Parents démissionnaires: une réalité de la délinquance juvénile?

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Introduction

Problématique

Dans la presse aujourd'hui, comme dans les journaux ou émission télévisées, les parents démissionnaires font les gros titres. La montée de la violence des jeunes en France et principalement dans les banlieues pose la question du rôle et de la responsabilité parentale. les parents sont montrés du doigt et rendus responsables des actions de leurs enfants.En effet depuis une quinzaine d'années, la France assiste à une recrudescence de la délinquance juvénile. Le nombre de délits commis par des mineurs est en continuelle augmentation. Dans les chiffres officiels, seuls les actes dont le coupable a été désigné sont répertoriés. Ceci signifie que la plupart des délits commis par des mineurs ne rentrent pas dans ce constat. Beaucoup ne sont pas résolus, mais la police tend à les imputer à des jeunes. A ceux là, il faut ajouter tous les actes qui ne font pas l'objet d'une plainte; et toutes les incivilités qui ne sont pas concidèrées comme des actes délinquants.Ce sont ces agressions répétées auprès des adultes, des habitants des banlieues, principalement, qui installent un sentiment d'insécurité.Ces gens fatigués, irrités et insécurisés incombent la faute aux parents de ces jeunes délinquants. Ils leur reprochent de ne pas assurer leur rôle de parents.Ils critiquent aussi l'Etat et ses institutions (justice, police, écoles,...)de ne pas jouer leurs rôles éducatifs et répressifs.Ce problème semble "toucher" une majorité de la population ; et les politiques sont interpellés.Ils font de ce sujet un objectif de campagne électorale. Au moment oú les candidats de gauche comme de droite présentent leur programme, la question de la responsabilisation des parents à travers les sanctions financières (suppression des allocations parentales) est préconisée par Mme Royal comme par M.Sarkozy. La droite propose un projet de loi, visant à établir législativement la suppression des allocations familiales comme une sanction à l'encontre des parents,après des actes de délinquance juvénile.Cette proposition est présentée à l'Assemblée Nationale, le mardi 21 novembre 2006. La 100aine d'articles qui la composent seront étudiés pendant les prochains mois.

Mais les parents démissionnaires sont-ils des parents de délinquants juvéniles ?.

Il sera intéressant de savoir qui est à l'origine de cet amalgamme: démission/délinquance.

Sont-ils démissionnaires pour autant? La délinquance de leur(s) enfant(s)est-elle la caractéristique commune de ces parents démissionnaires ou sont-elles plus nombreuses, autres?

Que faudrait-il faire pour les aider à perdre cette étiquette? Existent-ils déja des solutions, certaines ont-elles été proposées?

Les questions sont nombreuses pour essayer de cerner un problème qui apparaît aujourd'hui, comme un problème de société.

Méthodologie

Pour trouver les réponses, nous allons nous basé d'abord sur quelques ouvrages qui ont abordé le sujet à travers le thème de la violence des jeunes.Ces livres nous donnent une vision assez globale du problème, un problème plus comlexe que la démission parentale. Les auteurs de ces ouvrages aborde le rôle des parents, leur responsabilité, leur laisser-aller ou leur sentiment d'impuissance face aux actions de violence, d'incivilité, de délinquance de leur enfant.La synthèse de ces lectures permettra de dresser un tableau de la situation, du point de vue des acteurs de terrain et des sociologues qui ont abordé cette thématique.

Pour completer ma recherche, je m'appuierais sur une analyse de la presse. Ma vision du sujet me poussais à croire que cette image des parents démissionnaires était véhiculé par les journaux.Je pensais que les journaux dits populaires, régionaux ( de type Dauphiné-libéré) seraient plus enclins à traiter ce sujet de démission parentale et de délinquance juvénile(puisque ce sont les classes populaires qui semblent y être les plus sensibles).Mais mes recherches, via internet, m'ont surtout donné accès à des journaux dits plus intellectuels ( type: le Monde, La Croix,...).Ces journaux sont l'apanage de classes sociales plus valorisées.Ces articles seront complètés par ceux de revues spécialisées , destinées aux travailleurs sociaux, comme Oasis, Lien social. L'analyse de ces articles me permettra de faire apparaître les différents points de vue de la presse sur ce thème. Ceux- ci seront plus critiques que ceux abordés dans les journaux régionnaux.

