Intégration des TIC

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Modèles

Il existe plusieurs modèles portant sur l'intégration des TIC (Technologie de l'information et de la communication). Quelques auteurs ont proposé des modèles traçant les étapes que traversent habituellement les enseignants lors de l’incorporation des TIC à leur enseignement.

Moersch (1995, 2001) a développé un outil de mesure - Levels Of Technology Implementation (LoTi) - pour évaluer le niveau d’implantation des TIC en classe par les enseignants. Il définit sept niveaux par lesquels l’enseignant évolue lorsqu’il développe son expertise à intégrer les TIC en classe.

  • Le niveau zéro représente la non-utilisation, étape durant laquelle l’enseignant perçoit le manque d’accessibilité et de temps comme des freins à l’utilisation des TIC.
  • Le niveau suivant, celui de la sensibilisation, peut être vécu différemment par chaque enseignant. Ce dernier peut être en contact indirect avec les TIC présentes dans son environnement (ex. : programme de dénombrement flottant utilisant les TIC, cours d’informatique offert le midi, etc.) , utiliser les TIC pour la gestion de classe (ex. : prendre les présences, compiler les résultats de élèves, correspondre via le courrier électronique, préparer ses cours, etc.) ou utiliser les TIC comme soutien à son enseignement.
  • Dans le modèle de Moersch, l’enseignant engage ses élèves dans l’utilisation des TIC au niveau de l’exploration alors qu’il les emploie comme complément à son enseignement lors d’activités de renforcement, d’enrichissement, lors d’exercices répétitifs, de jeux ou pour la recherche d’information (connaissances) sur un contenu à l’étude.
  • L’enseignant passe ensuite au niveau de l’infusion, quand il utilise les outils technologiques (ex. : base de données, feuille de calcul, graphique, application multimédia, Internet, etc.) de manière ponctuelle, lors d’activités pédagogiques favorisant le traitement de l’information et des structures de raisonnement de niveau supérieur (ex. : résolution de problèmes, prise de décision, pensée réflexive, expérimentation, etc.).
  • Le niveau suivant, celui de l’intégration, constitue un moment difficile à franchir. L’enseignant utilise alors les TIC, non pas de manière isolée, mais en engageant ses élèves dans un contexte d’apprentissage riche, au sein duquel ils recourent aux TIC (c’est-à-dire les applications multimédia, les télécommunications, les bases de données, la feuille de calcul, le traitement de texte) pour identifier et résoudre des problèmes réels liés à un thème central ou à un concept.
  • Le niveau de l’intégration est, dans le modèle révisé (Moersch, 2001), divisé en deux sous-niveaux :
    • intégration mécanique
    • intégration routinière

Pour mettre en lumière le fait que l’enseignant a besoin de recourir à une aide extérieure (de la part de collègues, de conseiller pédagogique, de matériel pédagogique commercial, etc.) avant de pouvoir d’atteindre une intégration routinière et indépendante.

  • Toujours dans un contexte de résolution de problèmes, au niveau de l’expansion, l’utilisation des TIC permet d’entrer en contact avec le monde extérieur.
  • Finalement, au stade du raffinement, l’enseignant utilise les TIC pour permettre aux élèves de rechercher de l’information, de trouver des solutions et de développer un produit en lien avec des problèmes réels, et surtout, en lien avec leurs propres intérêts, besoins et aspirations.

Le modèle d’intégration des TIC le plus connu est celui de Sandholtz, Ringstaff et Dwyer (1997) qui a été élaboré à partir de données empiriques recueillies sur 10 ans entre 1985-95 dans le cadre du projet Apple Classrooms of Tomorrow (ACOT).

Sandholtz et ses collègues proposent un modèle en cinq stades : l’entrée, l’adoption, l’adaptation, l’appropriation et l’invention. Selon ce modèle, l’enseignant passe du stade de l’entrée, où il se familiarise avec l’équipement technologique placé dans sa classe, au stade de l’adaptation où il utilise les TIC lors d’exercices répétitifs, au stade de l’appropriation, où il transforme ses méthodes d’enseignement pour favoriser l’acquisition de nouvelles compétences chez les élèves. Au dernier stade, celui de l’invention, les enseignants adoptent de nouvelles méthodes d’enseignement qui sont centrées sur la construction des connaissances, la résolution de problèmes et la pensée critique, et qui permettent d’obtenir le plein potentiel des TIC.

Le modèle de Raby (2004) illustre un processus qui mène de la non-utilisation à l’utilisation exemplaire des TIC, se divise en quatre stades : la sensibilisation, l’utilisation personnelle, l’utilisation professionnelle et l’utilisation pédagogique. Les trois derniers stades se subdivisent, quant à eux, en plusieurs étapes qui ne se suivent pas nécessairement de manière linéaire.

