de traçage [vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=aQMnhcq4HBM

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 15 décembre), Adaptation : Analyser l'appropriation pour analyser l'adaptation [vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=9soVe48UClo

ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 14 décembre), Méthodes de conceptions : Recherche orientée par la conception [vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=iiN3Axy5a9c&feature=emb_logo

Choquet, C. (2007). Ingénierie et réingénierie des EIAH, l’approche REDiM. (Habilitation à diriger des recherches) (179 p.). Laboratoire d’Informatique de l’Université du Maine.

George, S., Michel C., Ollagnier-beldame M. (2013). Usages réflexifs des traces dans les environnements informatiques pour l'apprentissage humain. Intellectica, 2013/1, 1-36

Mayer R. (2010). Comment apprend-on ? La recherche au service de la pratique. Chapitre 8 : Apprentissage et technologie. Santa Barbara: Université de Californie.

Touchkine, P., Tricot A. (2010). Environnements informatiques et apprentissages humains, 167-200.