Les dernières sources seront les rapports, les discours et les initiatives ponctuelles des politiques. Ce sujet n'est pas nouveau pour eux, ils ont commencé à aborder le problème de face lors des premières émeutes dans les banlieues dans les années 90.Aujourd'hui, de nombreux rapports ou conférences politiques sont nés de questionnement sur la délinquance juvénile, le rôle et la mutation de la famille. Depuis une dizaine d'années, les différents ministères (cohésion sociale, famille, intérieur, de la ville,...)ont abordé ces thèmes. Le dernier rapport traitant ce sujet (entre autres) est celui de M. Bénisti,remis à la fin du mois d'octobre 2006 à M. Sarkozy, ministre de l'intérieur. Il dresse un tableau de la situation de la délinquance des mineurs,ces causes, ses conséquences, et des solutions envisageables.Ces solutions viennent complèter, renforcer des essais de type: sanctions financières, couvre-feux, initiatives locales. Les discours politiques actuels découlent de ces differents rapports ou conférences. les politiciens s' y réfèrent pour proposer des solutions.

Revue de littérature

Suite aux différents ouvrages que j'ai pu parcourir, le problème de la démission parentale est toujours traité avec celui de la violence ou de la délinquance des jeunes. L'amalgame entre la délinquance des jeunes et l'absence d'autorité, de suivi parental est présent. Matichoux (2000) et Lebailly (2001)démontrent que cette notion de parents démissionnaires est née de la masse sociale, principalement issue des banlieues. Leurs habitants ne supportant plus les incivilités, la violence, le sentimemt d'insécurité qui les habitent continuellement, accusent les parents de ces jeunes, d'avoir baisser les bras. Ils estiment que ces parents n'arrivent plus à jouer leur rôle de parents (voir responsabilité parentale, qu'ils n'ont pas d'autorité et qu'ils sont laxistes).

Des auteurs comme Martichioux, J, Chatel,V, et Lebailly,P n'adhèrent pas à cette idée. Ils ne parlent pas de démission. Pour eux, ces parents n'ont pas démissionné, mais ils sont dépassés, inconscients.

Les parents concernés par cette appelation sont des parents issus des quartiers défavorisés, pour la plupart ils sont d'origine étrangère, ils ont des problèmes financiers. A cela s'ajoute une rupture de lien avec les institutions sociales et politiques. Chatel (2002)et Lebailly décrivent des parents, principalement des pères qui ont perdu leur place de patriarche au sein de la famille, car ils n'ont pas réussi à adapter leur culture d'origine au style éducatif français. Beaucoup ne l'ont pas compris. Perdus dans une société, où les punitions corporelles sont interdites, où "l'enfant est roi", où la société de consommation règne en maître, ces parents ont pensé que cela facilerait leur intégration et celle de leurs enfants. C'est la peur d'être stigmatisé qui a conduit ces parents à faire preuve de laisser-aller.Le facteur économique est aggravant (classes populaires. les parents, surtout les pères au chômage, sont dévalorisés par leurs enfants qui leur reprochent de ne servir à rien, de ne plus assumer leur rôle nourricier, de chef de famille. Pour d'autres qui travaillent, il faut des heures de transport pour aller travailler en centre ville, et "ramener" de quoi (sur-)vivre. Les enfants sont livrés à eux même jusqu'au retour de leurs parents. Cet aspect est aggravé dans les familles monoparentales.Ces comportements, pas toujours conscients de la part des parents,sont catalogués comme maltraitants par certains auteurs (Sillamy,(2004)).

