Constructionnisme

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Remarque : constructionism (anglais, avec un seul n) se traduit en français par constructionnisme (avec deux n).

Voir aussi:

Introduction

Le constructionnisme affirme que le constructivisme fonctionne particulièrement bien lorsque l'apprenant est engagé dans la construction de quelque chose que les autres peuvent voir :

"Le constructionnisme partage la conception de l'apprentissage du constructivisme qui le considère comme une « construction de structures de connaissances » indépendante des circonstances de l'apprentissage. S'y ajoute l'idée que cela fonctionne particulièrement bien dans un contexte où l'élève est consciemment occupé à construire une entité publique, que ce soit un pâté de sable ou une théorie de l'univers...Si on refuse les modèles de transmission de connaissances basés sur le séquençage en pipeline lorsque nous parlons de nous ou lorsque nous échafaudons des théories sur ce qui se passe dans les salles de classe, alors il faut s'attendre à ce que je ne puisse pas vous faire part de mon idée du constructionnisme. Agir ainsi reviendrait à le banaliser. Au lieu de cela, je dois me limiter à vous inciter à des expériences (y compris verbales) susceptibles de favoriser votre propre construction personnelle de quelque chose qui s'en rapproche. Ce n'est qu'ainsi que vous aurez quelque chose de suffisamment riche en tête pour que cela vaille la peine d'en parler." (Seymour Papert & Idit Harel, Situating Constructionism in Constructionism, Ablex Publishing Corporation, 1991))

L’approche psychologique, épistémologique et social : de Piaget au « socioconstructivisme »

Piaget, fondateur de la psychologie du développement cognitif chez l’enfant et l’adolescent, à réaliser des travaux source du concept de constructivisme. Ce qui à amener Piaget à cette théorie, c’est l’observation de structures psychiques communes chez les enfants du même âge qui donnera par la suite l’élaboration du concept de schème. La théorie de Piaget est la suivante : l’enfant construit sa capacité cognitive progressivement au fil des âges par le biais de différents apprentissages sociaux qu’on peut définir par une « imprégnation » grâce à 3 types de schèmes : « l’appropriation », « l’accommodation » et « l’équilibration ». Ce qu’il faut comprendre avec la théorie du développement, c’est que l’individu adopte une réponse à chaque situation d’apprentissage social, des schèmes, qui lui permette à la fois de se socialiser, de comprendre son environnement et d’augmenter ses capacités cognitives de façon générale. Cet apprentissage, cette construction, se manifeste par des crises qui viennent marquer des paliers d’apprentissage. La « crise d’adolescence » est l’un de ses paliers et peut être même, le plus important. Elle se caractérise par une construction identitaire.

D’un point de vu épistémologique, le constructivisme est la « théorie de la connaissance », c'est-à-dire, que chaque individu à une vision singulière de la réalité et du monde qui l’entoure. Chacun possède sa propre vérité. Le constructivisme d’un point de vue psychologique ne s’oppose pas à l’approche épistémologique, elle vient plutôt la nuancer. Le constructivisme sous le prisme de la psychologique considère que si chaque à individu possède sa conception du monde, c’est dû à l’apprentissage social et au développement cognitif qu’il a connu jusqu’à maintenant.

Dans le même sillage, les travaux de Piaget ont permis de comprendre le fonctionnement des enfants dans une institution comme l’École : leur conception du temps, de l’espace, leur relation aux autres. Les travaux de Piaget ont permis d’ouvrir la voie à des recherches supplémentaire sur la question de la perception de l’École par les enfants. Cependant, la critique qui peut être fait dans l’approche Piagétienne, c’est d’avoir mis au second plan l’importance des interactions sociales qui sont pourtant primordiales dans le concept de constructivismes. On peut parler de « constructivisme social » ou de « socioconstructivisme ».

Le « socioconstructivisme » est un courant sociologique dont les prémices sont issues des travaux de Durkheim puis, principalement développé par Luckmann et Berger, notamment dans leur livre The Social Construction of Reality (1966). L’approche sociologique définit le constructivisme comme le fait que la réalité sociale et les phénomènes sociaux sont institutionnalisé pour ensuite devenir tradition. Il faut comprendre avec l’approche sociologique, qu’il y a une notion de propagation et d’intériorisation (apprentissage) d’un élément social dans le constructivisme. L’approche sociologique apporte une dimension sociale à l’approche épistémologique et psychologique du constructivisme.