  • au premier stade de la sensibilisation, l’enseignant est en contact indirect avec les TIC présentes dans son environnement personnel et/ou professionnel. L’enseignant a, à ce stade, peu ou pas de contact direct avec les TIC, mais il côtoie, dans son entourage, des personnes qui s’en servent et les apprécient. le stade de sensibilisation sera suivi par le stade de l’utilisation personnelle, de l’utilisation professionnelle ou de l’utilisation pédagogique, selon les motivations qui poussent chaque enseignant à poursuivre son processus d’intégration des TIC.
  • l’enseignant motivé à utiliser les TIC par une curiosité ou un besoin d’ordre personnel, entrera dans le stade de l’utilisation personnelle en premier. Il poursuivra par la suite son cheminement en traversant les stades d’utilisation professionnelle ou d’utilisation pédagogique.
  • un enseignant plutôt motivé par une curiosité, un besoin ou une obligation d’ordre professionnel passera directement du stade de sensibilisation au stade d’utilisation professionnelle. Cet enseignant traversera donc plus tard les stades d’utilisation personnelle et d’utilisation pédagogique.
  • un enseignant d’abord motivé par une curiosité, un besoin ou une obligation d’ordre pédagogique, passera directement du stade de sensibilisation au stade d’utilisation pédagogique et traversera les stades d’utilisation personnelle et d’utilisation professionnelle par la suite.
  • Le stade d’utilisation personnelle comprend trois étapes : la motivation, la familiarisation et l’exploration-appropriation. À l’étape de la familiarisation, l’enseignant apprend à maîtriser les rudiments techniques, c’est-à dire une connaissance de base de certains logiciels, et non une connaissance technique des systèmes d’exploitation. L’enseignant qui a préalablement entrepris un autre stade (utilisation professionnelle ou utilisation pédagogique), traversera possiblement plus rapidement (ou même évitera) le stade de familiarisation. L’enseignant progresse ensuite vers une étape d’exploration, et avec le temps d’appropriation, pendant laquelle il recherche des informations sur des sujets d’intérêt personnel, communique avec sa famille et ses amis et utilise les outils technologiques pour produire des documents en lien avec ses besoins personnels.

Lors du stade de l’utilisation professionnelle, l’enseignant traverse une étape de familiarisation plus ou moins longue, puis il parvient au stade de l’utilisation pédagogique et touche à l’usage des TIC à des fins éducatives. C’est durant ce stade que l’enseignant amène ses élèves à utiliser les TIC en classe.

  • Le stade d’utilisation pédagogique débute par :
    • une curiosité, un besoin ou une obligation d’ordre pédagogique (motivation) de la part de l'enseignant.
    • Les enseignants qui se sentent obligés d’intégrer les TIC à leur enseignement, sans avoir préalablement entrepris les stades d’utilisation personnelle et/ou professionnelle, peuvent traverser une étape de familiarisation longue et pénible. Durant cette étape, ils apprennent lentement à maîtriser les rudiments techniques. Les enseignants peuvent ensuite engager leurs élèves dans l’utilisation des outils technologiques comme récompense ou occupation.
    • à l’étape de l’exploration, l’enseignant utilise les TIC pour enrichir son enseignement. Il engage ses élèves dans des activités visant l’acquisition, la compréhension et l’application de connaissances. Ces activités permettent aussi le développement de la compétence transversale liée aux TIC.
    • à l’étape de l’infusion, l’enseignant implique ses élèves dans une utilisation ponctuelle et isolée des TIC. L’élève utilise donc les TIC lors d’activités de transmission et de construction de connaissances, proposées par l’enseignant.
    • l'étape de l’appropriation est marquée par une utilisation fréquente et régulière des TIC par les élèves dans un cadre d’apprentissage actif et significatif. Ce type d’utilisation pédagogique se caractérise par une combinaison d’activités de transmission et de construction de connaissances orientées vers la poursuite d’un but.

Le modèle de Depover et Strebelle (1997) appelé Modèle systémique de l'innovation présente trois niveaux d'intégration d'une innovation:

  • L'adoption renvoie à un changement dans sa pratique soit par conviction personnelle, soit sous une pression externe.
  • L'implantation rend compte du changement de pratique opéré durant la phase d'adoption et qui se caractérise par des traces visibles d'activités pédagogiques innovantes ayant un impact sur l'environnement.
  • La routinisation fait référence à une utilisation régulière des nouvelles pratiques sans support externe.

Instruments de mesure

Ces modèles ont pour objectif d'évaluer le degré d'intégration des TIC dans les pratiques professionnelles. De cet objectif, des instruments de mesure tels que des questionnaires peuvent être développés.

Coen et Schumacher (2006) ont construit un outil, le " Visi-TIC " qui évalue le niveau de pénétration de l'innovation sur le terrain. Cet outil a été construit sur la base notamment des travaux de Depover et Strebelle (1997). "Visi-TIC" est un ensemble de vignettes de situation qui mettent en scène les caractéristiques pédagogiques, technologiques, psychologiques et sociales des acteurs et des contextes dans lesquels ils évoluent. Ces caractéristiques vont être mises en parallèle aux trois niveaux d'implantation de l'innovation. Cet outil permet de situer un enseignant par rapport à la problématique générale d'intégration des TIC. Il peut aussi être utiliser comme un outil de diagnostic. .

Références

Coen, PF. Schumacher, J. (2006) Construction d'un outil pour évaluer le degré d'intégration des TIC dans l'enseignement. Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire , 3(3), 7-17. www.profetic.org/revue

Depover, C. Strebelle, A. (1997). Un modèle et un stratégie d'intervention en matière d'intégration des TIC dans le processus éducatif. In : Pochon, L. -O. Blanchet, A. (dir). L'ordinateur à l'école: De l'introduction à l'intégration. Neuchâtel: Institut de recherche et de documentation pédagogique (IRDP)(p.73-98) Moersch, C. (1995). Levels of technology implementation (LoTi) : A framework for measuring classroom technology use. Learning and Leading With Technology, 23 (3), 40-42.

Moersch, C. (2001). Next steps : Using LoTi as a research tool. Learning and Leading With Technology, 29 (3), 22-27.

Raby, C. (2004). Analyse du cheminement qui a mené des enseignants du primaire à développer une utilisation exemplaire des technologies de l'information et de la communication (TIC) en classe. Thèse de doctorat, Université du Québec à Montréal.