Il apparaît aussi que les parents n'assument plus ou que partiellement leur rôle social( voir responsabilité parentale) d'intermédiaire avec la société et les institutions. Cette lacune pose le problème de la responsabilisation des jeunes; ceux-ci ne connaissent plus les limites, les interdits, les valeurs et normes sociales.Il en découle un glissement vers la délinquance.C'est cette délinquance qui est à l'origine de la dénonciation parentale.

Tous les auteurs cités sont d'accord pour dire que le problème est complexe et que ces parents se sentent coupables et honteux des actions de leurs enfants. Mais ils ne savent pas quoi faire; ils recherchent l'aide de l'Etat. D'un coté, ils tendent à se décharger sur l'école, sur la police ou la justice, sur les travailleurs sociaux. Pourtant lors d' actes de délinquance ou d'incivilités, de décrochage scolaire, ces parents soutiennent leurs enfants ou refusent d'intervenir. Quand des personnes extérieures à la famille ( maire, assistante sociale, policier, directeur d'école,...) veulent les impliquer , ils préfèrent rester en retrait. Il faut des sanctions comme des couvre-feux, des suppressions d'allocations familiales pour les faire réagir.

Martichioux, J(2000) est la seule dans son ouvrage à tenter de proposer des solutions. Elle préconise une meilleure interaction avec les gens de terrain, de responsabiliser les parents; mais de ne pas utiliser les sanctions financières. Elle souhaiterait aussi une aide plus suivie auprès des populations immigrantes pour les aider à s'intégrer, et surtout à intégrer leur culture d'origine aux normes de la socièté d'acceuil.

Lebailly, et Sillamy dressent un tableau d'un problème social qui débouche sur la montée de la violence des jeunes. Les parents et la crise de la famille est une des causes, mais elle n'est pas à l'origine de tous les maux. Pour eux, il ne faut pas, à l'instar de la majorité de la population, des médias ou des politiques diaboliser ces parents. Il faudrait trouver des solutions pour régler le problème de la violence dans une optique globale, et non pas spécifique aux parents.

Un concept issu du sens commun, relayé par les politiques?

Un concept né avec l'augmentation de la délinquance juvénile

Le ras de bol des banlieues

A la fin des années 90, les banlieues francaises sont de plus en plus souvent confrontées à des actes de délinquance, des incivilités de plus en plus fréquentes et de plus en plus le fait de mineurs. Les habitants des banlieues vont accuser les parents. Ils leur reprochent de démissionner, d'abandonner leur rôle de parents. Dans son livre, Martichoux,J reprend les paroles de personnes vivant dans la cité des Mureaux (Les Yvelines)qui critiquent l'etat des immeubles ; dégradés par les jeunes, les enfants qui trainent dans les rues, qui volent, qui vandalisent,... Une habitante "percoit un désintéressement fondamental des parents pour leur progéniture. ce qu'elle appelle une démission"(p19-20).Ces habitants se sentent en insécurité, uls "subissent une situation oppressante dont ils rendent directement responsables les jeunes et leurs parents laxistes" (p 23).

Une délinquance juvénile en constante augmentation.

