Suicides et conduites auto-agressives en prison. Pour une sociologie du mal être carcéral. Fabrice Fernandez. (2009)

De DeWiki
Révision datée du 5 novembre 2014 à 09:30 par Margot Roche (discussion | contributions) (Page créée avec « Le suicide est une question qui touche actuellement beaucoup les prisons en Europe. En effet, ces "morts volontaires" traduiraient des conditions d'enfermement déplorabl... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche

Le suicide est une question qui touche actuellement beaucoup les prisons en Europe. En effet, ces "morts volontaires" traduiraient des conditions d'enfermement déplorables. A une époque pas si lointaine, le suicide était "interdit". En effet, en 1999, Prieur a dit qu'il était : " défendu au prisonnier de se soustraire à sa peine par une tentative de fuite ou de suicide" Cette formulation, qui peut sembler stupide car cela appartient à la liberté de chacun, est encore d'actualité aux Etats-Unis. Actuellement, les recherches distinguent deux raisons importantes qui poussent les individus en prison à passer au suicide: L'état de santé mentale des détenus et le fonctionnement total de la prison. La prison serait donc un lieu "suicidogène". Les recherches montrent également, un accroissement du risque de suicide avec la durée de la peine et avec le lien que le détenu peut entretenir avec ses proches et/ou avec d'autres détenus. Une recherche a également listé différentes raisons du passage à l'acte des prisonniers:

  • La surpopulation
  • La promiscuité
  • Les conditions des détentions difficiles
  • La souffrance psychique
  • Le manque de personnel soignant
  • Le stress quotidien
  • Les symptômes de servage
  • ...

Le texte explique aussi que le suicide n'est uniquement un acte impulsif et non-réfléchi. Au contraire, pour les prisonniers, il peut y avoir une forme de rationalité dans cet acte. En effet, les prisonniers comparent souvent le coût de la détention et les gains "attendus" / "espérés" à la sortie. Emprisonné, sans liberté aucune, le prisonnier, par son suicide, pourrait y voir une reprise de son autonomie en réaffirmant sa part de liberté de choix.

Les conduites auto-agressives:

L'angoisse du jugement, le lien avec les personnes restées à l'extérieur de la prison, le manque de produites (drogue ou médicament)... sont des raisons invoquées régulièrement par les prisonniers lorsqu'ils commettent des actes auto-agressifs. Dans une recherche, Nicolas Bourgoin montre que les détenus ayant mis fin à leur jour avaient déjà commis 24,3 fois plus de tentatives de suicide, 6 fois plus d'automutilations et 2,8 fois plus de grèves de la faim que les autres détenus. Plusieurs types de comportement auto-agressifs ont été répertoriés:

  • se taillader le bras ou le corps
  • avaler une fourchette
  • se brûler
  • s'aveugler
  • se donner des coups
  • se briser les os
  • s'arracher les cheveux
  • ...

Ces formes d'automutilation peuvent être définies comme étant un suicide focalisé qui permet de garder l'essentiel. Cela fonctionne comme un exutoire et une réappropriation de soi et de son corps. Elles peuvent soulager temporairement une souffrance psychique ou physique. Elles peuvent également jouer le rôle d'interpeller l'administration pénitentiaire et judiciaire pour améliorer leurs conditions de vie en prison. Ces tentatives rapprochent le prisonnier du personnel médical.