Constructionnisme et constructivisme

Le point commun du constructionnisme et du constructivisme réside dans l’idée que l’acquisition de connaissances se fait par le biais d’un processus de construction caractérisé par des interactions, des activités individuelles et des interlocutions. Le constructionnisme s’intéresse plutôt au prisme individuel de l’apprentissage cognitif, tandis que le constructivisme adopte une approche plus collective de l’acquisition des capacités cognitives notamment au travers des interactions sociales. Le constructivisme est davantage fondé sur les réflexions et les progressions psychologiques produites par les relations sociales. Le constructionnisme quant à lui est davantage basé que le résultat de ces interactions et leur rôle dans la vie de l’individu. La perception de la réalité est donc  individuelle et propre à chacun mais pas vraiment fondée sur les mêmes critères. Le constructivisme se rapproche davantage d’une socialisation et d’une progression cognitive individuel. Le constructionnisme est moins conceptuel et s’appuie plutôt sur des déterminismes factuels comme les valeurs enseignées à un individus, les traditions et le langage qu’il pratique.

Les bases selon Dougiamas

En étudiant le constructivisme, il est apparu de façon évidente à Dougiamas que l'un des processus les plus importants pour développer sa connaissance était d'expliquer et d'explorer son idée avec des camarades apprenants. Il note qu'une grande part de ce développement se fait en participant à un dialogue, que ce soit dans une conversation ou lors d'une présentation en classe, et en écrivant des textes pour que d'autres y répondent. Il note également que la construction de sites internets et de programmes informatiques (Dougiamas, 1999) a un effet similaire.

Gergen (1995) explore l'utilisation de la métaphore du dialogue pour évaluer certaines pratiques éducationnelles. En particulier, il considère les connaissances comme des fragments de dialogues, des récits bien documentés à un moment donné d'une relation. Relation qui peut être celle entre apprenants, entre un apprenant et un enseignant, ou entre un apprenant et un environnement qu'il expérimente. Gergen décrit une conférence comme une conversation où, parce que le conférencier a déjà fixé le contenu, l'élève essaye de s'insérer en partie par le dialogue mais ne trouve aucun écho.

Steier (1995) analyse plus en détail le processus du dialogue. Il met en lumière la circularité des pensées réflexives dans la recherche sociale, et présente certaines situations de réflexivité entre les élèves (comme deux miroirs qui se font face) dans lesquelless ils s'influencent mutuellement. En avoir conscience peut permettre de cadrer plus efficacement le dialogue utilisé pour communiquer.

Ce texte seul est, pour votre propre apprentissage, un pauvre moyen de communication. Je me contente, en effet, d'assembler des mots sur le contructivisme, que vous lisez en utilisant votre propre cadre cognitif, développé via votre propre expérience, vos propres cadres de langage et de compréhension. Je traduis un certain nombre de textes, et je les utilise pour construire une compréhension de mon propre arrière-plan conceptuel ; je traduis ensuite mes nouvelles compréhensions en construisant mon propre texte, que vous déconstruisez et reconstruisez selon votre propre compréhension. Toutes ces traductions introduisent de l'inconnu et je ne peux pas savoir si j'arrive à vous atteindre. En tentant d'enseigner ainsi, je peux seulement espérer stimuler votre curiosité pour vous conduire à en lire plus sur ces sujets, à écrire dessus, à en parler avec d'autres et à les appliquer autant que possible dans vos propres situations.

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Références

Dougiamas, M. (1998). A journey into Constructivism, https://www.researchgate.net/publication/200022404_A_journey_into_constructivism

Dougiamas, M. (1999). Moodle - a web application for building quality online courses. http://moodle.com/.

Dumora, B., & Boy, T. (2008). Les perspectives constructivistes et constructionnistes de l’identité (2e partie). Modèles constructivistes et constructionnistes et psychologie du conseil. L'orientation scolaire et professionnelle, (37/3), 365-386. https://journals.openedition.org/osp/1722

Gergen, K.J. (1995) Social Construction and the Educational Process. In L.P. Steffe & J.Gale (Eds) Constructivism in education (pp 17-39). Hillsdale, New Jersey: Lawrence Erlbaum.

Papert, S (1991) Preface, In: I. Harel & S. Papert (Eds), Constructionism, Research reports and essays, 1985-1990 (p. 1), Norwood NJ.
Steier, F. (1995) From Universing to Conversing: An Ecological Constructionist Approach to Learning and Multiple Description. In L.P. Steffe & J.Gale (Eds) Constructivism in education (pp 67-84). Hillsdale, New Jersey: Lawrence Erlbaum.