Dans le rapport du sénat: "Délinquance des mineurs.La république en quête de respect",la commission d'enquête consigne que la délinquance juvénile augmente en nombre et en taux, mais surtout que l'âge d'entrée dans la délinquance se fait de plus en plus jeune.Par exemple entre 1992 et 2001, le nombre de mineurs mis en cause a augmenté de 79%, tout en sachant que beaucoup de cas ne sont pas résolus, et que les doutes concernant leurs auteurs auraient tendance à tirer ces chiffres vers le haut.Ce qui est visible aujourd'hui, c'est que les mineurs délinquants sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents.Le nombre de vols avec violence, de viols, de coups et blessures volontaires et de destructions volontaires de biens a quadruplé entre 1970 et 2001 (p16-22). Cette délinquance juvénile est relayée par les médias à travers les faits divers: les emeutes de 2000, les casseurs après l'arrrestation d'un des leurs, les voitures qui brulent, des policiers lynchés par des jeunes au cours d'une patrouille... les exemples sont quotidiens dans les journaux télévisés et les journaux locaux. le dernier exemple qui a frappé les français: le 13Heures de Pernault, le 01 janvier 2007. dans les banlieues de Strasbourg, des jeunes ont mis le feux a de nombreuses voitures dans la nuit du 31.Deux jeunes de 10 ont été arrètés transportant des jerricans d'essence. Les gens interviewés qui ont perdu leur voiture et toutes leurs affaires (valises, cadeaux) qui étaient restées à l'interieur, se demandent ce que faisait des enfants de 10 ans dans les rues , un soir de 31 décembre dans des cités réputées dangereuses . La question qui vient à l'esprit de tous :"mais où sont les parents?". Ce sont tous ces faits divers qui augmentent le sentiment d'abandon, d'insécurité de peur des habitants de ces banlieues.

Une justice trop laxiste?

Martichoux,J consacre un chapitre au sentiment que la justice est trop laxiste, qu'elle ne fait pas son boulot!!!(p 73-80).Martichoux a interviewé des jeunes, qui ont été confronté à la justice.Tous sont d'accord pour conclure que les jeunes qui se font arrêtés pour des délits mineurs sont relachés, sans sanctions; et les parents sont rarement au courant de leur arrestation. La plupart du temps, les juges se contentent de leur "faire la lecon", de les admonester. Les jeunes se sentent intouchables: Djamel (Martichoux, p 78) confie que " quand on a 16 ans et que l'on a dejà été arrêté cinq ou six fois sans aucune sanction, on n' a plus peur d'affronter le juge". Cet exemple montre un manque d'intervention efficace de la justice,qui peut passer pour du laxisme. Pourtant, l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs proposent plusieurs sanctions applicables. Mais celle ci semble dépassée dans le sens oú les plus jeunes ( moins de 12 ans) échappent aux sanctions, et ou le système est principalement répressif , sans réelle solution éducative.

Pourtant cette augmentation de la délinquance juvénile, de ces faits divers, de ce mécontentement,ont " réveillé" la classe politique, qui tend à faire du combat contre la délinquance juvénile, une priorité.

Un concept repris à des fins politique.

M.J.P Chevênement est le premier homme politique qui ose s'attaquer à la délinquance juvénile dans les banlieues. Il choque l'opinion publique en janvier 1999 (journal: Libération, du 14 janvier 1999), en utilisant le terme de "sauvageons" pour qualifier les délinquants mineurs récidivistes. Il va plus loin en proposant un renforcement de mesures coercitives à l'égard des jeunes , mais surtout à l'égard des parents afin " qu'ils surveillent mieux leurs enfants". Pour la première fois les perents sont jugés responsables de la délinquance de leurs enfants.

L'insécurité:un thème électoral depuis une dizaine d'années.

Si M. Chevênement a été le premier a abordé le problème de front, depuis la classe politique a compris que l'insécurité était une des préoccupations des français. Celle ci s'est traduite lors des présidentielles de 2002. M. Le Pen arrive au second tour des élections. Un choc pour l'opinion publique. L'extrême droite qui a fait sa campagne sur les problèmes de délinquance, d'immigration passe la barre des 16%.Les autres partis sont abasourdis, ils n'avait pas estimé l'importance du problème. Depuis, les différents gouvernements vont tenter de remédier à ce problème. C'est M. Sarkozy, plusieurs fois ministre de l'intérieur qui va prôner la tolérance zéro, et préconiser le "nettoyage au karcher de la racaille qui traine dans les banlieues" (voir journaux). Si aujourd'hui, les politiques abordent le sujet de front, cela fait dejà une dizaine d'années que le gouvernement à travers differentes conferences aborde le sujet.

Un sujet abordé au sein des conferences de la famille.